Oui, cher Francis, et pour aller dans votre sens, votre si bon sens...
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La fuite des cerveaux préoccupe les autorités allemandes
LE MONDE | 05.07.08 |
BERLIN CORRESPONDANCE
Ils choisissent en priorité la Suisse, les Etats-Unis et... l'Autriche. Leur profil : en majorité jeunes et de sexe masculin, souvent mariés, généralement sans enfants. Surtout, nombre d'entre eux "appartiennent à la "crème de la crème" de notre élite", s'est ému le secrétaire d'Etat allemand à l'économie, Walther Otremba.
"Eux", ce sont les Allemands qui choisissent de s'expatrier, et sur lesquels l'institut suisse Prognos a enquêté pour le compte du ministère allemand de l'économie. En 2007, ils ont été 165 000 à quitter le pays, selon l'Office national des statistiques - soit près de 50 % de plus qu'en 2001. Alors que l'économie allemande est menacée d'une pénurie croissante de main-d'oeuvre, Berlin s'inquiète de la fuite de ses cerveaux : avec l'étude de Prognos, le gouvernement cherche à en savoir plus sur les motivations des candidats au départ. L'enquête a été réalisée auprès d'Allemands installés à l'étranger, parmi lesquels 84 % ont fait des études supérieures.
"Des opportunités professionnelles attractives à l'étranger représentent le motif d'émigration principal des salariés qualifiés et des cadres dirigeants", écrivent les auteurs du rapport. Ainsi, 68 % des personnes interrogées souhaitent gagner un meilleur salaire. En outre, plus d'un tiers (38 %) évoquent le poids des impôts et de la fiscalité outre-Rhin. Un chiffre que ne devrait pas manquer de récupérer le ministre de l'économie, Michael Glos (CSU), qui prône une baisse du taux d'imposition pour les revenus les plus élevés.
URGENCE
Pour le secrétaire d'Etat, M. Otremba, il y a urgence à prendre ces motivations en compte : la pénurie de main-d'oeuvre se fait déjà sentir dans plusieurs secteurs et "va s'accentuer, compte tenu de l'évolution démographique", a-t-il affirmé lors de la publication du rapport mardi 24 juin.
Selon le gouvernement, quelque 330 000 diplômés d'études supérieures viendront à manquer d'ici à 2013. La chambre de commerce et d'industrie (DIHK) affirme que plus de 400 000 salariés qualifiés font d'ores et déjà défaut sur le marché du travail. "Nous devons tout faire pour que ce problème ne s'aggrave pas avec le départ continu de personnes bien formées", a réclamé le directeur général du DIHK, Martin Wansleben.
Les cris d'alarme autour de la fuite des cerveaux ne font pourtant pas l'unanimité dans la communauté des experts. "Bien sûr, le phénomène existe mais, parallèlement, l'Allemagne est toujours un pays à salaires élevés et reste attractive pour la main-d'oeuvre étrangère hautement qualifiée. Elle gagne plus de salariés de haut niveau qu'elle n'en perd", affirme Oliver Koppel, de l'institut d'économie de Cologne (IW).
Ce spécialiste du marché du travail ne conteste pas le risque de pénurie. Selon l'IW, quelque 70 000 emplois d'ingénieurs sont restés vacants en 2007, soit 44 % de plus qu'un an plus tôt. "Mais pour compenser ce manque, le gouvernement doit avant tout s'attacher à rendre le pays plus accueillant pour les travailleurs étrangers, comme s'y efforcent par exemple le Canada ou les Etats-Unis", affirme M. Koppel.
Marie de Vergès
Article paru dans l'édition du 06.07.08