Le site du parti de l'In-nocence

De la fiscalité

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
21 avril 2011, 16:53   De la fiscalité
Après avoir écouté M. Camus dans "Répliques" et avoir apprécié ses propos, j'ai lu avec attention le programme du parti de l'in-nocence.

Je souhaite attirer l'attention sur la volonté exprimée de limiter le taux impliquant des prélèvements de l'impôt sur le revenu au tiers du revenu des assujettis (par foyer fiscal). En soi la mesure peut paraître raisonnable mais elle ne me semble pas opportune dans un système où les écarts de revenus ne cessent de s'accroître, comment pouvons nous, et je parle de l'ensemble des acteurs sociaux, accepter que certains perçoivent un salaire mille fois plus élevé que d'autres? Est-il nécessaire de préciser qu'à ces revenus salariaux exorbitants s'additionnent le plus souvent des gains et des rentes non moins exorbitantes.

Si bien que les moyens qui restent (après impôts et prélèvements divers) aux personnes à hauts revenus et ceux qui sont accordés aux pauvres ( après avoir fiscal et allocations et aides diverses) ont de moins en moins de commune mesure.

Il ne s'agit pas de rancune sociale mais de ramener ces écarts à une mesure raisonnable, faisant consensus. Il faut des écarts stimulants pour les plus entreprenants mais non révoltants pour ceux qui œuvrent au sein de la multitude et voient leurs efforts faiblement rétribués. la proposition du parti de l'in-nocence pourrait être acceptable dans une société ou les écarts entre les "moyens" des riches et des pauvres soient de fait limités. Il paraît difficile de fixer un chiffre et encore plus difficile de trouver les modalités qui permettraient de le respecter, c'est pourquoi c'est la solution du prélèvement qui s'est peu à peu généralisée dans les sociétés développées

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'impôt et les différents prélèvements sociaux ont une fonction de redistribution de la richesse dans une France qui même gouvernée à droite reste sociale-démocrate tant dans son organisation que dans les aspirations de ses citoyens. On peut penser que c'est un handicap dans une économie mondialisée ou les prélèvements publics sont généralement moindres. le repli sur soi, un protectionnisme strict ne peuvent être sérieusement envisagés, certains pays d'Europe présentent d'ailleurs cette même caractéristique sans que leur économie ou leur équilibre budgétaire n'en soient affectés.

Une harmonisation de ces prélèvements au moins européenne dans un premier temps, mondiale ensuite doit être envisagée.
21 avril 2011, 17:45   Re : De la fiscalité
Il me semble que l'objection de M. Lemenet a déjà souvent été faite sur ce forum.

Sans être spécialiste de la fiscalité ni de la doctrine du parti de l'In-nocence, j'ai l'impression qu'il y a une certaine part de provocation et, à tout prendre, une volonté de ne pas faire consensus, ni même de s'en approcher, sur ce point.

En gros, il faut s'éloigner de tout ce qui favorise l'appropriation collective de la richesse nationale. Si une famille dans le besoin vend son château, celui-ci sera racheté par une quelconque collectivité locale. Deviendra une colonie de vacances. Ou un centre social. Sera perdu pour le patrimoine. Perdu pour la beauté, et l'histoire, et le feuilletage du sens.

Il faut donc que les riches restent riches. Ou s'ils cessent de l'être, que d'autres les remplacent. Mais surtout que l'appauvrissement, par le canal de la redistribution, ne les atteigne pas car tout ce qu'ils perdraient tomberait dans l'escarcelle de la collectivité publique. Gérée par qui vous savez. Et comme vous savez.
21 avril 2011, 18:11   Re : De la fiscalité
Parce que vous trouvez que les riches sont beaucoup plus préoccupés par ce que vous appelez joliment le "feuilletage du sens" que les collectivités publiques ?
21 avril 2011, 18:40   Re : De la fiscalité
Citation
Lemenet
comment pouvons nous accepter que certains perçoivent un salaire mille fois plus élevé que d'autres?

Ce fait ne me choque absolument pas. N'est-ce pas particulièrement français comme question ? Réduire un écart c'est vouloir tout ramener en bas.

Je suis jaloux des personnes mille fois plus cultivées que moi, ça oui, et c'est bien la seule richesse qui me préoccupe.
21 avril 2011, 18:49   Re : De la fiscalité
"Je suis jaloux des personnes mille fois plus cultivées que moi, ça oui, et c'est bien la seule richesse qui me préoccupe."

Mathieu, approchez que l'on vous embrasse.
Utilisateur anonyme
21 avril 2011, 21:01   Re : De la fiscalité
Trop peu entendu médiatiquement, Jacques Garello. J'ai apprécié sa référence à Frédéric Bastiat, ce dernier étant sans doute le plus grand économiste français. Je conseille d'ailleurs, modestement, à Renaud Camus la lecture des Harmonies économiques, si ce n'a pas déjà été étudié.



Utilisateur anonyme
22 avril 2011, 00:34   Re : De la fiscalité
Citation

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'impôt et les différents prélèvements sociaux ont une fonction de redistribution de la richesse dans une France qui même gouvernée à droite reste sociale-démocrate tant dans son organisation que dans les aspirations de ses citoyens.

Oui, cette politique de redistribution inconsidérée des richesses est la cause majeure du déclin économique de la France, de son fatal endettement, du chômage et de l'immigration massive. Et faire supporter l'impôt sur le revenu à la moitié seulement des résidents permet de comprendre pourquoi l'autre moitié peut réclamer sans inconvénient plus de dépenses de l'Etat, plus de fonctionnaires et plus d'impôts pour les autres, lesdits autres se trouvant être le plus souvent les vrais créateurs de richesses qui, lassés de trop de contraintes et de charges, vont transférer ou ouvrir des entreprises ailleurs, comme en Grande-Bretagne ou en Suisse, pour ne pas pas parler des pays émergents.

Eclairante intervention de Jacques Garello.
22 avril 2011, 03:03   Re : De la fiscalité
Mais est-on bien certain que la richesse soit davantage répartie qu'il y cinquante ans ?
Utilisateur anonyme
22 avril 2011, 04:18   Re : De la fiscalité
Je ne côtoie aucune personne gagnant plus de 100 ou 1000 fois que moi. Je ne fréquente pas les lieux qu'ils fréquentent.

Il m'arrive certes d'aller à Gustavia à Saint-Barth et de voir de magnifiques yachts. Le seul regret que ces merveilles m'inspirent est de n'avoir pas continué à cultiver un petit don en dessin pour garder une image de cette beauté.

Je viens d'un milieu très modeste et mon père mécanicien dieseliste avait parfois à côtoyer les propriétaires de certains très beau bateaux. Je n'ai jamais entendu de sa bouche la moindre réflexion d'envie.

L'opinion ou le sentiment avoué par M. Lemenet est gueuserie de partageux.

Par ailleurs j'ai le plus grand doute sur l'efficacité des politiques de redistribution ou d'incitation économique via l'impôt et j'y vois là encore une roublardise (oserai-le mot sur ce site?) une putasserie de Marianne.

Parmi les accessoires de farces et attrapes que cette plaisantine nous fourbit figurent la "volonté générale" et "le consentement à l'impôt".

En donnant un rôle social à l'impôt (diminuer les inégalités) l'Etat kleptomane cherche à forcer ce soi-disant consentement : ''je paie mon impôt car je manifeste ainsi mon soucis de l'intérêt général, je prouve ma participation au souverain (bien?) et en plus je participe à l'avènement de la société sans classe."

J'imagine assez bien l'état d'esprit de certains dévots républicains au moment de payer leur tiers prévisionnel.

La mine austère de celui qui s'apprête à participer au grand mystère républicain de la transformation du racket fiscal en consentement à l'impôt ; après avoir sacrifié un coq aux mânes de Robespierre et Danton, la Déclaration des droits à sa gauche, une statuette de la Déesse de la Raison à sa droite, profondément pénétré du caractère sacré de l'instant, au moment fatidique où il sens monter en lui le divin consentement à l'impôt, les yeux levés vers l'Etre suprême, il signe son chèque à son percepteur.



L'impôt est un mal nécessaire que nous payons que contraints et forcés. Il n'y aucun consentement là-dedans. Et je ne jetterai jamais la pierre à ceux qui cherchent à en payer le moins possible et le plus tard possible.
22 avril 2011, 09:08   Re : De la fiscalité
Je ne sais si vous êtes réellement le nostalgique de la monarchie que vous paraissez être à travers ce discours sur l'impôt et la république. J'aimerais cependant vous rappeler que la longue crise dans laquelle la monarchie d'Ancien Régime a fini par sombrer résidait d'abord dans l'incapacité dans laquelle elle se trouvait de faire payer l'impôt aux deux ordres privilégiés.
22 avril 2011, 10:12   Re : De la fiscalité
Il me semble qu'il y a un autre problème : la perte des fortunes familiales est-elle le fait des impôts, ou plutôt celui des héritiers prodigues qui s'empressent de dilapider lesdites fortunes ?
22 avril 2011, 10:12   Re : De la fiscalité
Cher Marcel, vous avez raison mais on peut quand même dire que la Noblesse payait en service militaire et le Clergé en éducation et santé.
22 avril 2011, 11:33   Re : De la fiscalité
Cher Alain Olivier Lequeux,

La jolie expression de "feuilletage du sens", dont vous me créditez, n'est pas de moi, évidemment, mais bien de Renaud Camus. Non, les "riches" n'en sont pas plus préoccupés que les autres. Sûrement pas. Mais il me semble que dans la pensée de Renaud Camus, pour que le "feuilletage du sens" continue à être opérant - et c'est tout le sel de la vie - une classe prospère et stable doit se perpétuer. Toute la politique fiscale découlera de ce besoin d'une classe riche, suffisamment pérenne et nombreuse, indépendamment du gôut, de la culture et de la valeur personnelle des gens qui la composent.
22 avril 2011, 11:47   Re : De la fiscalité
Appelez-moi Olivier, je vous en prie. Alain, c'est le jockey et je monte beaucoup moins bien que lui.
Je vous suis dans votre propos, mais la crainte de voir s'effriter le feuilletage sous le poids de l'impôt paraît quelque peu démesurée, quand on sait l'ampleur de certaines fortunes. Je me trompe sans doute.
22 avril 2011, 12:27   Re : De la fiscalité
En effet, Olivier Lequeux, je suis amateur de courses hippiques, le lapsus - dont je vous prie de bien vouloir m'excuser - vient de là.

Le secteur des courses hippiques serait d'ailleurs très intéressant à observer, de l'élevage à l'entraînement et aux courses elles-mêmes, en passant par le propriétariat (ainsi qu'ils disent).

C'est une activité économique et un sport sur lesquels les immigrés et autres nouveaux Français n'ont pas mordu.

99% des éleveurs, entraîneurs, jockeys, cavaliers d'entraînement, commissaires de courses sont français d'origine européenne.

Il faut se demander pourquoi. C'est simple. Des Français acceptent de remplir toutes les fonctions, y compris les plus ingrates, celles d'employé d'écurie et de lad. C'est pourtant très dur. Ils commencent leur apprentissage à 12 ou 13 ans.Ont des horaires impossibles. Sont "jetés" à la moindre anicroche (les entraîneurs ne sont pas des tendres).

Les principales terres d'élevage sont dans l'Ouest : Normandie, Mayenne, Pays de Loire, là où il y a encore un "peuple" pas tout à fait en voie d'extinction.

Les seuls étrangers dans ce monde sont les propriétaires. Aucun Français ne peut plus entretenir une écurie de courses de galop sauf s'il s'appelle Rothschild ou feu Jean-Luc Lagardère.

Et les parieurs, étrangers ou immigrés en majorité !

D'autres, plus savants que moi, verront si on peut tirer des conclusions de l'organisation du monde des courses de chevaux.
22 avril 2011, 15:02   Re : De la fiscalité
Cher Florentin, je n'ai pas émis de jugement de valeur mais rappelé un simple constat. L'ordre féodal qui distingue entre celui qui porte les armes et protège les autres, celui qui prie et prend soin de l'âme de chacun, et celui qui travaille et produit la nourriture de tous, ordre fondé sur les liens d'homme à homme du haut en bas de la société, avait sa logique, son harmonie et sa grandeur. Mais au XVIIIe siècle il a disparu et les exemptions d'impôt, qui en sont des vestiges, sont perçus par l'immense majorité à la fois comme anachroniques, vexatoires et profondément inéquitables en elles-mêmes, mais aussi comme directement responsables de l'état de faillite financière chronique de l'Etat.
Utilisateur anonyme
22 avril 2011, 17:52   Re : De la fiscalité
Monsieur Meyer,

Je ne suis pas un nostalgique de la la Ferme générale. Mais je pense que la cleptocratie républicaine masque sa rapacité fiscale sous le voile de l'hypocrisie (l'impôt comme instrument de justice sociale en écornant les revenus des plus riches) et la vacuité idéologique (consentement à l'impôt). Je veux bien admettre que l'Etat me dépouille mais pas qu'il me prenne pour un imbécile ou un niais.

Un bel exemple de cette hypocrisie est l'"Impôt de solidarité sur la fortune" autrefois "Impôt sur les grandes fortunes".

On est passé d'un impôt vendu par la gauche au bon peuple comme taxant les riches à un impôt conservé par la droite et présenté comme aidant les pauvres (solidarité). Or, il est imposible de dire si le produit de l'ISF est affecté à la solidarité. L'affectation de l'ISF à la Caisse nationale de solidarité pour l'autonome (beau machin républicain) n'est qu'un projet envisagé dans la cadre de la réforme de cet impôt.

C'est cette hypocrisie et cette idéologie qui m'agace. Ceci dit j'ai un faible pour la Popelinière.
01 mai 2011, 17:57   Re : de la fiscalité
Marcel Meyer pointe avec justesse que la critique morale et sociale de la fiscalité par Brunet Latin se double d'une critique politique de nos démocraties. Décidément, juger la société, au cas particulier, la fiscalité, conduit immanquablement à en juger les fondements politiques.

Ceci dit, il y a cent manières de démocratie et cent manières de monarchie. Les régimes politiques que sont la monarchie ou le roi ont des théories. Pourquoi toujours ressasser l'histoire de la monarchie française, chaque fois qu'une critique est adressée à notre démocratie?

Jalouser les grandes fortunes et jalouser les grands esprits ne sont pas deux attitudes si dissemblables. Elles sont deux façons d'être démocrate, si l'égalité politique réclame celle des conditions. Je doute que le paysan de jadis enraciné dans une culture populaire (encore que susceptible des échappées du génie ou de la folie) jalousait le latin du curé ou la dentelle du châtelain. Il en concevait de la confiance et du respect pour leur propriétaire.

L'impôt est populaire car il fleurit sur le ressentiment et la convoitise. Certes, tout le monde se plaint des impôts. Les assistés se plaignent de recevoir une Prime Pour l'Emploi trop chiche. Les imposables jugent qu'ils payent trop. Mais tous réclament que les riches payent plus. Et comme on trouve toujours plus riche que soit, on oublie qu'on est toujours le riche de quelqu'un. Les Français sont tous des petits, fiers d'être pauvres. Jospin était le premier à s'en vanter. Tous revendiquent leur misère avec le même aplomb, eussent-ils le teint encore hâlé de leur dernier séjour en thalasso.

Une des vertus de la richesse est qu'elle rend libre. La liberté finit parfois où commence celle des autres. Il arrive également qu'elle commence avec celle des autres (par effet d'entraînement).

La richesse se mesure-t-elle? « Les salaires des pays les plus riches sont x fois supérieurs aux salaires des pays les plus pauvres. Les riches gagnent mille fois... » Ces comparaisons chiffrées sont faussement significatives. Être riche coûte cher ; d'autant plus cher qu'on est plus riche. Il est plus juste de comparer les modes de vie que de mesurer les richesses.

L'impôt républicain éduque le peuple souverain des individus vertueux. A travers l'impôt, la République réclame de tous l'approbation unanime de ses principes et de l'usage que l'administration fait de l'impôt. Les socialistes demandent qu'effectivement tous, pauvres compris, participent à la quête, la participation fût-elle symbolique (c'est à dire, entre autre, le coût consenti pour assoir et lever la participation fût-il plus grand que le rapport escompté). L'impôt républicain est agaçant comme peut l'être le dogme républicain à force de mensonges aguicheurs: nous sommes tous des petits présidents de la République, et nous sommes naturellement tous contents de contribuer à l'ordre qu'on a voulu puisqu'il est dit que la volonté est générale et que la volonté générale n'est jamais que la volonté propre de l'homme vertueux que chacun nourrit de par soi.

L'impôt démocratique prétend façonner une société meilleure. Il rase les uns, arrose les autres: entre les crédits d'impôts pour tout motif et les Primes Pour l'Emploi, les Services Impôts des Particuliers distribuent aussi souvent qu'ils ponctionnent. Il entend orienter les comportements. Cependant, la succession frénétique des lois de finance rectificatives permet de douter que l'administration se fasse une idée claire de la juste conduite. Enfin, il vise l'équité. La société est complexe, alors les niches fiscales sont la règle. L'impôt est sur mesure et aussi à la carte. A chacun son régime fiscal. Bien malin qui sait à quelle sauce est imposé son voisin. Rien d'universel dans cet impôt. Mais puisqu'il est dit que c'est au nom de la justice...

L'impôt est assis et levé par une forte administration dont le corps tend à maigrir mais qui grossit de la tête. Ceci dit, l'impôt suscite une armée privée encore plus vaste de comptables, fiscalistes, secrétaires, banquiers, cravates et tailleurs. Quel univers fascinant. On y cultive et transmet les vertus du droit: la rigueur, le formalisme, l'habileté intellectuelle. N'est-ce pas là finalement la plus justifiable fonction de cet archaïque impôt? Il y aurait des façons si simple de remplir les caisses de l'administration!

Quelles fiscalités conviendraient là où se complèteraient les régimes politiques et les postulats méta-politiques?
01 mai 2011, 19:43   Re : De la fiscalité
Cher Monsieur, en ce dimanche soir, je vous lis avec grand plaisir.
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