Pour illustrer le rapprochement et pour donner envie à ceux qui ne l'auraient pas encore fait de lire l'éditorial n°45, accessible en cliquant sur la fenêtre "Editoriaux" dans le menu situé en haut de la page :
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Le savoir n'est pas une matière première. Le répandre, l'étendre, l'élargir, le diffuser dans le public devrait n'avoir aucun effet sur son épaisseur et sur sa consistance, ni sur la quantité des réserves accumulées. Or il semblerait que c'en est bel et bien un, et fâcheux, et qu'une règle peu compréhensible de physique sociale, si elle tolère son accroissement modéré, s'oppose absolument à son accroissement indéfini.
Et plus loin :
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On dirait qu'il existe là, de façon encore mal explicable, une curieuse variante du principe attribué plus ou moins abusivement à Pareto, et qui veut, dans sa version vulgarisée (très vulgarisée), qu'en toute société quatre-vingt pour cent de la richesse soit toujours détenue, quoi qu'il arrive, par vingt pour cent de la population : il peut y avoir des bouleversements mais toujours la balance revient vers ces proportions-là. Il serait singulier que dans le domaine qui nous occupe les chiffres, en plus, fussent les mêmes. Mais il paraît vraisemblable qu'ils soient, s'agissant de la culture, plus spectaculaires encore ; et que quatre-vingt-dix-huit pour cent de la culture, ou davantage, soit entre les mains, ou dans les esprits, d'un ou deux pour cent de la population. Dans un cas comme dans l'autre, on peut tenter de changer cela, bien entendu : dans le domaine économique il n'est pas tout à fait acquis encore, mais il est loin d'être exclu, que pareil élargissement de la prospérité, au-delà d'un certain seuil, soit préjudiciable à la richesse globale ; dans le domaine culturel, en revanche, il semble bien, et c'est infiniment regrettable, que la dissémination de la connaissance, à partir d'un certain degré, soit dommageable à sa masse, et nuisible à la culture générale (dans les deux sens de la formule).
Encore une de ces très étranges lois sociales, ou mathématiques, déjà repérées sous des formes à peine différentes : le niveau réel de qualité d'un diplôme, et les répercussions culturelles qu'il entraîne, ne dépendent nullement de son nom, ni même du nombre d'années d'études qu'il exige, mais du nombre de ceux qui l'obtiennent, et de leur proportion au sein du corps social. Le baccalauréat qu'obtient quatre-vingt pour cent d'une classe d'âge correspond mutatis mutandis (les matières enseignées ne sont plus les mêmes) au niveau de connaissances atteint par quatre-vingt pour cent d'une classe d'âge aux autres époques. Et ainsi de suite pour les autres diplômes.