Le site du parti de l'In-nocence

Un entretien étonnant

Envoyé par Kiran Wilson 
23 septembre 2011, 10:43   Un entretien étonnant
Il y a sur le site "BibliObs" un entretien étonnant entre Marien Defalvard, jeune romancier de 19 ans dont on parle beaucoup ces temps-ci, et Alexis Jenni. Ce jeune homme se dit "plutôt de droite" et a sur la littérature et ce qu'est devenue la France des intuitions remarquables. A lire.
23 septembre 2011, 11:46   Re : Un entretien étonnant
Oui, on parle beaucoup, et en bien, de Marien Defalvard, dont le parti pris stylistique suranné et proustien n'est pas sans ranimer bien des nostalgies latentes.

Cependant, sur l'Autofictif, site d'Eric Chevillard, lequel a la dent dure et l'esprit acéré :

« Tout cela plus les années épandit sur mon visage de l’époque une déception mauve », écrit par exemple l’auteur de Du temps qu’on existait, âgé de dix-neuf ans, que la presse littéraire unanime nous présente comme un génie. Or je crois qu’il faut s’incliner devant cette évidence et admettre en effet que seul un génie peut détenir la faculté prodigieuse d’épandre sur un visage une déception mauve.

(Et encore…pas tous les génies.)

23 septembre 2011, 12:12   Re : Un entretien étonnant
Je n'ai pas lu le roman mais j'ai trouvé ce garçon, dans cet entretien, plein d'aplomb et assez à rebours de notre époque. Bien sûr, on ne peut pas écarter l'hypothèse d'un coup médiatique et commercial et d'un livre "fabriqué". Quant à la phrase que vous citez, elle a l'air un peu ridicule mais on pourrait obtenir le même effet avec bien des phrases isolées de grands écrivains. On se rappelle pour quelles raisons Gide avait d'abord rejeté Proust.
23 septembre 2011, 12:21   Re : Un entretien étonnant
"Tout cela plus les années" n'appellerait-il pas le pluriel au verbe ? Faut demander à Chatterton là.
23 septembre 2011, 12:32   Re : Un entretien étonnant
Des rumeurs nous disent que le Flavien Defalvard physique ne serait qu'un leurre et que le livre aurait été écrit par un auteur beaucoup plus âgé. Un nouvel avatar de l'affaire Gary-Ajar ? Ou un vrai génie précoce ?
Utilisateur anonyme
23 septembre 2011, 12:50   Re : Un entretien étonnant
(Message supprimé à la demande de son auteur)
23 septembre 2011, 13:19   Re : Un entretien étonnant
Citation
Kiran Wilson
Des rumeurs nous disent que le Flavien Defalvard physique ne serait qu'un leurre et que le livre aurait été écrit par un auteur beaucoup plus âgé. Un nouvel avatar de l'affaire Gary-Ajar ? Ou un vrai génie précoce ?

Cher Kiran, je viens de lire les échanges entre Marien Defalvard et Alexis Jenny. Sauf à ce qu'il ait connu les questions avant d'y répondre et ait loué quelque nègre pour avoir des réponses, ce jeune homme me semble très bien, en effet et tout à fait maître de son discours. A mon sens, ce qui le démarque agréablement de nombres de ses "confrères" en écriture, c'est qu'il réfléchit et qu'il réfléchit à partir d'une culture littéraire vaste, donc variée. On sent l'intelligence aux aguets. Et pour cela, a contrario de ce qu'on soupçonne (une sorte d'imposture), je sens toute l'ébullition et toute l'énergie de la jeunesse. Enfin, d'une certaine jeunesse qui a d'autres ambitions qu'écouter Orelsan et tapoter des fautes d'orthographe sur un i-phone.
Utilisateur anonyme
24 septembre 2011, 11:25   Re : Un entretien étonnant
Alain Veinstein a reçu Marien Defalvard il y a quelques jours pour son premier roman Du temps qu'on existait.

Il possède donc certains caractères de réalité. Néanmoins, à l'entendre parler comme il le fait à dix-neuf ans, on s'interroge. De quelle galaxie vient-il ? C'est un plaisir de l'entendre en tout cas.

[www.franceculture.com]
24 septembre 2011, 11:33   Re : Un entretien étonnant
Alexis Jenni...

J'ai bien connu son père, Alex V Jenni.
24 septembre 2011, 12:01   Re : Un entretien étonnant
Il a une diction que ne peut qu'envier le marmonneur que je suis. Il est très rare de tomber à la radio sur de jeunes gens (un peu de la même génération que moi, au fond) qui font vraiment l'effet d'être civilisés (seul le nom de Mathieu François du Bertrand me vient à l'esprit, à cet égard).
24 septembre 2011, 12:42   Re : Un entretien étonnant
Stéphane,

Je ne suis pas sûr que le terme "civilisé" soit le plus adapté. Je préfèrerais celui de "faisant preuve d'urbanité".

Hoelderlin, à Tuebingen, est à l'évidence civilisé. Il n'en est pas pour autant "urbain", en ce sens qu'il méconnaît totalement les codes sociaux communément admis.

Les deux messieurs que vous citez, Deflavard et François du (Du ? quelle poisse ces questions de typographie !) Bertrand sont urbains, en ce sens qu'ils sont bien élevés et font preuve d'une empathie de bon aloi.

On parle de la nocence des jeunes "à la rappeur" juchés sur leurs squads ; il ne faut pas méconnaître la nocence du colonel (honoraire) Stanislas Leronchon de Grau-Rhaleur, qui sème la perturbation dans tous les cercles où l'on a encore la charité de l'admettre. Ce personnage-là se présente, Kiran nous le confirmera, sous divers avatars : la générale (veuve), le médecin retraité, le Darlanmachin dans son club anglais, etc...

La difficulté est de trouver le juste milieu, ce que ces jeunes gens me semblent arriver à faire.
24 septembre 2011, 15:34   Re : Un entretien étonnant
...oui j'écrivais, à treize ou quatorze ans, des textes assez proches de celui-ci vous savez en retrouvant des textes de cette époque, je suis très frappé...

Et cela dans la bouche d'un écrivain de 19 ans... (sorry, can't keep my face straight)

Les lecteurs de bandes dessinées, qui pullulent désormais sur ce forum, suite au coming out d'un fil voisin, reconnaîtront en le séduisant Marien, l'inversion de ce personnage de Lauzier, qui s'adresse à lui-même, face à la glace, contenant son courroux métaphysique : "Dix-huit déjà, et qu'ai-je fait de ma vie ?... Rien ! Rien!"


24 septembre 2011, 16:09   Re : Un entretien étonnant
Toujours curieux, les ressemblances de voix, de ton, de débit, de démarche du phrasé. Il m'a immédiatement fait penser à Daniel Mesguich.
24 septembre 2011, 16:58   Re : Un entretien étonnant
Quelqu'In-nocent aurait-il lu le roman en question ?
24 septembre 2011, 16:58   Re : Un entretien étonnant
Je suis allé voir de quoi il retournait dans une librairie. Je n'ai pas acheté le livre mais l'ai feuilleté un assez long moment. Les journalistes, devant la profusion d'adjectifs, d'énumérations et de métaphores étranges ou audacieuses, nous parlent d'un "style classique", mais j'avoue que cela ne m'a guère frappé au premier coup d'oeil. Bien sûr, je puis me tromper. Une certaine mélancolie semble imprégner l'ouvrage (ce qui est souvent bon signe). D'autre part, je ne sais pas si vous avez remarqué, dans l'entretien avec Veinstein, la proximité qu'entretient sur certains points la pensée de Deflavard avec celle de Renaud Camus : le goût pour les "romans du soir", pour le crépuscule en général, le Temps, l'échec qui serait la trame de nos vies, la topographie, les cartes, etc. ; ce qui, je dois dire, me rend ce contemporain très sympathique.
24 septembre 2011, 17:04   Re : Un entretien étonnant
Un nouveau "mécontemporain" ? Je vais me précipiter et invoquer ma chère Amazon...
24 septembre 2011, 17:47   Vidéo
24 septembre 2011, 20:09   Re : Un entretien étonnant
Mais où apprend-on à s'exprimer ainsi, dans la France d'après ? A la maison ?
24 septembre 2011, 20:35   Re : Un entretien étonnant
Fidèle à ma tradition de mauvais esprit onomastique, au vu de la vidéo mise en ligne et compte-tenu du haut niveau de langage de ce jeune homme, je le nommerai :

Marien Bourgeons.
Utilisateur anonyme
24 septembre 2011, 21:06   Re : Un entretien étonnant
On laisse les mômes toute la journée devant Internet, ils tombent sur le forum de l'In-nocence, et voilà le résultat...
24 septembre 2011, 21:17   Re : Un entretien étonnant
C'est en quelque sorte l'Acmé de l'In-nocence.
24 septembre 2011, 21:45   Les couleurs de l'espoir
Il est toujours vaguement décevant de constater que tout n'est peut-être pas perdu.
Utilisateur anonyme
24 septembre 2011, 22:04   Re : Les couleurs de l'espoir
C'est un In-nocent !

Je ne m'en étais pas souvenu avant d'écrire mon précédent message... qu'il n'aille pas y voir malice.

24 septembre 2011, 22:14   Re : Un entretien étonnant
Magnifique ! Cela ne pouvait être que ça...
24 septembre 2011, 23:37   Re : Un entretien étonnant
Mais je ne l'ai jamais lu sur le forum... Ou sous un pseudonyme ?
Le PI et son créateur n'aurait-il fait qu'inspirer un jeune homme de grand talent qui l'inspirera peut-être en retour, cela suffirait à justifier sa fondation. J'en félicite le Président.
Utilisateur anonyme
25 septembre 2011, 08:12   Re : Un entretien étonnant
(Message supprimé à la demande de son auteur)
25 septembre 2011, 10:44   Re : Un entretien étonnant
On notera que lors de son passage, hier, à l'émission de Laurent Ruquier, Marien Defalvard a repris un concept de Renaud Camus en déplorant, face à Ségolène Royale, que les hommes politiques veuillent faire subir au peuple "de la pédagogie"...
Utilisateur anonyme
25 septembre 2011, 11:11   Re : Un entretien étonnant
Audrey Pulvar lui dit : continuez à ne pas regarder la télévision.

Ah bon ?
25 septembre 2011, 15:08   Re : Un entretien étonnant
Merci pour les liens cher Didier. Décidément, le PI a de quoi se féliciter.
25 septembre 2011, 17:29   Re : Un entretien étonnant
Mépris à peine déguisé puis mine déconfite pour celle qui se veut désormais "royale". Ce jeune homme est exceptionnel.




Marien Defalvard - Ségolène Royal
25 septembre 2011, 17:41   Re : Un entretien étonnant
Personne ne parle de son livre.
Utilisateur anonyme
25 septembre 2011, 17:45   Re : Un entretien étonnant
(Message supprimé à la demande de son auteur)
25 septembre 2011, 17:55   Re : Un entretien étonnant
Audrey Pulvar... Pauvre, pauvre Audrey Pulvar, qui croit enfonçer le garnement (qui semble quand elle parle se demander ce qu'il fait là) en lui disant : "Il n'y a que du style, dans votre livre" !

(Didier, je parie que vous avez pensé recrutement...)
25 septembre 2011, 18:36   Re : Un entretien étonnant
"Je ne suis pas du tout parisien, de nature ou de formation..."
25 septembre 2011, 18:50   Re : Un entretien étonnant
Eh bien, moi, je t'aime Audrey Pulvar. Et l'autre aussi.
25 septembre 2011, 19:01   Re : Un entretien étonnant
C'est en voyant SR littéralement interloquée par la remarque toute simple qui pointe l'incohérence de son discours que l'on mesure à quel point le débat d'idées a été inexistant en France.
25 septembre 2011, 20:16   Re : Un entretien étonnant
Exceptionnellement intelligent, beau terriblement !
25 septembre 2011, 20:23   Re : Un entretien étonnant
Le discours sur "Le Thé Eléphant" de S. R. a de quoi laisser pantois, les bras ballant ou la trompe pendante. Ce thé est imbuvable, il est pire que médiocre de goût, de corps, etc. Or, au chef que des ouvrières et des ouvriers y travaillent et paraissent avoir décidé que leur existence ne valait pas mieux que cette vie de labeur et de fière présence au Thé Eléphant, voilà Mme S.R. déterminée à faire que ce thé, que personne au monde ne désire boire jamais, soit la boisson, pour ainsi dire obligée, ouvrière, nationale, solidaire et soviétique, de l'humanité ! Tel est le discours d'une égérie du parti du "progrès social". Le progrès social, ce serait donc ceci: imposer au consommateur un produit imb..able mais que le devoir citoyen et solidaire impose, par obligation de vertu, à en faire un produit pérenne afin que pas une ouvrière, pas un ouvrier qui le produisent ne voit son existence ou ses moyens économiques modifiés, mis en cause, d'un iota.

Le groupe Unilever, largement bénéficiaire, comme aime à le souligner Mme S.R., propriétaire de ce thé, a décidé de lâcher le site de production de ce breuvage de sorcière car, vraisemblablement, saisis d'un élan humanitaire, ses dirigeants décidèrent que les ouvriers, techniciens et ingénieurs des branches du groupe produisant des articles aimés du public ne devaient pas être tenus, indirectement et à travers leurs efforts, de continuer de financer les pertes de la branche "Thé Eléphant" afin que les employés de la dite branche puissent continuer dans la plus belle des insouciances à en faire un minimum en attendant que tombe la paye qui leur assure la continuité de l'abonnement à Canal Plus et le remboursement du sofa du salon made in China.

Vive la Révolution!
25 septembre 2011, 20:26   Re : Un entretien étonnant
Alain Finkielkraut, il y a quarante ans, était beau comme ça.
25 septembre 2011, 20:32   Re : Un entretien étonnant
Elle est terriblement vexée que quelqu'un, et a fortiori quand il est question d'un très jeune homme, ait brocardé son "hypnotisme" de sorcière : elle veut séduire, non pas convaincre, elle crée l'illusion, et non l'action !

Il est scandaleux qu'elle l'attaque sur sa couleur ! Son seul argument est qu'elle le trouve trop blanc !!!
Scandaleux et source de vérité à la fois : elle réagit de façon épidermique et violente, tout ce que ne doit pas être une femme d'Etat !
25 septembre 2011, 20:34   Re : Un entretien étonnant
La France de Saint-André-des-Champs !
Là est beaucoup de son charme et de sa beauté !
Je me permets de le relever ainsi car il y a une volonté formidable d'être lointain et soi-même à la fois !
25 septembre 2011, 20:46   Re : Un entretien étonnant
Sorcière est le mot, cher Youssef Kalhoun ; les dirigeants de cette confrérie qu'on appelle Parti socialiste parlent tous comme des gourous, des allumés, des possédés ; une espèce de Feu sacré les nimbe, comme s'ils avaient tous à la ceinture, tels des saint Pierre de Prisunic, les clefs de l'Ordre nouveau.

Un p'tit thé, Francis ?


25 septembre 2011, 22:20   Re : Un entretien étonnant
Citation
Stéphane Bily
Audrey Pulvar... Pauvre, pauvre Audrey Pulvar, qui croit enfonçer le garnement (qui semble quand elle parle se demander ce qu'il fait là) en lui disant : "Il n'y a que du style, dans votre livre" !

(Didier, je parie que vous avez pensé recrutement...)

Oui, quelle curieuse critique littéraire elle fait...

« Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c'est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l'air, un livre qui n'aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. »

Flaubert
25 septembre 2011, 22:34   Re : Un entretien étonnant
Comme dirait Francis, mais que font les féministes pour laisser le champ libre à Audrey Pulvar et Ségolène Royal ! Audrey Pulvar en fait bien des manières pour dire des âneries prétentieuses, d'un ton péremptoire ! Quant à Ségolène Royal, c'est une harangère.
Ce qui est frappant chez le jeune Defalvard, c'est qu'il semble miraculeusement imperméable à ce cirque, concerné et soucieux de ce qu'il a à dire et non de l'effet à produire.
25 septembre 2011, 23:00   Re : Un entretien étonnant
Le jeune Defalvard est un travailleur de la pensée et de l'expression: il n'obéit qu'à des exigences intérieures, ce qui, chez tout être authentique, participe à la beauté. Il n'est pas exclu qu'il ait absolument tort en tout, il n'en demeure pas moins intouchable pour n'être assujetti en rien à tout ce qui fait vibrer le poulailler qui l'entoure.

Mlle Poligny le soutient par principe. On aimerait être à sa place.
25 septembre 2011, 23:30   Re : Un entretien étonnant
Tout cela me rappelle un certain Benjamin et un certain comte de Saint-Germain, pas celui de Dalida, un avec des chevaux (vous voyez, Véra, je ne lis pas que Point de vue, France-dimanche et Ici-Paris avaient mes suffrages).
26 septembre 2011, 04:51   Re : Un entretien étonnant
Je n'ai pas lu son livre et suis donc mal placé pour en juger. Peut-être, sans doute même en est-il l'auteur. Mais on peut s'interroger tant tout paraît trop beau pour être vrai, et tant la campagne de communication de Grasset a été bien organisée. Le jaillissement précoce du génie est assez fréquent en poésie (le jeune Hugo, Rimbaud, Isidore Ducasse, Srecko Kosovel) mais bien plus rare dans le roman qui exige maturation, expérience, maîtrise d'une forme informe, etc. On pourrait faire l'hypothèse suivante : MD a bien écrit ce roman mais pas sous sa forme actuelle. Grasset a reçu un texte prometteur mais en l'état confus et impubliable. Un auteur-maison chevronné l'a retravaillé, réécrit et c'est ce livre qui recueille tant d'admiration aujourd'hui.

Je n'ai pas pu son livre mais les extraits dont j'ai pris connaissance laissent une impression mitigée. Du talent peut-être, voire du génie, mais aussi beaucoup d'images tarabiscotées, d'emphase, de volonté de "faire littéraire", de surécriture etc. On est très loin de Radiguet. Si un In-nocent avait lu le roman entier, son opinion m'intéresserait beaucoup.
26 septembre 2011, 07:31   Re : Un entretien étonnant
Je viens de visionner l'extrait de l'émission où MD affronte SR. Effectivement, le regard de SR tandis que le jeune homme lui démontre l'absurdité de cette rhétorique de la "pédagogie" est terrifiant : c'est plus que du mépris ou de la haine, c'est une volonté froide de néantisation d'un adversaire.

L'expression "prendre des couleurs" (si j'ai bien compris) est elle aussi scandaleuse. On devine que pour SR un jeune homme non issu de la "diversité" qui ose ne pas réciter le discours convenu est encore une fois un ennemi à réduire au silence (j'exagère un peu mais pas tant que ça).
26 septembre 2011, 09:12   Re : Un entretien étonnant
Vous avez raison cher Kiran, Ségolène Royal exprime bien plus que du mépris dans ce court extrait et c'est en effet terrifiant. Malgré l'évident travail de sobriété de l'expression la concernant (il me semble qu'elle s'est beaucoup contrôlée lors de cette émission, sans doute un travail effectué sur elle-même en vue d'apparitions publiques, ses fameux accès d'hystéries ne lui ayant visiblement pas réussi en 2007), il suffit de poser les bonnes questions pour que le masque tombe à nouveau assez rapidement.

Lors de ma première écoute, j'interprétais naïvement cet appel à la gaité et aux couleurs en lien avec l'invitation précédente de la candidate à la candidature de "venir l'accompagner sur le terrain". Elle aurait alors sous-entendu que le jeune écrivain n'était qu'un rat de bibliothèque, ayant une vision sérieuse mais éthérée de la vie et aucune prise avec le réel. Puis Laurent Ruquier traduisit immédiatement cette phrase en de tout autres termes : la politicienne faisait en réalité allusion aux couleurs des races, à la bourgeoisie blanche du jeune homme... L'intéressée n'ayant pas démenti cette retraduction de sa pensée (ou alors fut-ce coupé au montage ?), je fus stupéfaite (mais je me demande bien pourquoi au juste) que ces propos puissent être dits et répétés avec une telle évidence. Nous en sommes là.

C'est à se demander pourquoi madame Royal ne vient pas aux émissions télévisées déguisée en boubou ou autre bâche islamique, histoire de colorer un peu joyeusement nos écrans plats. (Vous me direz qu'égayer nos écrans avec une bâche représente un défi de taille...)
26 septembre 2011, 11:25   Re : Un entretien étonnant
"C'est à se demander pourquoi madame Royal ne vient pas aux émissions télévisées déguisée en boubou ou autre bâche islamique, histoire de colorer un peu joyeusement nos écrans plats."

Cela viendra !
26 septembre 2011, 11:39   Re : Un entretien étonnant
Je trouve, moi, que la phrase la plus significative du commentaire de Phénarète est celle-ci, qui résume tout : Nous en sommes là.

Pour en revenir à l'émission : il doit y avoir fort longtemps que Mme Royal, qui se targue de pouvoir donner des leçons de "terrain" à tout le monde, a pris le métro, le bus ou le RER, et arpenté par exemple, seule, sans prévenir à l'avance, sans sa meute de gorilles et d'admirateurs confits, les quartiers de Belville ou de Barbès à Paris.

Le message de Francis sur le thé Elephant m'a rappelé que Finkielkraut, dans son ancienne émission de RCJ, au moment de déplorer les délocalisations, avait pris, lui, l'exemple des pianos Pleyel, et d'une marque de chaussures françaises de qualité dont le nom m'échappe.
26 septembre 2011, 11:48   Re : Un entretien étonnant
Ce qui est incroyable, c'est que de telles expressions passent aujourd'hui comme une lettre à la poste. Ai-je rêvé mais n'est-ce pas le grand romancier français Morgan Sportès qui, dans une autre émission de Ruquier, avait employé une autre expression dénigrante pour évoquer les "Français de souche" ?
26 septembre 2011, 11:54   Re : Un entretien étonnant
Je rappelle cette anecdote, racontée par François Florent lui-même (source : Le Nouvel Observateur) : ""Un samedi après-midi, une voiture avec chauffeur s'arrête devant nos locaux (...) Une maman accompagnée de son enfant en descend, demande à l'inscrire en cycle préparatoire à notre secrétaire : 'Vos premières années du cycle préparatoire sont bien quai d'Anjou ? (NDLR : 4e arrondissement)'; 'Non Madame, nous n'avons plus le quai d'Anjou. Les cours sont ici...'; 'Alors, je ne peux pas inscrire mon fils'. L'enfant et la maman s'engouffrent dans la berline, direction le soleil couchant. La maman est candidate à la présidence de la République le 22 avril", a dit François Florent lors d'un discours en présence de 200 invités dont de nombreux comédiens, anciens élèves du Cours Florent, notamment Francis Huster et Jacques Weber.
A l'issue de son intervention, François Florent a indiqué qu'il évoquait bien Ségolène Royal, ajoutant "qu'il avait été choqué par cette réaction". François Florent n'a pas souhaité dater son récit mais en a garanti l'authenticité."
26 septembre 2011, 12:07   Re : Un entretien étonnant
Pour SR et tant d'autres, la "diversité", c'est génial - mais pour les autres exclusivement.
Titre de livre sur SR : Le cynisme absolu.

J'ai connu quand j'étais beaucoup, beaucoup plus jeune la fille d'un homme politique de gauche candidat plusieurs fois malheureux à la mairie d'une ville de l'est de la France, et plusieurs fois député. L'injustice du sort (ou plutôt de la carte scolaire) avait fait que sa charmante fille eût dû être inscrite dans un collège puis un lycée "difficiles" et déjà (années 80) trop "divers". Ce politicien était par ailleurs, dans ses discours, un ardent défenseur de l'école républicaine et de ses valeurs de fraternité. Mais il ne criait pas sur les toits que son adorable enfant avait fait toute sa scolarité dans un établissement confessionnel.
26 septembre 2011, 13:47   Re : Un entretien étonnant
Citation
Cassandre
"C'est à se demander pourquoi madame Royal ne vient pas aux émissions télévisées déguisée en boubou ou autre bâche islamique, histoire de colorer un peu joyeusement nos écrans plats."

Cela viendra !

Vous ne croyez pas si bien dire...



26 septembre 2011, 13:52   Re : Un entretien étonnant
Je la trouve malgré tout un peu "pâlichonne"...
26 septembre 2011, 14:08   Re : Un entretien étonnant
Au secours ! Cette femme nous en aura fait voir de toutes les couleurs.
26 septembre 2011, 18:24   Re : Un entretien étonnant
C'est son côté "je m'éclate au Sénégal" (où elle est née).
26 septembre 2011, 22:11   Re : Un entretien étonnant
Francis, vous qui êtes un connaisseur, admirez au passage ce crispé de la main droite...
26 septembre 2011, 22:31   Re : Un entretien étonnant
Citation
Félix
Citation
Cassandre
"C'est à se demander pourquoi madame Royal ne vient pas aux émissions télévisées déguisée en boubou ou autre bâche islamique, histoire de colorer un peu joyeusement nos écrans plats."

Cela viendra !

Vous ne croyez pas si bien dire...




Oh ! Mais je ne savais pas qu'elle faisait "top model" chez Handy bag !

[www.ina.fr]


Soit dit en passant, cet extrait où l'on voyait Ségolène tomber le masque a été supprimé.
27 septembre 2011, 03:59   Re : Un entretien étonnant
Oui, c'est l'impatience chronique chez cette personne de vous écraser entre l'ongle du pouce et celui de l'index, tel un pou qui dérangerait ses ambitions.
27 septembre 2011, 07:51   Re : Un entretien étonnant
Peut-être avec SR nous donnons-nous de la peine pour peu de chose. Je crois qu'elle n'a aucune chance d'être choisie comme candidate du PS à la Présidentielle, et si tel était bien le cas, aucune chance d'être élue.
27 septembre 2011, 09:50   Re : Un entretien étonnant
Mme Boutin a dit des choses très justes sur Mme Royal. Elle a dit qu'elle était clairement déséquilibrée, et aussi qu'elle était méchante. Il est très rare que les politiciens (et politiciennes) disent la vérité sur leurs pairs.
27 septembre 2011, 11:22   Re : Un entretien étonnant
Dans cet échange, vers 3 min. 50, cet échange édifiant : Laurent Ruquier demande au jeune homme ce que fait son papa, lequel répond que son "père est économiste", même question à propos de sa "maman", lequel répond que sa "mère ne travaille pas." Ruquier ne paraît pas entendre le léger rectificatif à sa langue désespérément petite-bourgeioise et infantile. Le jeune apporte de son côté une réelle dignité linguistique à l'émission. Il répond plutôt bien à Audrey Pulvar qui voici une semaine avouait que pour elle le sommet du roman était Bret Easton Ellis (American Psycho), ce qui invalide tout autre jugement littéraire qu'elle pourra désormais proposer. Elle est aussi américanisée que l'essentiel de nos "jeunes romanciers" à la mode (ou non), les Beigbeder, Moix, Bégaudau, Reinhard, etc.

27 septembre 2011, 11:45   Re : Un entretien étonnant
Il répond plutôt bien à Audrey Pulvar qui voici une semaine avouait que pour elle le sommet du roman était Bret Easton Ellis (American Psycho), ce qui invalide tout autre jugement littéraire qu'elle pourra désormais proposer.

Je vous trouve bien définitif.

Personnellement, je n'aime pas Bret Easton Ellis, mais il n'est pas un auteur négligeable, il n'est pas, suivant le mot de Capote, un "Typer". C'est un excellent auteur "de la dépravation".

L'expression "sommet du roman" est sans doute exagérée, mais qu'il soit un auteur important est, pour moi, hors de doute (tout comme le fait que, par exemple, Ellroy soit un auteur important).
27 septembre 2011, 13:22   Re : Un entretien étonnant
Dans votre listre, cher Virgil, vous omettez Houellebecq... J'ai d'ailleurs été surpris par l'éloge d'iceluy par notre jeune prodige. Très bien, vraiment, pour "ma mère" pour "votre maman" ! Enfin, il faut avoir le coeur bien accroché pour regarder de telles émissions.
27 septembre 2011, 14:19   Re : Un entretien étonnant
Les extraits des premières émissions que j'ai vues donnent une idée assez pénible de Mmes Pulvar et Polony. La réussite de l'ancienne mouture tenait au fait que Zemmour et Naulleau, s'ils jouaient évidemment un rôle, correspondaient assez exactement à ce rôle. Leur duo fonctionnait donc très bien. Zemmour ne canardait pas les invités dont il n'aimait pas les oeuvres uniquement parce qu'on le payait pour ça, mais parce que sincèrement il n'aimait pas leurs oeuvres, ou trouvait qu'il n'y avait en fait pas d'oeuvre du tout. Les deux jeunes femmes actuelles donnent l'impression de jouer dans une pièce où elles n'auraient pas leur place. On leur demande de mordre (un peu), et elles mordent (un peu). Mais on ne peut s'ôter de l'esprit l'idée qu'elles n'ont en fait d'avis argumenté sur rien.
27 septembre 2011, 14:44   Re : Un entretien étonnant
Est-ce qu'on doit mettre les deux remplaçantes de Zemmour et Naulleau dans le même sac ? Madame Polony n'est pas si mal que ça. Je la crois sincère, de bon sens, et capable, même en ces lieux, d'expression nuancée et forte. On sent qu'elle a du mal à s'affirmer et qu'elle manque encore d'assurance. Elle représente "la droite" et l'autre "la gauche", bien sûr. Suivons-la avec attention, elle est susceptible de dire avec le sourire des choses qui s'éloignent du politiquement correct et ne s'entendent pas souvent à la télévision.

Même impression de "mise dans le même sac" indue à propos de Michel Houellebecq. MM. Moix, Bégaudeau, Beigbeder et consorts sont des mauvais (pour faire court !). Michel Houellebecq est un bon. Il suffit de le lire - sans se laisser influencer par les frasques du personnage - pour en convenir. Un signe : Renaud Camus, qui relate extrêmement rarement des lectures d'auteurs contemporains dans son Journal a lu dès sa parution La Carte et le Territoire et en fait état dans Parti pris. A mon avis, malgré le vocabulaire, les thèmes apparents, Michel Houellebecq est un très grand écrivain français classique, dans la meilleure lignée des moralistes et des satiriques. Ceux qui le condamnent pour certains traits superficiels se rendent-ils compte qu'ils auraient tout aussi radicalement condamné Renaud Camus après ses Tricks ?
27 septembre 2011, 14:56   Re : Un entretien étonnant
Il ne s'agit pas de condamner Houellebecq ! Mais de le trouver, précisément, "indigent", pour reprendre le mot de notre jeune écrivain.
27 septembre 2011, 14:58   Re : Un entretien étonnant
Cher Buena Vista,
Je suis d'accord avec vous. Houellebecq et la petite bande des "jeunes romanciers français" n'ont rien à voir. Le premier propose une analyse intéressante de notre époque et puise dans notre tradition littéraire, les autres sont des clones des romanciers américains à la mode, les Ellis, McInerney, etc. lesquels sont plus ou moins intéressants de leur côté, mais aus moins ne sont pas de pâles copies.
27 septembre 2011, 15:06   Re : Un entretien étonnant
Cher Bruno Chaouat,

Nous sommes d'accord sur notre désaccord. Il n'y a à mon avis rien d'indigent chez Michel Houellebecq. Ni dans le projet, ni dans le style, ni dans les accomplissements (à ce jour).
27 septembre 2011, 16:11   Re : Un entretien étonnant
Virgil, je serais assez d'accord avec vous. J'ajoute ceci : Houellebecq et Bret Easton Ellis ont bien des points en commun, mais Bret Easton Ellis a l'avantage de l'antériorité dans le genre. J'ai lu Less Than Zero à sa sortie, et je considère que c'est un ouvrage important.
27 septembre 2011, 17:14   Re : Un entretien étonnant
Le problème de Bret Easton Ellis n'est pas lui, mais la nuée d'épigones qu'il a suscités, avec Beigbeder & Cie en France, mais ses équivalents dans les autres pays d'Europe. Depuis American Pyscho on remplace les descriptions vestimentaires par des listes de marque, on pratique le "name-dropping" à outrance et on se sent obliger d'introduire de la violence partout. Le plus terrible est que cette tendance a été mêlée à la veine germanopratine du roman à clef : nous avons donc essentiellement de poussifs romans à clefs avec une violence immotivée et gratuite, force marques et noms connus (ou à reconnaître), une intrigue indigente et une absence totale de souci stylistique, sous la forme d'une langue qui paraît toujours traduite littéralement d'un mauvais anglais.
Un Bégaudeau est caractéristique de cette langue, même s'il échappe en partie à l'américanisation. Claro ne peut s'empêcher d'introduire de la violence, comme un Moix ou un Beigbeder, sans raison, sinon une déplorable manie de l'imitation.
27 septembre 2011, 17:32   Re : Un entretien étonnant
"De gustibus... ", cher Buena Vista...
27 septembre 2011, 18:58   Re : Un entretien étonnant
"Laurent Ruquier demande au jeune homme ce que fait son papa [...]."

Il m'est arrivé la même chose dernièrement avec un employé de banque, et avec un... notaire.
27 septembre 2011, 19:53   Re : Un entretien étonnant
Et quelle était la profession du papa du notaire ?
27 septembre 2011, 20:17   Re : Un entretien étonnant
La première chose à faire, dans ce genre de situations, c'est de se mettre à sucer son pouce.
27 septembre 2011, 22:05   Re : Un entretien étonnant
Je suis d'accord avec Buena Vista à propos de Natacha Polony, que je trouve également fort séduisante, mais concernant les "frasques" de Houellbecq, à part la manière de suçoter sa cigarette, vaguement contorsionniste et comme de derrière la tête, ses chemises résolument Monoprix et une tendance récente à se ratatiner et réduire physiquement sur place, je ne vois pas... Ai-je raté quelque chose ?
27 septembre 2011, 22:14   Re : Un entretien étonnant
Cher Alain Eytan, il me paraît essentiel de juger Houellebecq sur son oeuvre, sa forme, son style. Et c'est cela que, personellement, j'ai bien du mal à distinguer, et c'est peut-être là que j'ai, de mon côté, manqué quelque chose.
Quant à Natacha Polony, je l'ai trouvée plutôt à la hauteur de la tâche, hormis un "C'est vrai que" ou deux... Mais il était utile de rappeler l'influence de Mallarmé et de ses lampadophores sur ce jeune prodige qui semble faire le modeste quant à l'étendue de ses lectures.
En ce qui concerne les écrivains contemporains, je viens de lire le récent "Tarnac" de Millet. Je suppose que le grand style de cet écrivain fait la quasi unanimité sur ce forum.
En revanche, et ceci s'adresse à vous, cher Alain, je suis déçu par le dernier Grossman traduit en français ("Une femme fuyant l'annonce"). Cela me paraît manquer d'ossature. Est-ce la traduction ? Pourtant, il s'agit de la même traductrice, ce me semble, que celle d'"Histoire d'amour et de ténèbre" d'Amos Oz--pur chef d'oeuvre, même en français...
27 septembre 2011, 23:19   Re : Un entretien étonnant
Cher Bruno, ce n'est qu'une impression : l'étroitesse d'épaules et les petits carreaux des chemises de Houellebecq ont à peu près les mêmes forme et allure que son style. Mais dans cette grisaille, et même mesquinerie délibérée et recherchée, il peut y avoir quelques traits de couleur, et certainement d'intelligence.

Je n'ai lu aucun des auteurs israéliens que vous citez ; je ne lis pas du tout d'auteurs israéliens. La raison officielle en est que je ne lis qu'en français, et ne vais donc pas entreprendre la lecture d'un livre traduit d'une langue que je pratique d'autre part couramment.
Je supporte au reste à peine d'entendre parler Grossman et Oz, tant m'horripile leur ton moralisateur et sachant, pour le coup, à l'inflexion si gravement didactique. Mais cela ne constitue en rien une indication sur la qualité de leurs livres, bien entendu...
27 septembre 2011, 23:49   Re : Un entretien étonnant
Cher Bruno,
Je peux vous expliquer les difficultés de cette traduction. Il s'agit bien de la même que celle qui traduisit le roman d'Oz. Seulement cette fois-ci on lui demanda de traduire en même temps la version hébraïque et la version anglaise du même roman. Grossman n'avait pas assez travaillé son texte à l'origine et il profita de la traduction anglaise pour procéder à des coupes, à un fort toilettage de son texte, mais la traductrice américaine a commis des contresens. Ce qui fait que le roman idéal de Grossman est la version "éditée" anglaise, sans les contresens - il fallait donc traduire de l'anglais avec un oeil permanent sur l'hébreu. Or, la traductrice, que je connais, me raconta que le texte qu'elle livra à l'éditrice lui fut rendu avec des corrections ne prenant en compte que le texte anglais, ne tenant donc pas compte des contresens et des faux sens de la traductrice anglaise. Sachant qu'en plus l'anglais comme l'hébreu permettent des répétitions que ne supporte pas le français, notamment la répétition du verbe "dire". La traductrice française a tout corrigé une première fois. On lui renvoya à nouveau les "corrections" réalisées à partir du seul anglais. Finalement, la traductrice française a décidé de laisser la chose en l'état estimant qu'elle n'était payé qu'une seule fois pour une double traduction.
Elle est furieuse de constater que son nom n'est presque jamais cité par les journalistes. A.F. s'est excusé d'avoir oublié de citer son nom - après qu'elle eut écrit pour s'en plaindre. Marc Voinchet n'en a rien fait. Il n'a même pas répondu - alors qu'il oublia lui aussi de citer son nom.
Cette histoire est caractéristique du mépris où sont tenus les traducteurs en France. Sauf s'ils sont en plus écrivains, comme G.-A. Goldsmith ou Claro, on se permet d'omettre de les citer et on les ignore. Les journalistes disent parfois qu'une traduction est bonne alors qu'ils ignorent tout de cet exercice difficile et n'ont souvent aucune idée des difficultés que pose telle ou telle langue.
Pour revenir à Grossman, j'ai trouvé le roman très mauvais. Tout est symbolisme lourd. Il me fait penser à Toni Morrison, laquelle doit une partie de son succès au fait qu'elle soit une femme noire. Grossman émeut parce qu'il a perdu son fils dans des conditions proches de celles qu'il décrit dans son roman. Ce qu'il dit est d'une affligeante banalité. Je l'ai trouvé très mauvais à l'émission Réplique - et l'émission fut mauvaise aussi. Je partage pleinement le sentiment d'Alain Eytan sur Grossman, moins sur Oz qui parle parfois de choses qui lui permettent de ne pas verser dans la moraline.
28 septembre 2011, 00:13   Re : Un entretien étonnant
Virgil, comment vous remercier pour cet exposé ! Mais si vous connaissez personnellement Sylvie Cohen, je vous prie de la féliciter pour son chef-d'oeuvre qu'est la traduction de la longue autobiographie d'Amos Oz. Tout à fait d'accord avec vous sur le dernier Grossman, ainsi, d'ailleurs, que sur l'ingratitude dont on fait preuve vis-à-vis des traducteurs. Je suis surpris de l'intérêt qu'AF peut porter à ce roman. Mais il y a bien pire que Grossman : notamment le compte rendu dévastateur que donne du roman la New York Review of Books. Il lui est reproché de ne pas assez insister sur le caractère spartiate, belliqueux, voire sadique, des Israéliens, ainsi que sur l'exploitation elle-même sadique de la Shoah par les instituteurs et les professeurs... C'est à vomir, et vous ferait presque aimer le roman...
28 septembre 2011, 00:23   Re : Un entretien étonnant
En retour, lire les éloges de Paul Auster à propos de ce roman permet de confirmer que Paul Auster est un semi-imposteur - ce que la tentative de lecture de deux ou trois de ses romans m'avaient fait soupçonner.
28 septembre 2011, 12:31   Re : Un entretien étonnant
J'avais très envie de lire Grossmann, Virgil ; vous m'en ôtez un peu le désir.
28 septembre 2011, 12:32   Re : Un entretien étonnant
Cher Kiran,
Il vous suffit d'apprendre l'hébreu !
28 septembre 2011, 12:37   Re : Un entretien étonnant
Oui, "il me suffit !"
Utilisateur anonyme
29 septembre 2011, 15:33   Re : Un entretien étonnant
A nouveau démontrée, la maestria de Marien de Falvard, invité de Micheld Field. Epargnez votre conscience et votre précieux temps en vous rendant directement à l'heure d'émission.

[www.wat.tv]
29 septembre 2011, 18:27   Re : Un entretien étonnant
J'ai re-refeuilleté son livre, et je n'arrive pas à être séduit, comme je le suis par le personnage. Quelqu'un a-t-il lu le livre, à tout le moins d'assez longs passages ?
29 septembre 2011, 21:30   Re : Un entretien étonnant
Citation
Bruno Chaouat
Cher Kiran,
Il vous suffit d'apprendre l'hébreu !

Kiran, ne vous donnez pas cette peine pour Grossman... néanmoins, le jeu en vaut peut-être la chandelle pour un Jonathan Ratosh, par exemple, Cananéen à la langue unique et étincelante...
29 septembre 2011, 22:04   Re : Un entretien étonnant
Ratosh ? Je vais aller y voir ! J'ai beaucoup aimé le dernier Appelfeld... mais en français, hélas...
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter