Chère Cassandre,
j'ai, comme vous, suivi avec beaucoup d'intérêt ce que ces deux spécialistes ont dit, en termes courtois, et avec beaucoup d'intelligence, au cours de cette émission. A aucun moment, même si, pour des raisons qui m'échappent, le sujet de l'émission n'était pas le livre de SG, les analyses que celui-ci a faites dans son livre n'ont été infirmées.
Il se trouve que, désireux de cerner l'univers mental des anti SG, j'ai acheté le petit livre de Mme Jacquart, Découvertes, Gallimard, 2005, l'égérie, celle qui dirait tout ce qu'il "est permis de dire" (sic) sur ce sujet, la référence révérée dans les milieux pétitionnaires : livre au titre éloquent, l'épopée de la science arabe, publié à l'occasion de l'exposition organisée à l'Institut du Monde arabe en 2005 : "l'âge d'or des sciences arabes".
Le titre "l'épopée..." résume l'entreprise : l'épopée est, on le sait, un genre littéraire qui consiste à embellir un fait historique (souvent "minuscule", comme dans La Chanson de Roland) et à broder, à partir de ce canevas, non pas au point-de-croix, mais à grands coups d'épée, de taille et d'estoc, l'histoire majuscule d'un peuple, d'une race, d'une foi, d'une nation, etc. "L'épopée de la science arabe", c'est bien, dans ce livre, cela : une chanson de geste, dont l'origine ou la matrice est double, Mahomet et la Révélation, le Coran et la langue arabe. Personne en Europe ne désigne comme matrice de la science, que l'on ne qualifie jamais "d'européenne" ni "d'aryenne" ni "de latine", etc. (la science est la science; la qualifier, c'est la disqualifier), l'Ancien Testament, les Evangiles, Constantin, Justinien, etc... Sauf par dérision. Ce serait se discréditer à jamais que de le faire.
Or, quand il est question de la langue arabe, de la "science" dite "arabe", de la science dans les pays d'islam ou d'Islam, de l'injonction de Mahomet à aller jusqu'en Chine pour apprendre quelque chose, de l'expansion de l'islam dans le monde, toutes ces barrières ou tous ces scrupules (qui nous évitent de sombrer dans le ridicule) sautent, comme par miracle ou enchantement : il n'y a plus de bornes à la déraison ou à la folie. C'est Lyssenko que l'on rejoue dans les plus hautes sphères de la "recherche" (d'Etat). Faire pousser du blé en plein hiver dans les glaces de Sibérie se traduit, en langue arabe, ainsi : les versets du Coran font germer les graines de science qu'Allah y a semées.