Si vous ne l'avez lu, je vous le conseille : c'est un des rares Simenon sans Maigret. L'histoire est simple, et très révélatrice de la province française, des Charentes plus spécialement (donc près de votre rivière). Une femme, à forte personnalité, est mariée à un véritable incapable, atteint du Haut mal. Cet homme se laisse mener par ses employés, au grand désespoir de cette femme. Un jour, en pleine dépiquaison, il est frappé par son mal, et sa femme le tue en faisant basculer son corps par une trappe.
La veuve en question régente alors son monde (ses filles et sa propriété) et se fait respecter, allant même jusqu'à héberger une sorte de folle, témoin du crime. Une de ses filles, cependant, se rebelle et part à l'aventure en Afrique avec un jeune colonial (horrible personnage, dirait-on maintenant). Elle ne reçoit de nouvelle de sa mère que par l'acte notarié autorisant son mariage et comportant en tout et pour tout la signature lisible "Veuve Ponthereau".
A la fin du livre, de passage en métropole, le jeune colonial (un peu moins jeune) sa femme et leurs enfants s'arrêtent dans le village et voient, de loin, passer la Veuve Ponthereau, ses deux autres filles et la servante-témoin-vieille-folle-bougonnante, toutes vêtues de noir, en route pour la messe.
Inutile de vous dire que le fait colonial est peint sous des couleurs qu'on jugerait aujourd'hui révoltantes et hideuses, mais qui semblaient à cette époque fort agréables.
Cela, c'est mon souvenir (avec celui de recettes charentaises que Simenon aimait à placer dans ses romans). Il faudrait que je vérifie, mais je n'ai pas le livre sous la main.
(A propos de recettes, mais c'est hors sujet, tombant au hasard de la lecture d'un exemplaire ancien du Journal de Renaud Camus sur une intéressante façon de traiter le canard, j'ai tenté et réussi, après plusieurs essais, le "magret à la Renaud Camus", servi sur grill en fonte brûlant).