J'ai l'honneur d'emmener le groupe détaché du peloton à la poursuite de Jean-Marc. C'est bien sûr Didier Bourjon, en patron de l'équipe, qui attend en embuscade les derniers kilomètres pour me ravir la deuxième place, mais il reste encore un grand nombre d'étapes avant l'arrivée triomphale sur les Champs-Elysée (ou l'Elysée tout court, qui sait) et déjà, l'on sait que la lutte sera âpre entre lui et moi dans les épreuves de montagne, déterminantes pour le classement comme chacun sait. Jean-Marc, lui, faut-il le préciser, est attendu de pied ferme au contrôle anti-dopage, ayant conservé le maillot jaune depuis le contre la montre de départ et au vu de l'écart inter-sidéral qu'il a creusé avec les aspirants Poulidor partis à sa poursuite, on ne peut douter de la sévérité des commissaires de courses chargés d'analyser ses urines à l'arrivée.
Quant à Renaud Camus, porteur du maillot rose-de-Qom (et non "de com") il préfère désormais laisser cavaler ses poulains dans les groupes de tête en se contentant de veiller à la discipline de principe qui ne doit cesser de régner dans l'équipe qu'il a créée.
Au fond du peloton, on remarque quelques jeunes talents prometteurs, qui vont s'employer à remonter au classement dans les semaines à venir: Véra (équipe féminine), Florentis, et le fougueux Henri Lesquis, qui a déjà coiffé sur le poteau, au sprint, certains vieux chevaux de retour pour remporter au moins une victoire d'étape sur Bourjon (en petite forme ce jour-là il est vrai) quand les commentateurs s'accordaient pour déclarer cela impossible.