Le site du parti de l'In-nocence

Requête naïve

Envoyé par Thomas Rhotomago 
31 mars 2011, 20:42   Requête naïve
Quelqu'un voudrait-il tenter de m'expliquer ce qui s'use, dans un ordinateur, et permet d'affirmer que la durée de vie d'un portable est d'environ trois ans, dans le meilleur des cas ?
31 mars 2011, 20:45   Re : Requête naïve
L'homme.
31 mars 2011, 20:50   Re : Requête naïve
Je crois qu'il s'agit de la batterie, dont le changement hors garantie est fort coûteux...
Utilisateur anonyme
31 mars 2011, 21:02   Re : Requête naïve
Concernant les ordinateurs, je n'en sais rien mais je vais vous donner une réponse détournée qui tient en deux mots : l’obsolescence programmée...

En clair, les industriels limitent sciemment la durée de vie de leurs produits, soit en utilisant des composants de maigre qualité (par exemple sur les machines à laver, les pièces d'usure sont faites pour ne durer que quelques années), soit en incorporant dans les produits électroniques des "puces compteurs".

Par exemple, sur des imprimantes, ces puces bloqueront l'appareil sitôt qu'un nombre programmé d'impressions aura été dépassé...

La logique est d'une simplicité enfantine : au lieu d'acheter une imprimante tous les trente ans, le consommateur sera forcé de revenir tous les quatre ou cinq ans...

Car entendons-nous bien : il n'est pas problématique du tout de produire des appareils fiables et d'une très longue durée de vie... Ainsi, mon premier ordinateur portable a duré dix ans, les autres n'en excèdent jamais deux (mais est vrai que le premier coûtait 3000 euros et qu'aujourd'hui les prix tournent aux alentours de 500 euros).

D'ailleurs, curieusement en ces temps où l'écologie est portée en religion, personne n'ose trop dénoncer cela...
31 mars 2011, 21:05   Re : Requête naïve
A mon humble avis, tout, plus ou moins vite, selon l'usage qu'on en fait. En réalité, selon l'usage qu'on en fait, on change d'ordinateur parce que le nouveau offre plus de possibilités et qu'un ordinateur finit toujours par se détériorer ( ralentir ou planter ) du fait des scories qui y trainent et que l'amateur ne sait pas nettoyer.
31 mars 2011, 21:25   Re : Requête naïve
Sans compter ceux qui sont programmés pour exploser en plein vol (so to speak). Un Toshiba d'un an et demi m'est mort dans les bras, comme ça, après avoir fait trois tours sur lui-même et rendu l'âme en chutant lourdement sur le flanc. C'était au Japon. L'appareil ayant été fabriqué en Europe on m'expliqua que le processeur avait mal supporté le changement de régime électrique. Nous avons dû couler sa dépouille dans une dalle de béton que nous avons enterrée au fond du jardin non loin du petit chien. Pas question de mettre un ordinateur à la poubelle comme s'il était un rasoir électrique ou un bébé non désiré.

Ils meurent tous de quelque chose à trois ans. Ce que dit Eric est vrai: un conjonction de lassitude chez son maître, et de congestion générale chez le sujet fait que ce dernier se voit remplacé par un concurrent prometteur. Une particularité à signaler toutefois, chez les ASUS, espèce très fidèle et bon aboyeur, mais qui présente cette particularité de perdre ses dents, la dent [E], celle que l'animal utilise le plus lorsqu'on le fait parler français, se détache de la gencive de plastique, finit par s'accrocher à l'ongle du majeur gauche, la pulpe duquel venant piquer dans la gencive, irréparablement endommagée. Me refusant à faire porter un appareil à mon appareil, je vais tôt ou tard devoir l'euthanasier à l'échéance de ses trois ans.
Je me permets un conseil : changez pour un modèle Think Pad, de Lenovo (ex IBM). Il vous fera au moins six bonnes années. Mon fils n'a pas encore réussi à casser le sien.
31 mars 2011, 22:29   Accoutumance
Merci pour ces lumières que je me permettrais de résumer dans l'expression courante, vraie marque de l'époque : "On n'a pas le choix", avec sa variante non moins en usage : "On peut pas faire autrement." C'est en effet l'absence totale de liberté de choix qui ressort de l'utilisation de l'outil l'informatique avec, en corrollaire, une accoutumance, bientôt vécue comme une évidence, à l'égard de l'idée de remplacement ; en informatique (c'est-à-dire dans l'usage d'une technique à laquelle n'échappe désormais à peu près aucune action humaine), le remplacement n'est pas une éventualité, il est une modalité d'usage qui va de soi, l'idée de conservation n'existant tout simplement pas.
31 mars 2011, 22:38   Re : Accoutumance
N'oubliez pas que les ordinateurs de bureau sont beaucoup plus durables que les portables. Pour ceux qui ne sont pas trop nomades, c'est la meilleure solution.
31 mars 2011, 22:40   Re : Accoutumance
La meilleure solution, c'est les A.H.P.
31 mars 2011, 22:48   Re : Requête naïve
Mon Hp-Compaq gamme grand-public axée multimédia et divertissement a plus de quatre ans et fonctionne parfaitement ; quand je l'avais reçu, considérant la plasticité de la coque et son racoleur vernis piano noir, je m'étais dit que la chose n'allait pas durer plus d'un an. Il est vrai que je ne m'en sers pratiquement qu'au lit.
À la même époque un ami qui venait de se payer un ThinkPad, bâti comme un tank et fabriqué encore par IBM, l'avait tout faraud jeté par la fenêtre pour m'impressionner et en éprouver la solidité. Évidemment, il se cassa...
31 mars 2011, 22:52   Mélo
Francis Marche, je crois que nous allons tous ici regretter le petit Toshiba.
31 mars 2011, 23:13   Re : Requête naïve
J'ai eu la bonne surprise, il y a un an, quand j'ai acheté un nouveau portable -- en passant de 80 méga à 500 giga --, de constater que mon scanner n'était pas aussi poussif que je le croyais. Il me sort maintenant des négatifs de 4x5 inches les doigts dans le nez... pardon, dans le museau.
31 mars 2011, 23:37   Re : Requête naïve
Cher Florentin, peut-être n'est-ce pas tant la dimension du disque dur qui influe sur les performances, mais la quantité de mémoire vive, de la ram, la DéDéAir, pratiquement le pneuma de votre équipement, intercalé entre le magasin et le cerveau pour ainsi dire. Avec le changement de machine vous avez dû voir celle-là augmenter d'autant...
31 mars 2011, 23:59   Re : Requête naïve
Vous avez parfaitement raison, cher Alain, avec 4 giga de mémoire vive on décolle.
Utilisateur anonyme
01 avril 2011, 00:11   Re : Requête naïve
IBM, USB, Go, Go Sata, LED, GMA, Ghz, Mégabits, DVD, HP, Toshiba, Pixel, Boost...

Quelle douce musique pour les oreilles...
Utilisateur anonyme
01 avril 2011, 07:48   Re : Requête naïve
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 avril 2011, 10:49   Re : Requête naïve
Oui mais je vous sentais nous lire en souriant.
01 avril 2011, 11:57   Re : Requête naïve
Bon, c'est entendu, je ne comprends pratiquement rien à tout cela, mais mon matériel résiste depuis plus de quatre ans (serait-ce un dissident de l'obsolescence programmée ?). Mais plus le temps passe, et plus je redoute l'instant fatal... et que faire à ce moment-là ? Je veux dire, comment passe-t-on concrètement d'un support à un autre (transfert des données, etc.) ?
01 avril 2011, 13:04   Re : Requête naïve
La solution, je pense, est de copier régulièrement sur un disque dur externe tous les fichiers de l'ordinateur.
01 avril 2011, 14:46   Re : Requête naïve
Oui, je crois qu'il faut en passer par cette soultion fastidieuse ; mais ensuite, comment fait-on ? On "verse" le contenu du disque dur externe dans le nouvel ordinateur ? Et tout baigne ?
01 avril 2011, 15:05   Re : Requête naïve
Loin d'être un spécialiste en la matière, je vous livre néanmoins mon retour d'expérience : en 2005, j'avais utilisé le logiciel Transfer MyPC qui évite bien des tracas. Cette solution existe toujours, je crois. Je l'espère en tout cas car je compte bien y recourir à nouveau, lorsque mon ThinkPad donnera des signes de fatigue.
01 avril 2011, 15:14   Re : Requête naïve
Notez que le matériel qui dure trop longtemps pose problème. En ce qui me concerne j'ai du passer par l'ordinateur de ma femme qui avait conservé son lecteur de disquettes.
02 avril 2011, 18:00   Re : Requête naïve
Il me semble pour le moins acrobatique de concilier l'engouement - pour ne pas dire la passion - pour l'informatique avec le désir de conservation, tel qu'il s'exprime ici, dans la mesure où l'informatique ne vit que et par le changement continuel et ignore par principe la fameuse "épaisseur du temps". Il est le remplacement à l'oeuvre.

On objectera qu'au contraire l'informatique n'a d'autre ambition que celle de tout conserver et l'on confondra, selon moi, la mise en mémoire d'absolument tout avec la conservation qui, précisément, n'a de sens que par le tri qu'elle opère. Conserver, laisser vieillir, laisser s'inscrire le passage du temps sur les choses, n'a pour moi rien de commun avec stocker de l'information et ce d'autant plus si, non seulement ce stockage, dans l'usage, est soumis à de continuels changements de "supports", mais si ceux-ci sont imposés au public. L'informatique me semble être la seule de nos techniques récentes à ne laisser aucune trace de son passé derrière elle, aucun phonographe, aucun tacot que, par nostalgie, on peut faire encore jouer ou dans lequel il est encore loisible de se déplacer, si l'on en éprouve la fantaisie.

Dans ces conditions, n'est-il pas assez vain d'à la fois gémir contre l'instauration tyrannique d'un "présent perpétuel" et dans le même temps de laisser soumettre nos vies à une organisation des faits et des gestes, des émotions comme des actes les plus ordinaires, qui dépend chaque jour un peu plus d'une technique en perpétuel mouvement et qui ne connait d'autre loi que celle du remplacement ?
02 avril 2011, 18:03   Re : Requête naïve
Vous avez bien sûr et hélas raison, Orimont.
02 avril 2011, 19:24   Re : Requête naïve
L'ancêtre de l'ordinateur était la machine de Turing qui opérait ce découplement entre le corps de la machine qui n'est rien, ne vaut rien, peut bien mourir dans l'instant pour être remplacé dans l'instant d'une part, et d'autre par le ruban d'information, qui vaut tout, qui est immatériel, qui n'oublie rien, qui est un présent perpétuel, mémoire qui ne vieillit pas. Il n'y a donc aucune "épaisseur du temps" qui opèrerait un lent remplacement -- tels ceux auxquels on assiste dans le monde organique ou le monde naturel humanisé -- à attendre de cette formule découplée: le corps de l'outil (la "caisse") est déjà une carcasse, un cadavre, qui ne s'anime que sous l'impulsion d'un système OS à mémoire, qui permet de plus de conserver, actualiser, etc, toute mémoire. La scission corps/mémoire rend caduc tout "vieillissement" (le corps est déjà donné pour mort, il n'est désormais plus "réparable", on ne répare plus guère les ordinateurs personnels, en 2011, cependant que la mémoire qu'il a pu sous-tendre, est immortelle, inaltérable, ergo le verbe vieillir ne s'applique plus à aucun des éléments présents).
02 avril 2011, 19:42   Re : Requête naïve
Ne pas confondre le marteau et le clou (qui sont aujourd'hui des outils qui nous dépassent et nous — et se — confondent à la fois)
L'objectif était d'accrocher ce foutu tableau non ?
Lequel ?
Cela étant, les machines de maintenant ne sont plus ce qu'elles seront ou pas. (comme disait feue ma grand-mère qui naquit au siècle dernier à la lueur d'une lampe à huile) et pour les "ordis" il est sûr que leur disque dur, bêtement mécanique, est leur talon d'Achille (et le nôtre dans la foulée... Toutes nos données, tout notre "travail" sont dans ce superbe truc franchement ringard)
02 avril 2011, 22:25   Re : Requête naïve
Je commence à être franchement agacé, moi le primaire au clou et au marteau par ces précieuses arabesques nostalgico-philosophico-mythiques concernant l'informatique, l'obsolescence et la mémoire. Merde ! Il s'agit d'un calepin et d'un stylo un peu modernes et c'est tout. Après vous en faites ce que vous voulez. Si la maison brûle et que vous étiez de sortie, vous êtes très malheureux, si vous dormiez et que vous brûlez en même temps que le calepin, pas de souci, si vous passez sous les sabots de la malle-poste et que votre calepin reste seul en la demeure, pas de souci non plus. En attendant pour moi, cette modernité me permet d'échanger avec sieurs Jean-Marc, Marcel, Stéphane et Renaud, ce qui fait quand même un sacré panel pour ma petite vallée et de retenir des Prem's à moindre coût pour aller visiter mes enfants en chemin de fer. Alors, allez-y de vos déplorations, moi je suis un gars de la côte, résolument tourné vers l'avenir.
02 avril 2011, 23:01   Re : Requête naïve
Merci à M. Veron pour sa charmante plaidoirie en faveur de ces petites bêtes sans lesquelles je n'eusse moi-même pas soupçonné l'existence d'êtres aussi irremplaçables que Mme Cassandre, M. de Romeyer lui-même, Didier Bourjon, Marcel Meyer, Orimont Bolacre, Francis Marche, Jean-Marc, etc. C'est pas rien, bon sang de bonsoir !

(Et "spéciale dédicace", comme disent les jeunes, à celles et ceux que j'oublie.)
02 avril 2011, 23:24   Re : Requête naïve
Vous savez Stephane que ce questionnement d'Orimont est au coeur du questionnement des générations qui vont nous suivre ? Savez-vous que les informaticiens de la dernière génération s'intéressent désormais à la "localité". Qui prend place près de vous dans ce train de banlieue, qui est-il, qui est-elle ? Qui est cette personne qui vous a regardé un bref instant à la caisse de votre épicerie de quartier ? Voilà ce qui va bientôt intéresser les continuateurs de Google. Grâce à cela, le passé immédiat, celui qui, le premier, s'échappe des mémoires humaines défaillantes, va continuer, va vivre avec l'instant suivant.

La mort du corps (la pornographie par exemple consacre la mort du corps en le rendant jetable, indifférent, relatif) correspond au rejet de la vieille caisse du corps des machines simples, remplacées par la machine des machines, l'ordinateur, en même temps que de la racine des êtres qui était, depuis des millénaires, consubstantielle à la manifestation des vivants. Ce qui va compter désormais, ce qui va faire racine nouvelle: le passé des individus, qui est toujours un passé immédiat. Ayant tué les racines, le corps, l'origine, et ayant rendues indifférentes les origines spatiales et géoréférencées des individus, il importe de faire de notre passé, de notre autofiction, un musée actualisable qui sera tout-racine. La mémoire inaltérable de la bête informatique sera le nouveau tronc de l'humanité, son nouveau terroir autofabriqué. Vous allez voir. Ceux qui ont aujourd'hui trente ans, dans trente ans, auront pour racine le dernier avatar de Facebook. Ce n'est ni regrettable, ni déplorable: c'est le résultat simple et naturel de ce découplage qui ruine racine et corps et fait du tronc, de la tige, comme en jardinage la bouture, une nouvelle origine.
02 avril 2011, 23:37   Re : Requête naïve
Ah non, mais loin de moi l'idée de nier l'intérêt crucial d'une telle réflexion. Néanmoins je rends hommage au bon sens de M. Veron.

Dans trente ans, si Dieu me prête vie, j'espère que Facebook et ses avatars me seront aussi inconnus qu'aujourd'hui.
03 avril 2011, 00:10   Re : Requête naïve
Considérer l'informatique comme une extension du domaine du calepin, why not ? Ainsi, c'est peut-être dans l'espoir d'obtenir ses coordonnées que l'on voit les visiteurs de musée brandir leurs calepins en direction de la Joconde qui se refuse à dire où elle habite. Moi, j'attends de pouvoir la rejoindre dans son cadre, moyennant quelque nouvel équipement, et c'est pour cela que je suis plus que quiconque tourné vers l'avenir.

Chers Eric et Stéphane, je me souviens assez bien de mes premières interventions sur ce forum, le seul que j'ai fréquenté depuis, comme contributeur. Après un mois de participation, j'ai voulu interrompre à cause d'une sensation très désagréable : des gens se mettent à exister dans votre vie et vous ne les avez jamais vus. Vous avez appris à "discuter" sans le soutien du timbre des voix (ou il a fallu apprendre à s'en faire une idée), sans les gestes, les postures, les regards, sans toute les séductions de la conversation, telle qu'elle s'est pratiquée depuis des millénaires, remplacées par celles, chanceuses, des projections mentales. Il me semblait être entré parmi les Ames du Purgatoire. Eh bien, je m'y suis fait, n'est-ce pas ? Il m'est cependant difficile de l'oublier et de ne pas imaginer que d'aussi nouvelles coutumes d'échanges, universellement pratiquées, ne rendent pas singulièrement incomplets bon nombre de raisonnements sur l'appréciation d'un "réel" après lequel chacun brame, mais que, par les vertus du calepin enchanté, personne ne s'accorde à trouver semblable, et pour la plupart de bonne foi.
03 avril 2011, 00:15   Re : Requête naïve
Citation
Éric Veron
Il s'agit d'un calepin et d'un stylo un peu modernes et c'est tout.

Oui, c'est exactement cela, maître Veron. Un outil, pas plus, pas moins. Que d'Histoire entre le marteau et l'enclume hein ? Le reste nous regarde (concerne ; implique) ou pas.
03 avril 2011, 11:08   Re : Requête naïve
Orimont Bolacre, vous décrivez avec beaucoup de justesse une sensation que les contributeurs de ce forum ont dû éprouver ne serait-ce qu'une fois. C'est vrai, avec l'informatique est apparue cette synthèse de vraie personne, de personne vivante et pensante, et d'ectoplasme sans corps et sans voix qu'est le membre d'un forum ; et l'on sent bien que la comparaison avec une correspondance épistolaire classique ne serait pas à la hauteur. Quelque chose d'entièrement nouveau a vu le jour. J'avoue pour ma part que sans la lecture de ce forum et la conversation, puisqu'il faut bien la nommer ainsi, avec des personnes avec lesquelles il eût été très improbable que je fisse la connaissance dans ma propre vie concrète, une part d'expérience du monde et peut-être des hommes (quand bien même je n'aurais pas affaire à ceux-ci en chair et en os) m'eût manqué, force est de l'avouer. Cependant il n'est pas certain que je sois à même de mesurer toutes les contreparties, car il doit y en avoir, d'un tel mode de connaissance de la réalité humaine.
03 avril 2011, 11:16   Re : Requête naïve
Orimont, ne pensez-vous pas que cette façon de faire soit, en même temps, proche de celle des Temps modernes ? je lis en ce moment un ouvrage sur Ricci, et il correspondit fort longuement avec tout un ensemble de personnes qu'il ne vit jamais.
03 avril 2011, 12:07   Re : Requête naïve
Est-il bien sûr que la connaissance que je me fais de Jean-Marc, Stéphane et Marcel par la pratique du forum soit forcément plus fausse que celle que je m'en ferais en les fréquentant dans la vie contingente ? Je rameute en moi toutes mes expériences et laisse sa part au doute. Tout est dans la qualité de l'élastique qui relie le virtuel au réel. Les jeux d'élastique sont bien drôles et permettent de lutter contre les rhumatismes. Quand l'élastique pète, c'est la folie.
03 avril 2011, 12:29   Re : Requête naïve
Ce que "la vie contingente" réalise quand elle fait irruption dans la vie virtuelle -- rencontrer un(e) inconnu(e) que l'on a longuement lu -- ressemble à l'expérience d'une adaptation cinématographique d'un texte littéraire aimé: l'immanquable déception que le réel nous cause en abolissant le nuage des possibles. De plus, la vie contingente a ses filtres, un physique peut rebuter parce qu'il est toujours singulier, alors que le langue est ouverte, commune et non particulière, lorsqu'elle est respectueuse de celui qui l'aborde; la langue commune et conventionnelle est une porte ouverte en même temps qu'une invite neutre à découvrir le propos de celui qui fait acte d'en user, son coeur et sa substance; tandis qu'un visage, un trait physique, ce sont mille portes qui se ferment pour n'en laisser entrebaillée qu'une seule, qui, si elle déplaît, si son aspect ne révèle inengageant, tuera toute possible suite à la découverte et à la relation humaine.

La "contrepartie" dont parle Stéphane est à rechercher là: dans le fait que la "vie contingente" en ressort décevante, absurdement coûteuse en efforts d'accommodement dont on peut se passer, dont la lecture des textes permet l'économie. La syntaxe d'un physique, d'une présence physique est presque toujours défaillante et requiert de la part de celui qui l'aborde un effort gratuit qui importune; qui plus est, voilà un défaut de syntaxe dont on ne saurait faire grief à l'intéressé, qui n'a pas choisi son physique et toutes les formes de sa présence au monde qui lui sont échues. La "vie contingente" est une invite permanente à passer son chemin.
03 avril 2011, 13:55   Re : Requête naïve
Magnifique.

Encore qu'il puisse tout de même arriver que le personnage ectoplasmique tout de langue vêtu à qui nous avons affaire sur le forum s'accorde bien, dans la réalité, à l'être de chair et d'os que nous rencontrons ; même si dans ce genre de circonstances, on sent que tout est à recommencer, qu'il nous faut agir comme si (presque) rien auparavant n'avait été dit.
03 avril 2011, 22:02   Re : Requête naïve
Tiens, cela me rappelle quelque chose, mais qui donc déjà avait prétendu qui ni l'existence, ni le monde, ni soi d'ailleurs, ne fussent jamais là, ici, maintenant, réalisés, choses faites, mais toujours à être, à venir, à advenir, se profilant sur un horizon de possibles ? Et que l'être, c'était cette possibilité même ?
il serait piquant que la technique rejoignît si insolemment ce au nom de quoi elle fut combattue.
03 avril 2011, 22:20   Re : Requête naïve
La technique a dépassé son objet et possiblement son être. Elle est en passe de faire racine, de réaliser la nouvelle origine: chacun, dans l'auto-fiction Facebook, préserve et nourrit une racine nouvelle. Debout non plus sur un sol ancestral mais sur un horizon de possibles, ce possible se révèle nuage, comme dans les représentations des dieux démiurgiques anciens, assis et songeurs sur toutes les possibilités du monde -- la technique nous porte et notre vécu fabriqué est tout le monde d'où nous venons. La technique, que nous nommons telle pour faire court, constitue le nouveau musée, la nouvelle mémoire de ces hommes nouveaux, réticulaires, auto-fabriqués, instantanés, et précieux de leur instant. Ils préservent en elle leur passé immédiat; ces hommes et ces femmes sont porteurs, grâce à cette préciosité nouvelle de leur instant, de musées autobiographiques; ils sont les hommes-sandwich de leur autobiographie et ne sont que cela. Tout portail Facebook est un musée vivant, une histoire de l'instant dont les racines plongent dans l'histoire connaissable de tous les vivants, de tous les voyeurs, et ce vécu-terreau vaut toute ancienneté, est précieux comme jadis l'ancêtre, comme l'ancien être.
04 avril 2011, 03:17   Re : Requête naïve
Encore qu'un possible qui est présenté comme un vécu soit une sorte d'hommage que la puissance rend à l'acte... Ce n'est certes pas cet "horizon de possibles"-là, qui n'est que mensonge pur et simple, que j'avais en tête en désignant la pluralité à venir de l’irréalisé revendiqué comme tel, comme mode d'être, que met à disposition la technique, au regard de la singularité révolue du fait accompli de la "vie contingente".
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter