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Tiens, tiens

Envoyé par Virgil Waldburg 
16 juillet 2011, 10:06   Tiens, tiens
Parmi ses exemples dans l'émission "Répliques" du jour, AF mentionne ceux qui font claquer les portes dans les hôtels... Aurait-il lu attentivement les derniers volumes du journal de Renaud Camus pour qui il s'agit d'une véritable bête noire, bête noire apparemment contagieuse.
Et si, à la suite de sa lecture, un député en venait à proposer quelque loi au Parlement exigeant : double porte dans toutes les chambres, patins sur les portes en question, pour en amortir le fermement et amende pour qui s'obstinerait à répandre dans les couloirs des bruits éminemment nocents ?
Ce serait regrettable, car ce serait une loi de plus prenant acte de l'incapacité des Français à se soucier de l'autre.
16 juillet 2011, 10:12   Re : Tiens, tiens
Oui, cela m'a fait sourire, aussi, et surtout qu'il dise après : "Bon, cet exemple est très trivial, mais..." Dans l'extrait d'émission polonaise proposé par Didier Bourjon à la fin d'un autre fil, il fait aussi référence à la notion de "déculturation". Ces dernières années, Finkielkraut est très camusien.
16 juillet 2011, 11:56   Re : Tiens, tiens
Je dirais même qu'il se camusianise à grand vitesse. Mais AF n'est pas le seul : je constate que mon discours héberge de plus en plus de thèmes camusiens, sans que je m'en rende tout à fait compte. Je crois que le journal, qui agit comme une drogue (quel que soit le thème qu'on suive initialement au fil des années, on finit par s'intéresser également aux autres), finit par modifier notre organisme intellectuel et sensible.
Je pense que le P.I. est un peu comme une "salle de shoot", où on vient pratiquer le camusianisme sous le contrôle d'une autorité compétente.
16 juillet 2011, 12:43   Propagande ordinaire
En parlant de shoot : j'ai écouté tout à l'heure la fin de l'émission La suite dans les idées ("coordonnée" par Sylvain Bourmeau). Une anthropologue se demandait si l’Énéide n’était pas un « récit du métissage ». Si la France se concevait elle-même comme une terre d’accueil, sans identité propre, l’intégration des immigrés serait bien plus facile.
16 juillet 2011, 15:13   Re : Propagande ordinaire
Oui. Et si les roses n'avaient pas d'épines, ce serait plus facile de les cueillir. Et si on marchait sur la tête on économiserait les chaussures.
C'est drôle que ce genre de personnes ne fassent jamais la réflexion contraire, tellement plus conforme, pourtant, au bon sens : et si les immigrés se concevaient comme des hôtes respectueux du pays qui les accueillent, l'intégration serait bien plus facile.
16 juillet 2011, 17:54   Re : Tiens, tiens
A propos de roses et d'épines... mais non, je me tais, mon côté populo ressort.
16 juillet 2011, 18:00   Re : Tiens, tiens
Jean-Marc, permettez moi une question ; quand vous faites vos courses, car cela vous arrive n'est-ce pas ? Vous êtes :

Réponse 0 : Webachat, c'est tellement plus pratique.
Réponse 1 : Commerce de proximité, boucherie, boulangerie, épicerie.
Réponse 2 : Auchan, Carrefour, Leclerc.
Réponse 3 : Super/Hyper U
Réponse 4 : Lidl.
16 juillet 2011, 18:37   Re : Propagande ordinaire
Florence Dupont

Rome, la ville sans origine. L’Énéide : un grand récit du métissage ?

Présentation de l’éditeur :

Ce livre invite à déconstruire l’idée contemporaine d’identité nationale à partir de l’Antiquité romaine. Pourquoi revenir à l’Antiquité ? L’Antiquité sert à conforter les penseurs contemporains qui s’y projettent, ayant le sentiment confortable que leurs idées ont toujours été là. L’anthropologie historique vise à bousculer ce confort intellectuel grâce au fameux « regard éloigné ». Pourquoi Rome et non Athènes ? Athènes était une cité refermée sur elle-même. L’Athénien était citoyen de père et de mère, en fils ; le peuple d’Athènes n’accordait que rarement la citoyenneté à des étrangers. Rome appliquait une politique contraire. Dès les premiers temps, elle donnait largement la citoyenneté aux ennemis vaincus et aux affranchis qui, intégrés, lui ont fourni des armées innombrables et une élite sans cesse renouvelée. À partir de là, il était tentant d’aller voir quelle conception de la citoyenneté et de l’identité romaine avaient permis cette société ouverte (multiculturelle ou métissée ?) qui était celle de « nos ancêtres les Romains ». Or non seulement la citoyenneté romaine était un statut juridique sans contenu racial, ethnique ou culturel mais encore elle reposait sur l’origo, notion juridique complexe qui impliquait que tout citoyen romain d’une façon ou d’une autre venait d’ailleurs. Tous des étrangers : ce qu’illustre l’Énéide, poème de l’origo qui célèbre Énée, le « père » des Romains et figure de l’altérité : le héros venu d’ailleurs et qui n’a pas fondé Rome.

Biographie de l'auteur :

Florence Dupont est professeur de latin à Paris-VII, chargée de séminaire à l’UFR d’Études théâtrales à Paris-III, membre du Centre Louis Gernet et directeur de programme au Collège international de philosophie. Elle est spécialiste de l’anthropologie du corps et de la voix dans l’Antiquité grecque et romaine, et en particulier du théâtre. De Florence Dupont, Le Promeneur a déjà publié L’insignifiance tragique et Les jeux de Priape, anthologie d’épigrammes érotiques (éd. et trad. avec Thierry Éloi).

http://www.amazon.fr/Rome-ville-sans-origine-métissage/dp/207012939X/ref=sr_1_3?s=books&ie=UTF8&qid=1310833899&sr=1-3
16 juillet 2011, 19:02   Re : Tiens, tiens
Comment peut-on faire partie d'institutions de si haut niveau, avoir lu tous les Anciens dans le texte, enseigner le latin, croûler sous les diplômes, et tenir sur le monde des propos si convenus ? Voilà quelque chose qui m'échappe.
Utilisateur anonyme
16 juillet 2011, 19:09   Re : Tiens, tiens
Cela s'appelle la fureur idéologique.
Utilisateur anonyme
16 juillet 2011, 19:16   Re : Tiens, tiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
16 juillet 2011, 19:57   Re : Tiens, tiens
Citation
Stéphane Bily
Comment peut-on faire partie d'institutions de si haut niveau, avoir lu tous les Anciens dans le texte, enseigner le latin, croûler sous les diplômes, et tenir sur le monde des propos si convenus ? Voilà quelque chose qui m'échappe.

Je formulerais plutôt la question de façon inverse : peut-on avoir, en France, une quelconque chance de voir ses idées, aussi justes et fondées soient-elles, être reconnues à leur juste valeur si l'on est un tant soit peu anticonformiste et que l'on résiste à l'idéologie dominante ? Jacques Ellul est plus étudié aux Etats-Unis qu'en France, Raymond Boudon est presque ignoré en comparaison de Pierre Bourdieu...
_______________

Pour en revenir au sujet de départ, il y a évidemment des convergences de plus en plus fortes entre la pensée d'Alain Finkielkraut et celle de Renaud Camus. Pour qui sait lire entre les lignes, il paraît évident qu'Alain Finkielkraut partage les craintes du PI concernant l'avenir de la France et de notre civilisation. Seulement, pour éviter d'être victime d'une nouvelle chasse aux sorcières, et pour pouvoir continuer à passer à la télévision (c'est un des rares reproches que j'aurais à lui faire : sacrifier une partie de sa liberté d'expression pour avoir un meilleur accès aux médias), il est obligé de mettre de l'eau dans son vin. Inviter Renaud Camus ou Richard Millet à Répliques est une façon habile de faire endosser à d'autres ses propres opinions et ainsi se mettre relativement à l'abri des foudres de la pensée unique.
16 juillet 2011, 20:13   Re : Tiens, tiens
Parce que la connaissance du Latin, des auteurs anciens et une malle de diplôme ne suffisent pas pour garder sa place Stéphane, il faut encore publier et aller régulièrement dans le monde (et au Monde), lequel est une jungle, pour y lécher la doxa à longs traits, avec application et assiduité comme le font les bêtes de la forêt la vasière (salt-lick) qui les maintiendra en vie.
16 juillet 2011, 20:14   Re : Tiens, tiens
Florence Dupont, après avoir donné de belles traductions, conçues pour être jouées, du théâtre de Sénèque (collection Le Spectateur Français), s'est lancée dans des essais où elle pratique la relecture de la culture antique dans le sens du politiquement correct. Dans le sot texte que vous nous citez, je me demande qui sont les penseurs contemporains qui (se) projettent dans cette Antiquité ? Y en a-t-il des légions ? Et les penseurs mainstream dont elle fait partie ne savent donc pas se compter, ni voir qu'ils sont seuls à parler, à écrire, à "débattre" ? Enfin, je suis peut-être naïf. En tous cas, cette présentation de l'Enéide a tout pour surprendre.
16 juillet 2011, 20:46   Re : Tiens, tiens
Cette capacité à travestir des faits est troublante.

Effectivement, Athènes est fermée à l'étranger et Rome y est ouverte. Cela étant dit, l'octroi de la citoyenneté, à Rome, pour libéral qu'il soit, est toujours une récompense : soit personnelle, soit collective en récompense des services rendus.

Je crois aussi me souvenir que le droit romain distingue le droit d'empire du droit personnel, dans certains cas, et que donc origo et citoyenneté ne sont pas forcément liées.
16 juillet 2011, 23:38   Re : Tiens, tiens
Je viens de lire l'article consacré à ce livre dans le Monde, c'est un modèle du genre, chaque phrase est à savourer, le coup de la fallacieuse manœuvre performative de l’affirmation identitaire est très bien amené...

Dupont d'Ailleurs
17 juillet 2011, 00:21   Re : Tiens, tiens
Citation
Alain Eytan
Je viens de lire l'article consacré à ce livre dans le Monde, c'est un modèle du genre, chaque phrase est à savourer, le coup de la fallacieuse manœuvre performative de l’affirmation identitaire est très bien amené...

Dupont d'Ailleurs

Dans l'imaginaire contempuritain de ce genre d'intellectuel, on devine que doivent figurer un Romulus et un Rémus défilant dans les rues d'Albe en scandant : "Nous sommes tous/Des enfants d'immigrés !/Première, deuxième, troisième génération !" Ou bien Thésé accueillant OEdipe à Athènes en mettant ses sujets en garde : "Touchez pas à mon pote !"
17 juillet 2011, 08:45   Re : Tiens, tiens
Les spécialistes des sciences sociales ont beau rappeler, sur tous les tons, que les identités sont multiples et évolutives, que chaque individu est porteur d'identités plurielles, sollicitées de façon différente selon les contextes, rien n'y fait : le terme continue à charrier un imaginaire essentialiste, qui présuppose une nature immuable.

Il faut donc accomplir un pas supplémentaire. Il faut affirmer que les Romains n'étaient rien, que "tout Romain vient d'ailleurs". Progressistes, chantres des identités plurielles, vous étiez dépassés ! Vous étiez bien timides ! Car l'Enéide est en fait un poème de l'"identité métissée". Moderne contre Moderne, comme disait l'autre...
Utilisateur anonyme
17 juillet 2011, 09:44   Re : Tiens, tiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
18 juillet 2011, 21:09   Re : Tiens, tiens
Florence Dupont est la fille naturelle de Pierre Grimal. Cela explique un peu son contentieux avec la question de l'origine... Son livre "Homère et Dallas" est assez plaisant.
Sinon, elle est très révolutionnaire, dans le pire sens du terme.
18 juillet 2011, 21:29   Re : Tiens, tiens
Effectivement, cette personne écrit d'une façon très intéressante, et sait beaucoup de choses. Il est d'autant plus ennuyeux qu'elle défende ces positions-là...

"Homère et Dallas" est un livre original, et son propos n'est pas si stupide que cela, en fin de compte.

Notez que Dallas est entrée dans l'histoire par son dépôt de livres.
Utilisateur anonyme
19 juillet 2011, 16:33   Re : Tiens, tiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
19 juillet 2011, 18:16   Re : Tiens, tiens
Didier,

C'est très intéressant. Il est un peu dommage que Rémi Brague utilise "Dieux domestiques" pour les Pénates (ha, l'image d'Enée, de son fils, d'Anchise et des Pénates !), car les Romains avaient d'autres dieux domestiques, les Lares, qui, eux, étaient attachés au foyer (en catalan : la llar pour le foyer).
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