Le site du parti de l'In-nocence

Frantz Fanon

Envoyé par Renaud Camus 
10 décembre 2011, 15:07   Frantz Fanon
Une citation de Fanon, à l'orée et même en exergue d'une émission à lui consacrée, à l'instant, sur France Culture (“Une vie une œuvre”), décrit à merveille, me semble-t-il, notre actuelle situation de colonisés, de même que les conditions et processus de la colonisation en général — un texte très pertinent sur la France 2011...
10 décembre 2011, 16:24   Re : Franz Fanon
Et quelle est-elle ?
10 décembre 2011, 16:32   Re : Franz Fanon
« Les nations qui entreprennent une guerre coloniale ne se préoccupent pas de confronter les cultures. La guerre coloniale est une gigantesque affaire commerciale et toute perspective doit être ramenée à cette donnée. L'asservissement, au sens le plus rigoureux, de la population autochtone est la première nécessité. Pour cela il faut briser ses systèmes de référence ; l'expropriation, le dépouillement, la razzia, le meurtre objectif se doublent d'une mise à sac des schèmes culturels ou du moins conditionnent cette mise à sac. Le panorama social est déstructuré, les valeurs bafouées, écrasées, vidées. »
Utilisateur anonyme
10 décembre 2011, 16:32   Re : Franz Fanon
Peut-être :

«La violence qui a présidé à l'arrangement du monde colonial, qui a rythmé inlassablement la destruction des formes sociales indigènes, démoli sans restrictions les systèmes de références de l'économie, les modes d'apparence, d'habillement, sera revendiquée et assumée par le colonisé au moment où, décidant d'être l'histoire en actes, la masse colonisée s'engouffrera dans les villes interdites. Faire sauter le monde colonial est désormais une image d'action très claire, très compréhensible et pouvant être reprise par chacun des individus constituant le peuple colonisé.» Frantz Fanon

Mais à partir de "la masse colonisée" je n'ai pas tout compris.

Ce doit être ce qu'on appelle l'ironie de l'histoire. Je passerais dorénavant par l'avenue Frantz Fanon à Fort-de-France avec un sourire au coin de la bouche.
10 décembre 2011, 17:07   Re : Franz Fanon
« L'asservissement, au sens le plus rigoureux, de la population autochtone est la première nécessité. Pour cela il faut briser ses systèmes de référence ; l'expropriation, le dépouillement, la razzia, le meurtre objectif se doublent d'une mise à sac des schèmes culturels ou du moins conditionnent cette mise à sac. Le panorama social est déstructuré, les valeurs bafouées, écrasées, vidées. »

Grand merci, Cher Marcel Meyer, c'est en effet à ce texte-là que je pensais. On pourrait le verser dans nos textes de référence ? Ou le mettre en exergue à ce site ? La signature est sans prix...
10 décembre 2011, 18:39   Re : Franz Fanon
Mettre cette phrase en exergue du site ? Cela pourrait se révéler quelque peu hasardeux — si je puis me permettre — étant donné l'état de confusion mentale dans lequel nous ont plongé les Amis du Désastre ; et il pourrait fort bien se trouver quelques personnes assez naïves pour prendre le message au pied de la lettre. Songez qu'il existe actuellement tout un courant de pensée qui n'a que le mot de "France postcoloniale" à la bouche (une thèse aberrante selon laquelle les Français d'aujourd'hui traiteraient les immigrés comme ils le faisaient du temps de la colonisation) et qui, loin de se limiter à quelques groupes marginaux comme les Indigènes de la République, touche des universitaires et se répand lors de colloques financés par l'argent public...
10 décembre 2011, 18:53   Re : Franz Fanon
Oh, je ne pense pas que nous prêtions trop à ambiguïté... Et pareil procédé pourrait attirer l'attention sur notre thème de la colonisation, et montrer que nous sommes sérieux à son sujet. Il me semble que la démarche pourrait être polémiquement productive. Après tout nous cherchons à nous constituer un arsenal langagier et idéologique, est-ce que nous ne pas ?
Utilisateur anonyme
10 décembre 2011, 18:55   Re : Franz Fanon
(Message supprimé à la demande de son auteur)
10 décembre 2011, 19:46   Re : Franz Fanon
Citation
Renaud Camus
Oh, je ne pense pas que nous prêtions trop à ambiguïté... Et pareil procédé pourrait attirer l'attention sur notre thème de la colonisation, et montrer que nous sommes sérieux à son sujet. Il me semble que la démarche pourrait être polémiquement productive. Après tout nous cherchons à nous constituer un arsenal langagier et idéologique, est-ce que nous ne pas ?

Bien sûr, si ce n'est que le mot d'"arsenal" est peut-être un peu trop explicitement connoté en référence à un contexte guerrier et, compte-tenu de la pesanteur idéologique que nous subissons actuellement, nos thèses prêtent suffisamment le flanc à la critique pour que nous n'ayons pas besoin de donner davantage de verges pour nous faire battre en utilisant des expressions trop agressives. Le problème du FN n'a-t-il pas été que, par ses outrances langagières répétées, il ait définitivement contaminé et rendu impossible tout débat sérieux et dépassionné sur l'immigration, l'islam et autres ? Quand je lis ou j'entends à la télévision des gens comme ceux de Riposte Laïque, je me dis qu'ils ont raison sur le fond mais tort sur la forme : en employant des mots chocs, des tonalités désespérées ou des dessins grotesques, on n'incite pas à la réflexion et on se place soi-même dans le camp des extrémistes, ce qui ne peut être que contre-productif.

J'ajouterais, de surcroit, que la différence majeure entre la colonisation et la contre-colonisation est que, dans le premier cas, elle est formelle et se fait "par le haut", c’est-à-dire par l'instauration de lois et d'un pouvoir établis par la puissance coloniale, qui se transmettent ensuite à toutes les couches de la population sans qu'il y ait forcément besoin d'un grand nombre de colons pour maintenir le nouvel ordre en place. La "contre-colonisation" actuelle suit un schéma inverse, elle se fait "par le bas" et nécessite un grand nombre d'individus pour être mise en place sur le terrain, ce qui entraîne une multitudes de petits changements au niveau local (c'est notamment visible dans le cas de l'islam : multiplication des prières dans les rues, des revendications, des pressions sur les individus pour qu'ils adoptent certaines règles) qui finissent par remonter et se traduisent, au somment de la pyramide du pouvoir, par un infléchissement des règles communes, qui entérinent ainsi la transformation sociétale (le multiculturalisme, la diversité, l'antiracisme dogmatique, la discrimination positive et autres processus d'intégration inversée). Mais il s'agit là le plus souvent de discours informels et flous, non immédiatement directifs ou coercitifs, qui visent plus à changer les mentalités qu'à contraindre explicitement, ce qui fait qu'il est beaucoup plus dur de les réfuter. Regardez ce qui se passe pour la "discrimination positive", par exemple : personne ne dit explicitement les consignes (qui se résumeraient à : "favorisez les gens issus de l'immigration au détriment des Blancs") et pour cause, car elles seraient tout bonnement illégales. Non, on parle plutôt de "favoriser la diversité", de "représenter mieux la société" et autres formules en apparence évasives mais qui débouchent sur la même chose, en conditionnant les comportements. Même chose pour la censure ou la propagande : il n'y a pas d'interdiction officielle ou d'idéologie officielle qui émanerait d'une officine d'Etat clairement définie : tout se fait de façon détournée, mal identifiable, avec l'apparence de la normalité ; les idées se diffusent ainsi comme une mode ou un air du temps, les bouches et les yeux se ferment par réflexe d'autocensure, tout se fait "en creux", progressivement, sans que nous ayons eu le temps de nous en apercevoir (les effets les plus visibles du Grand Remplacement ont eu lieu longtemps après son commencement).

Ces différences avec une colonisation au sens où on l'entend habituellement font qu'il est encore plus périlleux, à mon avis, d'utiliser des mots sujets à controverse. Plutôt qu'un arsenal idéologique (laissons cela aux Amis du Désastre, car idéologie suppose rigidité de la pensée, vision unique du monde et absence de débat, et il ne serait pas glorieux de se revendiquer de telles méthodes), il conviendrait, je pense, d'analyser soigneusement la situation et de prendre les Amis du Désastre à leur propre piège en démontrant de façon claire, logique et sans outrance en quoi leurs concepts sont manipulateurs et leurs vérités fausses.
10 décembre 2011, 20:40   Re : Franz Fanon
Une citation de Fanon en exergue au site du PI, mais ce serait un des plus beaux accomplissements de la bathmologie !
Utilisateur anonyme
10 décembre 2011, 20:48   Re : Franz Fanon
(Message supprimé à la demande de son auteur)
10 décembre 2011, 21:05   Re : Franz Fanon
Hi hi hi, comique... Merci beaucoup.

Quant à M. Félix, j'ai l'impression qu'il ne suit pas trop régulièrement nos échanges. Cette discussion sur le mot colonisation, nous l'avons déjà beaucoup eue. Nous ne pouvons reprendre tout éternellement da capo...
Utilisateur anonyme
11 décembre 2011, 09:22   Re : Franz Fanon
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 décembre 2011, 09:35   Re : Franz Fanon
Qui aurait pu un jour supposer qu'une citation tirée des oeuvres de Frantz Fanon décrirait d'une manière aussi fulgurante notre présente dépossession ?
11 décembre 2011, 10:10   Le des potisme de l'islam
A mettre en relation avec une citation sur les conséquences des conquêtes de l'islam écrite par Jakob Burckhardt.

"La meilleure preuve de la puissance qu’exerce le despotisme de l’Islam est le fait qu’il a pu annihiler tout le passé des peuples qui se sont convertis à lui, coutumes, religion, manière de voir les choses et de les imaginer. Il n’est arrivé à ce résultat qu’en leur inoculant un nouveau sentiment de supériorité religieuse qui a été plus fort que tout et les a amenés au point d’avoir honte de leur passé."
11 décembre 2011, 10:58   Re : Le des potisme de l'islam
Frantz Fanon est mort à l'âge de trente six ans. Pour ceux qui l'ont connu il ne fait pas de doute qu'aujourd'hui, s'il était encore vivant, il serait le premier écoeuré du comportement de la racaille africaine en France.
(La R.A.F., quoi...)
11 décembre 2011, 12:51   Re : Le des potisme de l'islam
Citation
Rogemi
A mettre en relation avec une citation sur les conséquences des conquêtes de l'islam écrite par Jakob Burckhardt.

"La meilleure preuve de la puissance qu’exerce le despotisme de l’Islam est le fait qu’il a pu annihiler tout le passé des peuples qui se sont convertis à lui, coutumes, religion, manière de voir les choses et de les imaginer. Il n’est arrivé à ce résultat qu’en leur inoculant un nouveau sentiment de supériorité religieuse qui a été plus fort que tout et les a amenés au point d’avoir honte de leur passé."

L'écrivain V. S. Naipaul a fait des remarques similaires dans Crépuscule sur l'islam et Jusqu'au bout de la foi.
11 décembre 2011, 13:46   Re : Le des potisme de l'islam
Tout à fait Felix. Cependant il faut noter que ce texte de Burckhardt a été écrit il y a 140 ans.
11 décembre 2011, 18:45   Re : Frantz Fanon
Cette citation de Frantz Fanon au fronton de l'In-nocence me plait beaucoup. Comme quoi les vieilles notions de gauche, de droite et de transfuges n'ont plus grand sens. Ce serait plutôt le réel qui a retourné sa veste et les benêts qui ne s'en sont pas aperçu.
11 décembre 2011, 19:47   Re : Frantz Fanon
Le reprise de ce propos de Fanon est une critique majeure du colonialisme tel que nous l'avons mené.

Cela revient à dire que l'épopée coloniale fut une erreur, que nous avons agi de façon criminelle.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2011, 22:11   Re : Frantz Fanon
Citation
Jean-Marc
Le reprise de ce propos de Fanon est une critique majeure du colonialisme tel que nous l'avons mené.

Cela revient à dire que l'épopée coloniale fut une erreur, que nous avons agi de façon criminelle.

L'Etat qui s'arroge le droit (et même le devoir) de porter les valeurs de la civilisation occidentale à l'autre bout du monde qui n'a rien demandé commet en effet une erreur et même une faute car il sort des limites de son champ d'action qui devrait être la protection des droits fondamentaux de ses ressortissants contre les menaces internes et externes.

Mais cet "apport des valeurs occidentales aux autres" n'a longtemps été qu'un pretexte pour l'Etat afin de justifier son "bougisme".

Or il semble que cela ait changé.

Il est surprenant de constater combien l'Etat défend mal ses ressortissants contre ceux qu'il avait colonisés. Loin de les défendre il les livre à l'assaut des autres. Il leur défend de se défendre d'eux idéologiquement et physiquement. Et il n'est pas de Frantz Fanon pour les défendre à sa place.

Je serai curieux de savoir à quel moment ce "renversement des valeurs" de l'Etat à eu lieu ; à quelle date l'Etat a cessé d'assurer le défense des droits fondamentaux des individus et ceux de la société pour imposer aux individus et à la société sa propre vision du monde.

Je peux comprendre qu'un Etat en tant qu'organisme vise à se perpétuer et même à étendre constamment le champ de son action (éducation, santé, sécurité sociale, culture ; tous domaines qui vont bien au delà de la simple défense des droits fondamentaux). Mais je n'arrive pas à comprendre comment l'Etat en vient à imposer sa vision du monde à ses ressortissants au risque de mettre en péril les bases de la société : relations pacifiées entre les individus, respect de la chose publique.

L'Etat devrait se limiter à la défense des droits naturels des individus et des droits de la société. Or,il commence par étendre son champ d'action au nom d'une vision du monde (l'Humanité par exemple dans nos démocraties). Cette vision du monde est d'abord un simple prextexte à l'extension de ses domaines d'action. Puis il semble que l'Etat en vienne à croire à ses propres chimères auto-justificatrices et qu'il se mette à jouer contre ses bases (les individus et la société) au nom de ces valeurs.
11 décembre 2011, 22:28   Re : Frantz Fanon
Plutôt de l'avis de Jean-Marc. La citation de Fanon, si elle est, en effet, piquante dans le contexte actuel me semble plutôt faire l'objet d'un "private joke". Brandie en exergue et pour servir d'argument, elle tend surtout la perche à cette réponse :

"Soit, et donc, chacun son tour ! Puisque vous jouez à fronts renversés, la "contre-colonisation" ne manquera donc pas d'aspects positifs."
11 décembre 2011, 22:32   Re : Frantz Fanon
C'est cela, sans compter son corollaire : vous avez fait de sacrées saloperies, vous le reconnaissez, et bien payez.
11 décembre 2011, 23:33   Re : Frantz Fanon
« L'asservissement, au sens le plus rigoureux, de la population autochtone est la première nécessité. Pour cela il faut briser ses systèmes de référence ; l'expropriation, le dépouillement, la razzia, le meurtre objectif se doublent d'une mise à sac des schèmes culturels ou du moins conditionnent cette mise à sac. Le panorama social est déstructuré, les valeurs bafouées, écrasées, vidées. »

Le problème encore une fois est que Fanon n'avait que la trentaine, ou un peu plus, quand il écrivait cela et agissait en conséquences. Et comment aurait-il pu en être autrement? On ne peut en vouloir à un jeune homme intelligent d'origine africaine de vouloir en finir avec la colonisation et de ne pas avoir pris, à l'époque, de distance critique par rapport au discours anticolonialiste et tiermondiste ; de ne pas avoir reconnu, par exemple, que presque tous les peuples ont été tour à tour colonisateurs et colonisés, que les noirs ont été eux-même esclavagistes ainsi que les Arabes et que ces derniers ont été les principaux colonisateurs de la planète. On ne pouvait lui demander de reconnaître que la colonisation par la France a été très loin d'être la pire du genre et qu'elle a apporté des bienfaits qui ont compensé en grande partie ce que la situation coloniale pouvait avait de répréhensible en elle-même, c'est-à-dire exactement le contraire de la contre-colonisation que nous subissons. Or Fanon était le genre d'homme intègre qui auraient reconnu aujourd'hui ces vérités s'il avait vécu.
11 décembre 2011, 23:42   Re : Frantz Fanon
En êtes-vous sûre, chère Cassandre ?
12 décembre 2011, 08:07   Re : Frantz Fanon
L'attitude de l'Etat, que l'on peut lui reprocher aujourd'hui, n'est pas celle d'une trop grande passivité face à l'impératif de "défendre ses citoyens", pas du tout. Ce que vous appelez le "bougisme" de l'Etat du temps de la colonisation n'a pas cessé, seulement, ce bougisme s'est inversé, de centrifuge et expansionniste, il est devenu centripète et le mouvement de rétro-colonisation est tout aussi proactif, tout aussi impulsé du centre européen que l'avait été le mouvement colonialiste expansionniste et toutes les campagnes idéologiques agressives en faveur de cette rétro-colonisation dont Paris est le cerveau aujourd'hui font miroir à celles d'antan qui visaient à civiliser l'Africain ou l'Indo-chinois, à le franciser. Quant à la "défense des citoyens", l'Etat y veille plus que jamais, en privilégiant le néo-citoyens comme il privilégiait jadis le colon venu de métropole s'installer dans les colonies.

Pardonnez-moi de me citer (je ne parviens pas mettre en lien ce billet du 17 juillet dernier) :


C'est un débat politique et non débat d'historien Jean-Marc. Arrêtez-vous un instant sur cette remarque: d'abord nous sommes dans le cas Français et plus largement européen; la colonisation française s'opéra suivant des modalités différentes des colonisations espagnole ou anglaise que nous pouvons donc écarter du propos. Il importe de considérer le débat politique français: qui en France fut à l'initiative et alimenta activement l'idée d'une colonisation en France, quelles forces politiques? La réponse à cette question est: les mêmes forces internationalistes et idéalistes (option universalisme) qui promeuvent l'idée d'une contre-colonisation sans la nommer; la contre-expansion (avec son cortège de syndromes divers dont la "haine de soi", l'exponentielle culpabilité devant l'Histoire, etc.) est exaltée par les mêmes millénaristes fanatiques aujourd'hui que ceux qui, hier, exaltaient la colonisation française et la fierté universaliste d'être Français, soit par ceux qui se réclament, pour le dire vite, de la Gauche; et elle est investie dans la sphère économique – investie au sens de la mise économique – par la même droite passive à cet égard mais faisant son beurre (nivellement des salaires, chômage systémique, etc.) du mouvement rétro-colonial comme elle l'avait fait du mouvement colonial.

La question "le colonialisme d'antan apporta du bon aux peuples colonisés tandis que le rétro-colonialisme que du mal" ne touche pas à la dimension structurelle qui nous occupe; elle est étrangère à la problématique sémanticienne qui tarabuste Monsieur Baradon. Si l'on devait aborder la question que soulève cette question, il faudrait sans doute en venir à une remise en cause du relativisme et à énoncer que, ma foi, oui, les colons expansionnistes furent des bâtisseurs; tandis que les colons contre-expansionnistes (rétro-colons) sont des destructeurs; outre que pour certains, cette capacité à nuire est dans leur nature profonde, possiblement, il reste à considérer le facteur exogène, de leur point de vue, de la pensée politique contre-coloniale, savoir que cette politique dont ils sont les bénéficiaires ne les affranchit pas véritablement d'un certain assujettissement ("hétéronomie" dirait le distingué Pierre Henri) contre lequel ils se rebellent spontanément. Le fait contre-colonial n'est souvent pas l'émanation de leur désir politique, il n'est pas de leur choix propre mais de celui d'allumés européens que l'on voit s'agiter de manière de plus en plus alarmante aujourd'hui (événement du 14 juillet dernier, tournée de Mélenchon/Doriot, etc.). Autrement dit, si le fait colonial expansionniste était l'émanation des gouvernements des nations colonialistes, le fait rétro-colonial contre-expansionniste n'en est pas pour autant l'émanation du Cameroun, du Mali ou du Maroc, mais bien toujours et encore celle des gouvernements des nations qui avaient jadis piloté la colonisation expansionniste, si bien que les sujets bénéficiaires de la rétro-colonisation perçoivent encore celle-ci, de manière fort paradoxale mais que ce retournement incomplet de la colonisation (le Cameroun n'impulse pas la colonisation de la France), cette unicité structurelle du phénomène colonisation/rétro-colonisation explique assez bien, comme un néo-colonialisme; par conséquent, nous pouvons dire que l'unité ou la continuité ontologique colonisation/rétro-colonisation explique que les racailles soient en rébellion permanente contre un état de fait qui les favorise ! Ils mordent la main qui les nourrit et les caresse dans le sens du poil et privilégie leur accueil parce que cette main n'est pas des leurs et qu'ils en contestent le commandement, en d'autres termes, la contre-colonisation est doublement destructrice: elle l'est par le recul et la perte d'identité des peuples qui la subissent, mais elle l'est aussi par le rejet ontologique dont elle est porteuse chez ses sujets et acteurs, d'où le fait que, oui, la colonisation avait pu avoir du bon cependant que la contre-colonisation, parce qu'elle est rétro-impulsée et qu'elle s'opère ainsi contre le gré de toutes les parties, n'apporte que destruction, nocences et décivilisation générale.


La discussion du 17 juillet débutait ici: [www.in-nocence.org]
12 décembre 2011, 11:12   Re : Frantz Fanon
Merci, cher Francis pour cette imparable analyse.
12 décembre 2011, 11:20   Re : Frantz Fanon
Évidemment, cher Bruno, on n'est jamais sûr de quoi que ce soit à cent pour cent, mais des conversations nombreuses et amicales que nous avons eu , mon mari et moi - surtout mon mari - avec Fanon, il ressort la quasi certitude qu'il serait profondément attristé de la tournure qu'ont prises les indépendances et du comportement des Africains en France. Il en voudrait énormément aux Français qui les encouragent dans cette voie.où il ne verrait qu'une autre forme encore plus pernicieuse de colonialisme.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 11:23   Re : Frantz Fanon
(Message supprimé à la demande de son auteur)
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