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Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
M. Podalydès, qui n'est pas un imbécile et qui ne manque pas de culture, nous parle ainsi de M. Sarkozy. C'est intéressant, je trouve :

[www.lepoint.fr]
"La culture, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale", n'est-ce pas cher Jean-Marc ?
Je ne suis guère étonné. Nicolas Sarkozy a un côté éternel adolescent qui a ses aspects irritants, certes, mais aussi ses aspects aimables : il m'a toujours paru curieux de tout et capable de passion. Il n'a pas l'esprit idéologique, ce que certains fustigent comme un manque de cohérence et que d'autres apprécient comme une absence d'à priori. C'est certainement quelqu'un qui s'améliore humainement avec l'âge, n'en déplaise à ses adversaires les plus rabiques. Son mariage avec Carla Bruni a aussi sans doute joué un grand rôle dans sa conversion à l'art...

Je me souviens de Fabrice Lucchini révélant dans une émission de radio que Nicolas Sarkozy était venu à maintes reprises à son spectacle de lecture d'extraits du Voyage au bout de la nuit...

Il ne faut désespérer de personne.
Citation
William König
Il n'a pas l'esprit idéologique...

N'est-il donc plus néo-conservateur ?
L'a-t-il jamais vraiment été ?...
Vacances aux États-Unis l'été suivant son élection !?
Alignement sur la politique étrangère américaine !?
J'en passe des bonnes et des moins bonnes...




Utilisateur anonyme
17 juillet 2011, 14:54   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Pyrrhon
Vacances aux États-Unis l'été suivant son élection !?
Alignement sur la politique étrangère américaine !?
J'en passe des bonnes et des moins bonnes...

On peut être américanophile sans être néo-conservateur. C'est mon cas. J'aimerais bien passer des vacances aux Etats-Unis, et le faire à plusieurs reprises tant ce pays est immense.

On peut s'allier avec les néo-conservateurs américains sans en être un, tout simplement parce que les circonstances l'exigent, à tort ou à raison. Tous les dirigeants européens l'ont fait durant la dernière décennie.

Pour ce qui est de l'alignement de la politique française sur la politique américaine, je dirais que Nicolas Sarkozy a fait là de la realpolitik, comme tous ses prédécesseurs de droite et de gauche. Même De Gaulle en faisait, comme en témoigne son attitude pour le moins sibylline vis-à-vis des communistes français et donc de l'URSS, ou ses choix politiques concernant l'Algérie. Hormis quelques coups d'éclat que les gaullistes fatigués montent constamment en épingle, et qui leur permettent de soutenir sans que personne ne les contredise (ce qui me stupéfie toujours) que la France serait un jour sortie de l'OTAN (on croit rêver), De Gaulle a toujours fait de la realpolitik.

Sarkozy était lui-même opposé à titre personnel à la présence de troupes françaises en Afghanistan, comme il l'avait déclaré lors de la campagne de 2007 dans une émission d'Arlette Chabot - au contraire de Ségolène Royal qui s'était déclarée favorable à cette présence au micro de la même journaliste une semaine plus tard, et qui veut nous faire aujourd'hui accroire qu'elle a toujours fustigé cette action pourtant approuvée en 2001 par... Lionel Jospin, alors premier ministre d'un gouvernement dont elle était partie prenante, et Jacques Chirac, alors président de la République et, paraît-il, gaulliste.

Un homme politique met parfois ses opinions personnelles les plus sincères de côté au profit d'intérêts qu'il pense plus grands.

Bien évidemment, je cite le cas de Royal non pour tirer sur une ambulance mais pour rappeler quel gouvernement et quel président ont décidé d'envoyer des soldats français aux côtés des soldats américains dans l'Afghanistan des Talibans.
Citation
William König
Un homme politique met parfois ses opinions personnelles les plus sincères de côté au profit d'intérêts qu'il pense plus grands.

Donc vive la mondialisation ? - Non, "un homme politique [doit les mettre] de côté au profit d'intérêts qu'il pense plus nobles" :



(Je dois avouer qu'Anna Vassilissa a le don de m'émouvoir...)
Utilisateur anonyme
17 juillet 2011, 16:27   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Didier Bourjon
Hervé Juvin : entièrement d'accord.

Idem.
Citation
William Köning

(Je dois avouer qu'Anna Vassilissa a le don de m'émouvoir...)

Ffffuuiii... entièrement d'accord. Surtout au moment du : "Où est le mal du métissage, Hervé ?", j'aime la voix un peu basse, au bord du chuchotement.
Sarkozy, le métissage et l'identité :



Heureusement depuis il s'est cultivé sur l'histoire de France...
Ses retournements de veste montrent bien qu'il n'est pas un homme idéologique, et, comme bien souvent, il a les défauts de ses qualités. Par ailleurs, la première déclaration est à remettre dans le contexte (déplorable, je vous l'accorde) où il s'évertuait à pratiquer une politique d'ouverture à gauche en débauchant non seulement des hommes de ce camps mais aussi certaines de ses idées. Quant à la deuxième, elle est en totale contradiction avec la première alors qu'elle lui est quasiment contemporaine. Bref, Nicolas Sarkozy s'adapte à son auditoire et lui dit ce qu'il veut entendre, ce qui confirme son statut d'homme politique, ce qui ne me surprend guère.
Citation
William König
Ses retournements de veste...

Je vous arrête tout de suite, quand a-t-il déclaré l'inverse au sujet de la France ?
Citation
Pyrrhon
Citation
William König
Ses retournements de veste...

Je vous arrête tout de suite, quand a-t-il déclaré l'inverse au sujet de la France ?

Concernant le métissage, j'ai la faiblesse de croire qu'il voulait surtout surfer sur un certain air du temps et qu'il a manifestement totalement abandonné cette lubie puisqu'il n'en parle plus depuis longtemps. A dire vrai, cet enregistrement est à ma connaissance le seul témoin notable qu'il ait voulu un jour défendre le métissage : la preuve, c'est toujours celui-ci que l'on ressort pour l'accabler. D'ailleurs, un certain débat sur l'identité nationale prouve, malgré son échec évident, qu'il a changé de discours. En revanche, voici une déclaration intéressante sur un autre sujet (quoique), surtout venant de quelqu'un que l'on dit obsédé par le modèle de société américain :

[www.france24.com]
En somme, en s'affichant contre le multiculturalisme (quoique), il préserve le métissage comme solution au "vivre ensemble".

D'autre part, les néo-conservateurs ont des stratégies qui différent selon les situations (il ne faut pas les sous-estimer) :
- La-bas, aux Etats-Unis, l'absence d'enracinement profond des populations (hormis les indiens) permet le multiculturalisme (imaginez un Euro-américain dire à un Afro-américain qu'il était là avant !).
- Ici, en Europe, il faut détruire nos enracinements par le métissage ("la France est une terre de métissage...")

Et puis, j'avais volontairement écrit "déclaré", car comme à son habitude, aucun fait probant ne vient confirmer ces intentions politiques.

Au mieux il est impuissant, au pire il est complice, mais vous avez compris quelle était ma préférence.

J'arrête-là mes sarcasmes.

In-nocence à lui.
Plus on met d'eau dans le pastis plus on tend vers la flotte. Plus on métisse plus on tend vers le primate.
Utilisateur anonyme
17 juillet 2011, 22:57   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Pyrrhon
En somme, en s'affichant contre le multiculturalisme (quoique), il préserve le métissage comme solution au "vivre ensemble".

Difficile de préserver le métissage avec un discours pareil :

"La vérité c'est que dans toutes nos démocraties, on s'est trop préoccupé de l'identité de celui qui arrivait et pas assez de l'identité du pays qui accueillait", a lancé Nicolas Sarkozy.

"Bien sûr qu'il faut respecter chacun dans ses différences, mais nous ne voulons pas (...) d'une société où les communautés coexistent les unes à côté des autres. Si on vient en France, on accepte de se fondre dans une seule communauté, qui est la communauté nationale, et si on ne veut pas accepter ça, on ne peut pas être le bienvenu en France", a poursuivi le président de la République.


Les thèmes de l'identité française et de l'assimilation sont clairement identifiables dans ses propos. Est-ce de l'opportunisme politique ? Peut-être, mais on ne peut pas lire pareille déclaration et ne pas admettre qu'elle est conforme à ce que beaucoup défendent dans ce forum et qui n'a rien à voir avec l'idéologie du métissage.

Citation
Pyrrhon
D'autre part, les néo-conservateurs ont des stratégies qui différent selon les situations (il ne faut pas les sous-estimer) :
- La-bas, aux Etats-Unis, l'absence d'enracinement profond des populations (hormis les indiens) permet le multiculturalisme (imaginez un Euro-américain dire à un Afro-américain qu'il était là avant !).
- Ici, en Europe, il faut détruire nos enracinements par le métissage ("la France est une terre de métissage...")

Sarkozy néo-conservateur... Vous ne voulez pas en démordre. Soit.

Citation
Pyrrhon
puis, j'avais volontairement écrit "déclaré", car comme à son habitude, aucun fait probant ne vient confirmer ces intentions politiques.

Au mieux il est impuissant, au pire il est complice, mais vous avez compris quelle était ma préférence..

J'en conclu à vous lire qu'aucun fait probant ne vient confirmer les intentions politiques que vous lui prêtez. En règle général, quand aucun fait probant ne confirme une idée que l'on a sur les intentions de quelqu'un, on révise cette idée... Ma conclusion sera donc qu'au pire il est en effet impuissant (ce qui ne me choquerait pas plus que cela, car je n'ai pas une conception fétichiste de la politique, dans laquelle le grand homme pourrait magiquement inverser le cours de choses qui dépendent d'une multitude de facteurs très complexes), mais qu'au mieux vous faites fausse route... J'ai ma préférence - vous l'aurez aussi compris - mais elle est, croyez-moi, dénuée de tout sarcasme.
"Plus on métisse plus on tend vers le primate."

Non, rien...

Citation
Didier Bourjon
"Ses retournements de veste montrent bien qu'il n'est pas un homme idéologique..."
Entre être un idéologue borné et être une girouette qui vend à chaque fois la bonne camelote, il y a de la marge pour une "autre conception de la politique".

Justement, je ne pense pas qu'il soit une girouette. Je pense qu'il a fait des erreurs et qu'il tâtonne sur certains sujets. Moi-même je le déplore, mais je n'attends pas beaucoup mieux de cet homme que de moi si j'étais à sa place. N'oubliez pas qu'il est aussi l'homme de ses divers conseillers...

Sur ce, bonne soirée à tous, chers in-nocents !
Utilisateur anonyme
17 juillet 2011, 23:17   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Tous les leviers lui auraient été retirés ? Voilà qui ne cadre guère avec l'image de l'hyper-président et dictateur au petit-pied dont les médias nous farcissent les oreilles... Mais alors, d'où viendrait son impuissance paradoxale ?... Pour vous répondre, voici un excellent article qui résume assez bien mes idées :

L’hebdomadaire Courrier international a consacré un de ses derniers numéros à la vision qu’ont les journalistes étrangers de Nicolas Sarkozy. Un article a retenu en particulier mon attention car il soulignait à juste titre que les tares actuelles de la France ne pouvaient être imputées à notre seul président et remontaient en fait à de Gaulle. Le journaliste allemand, non sans exagération, voyait une continuité à l’œuvre dans l’incapacité des Français à accepter le régime parlementaire. C’est assez injuste car la France a connu deux régimes nettement parlementaires, la IIIe et la IVe République, mais dont l’instabilité chronique a laissé de mauvais souvenirs aux Français.

Cela dit, notre régime ultra-présidentiel devrait tout autant mettre mal à l’aise les Français. Le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral ont renforcé les défauts rédhibitoires de cette République-là. La personnalité virevoltante de M. Sarkozy a fait le reste.

Notre régime est incestueux, le mélange des genres y est la règle, l’équilibre des pouvoirs l’exception. Dans quel autre grand pays démocratique les hauts fonctionnaires, tous issus de l’ENA, contrôlent-ils à la fois un État surpuissant et les grandes entreprises du CAC40 où ils « pantouflent » après avoir fait leur début de carrière à l’Inspection des Finances ou au Conseil d’État ? Dans quel autre pays démocratique, les principaux groupes vendeurs de biens ou prestataires de service à l’État et aux collectivités locales, Bouygues, Vivendi, Largardère, Dassault, etc., possèdent-ils également les plus gros médias de la presse écrite et audiovisuelle et sont-ils dirigés par des amis intimes du président ?
On est ébahi qu’avec tout ce pouvoir entre les mains, M. Sarkozy n’arrive pas à changer la France. Or personne ne semble se demander, dans notre brave pays, si on ne parvient pas à le réformer justement parce que le président y a trop de pouvoir.

Notre régime n’a que les apparences d’une démocratie libérale. Il en ignore certains principes fondamentaux comme la séparation et l’équilibre des pouvoirs, le check and balances cher aux Anglo-saxons. Peuple immature, les Français pensent que cet équilibre paralyserait la société française alors que c’est tout à l’inverse la concentration et la centralisation des pouvoirs qui l’anémient. Inutile alors de se demander pourquoi nos concitoyens se méfient du capitalisme puisqu’ils se méfient de la décentralisation des décisions à l’œuvre et dans l’économie de marché et dans les vraies démocraties libérales. On ne s’étonnera pas du coup qu’un Régis Debray, nouveau thuriféraire de la mémoire gaullienne après avoir été celui du guévarisme – Seigneur, prends pitié de lui – , se soit plu à opposer il y a quelques années la « démocratie » à la « république ». Si une telle opposition était pertinente – ce dont je doute car il n’y a pas de vraie république sans démocratie libérale -, eh bien je choisirais à l’inverse la démocratie contre la république. Tout bien considéré, je préfère même une monarchie à l’anglaise à notre Ve République.

De Gaulle, on l’a déjà souligné, a ressuscité la vieille tradition bonapartiste de notre pays, mélange stupéfiant de monarchisme et de jacobinisme où l’écrasement des corps intermédiaires ne se manifeste plus par l’absence de médiations entre les députés et le peuple, mais par l’élection du roi de France au suffrage universel direct. Hugues Capet élu par M. et Mme Toutlemonde.

À Alain Peyrefitte qui lui demandait si le nouveau régime issu de la crise de 1958 était une « république monarchique », de Gaulle eut le toupet de répondre : « Non, plutôt une monarchie républicaine ». Comme le soulignait le journaliste allemand cité par Courrier international, la nuance est révélatrice : la république passait pour de Gaulle après la monarchie. Et notre journaliste le crédite méchamment de deux succès : la liquidation du colonialisme et celle du parlementarisme.

Or je suis hélas entièrement d’accord avec lui, à quoi j’ajouterai qu’avec ses plans quinquennaux et son étatisme impénitent, il a renforcé le jacobinisme et, par voie de conséquence, le pouvoir de l’ENA au détriment de la société civile et du dynamisme des PME qui font la force de l’Allemagne par exemple.

De Gaulle a accepté en 1945 le compromis corporatiste élaboré par le Conseil national de la Résistance – autre grand mythe national qu’il est temps de déboulonner – en abandonnant le contrôle de pans entiers du service public aux communistes pour éviter un scénario de guerre civile à la grecque. Pouvait-il faire autrement ? Il est permis d’en douter, mais au moins reconnaissons en cet épisode historique une des sources principales du comportement lamentable des syndicats de fonctionnaires dans notre pays.

De Gaulle a tué la République, la vraie, en 1958 pour éviter la guerre civile que les Pieds noirs menaçaient d’exporter vers la Métropole. Pouvait-il agir différemment ? Là encore, il est loisible de le nier. Mais avouons-le également et passons maintenant à autre chose.

Il en était d’ailleurs lui-même conscient puisque son dernier acte politique fut, en 1969, d’essayer de revivifier les corps intermédiaires qu’il avait contribué à écraser en 58 en proposant leur réprésentation au Sénat. Trop tard, le référendum fut son ultime échec.

Tant que nous n’aurons pas regardé en face les mythes de notre passé, le pessimisme et le manque de confiance dans l’avenir qui caractérisent présentement notre pays ne pourront être dépassés. Et nous ne nous en guérirons pas en vouant un culte passéiste à de Gaulle.

Il nous faudra en conséquence fonder, sous une forme ou sous une autre, par un moyen ou par un autre, peu importe, une VIe République où le parlement retrouvera ses prérogatives perdues, où les collectivités locales jouiront de pouvoirs encore plus étendus que depuis 1985 et où le président inaugurera les chrysanthèmes.

Le référendum qui s’est déroulé récemment en Grande-Bretagne vient à point nommé nous rappeler que certains de nos voisins sont plus sages et pragmatiques que nous. Les Britanniques ont rejeté l’introduction d’une dose de proportionnelle proposée par les Libéraux-Démocrates. Malgré toute la sympathie spontanée que j’éprouve pour les LibDems de Nick Clegg, je m’avoue partisan convaincu du système anglo-saxon du first past the post, c’est-à-dire du système uninominal à un tour.

Je pense en effet qu’un régime parlementaire ne peut être stable que s’il ignore la proportionnelle. C’est elle qui a paralysé la IIIe et la IVe République, c’est elle qui paralyse la Knesset israëlienne, la Belgique ou les Pays-Bas, c’est elle qui commence à rendre délicat le jeu des alliances en Allemagne – où la CDU et la SPD ont de plus en plus de mal à composer des gouvernements pérennes.

Ou alors, on se doit d’adopter carrément le régime présidentiel américain avec ses traditions de négociation entre le Congrès et la présidence – difficiles à transposer ailleurs – , mais il n’y a pas d’entre-deux. Il n’y a pas de système viable sur le long terme entre l’anglais et l’américain. Pas étonnant d’ailleurs si ce sont les deux régimes démocratiques les plus vieux du monde.

Alors vive la VIe République, non à la proportionnelle et adieu de Gaulle !

Fabrice Descamps

Utilisateur anonyme
18 juillet 2011, 13:48   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
"Il n’y a pas de système viable sur le long terme entre l’anglais et l’américain."

C'est qu'on se sentirait presque insulté.
Citation
Didier Bourjon
leviers ? Vous souhaitez le retour d'un régime parlementaire alors que 90% de nos lois se décident à Bruxelles, dans un quasi consensus apolitique et une soumission totale à la seule logique qui vous est chère, à ce qu'il semble : l'hyper-libéralisme, au sens décrit ailleurs sur ce forum, la politique simple servante des "affaires" en leur auto-développement, alpha et oméga de tout destin.

La situation que vous décrivez n'a rien à voir avec les idées et les principes qui me sont chers en matière de politique, et qui sont les idées et les principes du libéralisme sous sa forme la plus classique. A ce titre, je suis opposé à toute forme de jacobinisme, qu'il soit parisien ou bruxellois. De plus, si le libéralisme accorde de l'importance à la question des affaires, des échanges économiques et du commerce, il est avant tout une éthique qui s'organise sur la base de trois valeurs fondamentales que sont la liberté, la propriété et la responsabilité. Retirez un seul de ces trois principes et vous sortez du libéralisme pour n'en avoir qu'une espèce de perversion qu'il est facile et trompeur de dénoncer en la qualifiant d'hyper-libéralisme, alors qu'il s'agirait tout au plus d'une espèce d'infra ou de pseudo-libéralisme...

Par exemple, la crise économique que nous connaissons depuis quelques années est le résultat non d'un libéralisme sain et raisonnable, mais de sa forme dévoyée. Pour ne citer qu'une des causes du marasme économique mondial qui est le nôtre, la crise des sub-primes a été rendue possible par la création par l'administration américain d'institutions semi-étatiques comme Freddie Mac et Fannie Mae. Sous l'impulsion du président Clinton, ces institutions ont reçu des ordres visant à augmenter le nombre de prêts immobiliers à destination des ménages les plus modestes, quant bien même ceux-ci n'étaient pas solvables, parce que l'administration pensait qu'il fallait qu'un maximum d'Américains soient propriétaires de leur domicile. Parallèlement, les banques étaient incitées à faire des prêts déraisonnables, et recevaient l'assurance de l'Etat fédéral que celui-ci interviendrait en cas de difficulté. Concrètement, les banques et autres agences de prêts ont été déresponsabilisées dans leurs fonctions, et ont de fait agi n'importe comment. Comment peut-on parler de méfaits du libéralisme quand l'un de ses trois fondements éthiques essentiels n'existe plus ?

Je suis libéral, et à ce titre mes premières préoccupation sont non pas l'argent, mais ma liberté et celle d'autrui, ma responsabilité et celle d'autrui, ma propriété et celle d'autrui - propriété qui n'est pas qu'une valeur mercantile, par ailleurs. Vous parlez d'hyper-libéralisme là où je ne vois que la déplorable soif de l'or si commune à bon nombre d'hommes, soif qui les aliène et donc les prive de toute liberté authentique, qui les pousse à se décharger de toute responsabilité dans une perspective de jouissance, et les amène à créer d'habiles combines pour voler la propriété légitimement acquise par autrui. Bref, c'est un mal vieux comme le monde. Je ne reconnais pas l'éthique qui m'est chère, et ne reconnais pas le droit à ceux qui se comportent ainsi de prétendre y adhérer, et ainsi la décrédibiliser aux yeux du monde.

Je terminerai en bon libéral par faire un éloge des frontières, ce qui vous fera sans doute plaisir et certainement vous étonnera. Car comment définir la propriété d'une personne ou d'un groupe de personne sans poser la nécessité d'une frontière, d'une limite à l'intérieur de laquelle organiser un Etat de droit dont les lois permettront de concurrencer autrui ?... Voilà pourquoi les véritables libéraux fustigent avec une incroyable dureté l'Union européenne telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, et ce jusque dans sa monnaie unique.

L'abolition des frontières, c'est la vieille lubie socialiste de la fusion des peuples. Si les gens croient qu'il s'agit là du programme libéral, c'est parce que beaucoup d'hommes politiques qui sont au fond d'eux-mêmes des crypto-socialistes (à droite comme à gauche) singent le libéralisme, et prêtent à celui-ci des idées et des actions qui sont celles de leur véritable logiciel de pensée.
Citation
Stéphane Bily
"Il n’y a pas de système viable sur le long terme entre l’anglais et l’américain."

C'est qu'on se sentirait presque insulté.

Le système américain fonctionne depuis deux siècles, le système anglais depuis trois siècles. Ils ne sont pas parfaits, et aucun système humain ne saurait l'être, mais qui dit mieux sur la question de la viabilité d'un système démocratique moderne sur le long terme ? Les Suisses peut-être... Mais c'est tout à mon humble connaissance.

Cela devrait forcer notre respect pour ces trois nations, parce qu'il n'est pas bon de se sentir insulté quand quelqu'un nous dit qu'autrui fait mieux que nous dans un domaine, et que cela est manifestement vrai. On parle beaucoup de traditions, de pérennité, et d'identité sur ce forum, et cela pour insister à juste titre sur le caractère essentiel de ces valeurs, or force est de constater qu'en ce qui concerne la manifestation de celles-ci dans la démocratie, nous avons vraiment des leçons à prendre auprès d'augustes modèles...

Ne nous laissons jamais égarer par le ressentiment.
Utilisateur anonyme
18 juillet 2011, 16:01   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Il ne s'agit pas de mon système libéral mais du système libéral sous sa forme la plus classique, que j'ai plus d'une fois entendu résumé sous la forme de cette "trinité" éthique liberté-responsabilité-propriété, dans laquelle vous ne voyez, hélas, qu'une formule magique de peu de portée. Pourtant, si vous faisiez l'effort de considérer n'importe quel problème sous la lumière de la dynamique engendrée par ces trois idées, vous verriez à quel point celles-ci sont puissantes et pertinentes lorsqu'elles fonctionnent en système. Vous avez raison de dire que cela mériterait une analyse plus approfondie : c'est même là l'ambition des meilleurs penseurs libéraux.

Vous vouliez des noms de libéraux sérieux et critiques? J'évoquerai par exemple Serge Schweitzer, Alain Laurent, Pascal Salin, Charles Gave... C'est eux qui entre autre m'ont appris ce qu'était le véritable libéralisme, et son fondement sur ces trois valeurs cardinales qui vous laissent perplexes. Le lien que j'ai mis plus haut mène aussi à un site authentiquement libéral et dont l'immense majorité des articles sont de véritables philippiques à l'égard de l'actuelle Union européenne et de la monnaie unique. Consultez-le plus amplement : vous ne serez peut-être pas d'accord avec tout, mais vous serez surpris par beaucoup de choses, comme je l'ai été moi-même autrefois.

Un article que j'ai lu il y a quelques jours, écrit par un économiste libéral et membre du Cercle Turgot :

[www.atlantico.fr]

Il y défend l'idée d'une monnaie commune et la possibilité d'une concurrence des monnaies au sein de l'Union, idée très libérale comme il le souligne, idée qui était celle des Anglais (peuple dont le libéralisme n'est plus à démontrer) avant que le principe de la monnaie unique ne soit choisi. Est-ce la solution miracle ? Je n'en sais rien, mais force est de constater que des libéraux ont des idées différentes des gens qui vont connaissez et qui se déclarent de cette éthique.
N'en n'est-il pas du "vrai" libéralisme, ce qu'il en a été du "vrai" communisme : un paradis destiné à rester dans les livres de leurs théoriciens?
Citation
Cassandre
N'en n'est-il pas du "vrai" libéralisme, ce qu'il en a été du "vrai" communisme : un paradis destiné à rester dans les livres de leurs théoriciens?

C'est ce que je me disais autrefois. Mais le libéralisme ne propose aucun paradis, à la différence du communisme. Le libéralisme est une éthique et non une idéologie ou une utopie. Il propose une manière de vivre entre hommes, non une manière de changer l'Homme. Il tend à organiser de la manière la moins mauvaise la cité des hommes, non à faire descendre la Cité de Dieu sur terre...

Maintenant, que certains libéraux soient idolâtres et simplistes, et transforment l'éthique en idéologie, c'est certain et c'est navrant. Dieu m'en garde.
Utilisateur anonyme
18 juillet 2011, 16:46   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
J'ai en effet des convictions, mais je suis prêt à débattre. La preuve, je suis toujours là à vous répondre. Et je ne pense pas avoir trouver de solution ultime et parfaite, seulement la moins mauvaise à ma connaissance, pour paraphraser Churchill. Et le doute m'effleure plus souvent que vous ne le supposez...

Proposez-moi une piste de réflexion, je serai ravi de débattre et d'être éventuellement dans mon tort, puisque c'est en se trompant que l'on grandi en sagesse.

Vous m'accusez de répondre à côté mais, que je sache, vous m'avez demandé des noms de libéraux critiques à l'égard de l'Union européenne et de l'euro sans jamais préciser que vous exigiez que je cite des politiques uniquement ! Avec tout le respect que je vous dois, je trouve un peu fort d'être quasiment accusé de malhonnêteté sous un prétexte aussi déloyal !

Les libéraux sont peu nombreux parmi les élites politiques françaises, parce qu'être homme politique et libéral dans un pays aussi centralisé et interventionniste que la France signifie scier ouvertement la branche sur laquelle on est assis. La plupart des politiques français sont de hauts fonctionnaires, statut qui ne cadre guère avec une éthique libérale. Quant aux vrais libéraux, ils doivent souvent tirer les conséquences de leur incapacité à faire ce qu'il voudraient : regardez le destin d'Alain Madelin...

De fait, la tradition libérale semble davantage incarnée en France par des intellectuels (par exemple ceux que j'évoquais) ou par des entrepreneurs. Ce n'est pas pour rien si les partis qui se déclarent ouvertement libéraux (le PLD que vous évoquiez, Alternative libérale..) sont pour tout dire des groupuscules. Je suis le premier à le déplorer.

Nous parlions de Madelin, voici justement un billet sur l'euro qui contient des idées intéressantes (l'homme est en gros favorable à l'euro, mais défavorable à ce que les fiscalités des Etats soient uniformisées, au non de la liberté de concurrence) :

[www.alainmadelin.fr]’euro-n’a-pas-besoin-d’un-super-gouvernement/

(pour une raison inconnue, je n'arrive pas à correctement insérer le lien vers l'article... alors le voici en copier-coller pour ceux que cela intéresse... le dernier paragraphe est très évocateur d'un certain réalisme)

L’euro a-t-il besoin de plus de fédéralisme budgétaire et fiscal pour survivre à la crise actuelle ? Plutôt qu’à des surenchères ultra irréalistes voire dangereuses, nous ferions mieux de revenir aux fondamentaux : une stricte discipline budgétaire et une plus grande flexibilité économique, assorties d’une police indépendante.

L’euro, répète-t-on, souffre d’une maladie congénitale. Il lui manque les deux attributs classiques d’une monnaie : un budget fédéral pour assurer la solidarité et un gouvernement économique pour harmoniser les politiques fiscales et sociales. Pour sortir de la crise, il faudrait aujourd’hui oser un vrai fédéralisme budgétaire et économique !

La thèse a l’apparence du bon sens mais elle est à la fois fausse et dangereuse. Le problème originel de l’euro, c’est l’hétérogénéité des pays qui l’ont adopté. Nos vieux pays européens ne peuvent guère être comparés aux États américains de par leurs langues, leurs cultures, leurs modèles sociaux et familiaux, leurs structures économiques et démographiques, leurs choix collectifs, leurs niveaux de dépenses publiques…

Une telle diversité ne fait pas obstacle à l’adoption d’une même monnaie en l’absence de véritable État fédéral. L’étalon or hier, le franc CFA ou le dollar de Hong Kong aujourd’hui montrent que des liens monétaires fixes peuvent unir des pays fort différents sans besoin d’un gouvernement commun. Mais cela n’est possible qu’à deux conditions :

1. Une très stricte gouvernance monétaire.

Pour l’euro, ce sont les règles de discipline budgétaire inscrites dans le marbre du Pacte de stabilité. Elles visent à ce qu’aucun pays de la zone euro ne vive au-dessus de ses moyens et aux crochets de ses voisins en laissant filer sa dette au-delà de sa capacité de remboursement.

2. Une très grande flexibilité économique.

Dans le cadre de monnaies nationales, les différences de compétitivité ou les chocs extérieurs sont amortis par des taux de change. Avec l’euro, cet ajustement par les changes devenant impossible, il faut lui substituer un ajustement par la variation des prix. Si un pays décroche, les prix de ses actifs, ses salaires, ses pensions et ses allocations doivent baisser, sinon en valeur absolue, du moins en valeur relative par rapport à des pays en plein essor.

Or ces deux exigences intrinsèquement liées au bon fonctionnement de l’euro, n’ont pas été respectées. Les progrès dans la souplesse économique, la compétitivité et la concurrence, prévus dans l’agenda de Lisbonne pour faire de l’Europe la zone la plus compétitive du monde à l’horizon 2010, sont restés lettres mortes. Les disciplines budgétaires se sont progressivement relâchées et, fin 2003, la France et l’Allemagne se sont même coalisées pour empêcher l’application du Pacte de stabilité.

Ce qui a manqué à l’euro, ce n’est pas un gouvernement commun mais une vraie police indépendante. Et les marchés financiers, dont c’est le rôle, ont manqué de vigilance en permettant d’emprunter à l’allemande pour dépenser à la grecque.

La tempête financière mondiale a été le révélateur des faiblesses accumulées de l’euro. Pour faire face, on a accepté ce qui était hier impensable. Avec pragmatisme, la BCE rachète des obligations d’État. Un Fonds de stabilité a été mis en place pour assurer une solidarité budgétaire limitée, accompagné de procédures d’assistance temporaire à un État solvable et de procédures de défaut en cas d’insolvabilité. De tels mécanismes doivent être certes précisés, complétés (tout particulièrement en ce qui concerne la mise en oeuvre des procédures de défaillance) mais il serait profondément contre-productif de vouloir, dans une surenchère européenne hors de saison, profiter de la crise pour promouvoir un nouvel euro au fonctionnement calqué sur celui des monnaies nationales traditionnelles.

La solidarité au sein de l’Europe n’a rien de comparable avec celle qui permet la coexistence dans une même nation de l’Île-de-France et la Guadeloupe, de l’Italie du Nord et du Mezzogiorno ou celle qui unit les États américains. Une solidarité d’ailleurs complétée par la mobilité interne de la population facilitée par l’usage d’une même langue.

Il est chimérique d’imaginer un budget fédéral européen organisant des transferts financiers massifs pour compenser les différences de compétitivité. Tout comme il est chimérique de vouloir forcer la solidarité par l’émission d’obligations européennes communes. Les Allemands veulent bien payer pour leur réunification mais ils ne sont pas près d’accepter d’être les payeurs en dernier ressort des factures laissées par les pays mal gérés.

Quant à l’idée d’« harmoniser », c’est-à-dire en fait d’uniformiser progressivement les politiques fiscales et sociales au travers d’un « gouvernement économique », il est clair qu’elle se heurte tant à l’exigence de souplesse et de concurrence de la zone euro qu’à la nécessité de faciliter les ajustements des différences nationales par des variations relatives de prix et des politiques budgétaires autonomes. De telles propositions, si elles étaient suivies, conduiraient assurément à l’explosion et de l’euro et de l’Europe. De grâce, que les politiques cessent ces surenchères ultra-européennes inopportunes, inutiles, cacophoniques et anxiogènes.


Pour le lien vers un site, au temps pour moi : [www.contrepoints.org]
Utilisateur anonyme
18 juillet 2011, 17:17   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Vous avez raison, il est inutile de se fâcher. En tout cas, je ne tiens à agacer personne, et surtout pas Cassandre, Stéphane Bily ou vous-même. Revenons en aux questions de fond, donc.
Utilisateur anonyme
18 juillet 2011, 17:40   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
J'aurais plutôt tendance à partager votre opinion, qui est aussi celle de Philippe Herlin, bien que je bénéficie tous les jours des avantages de l'euro en tant que frontalier.

Disons que nous n'en serions pas là si l'euro-zone n'avait pas été étendue pour des raisons de surenchère ultra-européiste à des pays fragiles. Une euro-zone limitée pour commencer aux pays de l'ancienne Europe des six, par exemple, avec usage possible de l'euro pour les touristes et les entrepreneurs dans les autre pays de l'Union...
Cher William König, ne vous méprenez pas : c'est mon propre message qui était abrupt et un peu bête par son caractère lapidaire, et je m'en veux de n'avoir ni les connaissances ni hélas ! le temps ce soir de poursuivre cette conversation avec vous.
Utilisateur anonyme
18 juillet 2011, 18:30   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
L' Hegelianisme de N Sarkosy.

Le Président énonce que "le métissage n'est pas un choix mais une nécessité".
Ce sont les lois de l'Histoire sans doute.
Les libéraux des trois derniers siècles rejoignent ( s'ils les avaient jamais quittés) les hegeliens de droite (Mussolini par exemple) et de gauche (toute la joyeuse palette marxiste léniniste).
Même Tocqueville parlait d'une sorte de fatum, une irrépressible "marche en avant vers plus de démocratisation et plus de centralisation". Tocqueville avait néanmoins la géniale clairvoyance d'anticiper sur le devenir de cet Etat "prévoyant et doux" et de sa tyrannie à venir.
Il me semble que le libéralisme et les deux totalitarismes communient dans la même modernité ambiguë.
Elle est définie d'un côté comme un désenchantement sous les coups de boutoirs de la techno-science (le Progrès) donc à dimension "rationnelle". De l'autre il y a ce je ne sais quoi de fatidique, irrationnel bref d'Oriental:une orientation de nos "sociétés" contre laquelle on ne peut rien, qui n'est même pas à débattre.
Mektoub! C' est écrit dans le grand Livre depuis la nuit des temps.
Il me semble au contraire que le génie occidental a toujours "dialectisé" ce rapport entre les Parques (ces divinités qui filent nos destins d'hommes) et la libre action de l'homme de la Cité (Polis) par l'art de la délibération (bouletike)débouchant sur le Nomos (loi) libre de toute détermination étrangère ou naturelle.
Bref, il n'y a pas de nécessité dans l' Histoire des hommes mais combat permanent pour son affranchissement (s'il ne naît pas libre, l'homme ou au moins le citoyen le devient).
En 1989 nous avons cru, avec la chute du Communisme, et après celle du nazisme ou du fascisme en avoir fini avec le totalitarisme hegelien. Cette idéologie du XIX° persiste sous sa forme "cool" (destruction des peuples sous sédatif) encore de nos jours.

L'Identité singulière et charnelle contre le Concept qui tue. Un bel enjeu donc pour nos tribus.
» De plus, si le libéralisme accorde de l'importance à la question des affaires, des échanges économiques et du commerce, il est avant tout une éthique qui s'organise sur la base de trois valeurs fondamentales que sont la liberté, la propriété et la responsabilité. Retirez un seul de ces trois principes et vous sortez du libéralisme pour n'en avoir qu'une espèce de perversion

Cher William, n'y a-t-il pas tout de même au cœur de la "doctrine" libérale un principe qui porte en lui cette graine subversive, et hétérodoxe selon votre conception, qui est la croyance fondamentale en une sorte de vertu auto-organisatrice du réel, d'amélioration et d'amendement "par le bruit", et cela en définitive pour le meilleur-être de tous ?
Après tout, il me semble qu'on ne peut ignorer l'impact qu'eut la "main invisible" de Smith sur la pensée libérale, même si c'est un peu tarte à la crème de la ressortir à chaque occasion, et ce qu'elle implique dans sa formule de déresponsabilisant : non seulement c'est l'intérêt particulier qui doit guider la conduite des hommes, mais il est de plus contre-indiqué, pour que l’intérêt général soit de façon optimale servi par l'égoïsme, que ce service général soit connu du particulier, qui doit ainsi servir la cause commune à son insu.
Cette même idée de déresponsabilisation personnelle bénéfique se retrouve en filigrane dans la croyance en une capacité foncièrement rééquilibrante des systèmes économiques, où aucun accident de parcours ne pourrait finalement empêcher le balancier de revenir à son état d'équilibre initial, pourvu qu'on le laisse libre ; bien que cette idée s'exprimât dans des théories économiques ("système de l'équilibre", "loi des marchés"), elle n'en ressort pas moins d'une conception du réel où ce qui est abdiqué par l'homme est pris en charge par une puissance organisatrice foncièrement positive.
Dans ces conditions, Freddie Mac et l'enchaînement des dérégulations successives qui ont abouti à la création des produits dérivés aussi lucratifs qu'irresponsables (et pourtant excellement notés par les sociétés de notation, si je me souviens bien), ne sont-ils pas aussi présents dès le départ que la "responsabilité" que vous invoquez ?
Utilisateur anonyme
18 juillet 2011, 22:56   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Mais non mais non, cher Didier, après vous, je vous en prie...

(Soit dit en passant, je recommande le film américain Inside job pour une synthèse très claire et didactique, ne lésinant pas sur les détails, de la crise des sub-primes ; certaines interviews de supposées sommités en matière économique, membres de la Federal Reserve ou professeurs d'Harvard, méritent de figurer dans une anthologie des meilleurs films comiques... Ce sont à peu près les mêmes zigotos qui ont été reconduits, et plutôt même promus, par l'actuelle administration.)
Utilisateur anonyme
19 juillet 2011, 09:53   Re : Opinion de M. Podalydès sur M. Sarkozy
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Du point de vue des relations économiques internationales, en ce qui concerne, donc, la circulation des capitaux, des marchandises et des hommes, le libéralisme est le meilleur système (ou le moins mauvais possible) entre peuples à la fois de niveau économique comparable, bien disposés les uns à l'égard des autres et respectueux de leurs spécificités.

À l'intérieur, tous les pays (sauf la Corée du Nord sans doute) pratiquent un mélange plus ou moins changeant entre le laisser faire et le dirigisme, entre le libéralisme et l'interventionnisme étatique. On discutera à l'infini pour savoir s'il convient de faire davantage l'un ou l'autre, en général et selon la conjoncture du moment. Ces équilibres changeants varient selon les traditions locales, comme le souligne Didier, mais ces traditions sont souvent en partie de l'habillage, du discours politique : les États anglo-saxons sont beaucoup plus régulateurs que nous ne l'imaginons en France, en nous ne sommes, en réalité, pas tellement moins libéraux qu'eux en moyenne (enfin si, un peu, mais ce sont des nuances).

La question clé, vitale, est évidemment aujourd'hui dans les relations internationales. Reprendre la maîtrise de notre destin est un impératif catégorique.
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