Je n’ai aucune opinion sur monsieur Chevillard, dont je n’ai jamais lu une ligne, mais son machin est, dans son néant apeuré, la plus parfaite illustration de la thèse de Renaud Camus. Imaginez que Mauriac ait dû rendre compte du livre. Il se serait borné à écrire : « [Renaud Camus] finit par ressembler à un forcené retranché dans son musée-bibliothèque qui tire par la fenêtre sur tout ce qui bouge au-dehors. » Le reste, c’eût été une appréciation d’ordre littéraire, ou bien une « ouverture », permettant au critique de donner son propre point de vue. Chez Chevillard, cela occupe l’intégralité des trois feuillets qu’on lui a commandés. Il répète que Renaud Camus finit par ressembler à un forcené retranché entre ses quatre murs, sans se lasser, ligne après ligne, jusqu’à avoir pondu ses 4500 signes.
Deux phrases restent pour moi impénétrables (mais c’est naturellement parce que je suis bête, pas parce que M. Chevillard écrit comme un cochon) :
1. « On peut certes juger d'emblée de tels livres réactionnaires, trop politiquement incorrects pour ne pas nourrir le rêve de corrections sévères à coups de martinet ou de férules moins caressantes encore, et il y a de ça : difficile tout de même d'envisager l'ordre ancien comme une utopie et d'y aspirer de toutes nos forces. »
2. La toute fin : « ... il ne tient qu'à lui d'illustrer par ses oeuvres ce monde qui n'a pu se soustraire à la civilisation comme une bille par une de ses poches percée mais qui en constitue bien le fruit, la fleur de la saison, l'oeuf du jour, et de s'y trouver une place moins ingrate que celle de l'éternel geignard tout de noir habillé. »
Si quelqu’un pouvait me traduire cela...