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Jean Daniel invité de Répliques

Envoyé par Pierre Henri 
Quand on s'appelle Jean Daniel, on peut dire n'importe quoi sans dommage. Jean Daniel (comme tous ceux qui comptent) considère avec hauteur qu'un "fond supposé" (ce sont ou presque ses mots) d'antisémitisme hier, de xénophobie aujourd'hui au sein d'un parti politique périphérique, le FN, a justifié qu'on laisse l'Europe s'anéantir. Par contre, Jean Daniel nous apprend qu'écouter des reportages radiophoniques sur le conflit palestinien lui donnerait envie "s'il était arabe" de "tirer dans le tas". Un tas de Français? S'il était juif, dans quel tas aurait-il envie de tirer ? Et s'il était français ? Car, vous l'aurez noté, quand Jean Daniel se lâche, être arabe, juif ou français sont des appartenances exclusives et l'Arabe qui tire dans le tas vote forcément pour la mosquée. Foin des subtils procès en essentialisme. On les réserve à d'autres. Bien entendu, après ses bons mots, aucun cordon sanitaire ne se sera tendu entre le Nouvel Obs et la République.

......

"La petite bourgeoisie [...]n'a pas « d'ailleurs » (et ne supporte pas qu'on lui dise qu'il en existe un)." Davoudi

Il y a pourtant un ailleurs, une extériorité bien intériorisés : le repoussoir Le Pen qui compte en bonne place au nombre des leviers de la pensée unique, à savoir l'Histoire mythique, les boucs émissaires et les icônes, autant d'extériorités chargées de court-circuiter l'histoire et la raison autonome. Neutraliser le repoussoir ou, pour parler comme Jean Daniel, neutraliser le nationalisme qui empêcherait d'estimer la nation, priverait la pensée unique d'un levier.

Le "point de détail" a donné à la deuxième carrière d'Adolphe Hitler un essor fatal à la salubrité intellectuelle et morale. Condamner le propos et son auteur ne sert à rien : l'un et l'autre collent à la peau ; plus on veut s'en défaire, plus on s'englue. Se contenter de signaler sa participation à la curée générale est politiquement stérile et moralement coupable. Aussi solennelles et sincères soient ses condamnations, qui n'est pas remplaciste est irrémédiablement complice du "détail", selon la logique politique camp contre camp. Il lui faut donc assumer ce "détail" capital comme une tare de son camp et, devant l'urgence, contre-attaquer sans attendre d'avoir fini de l'extirper. Or, pour ce faire, il dispose d'armes politiques que la morale, par ailleurs, lui commande d'utiliser car, par l'usage qu'il fait de la Shoah, le camp des saints est plus ignoble encore que le "quarteron du détail" qui ruine la réputation du nôtre.

La Shoah est une catastrophe telle que son souvenir est sacré ou devrait l'être. Qualifier les chambres à gaz de détail est donc blasphème de mécréant. Monter de toute pièce l'affaire Carpentras à des fins politiciennes est donc blasphème de faux dévot. Ajouter au blasphème l'hypocrisie et le calcul sordide est un scandale qui dépasse dans l'ignominie le blasphème du mécréant qui n'en attend aucun avantage mais, au contraire, l'infamie et les injures de ceux qu'il méprise, en premier lieu, des faux dévots. La mémoire de la Shoah est donc à protéger autant des faux dévots que des mécréants (autant du PS que du FN).
J'ai trouvé ses propos très brumeux, développés sur un mode prétentieux et égocentrique et les objections de Finkielkraut très indulgentes voire révérencieuses (eu égard au grand âge ?). L'important étant visiblement l'accord des deux sur la nécessité de l'Etat palestinien, laquelle semblait excuser les ambigüités des "thèses" du grand journaliste.
"Tirer dans le tas", sans doute un écho de la voix de son maître (songez à la préface de Sartre aux "Damnés de la terre"). Tous coupables, car tous complices du colonialisme... "Grand âge", Ostinato ? Dany-le-rouge, l'homme à l'épithète homérique, est-il si vieux qu'il faille le ménager ? Cela étant, je n'ai pas encore entendu l'émission...
Cher Bruno, c'était Jean Daniel, et non C-B Daniel...Vous n'avez rien perdu selon moi à ne pas l'écouter.
Tout à fait d'accord avec Ostinato. Jean Daniel s'écoute parler comme jamais, mais il ne s'entend pas.
Je vous suis sur l'ambiguïté du personnage. Sur les avantages de la conscription, je serais assez d'accord. Dans ma compagnie, l'armurier était corse, le comptable était juif, le baroudeur arabe et l'ambiance très fun...
Je vous prie de m'excuser (j'ai lu trop vite !) Peut-être le modérateur pourrait-il supprimer tout simplement mon intervention impertinente ?
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 16:28   Re : Jean Daniel invité de Répliques
La question que se pose J. Daniel est assez simple: à partir de quand l'identité nationale, si elle venait à se perdre, devient-elle un problème pour les juifs de france ?
Ou, pour le dire autrement, quel est le seuil tolérable d'islamisation de mon pays avant de devoir en partir à nouveau.
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 16:38   Re : Jean Daniel invité de Répliques
Jean Daniel est inquiet et à juste titre.
Il se rend compte qu'El Andalous n'était qu'un mythe et que la réalité à venir pourrait être bien plus cruelle que ce qu'il imaginait.
Le poète n'a pas toujours raison.
Jean Daniel est le spécialiste du discours savamment confus qui lui permet de dire sans le dire quelque chose et son contraire, d'être pour ce qui est contre et inversement, tout en se donnant des airs de vieux sage "oraculeux". Il ne cesse de se réclamer d'Albert Camus mais mis au pied du mur quand celui-ci a eu le besoin impérieux du soutien de ses amis il l'a lâché comme un malpropre. En outre il a osé dire que Renaud Camus ne méritait pas le même patronyme qu'Albert alors que celui-ci eût été un des plus vigoureux défenseurs de celui-là lors de son "affaire", ce qui pour un homme qui prétend chérir la mémoire de l'auteur de l'Etranger prouve plus qu'une méconnaissance de ce dernier : une nouvelle sorte de trahison.
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 17:25   Re : Jean Daniel invité de Répliques
Le drame de Jean Daniel et de tant d'autres, c'est qu'ils sont étrangers à la société qu'ils ont tant souhaité, pour laquelle ils ont consacré leur vie.
Commes nous, victimes collatérales.
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 17:51   Re : Jean Daniel invité de Répliques
Notez qu'à France-Culture la mal-nommée, quand il s'agit de parler d'identité nationale, "ce que c'est qu'être français", on se garde bien d'inviter notre hôte ou Jean Raspail ou qui sais-je...
Tout le monde peut parler de nous, sauf nous il va sans dire.
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 17:56   Re : Jean Daniel invité de Répliques
Jean Daniel est aussi cet homme qui, dans son dernier bouquin (Demain la Nation), a inventé ce concept fort de café: la nation sans identité.
Il fallait y penser.
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 17:58   Re : Jean Daniel invité de Répliques
(Cher Fredi Maque, je crois que le terme bouquin déplaît au Maître...)
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 17:59   Re : Jean Daniel invité de Répliques
Ceci dit, vous avez bien raison. Mais, comme l'explique Renaud Camus dans Septembre absolu, s'il venait parler à France Culture d'identité nationale, il devrait probablement développer le thème du Grand Remplacement, ce qui vaudrait leur éviction à ses hôtes. Donc...
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 17:59   Re : Jean Daniel invité de Répliques
Pardon:
Opuscule.
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 18:10   Re : Jean Daniel invité de Répliques
Opuscule convient mieux il me semble.
Mais on s'en fout; le Maître tranchera si necessaire.
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 18:43   Re : Jean Daniel invité de Répliques
(Je crois que la remarque de Stéphane Bily était ironique, eu égard au fait que le mot opus, jadis rare, a connu ces derniers temps une formidable popularité, notamment dans les médias, et sert désormais à désigner tout et n'importe quoi ─ surtout n'importe quoi.)
"la nation sans identité."

Dégriffée, en quelque sorte...
A quoi ça rime ?




Et tantôt un Opus

Tantôt un Opuscule

D'un côté le Journal, les essais, la pensée de Camus

De l'autre,les poncifs, les écrits de ces êtres obtus

Et par lui on avance, et par eux on recule

Et on voudrait enfin que la France s'entende.
Utilisateur anonyme
23 juin 2012, 21:03   Re : Jean Daniel invité de Répliques
Dégriffée, en quelque sorte...

Voilà.
En solde.
Affaire à faire.
Et par lui on avance, et par eux on recule
Comment veux-tu comment veux-tu
Que l'on réplique
Hein ? Jean-Marc ?
Citation
Marc Briand
"la nation sans identité."

Dégriffée, en quelque sorte...

Vous savez bien, cher Marc, qu'en matière de schmattès, porter haut l'insigne du fournisseur est pour le client un des combles de l'aliénation et du déshonneur...
"Il ne cesse de se réclamer d'Albert Camus mais mis au pied du mur quand celui-ci a eu le besoin impérieux du soutien de ses amis il l'a lâché comme un malpropre."

Chère Cassandre,
Auriez-vous l'amabilité de nous donner plus de détails sur cet épisode ?
Je crois que Cassandre nous parle de cet épisode où Jean Daniel "lâcha" Camus à propos de la torture en Algérie, Daniel étant lui-même objet de suspicion quant à ses relations avec le FLN, son comportement étant très curieux. Appartenant à la grande famille des Bensaïd de Blida (je crois), Jean Daniel aurait, au moins, pu soutenir Camus, car il ne pouvait pas ne pas comprendre ce qu'il voulait dire.
A tout prendre, cher Alain, je préfère le coq, sur le maillot, au logo exotique.
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