Ah oui, alors là très fort, très très fort ! Ceci n'est pas un gag, non…
J'avoue qu'en vous lisant, S. Bily, je suis complètement out, à l'ouest, largué, et tutti quanti (je m'empresse de l'ajouter) ! Vous vous montrez là comme un sophiste sans égal, il me semble. Et j'ajoute (immédiatement) que vous travestissez complètement ce que j'ai essayé (sans doute très mal) de dire. Mais, disant cela, je suis sans doute (je ne peux qu'être) en train de me justifier a priori du mauvais procès que je vous intente…
Je tente de résumer les choses telles que je les ai comprises, certainement mal.
Pascal Orsoni, à propos de la fin de ce qu'il appelle "la civilisation chrétienne", cite deux phrases du livre de Gobineau dont tout le monde a entendu parler, mais que peu ont lu (je suis dans le tout le monde…). Je sais que Gobineau a très mauvaise réputation (je ne peux me fier qu'à ce on-dit,
puisque je ne l'ai pas lu), comme tout le monde, mais je lis tout de même ces deux phrases qui me paraissent, à première lecture, être intéressantes, et ne pas être citées comme ça pour le chic. Un message plus loin, Alexis réagit vertement en laissant entendre que la citation, ici, de Gobineau, est
délibérément, comment dire,
significative ?(« Oui, pour bien éclairer le débat, il ne nous manquait plus qu'une citation de Gobineau ! ») Je m'agace de cette réaction que je trouve, comment dire, pénible, réactionnelle et automatique. Pourquoi pas une citation de Gobineau, au même titre que de n'importe qui a réfléchi sur ce sujet, ou peut l'éclairer d'une façon originale et riche ? Pourquoi toujours considérer qu'il y a des gens dont nous ne voulons pas savoir ce qu'ils ont réellement pensé, sous prétexte que nous les avons "définitivement" rangés dans une catégorie suspecte ? (J'ai fait de même, comme beaucoup de mes contemporains, et je le fais sans doute encore, et je crois pas qu'il y ait à s'en vanter.) Alexis fait une réponse que je trouve sensée, mais qui ne me convainc pas entièrement pour autant.
Sur ce, S. Bily fait une intervention qui me laisse perplexe, c'est le moins que je puisse dire ! « Alexis, vous voilà déconsidéré à la suite d'une maladresse stratégique : vos pensées ne sont plus que des automatismes, tenez-vous le pour dit. La doxa est ainsi faite... » Alors je vous demande, M. Bily, en quoi ai-je publiquement "déconsidéré" Alexis en lui faisant le reproche que je lui fais ? En quoi ai-je prétendu que sa pensée, ici, sur ce forum,
n'était QU'automatismes et doxa ? Vous allez beaucoup trop loin ! Je lui fais le reproche, je me répète, de ne pas accepter la citation d'un auteur qu'il juge, lui, déshonorant, et je crois en effet que ce genre de remarques relève d'un automatisme que pour ma part je regrette. Votre "la doxa est ainsi faite" en retour me paraît pour le moins de mauvaise foi. Qu'on le veuille ou non, qu'on s'en réjouisse ou pas, Gobineau n'est pas en odeur de sainteté aujourd'hui, prétendre le contraire serait un peu surprenant. Mais la doxa, ici, consiste surtout, il me semble, à ne pas pouvoir lire deux phrases (!) d'un auteur sulfureux sans,
immédiatement, pousser les cris attendus par l'assemblée. C'est ce que je regrette, pas plus.
« Alexis, je pressentais que votre remarque sur Gobineau (que je n'approuve pas, devrais-je m'empresser d'ajouter) vous attirerait des ennuis...
Boris Joyce a raison, ce me semble : que vient faire la théorie des races dans la citation de Pascal Orsoni ? »
Là non plus, je ne comprends pas. Vous faites exprès de nous intervertir, ou est-ce un lapsus ? Que n'approuvez-vous pas ? L'auteur Gobineau ou bien la remarque d'Alexis ? Quant à ce que vous faites dire à Boris Joyce, je ne comprends pas non plus…
Mais ce qui me gêne le plus est sans doute ceci :
« Gobineau devient sympathique dès lors qu'on considère qu'il est un "auteur maudit" et que les citations qu'on en fait ont le pouvoir inestimable de susciter au dehors un sentiment de gêne qu'on est seul à ne pas ressentir, parce qu'on connaît les raisons qui nous poussent à le citer plutôt que tel autre. Mettre les autres en face de leur prétendue inculture (ils ne connaissent pas toute la richesse de l'oeuvre de Gobineau), ou bien les exposer à ne pouvoir émettre que des opinions en apparence bien pensantes (comme en témoigne à l'évidence votre petite remarque, Alexis, sur l'opportunité de citer Gobineau à propos d'un tel sujet), s'ils renoncent à rester cois, comme on voudrait qu'ils fissent : voilà qui est très habile. »
J'ai employé le terme "maudit", soit. Qu'aurais-je dû dire ? Sulfureux, suspect, controversé, raciste, infâme, inexistant, indéfendable, ignoble, infréquentable, illisible ? Faites attention, tout de même, avec ces adjectifs, qui sont si facilement utilisés aujourd'hui pour déconsidérer celui qu'on ne veut pas entendre. En quoi, je vous le demande, Pascal Orsoni aurait-t-il, selon vous, voulu qu'on reste coi, après la citation qui soulève la controverse ? Je ne comprends pas non plus. Gobineau devrait être, selon vous, soit
sympathique soit
antipathique ? Mais quel est l'intérêt de ce genre de question ? Je vois du procès d'intentions, dans votre message, et je n'aime pas ça. Si Pascal Orsoni "connaît les raisons qui [le] poussent à le citer plutôt que tel autre", en quoi est-ce mal ? S'il le connaît et que nous (je) ne le connaissons pas, en quoi est-il diabolique de nous faire entendre deux (!) phrases de lui ? Vous rendez-vous compte qu'avec ce genre de procès, on peut aller très loin ? Si je cite tel auteur, c'est toujours "parce que [je] connais les raisons qui [me] poussent à le citer plutôt que tel autre" !
"Mettre les autres en face de leur propre inculture"… Chaque jour, en venant lire sur ce forum, c'est pourtant ce qui m'arrive :
je me vois mis en face de ma propre inculture. Et c'est pour moi très précieux. J'ajoute qu'il y a beaucoup d'auteurs que je n'aurais JAMAIS lus sans connaître ce forum…