Considérer l'informatique comme une extension du domaine du calepin,
why not ? Ainsi, c'est peut-être dans l'espoir d'obtenir ses
coordonnées que l'on voit les visiteurs de musée brandir leurs calepins en direction de
la Joconde qui se refuse à dire où elle habite. Moi, j'attends de pouvoir la rejoindre dans son cadre, moyennant quelque nouvel équipement, et c'est pour cela que je suis plus que quiconque tourné vers l'avenir.
Chers Eric et Stéphane, je me souviens assez bien de mes premières interventions sur ce forum, le seul que j'ai fréquenté depuis, comme contributeur. Après un mois de participation, j'ai voulu interrompre à cause d'une sensation très désagréable : des gens se mettent à exister dans votre vie et vous ne les avez jamais vus. Vous avez appris à "discuter" sans le soutien du timbre des voix (ou il a fallu apprendre à s'en faire une idée), sans les gestes, les postures, les regards, sans toute les séductions de la conversation, telle qu'elle s'est pratiquée depuis des millénaires, remplacées par celles, chanceuses, des projections mentales. Il me semblait être entré parmi les Ames du Purgatoire. Eh bien, je m'y suis fait, n'est-ce pas ? Il m'est cependant difficile de l'oublier et de ne pas imaginer que d'aussi nouvelles coutumes
d'échanges, universellement pratiquées, ne rendent pas singulièrement incomplets bon nombre de raisonnements sur l'appréciation d'un "réel" après lequel chacun brame, mais que, par les vertus du calepin enchanté, personne ne s'accorde à trouver semblable, et pour la plupart de bonne foi.