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Sur quelques films à succès

Envoyé par Alain Neurohr 
21 novembre 2011, 23:58   Sur quelques films à succès
La hantise du Grand Remplacement, inavouée et inavouable pour la plupart de nos compatriotes, me paraît expliquer en partie le succès de certains films de la dernière décennie. "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" (2001) nous présente clairement la France d'"avant". Pas de présences exotiques, on se croirait dans une chanson de Brassens. Le gentil Jamel Debbouze est habilement déguisé en gentil employé de commerce prénommé Lucien : quota de diversité si l'on veut, mais quota très discret.
"Bienvenue chez les Ch'tis" (2008), qui n'a pas l'originalité et la fantaisie du film précédent, fut un succès phénoménal. Là aussi, tout problème grave est soigneusement évacué : c'est une France sans chômage, sans conflits sociaux, sans immigration, une France de postiers à l'ancienne. La seule conflictualité présente, l'opposition Nord-Sud qui de toutes façons est chez nous purement folklorique (à l'inverse de nos voisins du sud, chez qui c'est plus tendu), est dissoute dans les rires et les sourires par le scénario.
Le récent "Intouchables (2001) n'évacue pas l'immigration, au contraire. Le film veut prouver qu'au fond l'immigré, même repris de justice, et l'autochtone peuvent très bien devenir amis et complices. La première séquence montre un jeune Noir conduisant une maserati à 200 km/h sur les quais de Paris et le tétraplégique simulant une AVC pour attendrir la police. Magnifique leçon de civisme et de légalité. Le scandaleux article du "Monde" sur le film loue l'attendrissante complicité du Noir et du Blanc et attire le lecteur dans sa boue en demandant qui des spectateurs n'a jamais eu envie de ridiculiser ainsi la police ("Moi !" ai-je répondu dans une réaction ). "Libération-expert"inflige au contraire une bonne volée de bois vert au film, sans toutefois aborder le côté ethnique. Apparemment Zemmour n'a pas encore été engagé par "Libé". En tout cas, le Bon Immigré est un mythe solide, appelé à durer dans le cinéma français et à remplir ses tiroirs-caisses. Là aussi, on nous rassure à peu de frais.
Un mot pour terminer sur l' inénarrable Mathieu Kassovitz, dont on peut espérer que "L' Ordre et la Morale" ne cassera pas trois pattes à un juke-box. Rappelons que dans "La Haine" (1995) Vinz le Juif, Hubert le Noir et Saïd l'Arabe sont unis par une indéfectible amitié et par la haine de la police et de ses bavures. Prémonition géniale ! Quelques années plus tard, l'affaire Fofana vs Ilan Halimi illustrait avec éclat cette brûlante (brûlante et même mortelle) affection entre Renois et Feujs en banlieue. Chacun sait d'ailleurs où sévit aujourd'hui l'antisémitisme le plus virulent. Pas dégoûté par ce ratage idéologique, voilà que Mathieu Kassovitz nous ressert maintenant un grand verre de repentance postcoloniale. Non merci, très peu pour moi.

Alain Neurohr
Un Prophète, grand film cratylien sur le Grand Remplacement — « ils sont de plus en plus nombreux », constate un Corse dans sa prison, en observant l'autre côté de la cour, où en effet se multiplient les “barbus”, attendant leur heure, comme les corbeaux des Oiseaux.
22 novembre 2011, 08:00   Force vitale
Le passage du Monde évoqué plus haut :

Coursés, puis bloqués, après un délit de fuite caractérisé, par deux voitures banalisées, les passagers du bolide sont mis en joue par des hommes le doigt sur la détente et sommés de descendre les mains en l'air. C'est ici qu'on rit sous cape. Quand le grand Noir explique qu'il conduit le petit Blanc, handicapé en proie à une attaque cérébrale, à l'hôpital, et que ce dernier, les yeux révulsés, se bave généreusement dessus. La Maserati repartira donc, avec l'escorte policière, penaude, qui lui ouvre la route. Et voilà comment s'accomplit ce vieux rêve enfoui par tout citoyen qui se respecte de s'affranchir enfin des lois de la société, de devenir, en un mot, intouchable.

[...]

En deuxième rideau, le film file une métaphore sociale généreuse, qui montre tout l'intérêt de l'association entre la Vieille France paralysée sur ses privilèges et la force vitale de la jeunesse issue de l'immigration.


[www.lemonde.fr]
Intouchables, depuis son titre jusqu'à sa dernière image en passant par le moindre de ses enchaînements mérite la palme toute catégorie du film de propagande à visage humain. Absolument tout y est et l'on ne peut qu'être admiratif, comme chaque fois qu'une production humaine parvient à synthétiser un bloc idéologique intégral. Dans ce domaine, c'est une manière de perfection.
22 novembre 2011, 10:12   Re : Sur quelques films à succès
Ce film est tiré d'une histoire vraie. Ce qu'il ne dit pas c'est combien ce sympathique immigré sauveur de blanc paralytique était payé par son richissime patron. On a toujours l'impression que lorsqu'il s'agit d'immigrés africains ceux-ci, quand ils se dévouent, se dévouent gratis ! Est-ce que ce même immigré se fût dévoué de la même façon, moyennant un maigre salaire d'aide médical pour aider un vieux blanc paralytique sans ressources ?
22 novembre 2011, 10:13   Le parfait objet
Le dernier film de propagande que j'aie vu était Entre les murs. Cher Orimont, vous me donnez soudain envie de replonger dans le bain.
Utilisateur anonyme
22 novembre 2011, 10:17   Re : Sur quelques films à succès
Que penser du film Frontière(s) de Xavier Gens ?

Voici le résumé que l'on trouve sur le site allocine :

"Alors que l'extrême droite est sur le point d'arriver au pouvoir, de jeunes banlieusards commettent un braquage. Poursuivis par des flics hargneux, les membres de la bande dépassent la "frontière" de leur propre violence. Ils s'enfuient en voiture et débarquent dans une auberge perdue en pleine forêt, à la limite de la "frontière" luxembourgeoise.
Les tenanciers de cet étrange établissement, accueillants dans un premier temps, vont peu à peu montrer leurs vrais visages : celui de la folie et de la mort ! Crochets de boucher purificateurs, porcs agressifs, coups de flingue mal placés, armes blanches aiguisées à l'extrême, cannibalisme déjanté, néo-nazi sur le retour : les potes vont devoir affronter la douleur absolue et dépasser la "frontière" de l'horreur la plus extrême. Tout ça dans un seul et unique but : survivre. Ou mourir vite !"

[www.allocine.fr]
Ce film est tiré d'une histoire vraie. Ce qu'il ne dit pas c'est combien ce sympathique immigré sauveur de blanc paralytique était payé par son richissime patron. On a toujours l'impression que lorsqu'il s'agit d'immigrés africains ceux-ci, quand ils se dévouent, se dévouent gratis ! Est-ce que ce même immigré se fût t dévoué de la même façon, moyennant un maigre salaire d'aide médical pour aider un vieux blanc paralytique sans ressources ?

Sûrement pas ! d'ailleurs, personne ne se serait dévoué.

On ne peut pas avoir une France prônant l'athéisme d'Etat, une société du "Parce que je le veux et que je le vaux bien" et en appeler aux réflexes anciens.

Non. Vous êtes une "Personne âgée disposant de ressources" : pas de souci, vous aurez du monde pour s'occuper de vous (et de votre compte en banque). Vous êtes un "Petit vieux fauché" : pas de problème non plus, vous crèverez la bouche ouverte après avoir macéré des jours dans des couches non changées.
"Porcs agressifs", "Armes blanches"...

Après l'Auberge rouge, l'Auberge blanche.
Entre les murs, du point de vue de la propagande, était loin de la perfection. Plus d'un lecteur ou spectateur a cru de bonne foi que l'ambition du réalisateur était de dénoncer une situation inacceptable et ce quiproquo était déjà une faille, permettait la discussion. Avec Intouchables, rien de tel, d'autant qu'il s'agit d'un film comique. Qui le critique passe immédiatement, au mieux, pour un mauvais coucheur, un pessimiste, un élitiste, un esprit ranci. Comme rien n'a été oublié, il fallait bien sûr la garantie de la prétendue "histoire vraie", cerise sur le gâteau désormais indispensable pour rendre toute propagande "intouchable".
22 novembre 2011, 10:59   Re : Sur quelques films à succès
La propagande remplaciste est d'une simplicité digne de l'oeuf de Christophe Colomb : elle fait de l'exception la plus exceptionnelle, la règle.
Utilisateur anonyme
22 novembre 2011, 12:06   Re : Sur quelques films à succès
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
22 novembre 2011, 14:56   Re : Sur quelques films à succès
Article du Monde:"la force vitale de la jeunesse issue de l'immigration"; je ne sais pas , mais historiquement cela rappelle quelque chose.
Utilisateur anonyme
23 novembre 2011, 10:48   Re : Sur quelques films à succès
J'avoue en rougissant avoir assisté à une séance d'Intouchables. Pour ma décharge je souhaiterais avancer le sourire de la charmante créature qui m'y a invité et qui a de fait annihilé toute recherche préalable de ma part sur le contenu du film...

Ce qui m'a le plus frappé c'est qu'avant qu'il ne rencontre son acolyte le riche paralytique ne s'amuse évidemment pas. Il a à sa disposition une bibliothèque et de la grande musique, mais enfin, cela ne suffit pas. Il vit dans une maison démesurée, disposant de chambres d'amis luxueuses indécentes, qu'il n'aurait jamais partagées s'il ne s'était pas ouvert à l'autre. Monsieur se plaît à citer Berlioz (qu'il prononce Berlioze, est-ce correct ?), improvise des vers ridicules et reconnaît rapidement si on lui le demande que c'est un peu guindé. Le blanc c'est ça : un homme dénué de toute virilité (il recevra à ce sujet des "conseils") qui a touché une fortune on ne sait comment et ne sait qu'en faire.

Heureusement, l'apparition providentielle du banlieusard va l'aider à se dévergonder, à partager – enfin !, semble-t-on nous dire – plus de bons moments, notamment lors de cette scène mémorable où les deux mangeront du chocolat dans une galerie d'art en discutant du prix injustifié – évidemment – de tableaux contemporains...
Ca n'est d'ailleurs que lorsqu'ils se frottent à un banlieusard que les blancs du film deviennent sympathiques. Leur langue retourne alors à un état primitif – et les personnages acceptent tous sans rechigner ce changement salvateur, et ainsi tout le monde il rigole et les tensions disparaissent par magie...
En parlant de sympa, voir un agent de police ridiculisé cela plaît au public. Lorsqu'assis confortablement il peut piéger ce personnage dont le sérieux nuit vraiment trop à sa qualité de vie, il jubile.

Les noirs quant à eux sont tous habillés en survêtements de sport et ne parlent que sur ce ton agressif et désagréable qu'ils affectionnent : quelle vision manichéenne et quel racisme ! Mais évidemment, aucun Corbeau à l'horizon...
Maxime,

Je prononce également Berlioze. Cela ne me paraît pas un "marqueur" significatif.

La prononciation Berlio me semblerait au contraire très affectée.
Si vous êtes à La Clusaz vous direz Berlio.

Ailleurs, vous ne serez pas compris.
23 novembre 2011, 13:57   Re : Sur quelques films à succès
Jamais entendu Berlio, il faut dire que je ne sors pas beaucoup...
Utilisateur anonyme
23 novembre 2011, 15:03   Re : Sur quelques films à succès
Jean-Marc,

Vous-même, comment vous êtes-vous fait appeler place Saint-Marc, si vous êtes allé à Venise ?
23 novembre 2011, 15:14   Re : Sur quelques films à succès
Marco, non ?
Je me permettrai de dire en souriant et sans offense que nous sommes tous un peu victimes de la sorte d'intimidation que ressent parfois le lecteur de Renaud Camus, et plus encore, s'il se peut, celui qui serait admis à le fréquenter. Nous hésitons désormais à prononcer la dernière consonne des noms, de tous les noms, de peur de faire plouc. Ce qui serait sans doute le cas pour Gers ou Duras (mettons) ou Gustave Roud ou Maurice Chappaz... Mais Berlioz....
23 novembre 2011, 15:36   Attendez, j'ai un doute, là
"... de peur de faire plouc".

Plouh ?
Affirmati.

Stéphane Bily est protégé de la ploukitude, lui, avec ses voyelles finales...
Ce qu'il y a de terrible avec la plouquitude, c'est qu'on est toujours le plouc de quelqu'un. Mais ce n'est pas grave : ce qui compte c'est de le savoir et de tâcher de se soigner, de savoir aussi qu'il s'agit là d'une tâche sans fin autre que la mort.
Oui, enfin, prononcer Berlioz Berlio, pour le coup, on y est, dans la plouquitude...
Au fait, Bucéphale, êtes-vous apparenté aux Cabeza de Vaca ?

A Venise, on ne m'appelle pas, on me nomme.

Quant à vous, M. du Parc, je ne prends plus, intimidé que je suis, que l'autobu lorsque je me rends à Auc.
Utilisateur anonyme
23 novembre 2011, 20:59   Re : Sur quelques films à succès
Citation
Francmoineau
Oui, enfin, prononcer Berlioz Berlio, pour le coup, on y est, dans la plouquitude...

En francoprovençal la prononciation ne fait aucun doute oz = o ; az = e. Donc Berlio et La Cluse.
Le problème serait de savoir si le fait de respecter la prononciation savoyarde (ou savoisienne) est plouc ou non plouc. Grave débat.
Test de plouquitude : « Berlioz, né à La Clusaz, est mort, victime d’un cancer du pancréas, à Mers les Bains revenant de Quesnoy le Montant ».
La Clusaz se prononçant La Cluse, voilà qui est intéressant et plaisant à la fois — mais pas pratiqué sur place, hélassss !
« Berlioz, né à La Clusaz, est mort, victime d’un cancer du pancréas, à Mers les Bains revenant de Quesnoy le Montant ».

Cela me rappelle l'affaire de Monsieur de Broglie se rendant à Broglie en compagnie de Mrs Maugham.
A propos du pancréas, voyez Littré :

[francois.gannaz.free.fr]


Le pankréassssse, peuchère, le pankréassssse...
Utilisateur anonyme
23 novembre 2011, 23:13   Re : Sur quelques films à succès
Je n'avais à vrai dire jamais entendu le nom de Berlioz prononcé par un francophone jusqu'à récemment (aïe aïe aïe...) et j'aurais eu tendance à prononcer Berlio. J'ai préféré poser la question que me fier au film décrit plus haut.

Je n'ai en revanche jamais entendu quelqu'un prononcer la dernière consonne de Chappaz, et je l'ai "côtoyé" d'assez près. Autre anecdote amusante : Céline prononce Ramuze.
23 novembre 2011, 23:28   Re : Sur quelques films à succès
L'usage n'est pas toujours logique, on fait entendre le z de Boulez et Corboz mais ce n'est pas le cas en Suisse je crois.
Ces questions de prononciation franco-provençale ont été réglées par l'ouvrage "définitif" de Sigmund Rantzdewasch, édition du Boulier (l'ancêtre de la calculette), 1933.
En francoprovençal la prononciation ne fait aucun doute

Ah ? Désolé, c'est que je ne parle pas cette langue-là... et comment prononce-t-on Chassaing, en francoprovençal ? Chassingue ?
Définition de la petite-bourgeoisie : la classe sociale de ceux qui n'ont pas de mères, mais des mamans.

Définition des in-nocents ou aspirants in-nocents : groupe de locuteurs qui sont pris d'un tremblement convulsif à mesure que s'approche la consonne finale d'un nom propre.

On dira aussi : groupe de locuteurs qui transportent constamment parmi leurs effets de première nécessité l'ouvrage "définitif" de Sigmund Rantzdewasch, édition du Boulier (l'ancêtre de la calculette), 1933.

(Entre nous, il ne devrait pas beaucoup les encombrer).
Utilisateur anonyme
24 novembre 2011, 21:38   Re : La culture pour les nuls
Citation

Au fait, Bucéphale, êtes-vous apparenté aux Cabeza de Vaca ?

Tout de même, quand bien même les questions naïves ne seraient-elles pas tolérées sur ce forum, la plouquitude mise à l’honneur sur ce fil suffirait à me couvrir et à vous interroger :

Est-il entendu que tous les intervenants réguliers de ce forum connaissent, dans le détail ou pas, l’histoire de Cabeza de Vaca et dois-je me sentir le seul à ignorer son existence jusqu’à hier ?

Donc, faute d’avoir pu vous répondre hier encore, Jean-Marc, je maquille (avantageusement) votre question pour la considérer comme un conseil de lecture des quelques ouvrages disponibles sur ce personnage.

Où l’on constate que la définition fort à propos des aspirants in-nocents de Buena Vista mériterait d’être étoffée.
C'était une allusion à votre nom, vous me nommiez Marco et je prenais la traduction espagnole du vôtre. Les Cabeza de Vaca sont une famille des plus honorables, qui donna à l'Espagne des évêques, des croisés contre les maures, José Luis de Villalonga et surtout Nunez Cabeza de Vaca, le très grand conquistador et explorateur.

Ils plaisantent sur le fait que leurs chevaux descendent de Bucéphale.

L'auteur du Guépard leur est apparenté par la branche italienne, qui donna de très nombreux ministres aux Bourbons de Naples.
Les précisions données par Maxime sur "Intouchables" sont révélatrices. Railleries sur la littérature, la poésie, l'art moderne, l'homme surgi du sud ne serait-il pas le Décivilisateur par excellence ? Décidément, ce film n'en finit pas de vendre les mèches.
Surgi du sud. A cause de l'actualité libyenne, j'ai repensé à Gracq et au "Rivage des Syrtes" (je n'arrive pas à faire les italiques sur votre clavier, je ne suis pas un génie des traitements de texte). Un pays chrétien, quelque peu décadent, se fait détruire par son voisin d'au-delà de la mer du sud, le Farghestan musulman. On le sait grâce à une incise du narrateur, au milieu du livre : "Dans le rougeoiement de ma patrie détruite..." Roman génial avec prédiction sinistre ?
26 novembre 2011, 19:09   Monstrueux
"Adieu, tout va bien pour moi : mon père est tout à fait dans mon parti, et maman parle déjà avec sang-froid de mon retour à Paris." (1825)

in Lettres intimes d'Hector Berlioz

(Et je ne résiste pas à cet autre extrait) :

"Le jour du concert, cette introduction a produit un effet de stupeur et d'épouvante qui est difficile à décrire ; je me trouvais à côté du timbalier, qui, me tenant un bras qu'il serrait de toutes ses forces, ne pouvait s'empêcher de s'écrier convulsivement, à divers intervalles :
- C'est superbe !... C'est sublime, mon cher !... C'est effrayant ! Il y a de quoi perdre la tête !...
De mon autre bras, je me tenais une touffe de cheveux que je tirais avec rage ; j'aurais voulu pouvoir m'écrier, oubliant que c'était de moi :
- Que c'est monstrueux, colossal, horrible !"

(Lettre du 6 juin 1828)
Utilisateur anonyme
13 décembre 2011, 17:25   Re : Sur quelques films à succès
« C’était déjà le cas avec le film Bienvenue chez les Ch’tis" pour lequel Nicolas Sarkozy avait convié Dany Boon à l’Elysée et a même été fait chevalier de la Légion d’honneur. Demain midi [le 14 décembre], c’est l’équipe du film " Intouchables " qui a rendez-vous à l’Elysée pour déjeuner en compagnie du Chef de l’Etat et sans doute de quelques ministres.

Jugé " raciste et choquant " aux Etats-Unis, le film " Intouchables " avec François Cluzet et Omar Sy dans les rôles principaux est un réel succès en France où il continue de remplir les salles plusieurs semaines après sa sortie. Le film a d’ailleurs rapporté gros à son réalisateur et à ses acteurs. Il devrait se classer en fin de parcours parmi le Top 5, voire 3, des films français les plus populaires de l’histoire du cinéma.

Le film " Intouchables " raconte l’histoire d’un homme tétraplégique qui fait la rencontre d’un jeune homme des cités avec lequel il va se lier d’amitié. Il s’agit d’une histoire vraie. »

[www.terrafemina.com]

Comment en est-on arrivé là ?
13 décembre 2011, 17:50   Re : Sur quelques films à succès
C'est simple, le niveau monte.
13 décembre 2011, 18:17   Re : Sur quelques films à succès
Arrivé à « C’était déjà le cas avec le film Bienvenue chez les Ch’tis" pour lequel Nicolas Sarkozy avait convié Dany Boon à l’Elysée et a même été fait chevalier de la Légion d’honneur », vous voulez dire ?
Utilisateur anonyme
13 décembre 2011, 18:23   Re : Sur quelques films à succès
Je ne savais pas que notre Président de la République était chevalier de la Légion d'honneur (son frère l'est, cela dit).
Ah ! mais peut-être que ce n'est pas ce que TardisGirl (c'est le nom de celle (?) qui a commis cet "article") a voulu dire...

Comment en est-on arrivé là ?
Utilisateur anonyme
13 décembre 2011, 18:26   Re : Sur quelques films à succès
Réjouissons-nous, ça continue !
Un film avec Elie Semoun sur le racisme...

Il y a également un lien permettant de l'entendre parler de ce film, qui n'a pas encore été tourné, dans l'émission Touche pas à mon poste. (sic)
Je propose qu'on invite Elie Semoun à se faire faire chevalier de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy à l'Elysée comme avec Dany Boon.
Utilisateur anonyme
13 décembre 2011, 21:58   Re : Sur quelques films à succès
Oui, entre autres...
13 décembre 2011, 22:17   Re : Sur quelques films à succès
Et pourquoi pas chevalier d'honneur de la légion d'horreurs.
En fait, je voulais faire une phrase aussi entortillée et agrammaticale que celle qui a été citée par Joseph, mais je crois que je n'ai pas bien réussi.
Excellente critique du dernier film à la mode :
[www.polemia.com]
En effet, Petit-Détour, voilà une intervention comme on les aimerait plus nombreuses, en tout cas comme on les aime. Chapeau à Laurence Maugest !

Il ne reste plus qu'à offrir à Mme Maugest le numéro 1 des Cahiers d'In-nocence en l'invitant à se faire connaître des directeurs de cette revue qui ne devraient pas manquer de l'inviter à ouvrir une rubrique de critique cinématographique dès le numéro 2.
Citation
Dans la société désacralisée qui est la nôtre, où l’on ridiculise le Christ régulièrement, cette triste névrose ne s’accompagne plus d’une recherche d’élévation mais encourage le divertissement comme simple palliatif à la dépression de l’homme occidental désabusé.

On ne peut pas dire mieux.
19 décembre 2011, 12:20   Re : Sur quelques films à succès
Oui, merci d'avoir attiré notre attention sur ce bel article.
Utilisateur anonyme
22 janvier 2012, 08:56   Re : Sur quelques films à succès
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Heureusement pour ces deux-là qu’aucune loi ne punit encore les crimes contre l’unanimité.

Sacré Basile de Koch et merci Didier
Basile de Koch se trompe en écrivant que le film fait l'unanimité, y compris à "Libé" comme le prouve l'article suivant :
"Intouchables" démonté par Libé.
Par pitié, chère Véra, Basile de Koch est un chroniqueur satirique qui fait dans le caustique. Il ne faut pas prendre son texte à la lettre.
22 janvier 2012, 10:44   Re : Sur quelques films à succès
Il est curieux à propos de ce film de voir à quel point le politiquement correct se contredit sans même s'en rendre compte. Une des leçons à tirer du film, sinon la principale, est que lorsqu'on est une victime mieux vaut ne pas trop s'apitoyer sur son sort ni attendre de l'entourage qu'il le fasse. Plus grave est le handicap plus l'attendrissement est nuisible et doit être banni. C'est la seule façon de s'en sortir. Il est comique que cette leçon soit implicitement donnée par un de ces malabars pétant de santé dont le racolage victimaire est, dans la vie courante, le passe-temps favori;
Citation
Rogemi
Par pitié, chère Véra, Basile de Koch est un chroniqueur satirique qui fait dans le caustique. Il ne faut pas prendre son texte à la lettre.

Soit ! Mais écrire que Libé encense le film ne me semble par relever de l'ironie mais de la contre-vérité. Il se peut, d'ailleurs, que d'autres journalistes dans ce même canard, aient trouvé "ça" fantastique.
Je n'ai pas vu ce film mais en ai regardé des extraits sur you tube. C'est débile, tous les les lieux communs unanimistes du temps y sont, c'est le degré zéro de la réflexion, doublé d'une totale absence de qualité cinématographique.

La remarque de Cassandre est très pertinente.

Hélas, force est de constater que c'est ce genre de "truc" qui sert de ciment social.
J'ai peut-être tort mais j'ai toujours considéré que le cinéma populaire français suintait la bêtise et ne pouvait guère qu'être le reflet des poncifs de son temps.
Citation
Hélas, force est de constater que c'est ce genre de "truc" qui sert de ciment social.

Les films à succès sont à comparer aux best-sellers. Il y a succès quand ceux qui ne lisent jamais achètent un livre et pour le cinéma c'est pareil. Dans le cas des intouchables, le bouche à oreille a entrainé des millions de familles, parents et enfants ensemble, dans les salles de cinéma, cad des gens qui n'y vont jamais. Girard parlerait d'emballement mimétique.

Il ne faut quand même pas surestimer l'impact d'un tel film car c'est un verre d'eau sans résonance en profondeur même si comme le dit Némo l'arrière-plan idéologique est loin d'être insignifiant.
Je crois que les raisons du succès de Intouchables sont plus profondes et plus profondément françaises qu'on ne se le représente ici. Lire Congo de Paul Morand, écrit en 1925. Le "message" du film est rien moins que conjoncturel, ou alors c'est que la conjoncture sociale et politique actuelle plonge ses racines dès le sortir de la première Guerre mondiale, ce qui ne serait pas pour surprendre.
Citation
Rogemi
Citation
Hélas, force est de constater que c'est ce genre de "truc" qui sert de ciment social.

Les films à succès sont à comparer aux best-sellers. Il y a succès quand ceux qui ne lisent jamais achètent un livre et pour le cinéma c'est pareil. Dans le cas des intouchables, le bouche à oreille a entrainé des millions de familles, parents et enfants ensemble, dans les salles de cinéma, cad des gens qui n'y vont jamais. Girard parlerait d'emballement mimétique.

Il ne faut quand même pas surestimer l'impact d'un tel film car c'est un verre d'eau sans résonance en profondeur même si comme le dit Némo l'arrière-plan idéologique est loin d'être insignifiant.

Il paraît que les gens retournent voir ce film ... Au sens inépuisable et à l'esthétique novatrice. J'en reste perplexe. Ceci dit, vous avez raison, dans un mois, c'est oublié. En revanche, on peut gager qu'on fera enfourner "aux gens" (mais qui sont "les gens" ?) une autre tarte à la crème idéologique.
On peut aussi gager qu'on va assister à l'éclosion d'une multitude de petits clones de ce film, qui essaieront de tirer profit d'une recette supposée miraculeuse.
Morand...

J'ignorais l'existence de cet ouvrage, mais ce que dit Francis me fait penser à "Magie noire" et à "A.O.F. de Paris à Tombouctou ".

Il y a une relation à l'Afrique noire, spécifique à la France, qui est importante et qu'il ne faut pas oublier.
22 janvier 2012, 13:50   Re : Sur quelques films à succès
Citation
Philippe Sollers
"Ce film est absolument superbe de bout en bout ! J’ai été bluffé… Cela dit, je ne l’ai pas vu !"

Le rire étouffe le crétinisme mieux que tout emballement mimétique.
Utilisateur anonyme
22 janvier 2012, 13:52   Re : Sur quelques films à succès
Il y a quelque chose du mythe rousseauiste du bon sauvage dans ce film — que je n'ai pas vu tant l'affiche résume le film —, qui rassure les Français et flatte leur universalisme.
22 janvier 2012, 14:34   Aux origines d'Intouchables
Congo est le titre d'une courte nouvelle du recueil Magie Noire.

La première guerre mondiale affaiblit l'homme européen, non point dans sa "virilité", ou sa vaillance, qui s'étaient magistralement illustrées au front, mais dans sa vitalité, à preuve c'est une femme noire, l'héroïne de Congo de Morand, inspirée de la figure de Joséphine Baker, qui joue le rôle d'Omar Sy, en 1925, une femme donc, et non un Nègre mythiquement viril. Dans une autre nouvelle de Morand (Charleston) on lit que "les Nègres sont à présent partout, comme si la guerre les avait fait sortir de terre". La vitalité de la race blanche en Europe fut perdue dans cette guerre qui balaya du territoire national quatre classes d'hommes et rendit ceux qu'elle n'avait pas fauchés, épuisés, rongés de doutes, souvent enfermés dans le mutisme des grands traumatismes, incapables de joie. La vitalité des hommes s'en était allée pour toujours, qu'elle fût supprimée par la tuerie ou inhibée par son traumatisme. Les "nègres" alors, apportèrent à Paris, la joie, pour commencer.

Dans Congo, on assiste ainsi à la première naissance de la modernité, celle qui est parvenue à imposer son règne d'indifférenciation festive et hébétée au tournant du siècle suivant; la description qu'en fait Morand est très éclairante, elle fait d'Intouchables un très vieux film muet des années 1920:

Aujourd'hui que Paris n'est plus gâté, un bal chez Congo, c'est un événement...
Un tumulte de gestes, de couleurs, précédé d'un rire célèbre, fait soudain plier cette foule [celle des Parisiens invités par télégramme et qui se pressent chez cette artiste de music-hall comme dans un parc à moutons]. Congo vient d'arriver du music-hall avec son maquillage et ses façons de scène. Les journaux l'appellent "la fille-la-plus-photographiée-du-monde". Toutes ses dents jaillissent de sa bouche avec l'arcade des gencives, et ses yeux, qui ne cillent jamais, se prolongent hors des orbites. Aussitôt hissé ce pavillon noir, la fête appareille; l'accordéon jute, préssé comme un linge, les trombones traînent des glissandos, que domine un saxophone nasillard et aristocratique. La banquise de ces Européens bien élevés, timides, à jeun, va craquer de partout, Congo prend l'un par le toupet, l'autre par le pan de l'habit, les accouple de force. Elle-même esquisse une mesure de valse avec une grosse sournoise qui s'est glissée ici pour copier des modèles de robes, puis se fait remplacer par un palmier qu'elle met tout à coup entre les bras de sa partenaire; autour de la dame au palmier, Congo danse seule, accroupie en kangourou, les jambes écartées, battant des mains; elle toupille sans déplacer sa chevelure gommée, qu'une raie large fend, comme une pelade. L'étonnement trace un cercle autour d'elle. .... .... Chacun de ses réflexes est foudroyant, imprévu et parfait, comme une image de vrai poète, comme un beau crime, comme une balle reprise de volée. ....

... Congo a dix-huit ans et danse depuis dix-huit ans. C'est un monstre naturel. Mais le premier de ses dons, ce n'est ni la danse, ni la force comique, ni la grâce exotique, ni les grimaces qui découpent sa figure, si ronde au repos, en des tatouages instantanés et géométriques, c'est un élan vital immédiatement transmissible, une décharge plus violente que celle de la chaise électrique..... ..... Quelques vieux Parisiens entrent, très polis, cherchant d'abord la maîtresse de maison:
"Chère amie, je me suis permis d'amener...
-- Oui, oui, yep, yea. Tous fèès, tous soeus !"
Congo ne conçoit pas qu'il pusse y avoir de différence entre les êtres, les domestiques, les copines, les ouvriers, les rois, tous frères, tous soeurs, de la famille unie des sang-chaud, de la grande tribu des vivants.
"Laissez-moi vous présenter, au moins...
-- Naon, pas pésenter... Tous fèès, tous soeus !"
Et les Français s'étonnent, comme ces explorateurs novices qui, peu à peu, découvrent que leurs porteurs ont pour frères et pour soeurs toute une peuplade, toute l'Afrique...

....Congo rit, sachant que la vie va si vite qu'on ne peut y distinguer rien d'autre que les masses. Les noms propres ne servent qu'à embrouiller les choses. Ce soir, dans cette haute case des ducs de Ré, elle pile les classes, moud les races, presse les sexes, foule les âges; il faut que l'univers s'agite, fermente, pour pouvoir s'exprimer, rendre un jus digne d'être bu. Ce que Congo fait, chacun assitôt l'imite; cela s'attrape comme une maladie. Demain se sera la mode de laisser tomber les r, de zézayer les s, de changer les t en d. Les moins fous se prennent, à leur tour, à briser les syntaxes patiemment élaborées par leurs ancêtres, à déculotter les mots habillés par les académies, à les marier absurdement, à les renvoyer dos à dos; de son côté, cette jeune sorcière pulvérise les mélodies musicales, politiques ou sentimentales des Blancs, les oblige à revenir aux commencements du monde, à la simplicité des grandes fougères. Elle leur impose sous des noms modernes: fox-trot, camel-walk, etc., les vieilles danses totémiques africaines....

... Initiés à l'ivresse profonde de la percussion à main, les habits noirs tapent maintenant sur des casseroles, sur leurs cuisses, sur la toile tendue de petits maîtres hollandais, décrochés du mur; la vérité et le mensonge, le bien et le mal, la propriété et la misère, tout se met à donner des fruits inattendus, monstrueux. Les boulevardiers cessent de médire; le programme de Congo, qu'on nomme aussi Congo la Joie, s'accomplit : "Je ferai tourner Paris en bourrique !" Paris rit, de son rire fatigué, cynique, consolé par la simple allégresse de ces membres dispos, déridé par ces ébats de l'âge de pierre, ragaillardi par ce rayonnement organique, indestructible; ignore-t-il que Dieu a fait don aux nègres de son plus précieux trésor: la joie ?
Cela me faisait en effet penser à Magie Noire (que je n'ai pas sous la main, à ma grande honte...).
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