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Communiqué n° 1452 : Sur l’abolition des devoirs scolaires à la maison

Communiqué n° 1452, mardi 9 octobre 2012
Sur l’abolition des devoirs scolaires à la maison

Le parti de l’In-nocence admire, dans le projet de suppression des devoirs scolaires à accomplir à la maison, tel que ses motifs sont tranquillement expliqués par le pouvoir socialiste, la structure même, réduite à l’épure, de l’appareil idéologique qui en trente ou quarante ans a détruit l’enseignement en France. Les devoirs scolaires doivent être supprimés, nous explique-t-on, parce qu’ils sont un facteur d’inégalité. Or c’est la stricte vérité : certains élèves disposent chez eux d'un confort et d’une tranquillité, d'instruments culturels tels que des dictionnaires et une bibliothèque, et surtout de parents cultivés ou seulement instruits, qui leur confèrent des facilités, des chances d’apprendre et de progresser, une familiarité avec la connaissance dont beaucoup d’autres, la majorité sans doute, ne disposent pas. Moyennant quoi, au nom de l’égalité, on va leur arracher ce privilège après tant d’autres, assurant une fois de plus que l’enseignement, l’éducation, la transmission culturelle dispensés à tous soient alignés dans leur niveau et dans leur qualité sur ce qu’en reçoivent les enfants les plus défavorisés.

Le parti de l’In-nocence remarque que cette structure désastreuse est exactement celle que promouvait avec tant d’énergie feu M. Richard Descoings, lorsqu’il plaidait pour la disparition de la culture générale aux examens d’entrée à l'Institut d’études politiques de Paris et — car il était l’un des grands inspirateurs des réformes — potentiellement partout. Le prix de la démocratie et de l’égalité ainsi conçue, de cette manière brutale et à court terme, c’est le perpétuel alignement de l’ambition scolaire et culturelle sur l’offre et sur les demandes les plus basses.
D'après les sondages, la majorité des Français est contre cette mesure. Le président le sait bien sûr. Il ne s'agit donc pas d'une annonce "démagogique" à proprement parler. Elle est partisane en revanche parce qu'elle est destinée à satisfaire les derniers maoïstes de France que sont les "pédagogistes" qui contrôlent à la fois les syndicats de professeurs du secondaire et la principale fédération des parents d'élèves.

Au demeurant, il me semble que la mesure aura moins pour effet d'abaisser le niveau d'instruction des enfants de familles "bourgeoises" que d'inciter les parents de ceux-ci à leur faire donner des cours particuliers, de sorte que ce sont plutôt les enfants des familles pauvres qui seront les premières victimes de la réforme.

(Ne faudrait-il pas supprimer le "M" à "feu M. Richard Descoings" puisque précisément il est "feu" ? Mais j'aurais dû faire ces observations sur le site réservé aux adhérents puisque je découvre seulement maintenant que les projets de communiqués y sont diffusés pour y être discutés avant d'y être adoptés. So sorry)
Je suis entièrement d'accord avec M. Rémi Pellet (je mets “M.” puisque vous n'êtes pas encore feu) : cette mesure, semblant instaurer de l'égalité (et à quel prix !), ne va en fait que créer des inégalités supplémentaires, où l'argent jouera un rôle encore plus grand qu'avant (puisqu'il ne s'agira plus de la culture des parents et de la possession de livres et de dictionnaires mais tout simplement de la taille du porte-monnaie et de ce qu'il contient pour payer les cours qu'évoque M. Pellet).

Par ailleurs, je signale à l'aimable assemblée ici présente — et dans la mesure où je crois qu'elle s'intéresse un peu à la vie de l'Institut d'études politiques de Paris — que M. Dominique Reynié, candidat à la succession de feu Richard Descoings, est favorable au rétablissement d'une épreuve de culture générale lors du concours d'entrée à l'Institut (plus que ça, il propose, s'il est élu, de la rétablir complètement).
Un merveilleux "argumentaire" de la FCPE sur ce sujet :

[www.fcpe.asso.fr]

(D'autre part, me plaît beaucoup l'intitulé ironique de ce communiqué, qui emploie le mot d'abolition en lieu et place de celui de suppression. Cela range les devoirs scolaires dans la même catégorie que la peine de mort ou l'esclavage, ce que ne sont pas loin de penser des gens comme les responsables de la FCPE, par exemple.)
Que dire, que penser de l'encouragement du sport de compétition dans la jeunesse de la part de ce régime qui crée partout des "filières sport" dans ses établissements d'enseignement, des "centres de préparation" pour futurs aspirants champions, lesquels on forme dès l'enfance à "tout donner" pour dépasser leurs pairs, et qui pleureront toutes les larmes de leur corps devant les caméras de télévision quand ils auront obtenu la quatrième place à tel championnat ou aux Jeux Olympiques cependant que le même régime tient à s'interdire et à proscrire dans l'Education nationale tout soupçon d'inégalité de performance dans un des rares domaines où les derniers peuvent devenir les premiers, savoir celui de la performance intellectuelle ? A quelle perversité en acte proprement mussolienne avons-nous à faire exactement dans cette attitude gouvernementale qui bride au nom de principes prétendûment élevés (l'égalitarisme) tout effort de sa jeunesse vers la distinction lorsqu'il s'agit d'apprentissage et d'acquisition des connaissance pour l'exciter à cela, et tout entièrement et exclusivement à cela lorsqu'il s'agit de la faire courir, sauter ou nager sous les objectifs de l'abrutissement télévisuel mondial ?

Ce régime redoute-t-il donc que n'émergent de son "éducation nationale" quelque Alain Bernard de la philosophie, quelque Galfione épistémologue ? Tout porte à le croire. Et que faut-il penser d'un régime qui ne compte pas ses efforts financiers lorsqu'il s'agit de sélectionner dans sa jeunesse des jeunes "doués" pour en faire de futures bêtes de cirque sur-entrainées, ne connaissant d'autre éthique que celle de "la gagne", tout en prônant aux masses d'enfants et d'adolescents scolarisés le laisser-vivre intellectuel, le nivelage, le principe épistémologique du plus petit commun multiple ?
Citation
Jean-Michel Leroy
Par ailleurs, je signale à l'aimable assemblée ici présente — et dans la mesure où je crois qu'elle s'intéresse un peu à la vie de l'Institut d'études politiques de Paris — que M. Dominique Reynié, candidat à la succession de feu Richard Descoings, est favorable au rétablissement d'une épreuve de culture générale lors du concours d'entrée à l'Institut (plus que ça, il propose, s'il est élu, de la rétablir complètement).

Je ne savais pas cela, quelle bonne nouvelle !

N'est-ce pas le plus sérieux candidat à la succession de feu R.D. ?
Toujours plus de droits, toujours moins de devoirs.
Citation
Pierre-Marie Dangle
Un merveilleux "argumentaire" de la FCPE sur ce sujet :[www.fcpe.asso.fr]

"L’Ecole ne doit pas être un lieu d’effort"...malheur...
Cher Christophe Rivoallan, les candidats à la succession de feu Richard Descoings sont quatre : Hervé Crès, Administrateur provisoire de l'IEP ; Dominique Reynié, professeur à SciencesPo ; Jean-Michel Blanquer, Directeur général de l'enseignement scolaire au Ministère de l'Education Nationale et Gilles Andreani de la Cour des Comptes (oh the irony !). Tout le monde est d'accord pour dire que les deux Messieurs qui ne sont pas « de la maison » n'ont aucune chance. Officieusement, Crès est déjà élu (et il est dans la pleine ligne Descoings...). Ma préférence va aussi à Dominique Reynié, beaucoup plus charismatique.
Mesure stupide et inefficace : le Gouvernement compte-il empêcher les parents qui le veulent de faire travailler leurs enfants le soir ?

Il existe tout un ensemble d'exercices "à portée de clic". Les parents attentifs à l'éducation de leurs enfants vont puiser parmi eux.
En Suède, une illustration par l'absurde de l'abaissement égalitariste :

[www.thelocal.se]
Je suis assez surpris de la proposition de France info :

[www.franceinfo.fr]

Faire de jeunes gens issus du 93 des professeurs qui travailleraient dans le 93 afin que les enfants du 93 aient des professeurs qui...qui quoi ? qui les comprennent mieux ? qui s'occupent mieux d'eux ?

Ce grégarisme assumé est étrange ne trouvez-vous pas ?
Vincent Peillon : "Aucun enfant ne sera hors de l'école avant 16h30"

LE MONDE

Mardi 9 octobre, le chef de l'Etat a refermé les trois mois de concertation et énoncé ses priorités pour l'école. Le ministre de l'éducation, Vincent Peillon, sa feuille de route en main, expose dans une interview exclusive au "Monde" sa méthode et son calendrier pour mettre en œuvre la refondation de l'école.

Du discours de François Hollande, l'opinion retient la fin des devoirs à la maison. Qu'est-ce que cela dit de notre société ?

Vincent Peillon : Ce n'est pas le seul sujet retenu, et heureusement! Si celui-là a particulièrement marqué, c'est sans doute parce qu'il montre concrètement qu'un projet pour l'école est, comme l'a dit le président de la République, un projet de société. Parce que nous souhaitons une société juste, nous voulons une école qui offre à tous les mêmes chances de réussite. Cela passe par le fait d'accompagner tous les élèves dans leur travail personnel, plutôt que de les abandonner à leurs ressources privées, y compris financières, comme c'est trop le cas aujourd'hui.

On aurait aussi pu retenir les efforts que nous allons produire pour améliorer les résultats des élèves dès le début de la scolarité obligatoire, ou l'"orientation choisie", cette idée qu'un enfant doit construire son parcours plutôt que de le subir, avec l'expertise et les conseils avisés de ses enseignants et des professionnels de l'orientation, mais aussi avec sa famille. C'est une question de justice: aujourd'hui, on n'oriente pas de la même manière les élèves selon leur milieu social. Mais c'est aussi une question d'efficacité économique et de cohésion sociale.

Ces faiblesses de notre orientation provoquent un grand gâchis humain, c'est la raison de beaucoup de décrochages, mais aussi économique, puisque beaucoup de métiers peinent à recruter. Le service public territorialisé de l'orientation porte cette ambition [en lien avec les régions].

Vous avez désormais votre feuille de route. Comment allez-vous la mettre en œuvre ?

La concertation a permis de partager un diagnostic et de dégager des propositions. Il faut désormais concrétiser un certain nombre d'avancées dès la rentrée 2013 et poursuivre dans la durée une action résolue.

Ce matin, j'ai exposé au Conseil supérieur de l'éducation le calendrier qui doit être le nôtre. Lundi, j'ouvrirai des discussions approfondies avec les syndicats d'enseignants, les collectivités locales, les représentants de parents d'élèves, les associations et mouvements d'éducation populaire.

J'expliquerai nos choix, j'écouterai leurs avis, j'enrichirai ma réflexion des leurs. A la fin de la semaine, à l'issue de ces rencontres, s'ouvriront les discussions interministérielles. Si l'on veut que la loi d'orientation et de programmation sur l'école soit examinée en conseil des ministres avant Noël, nous devons la transmettre aux différentes instances consultatives, début novembre.

Qu'y aura-t-il dans cette loi ?

L'intérêt d'une loi d'orientation, c'est qu'elle nous permet, au-delà de ce qui ressort strictement du domaine législatif, de fixer les objectifs à moyen terme et d'expliquer l'esprit qui préside à notre action commune. La représentation nationale doit aussi se prononcer sur les instruments qui permettront dans la durée cette refondation de l'école : c'est pourquoi figureront, notamment dans la loi, la création des écoles supérieures du professorat et de l'éducation [en remplacement des IUFM] et celle des instances d'élaboration des programmes et d'évaluation de l'école.

Les programmes comme le contenu du socle commun doivent en effet changer. Ce sera le rôle d'une instance placée auprès du ministre et qui comprendra des gens de terrain, des universitaires... Quant à l'évaluation de notre système éducatif, nous avons besoin d'un organisme indépendant, irréprochable. Et puis il faudra aussi un institut des hautes études de l'éducation nationale pour que la connaissance de l'école soit partagée avec toute la nation.

La loi de programmation permettra de sanctuariser les moyens afin que l'école ne soit plus une variable d'ajustement budgétaire et que l'on puisse agir dans la durée.

La rentrée 2013 sera la première rentrée de gauche ; qu'est-ce qui va changer ?

Les écoles du professorat et de l'éducation accueilleront, dès septembre, les futurs professeurs et personnels de l'éducation. Nous aurons la première génération de professeurs ayant une entrée progressive dans le métier, avec seulement six heures devant les élèves.

Dès cette année également, la priorité accordée au primaire se traduira par la relance de la scolarisation des enfants de moins de trois ans dans les zones difficiles, les débuts de l'application du "plus de maîtres que de classes" et, bien sûr, par la réforme des rythmes.

Comme l'a annoncé le chef de l'Etat, la semaine comptera quatre jours et demi. La journée de classe sera allégée et mieux articulée avec les temps périéducatifs, qui comprendront l'aide aux devoirs – qui se feront désormais à l'école –, ainsi que des activités culturelles et sportives. Aucun enfant ne sera hors de l'école avant 16h30. Et toutes les ressources doivent être mobilisées pour garantir à tous, sur tous les territoires, y compris les moins riches, une prise en charge périéducative de qualité : Etat, collectivités, caisses d'allocations familiales et –pourquoi pas – fondations d'entreprise participeront à son financement.

Par ailleurs, le service public territorialisé de l'orientation prendra forme dans les régions tandis que la grande ambition numérique à l'école que nous portons commencera à se déployer.

Nous donnerons plus de responsabilités aux collectivités locales et nous permettrons aux équipes éducatives de pouvoir mieux développer leurs initiatives, favorisant en particulier les projets permettant une meilleure articulation entre niveaux d'enseignement.

Les nouvelles orientations pédagogiques retenues par le président – devoirs du soir faits à l'école, évaluation des élèves plus constructive, limitation du redoublement – devront progressivement entrer dans les pratiques.

Et ensuite... Quelle école la refondation aura-t-elle dessiné en 2017 ?

Le temps de l'éducation est un temps long. La loi est un moment essentiel, mais ne résume pas à elle seule la grande tâche que nous devons conduire. La refondation, ce sont des réformes immédiates, une ambition de moyen terme et un profond changement dans les mentalités, qui prendra nécessairement du temps.

Si l'on prend l'exemple du numérique : dès 2013, nous aurons créé des contenus pédagogiques nouveaux, amélioré le raccordement et l'équipement des écoles et permis aux parents un meilleur suivi de leur enfant par Internet.

Pour que tous les enseignants soient formés, pour qu'une industrie nationale de production de contenus pédagogiques numériques voie le jour et qu'un service public de l'aide aux devoirs soit en ligne pour les élèves du secondaire, nous nous fixons l'objectif du quinquennat.

D'autres chantiers vont être ouverts. La question essentielle des programmes est devant nous, comme l'articulation du lycée et des études supérieures. Nous aurons à reparler du temps de l'année scolaire comme du baccalauréat. Il en va de même pour l'éducation artistique ou l'enseignement de la morale laïque. J'ouvrirai aussi le chantier qui concerne les évolutions du métier d'enseignant.

Retenez-vous cette idée issue de la concertation qu'un enseignant en début de collège peut enseigner deux disciplines ?

Nous pouvons créer du lien entre le CM2 et le collège en développant la coopération entre les établissements, l'échange de services, le travail en commun... Mais agiter le chiffon rouge de la remise en cause des identités disciplinaires à un moment où les professeurs vivent légitimement une crise de confiance, blesser les acteurs dont nous avons le plus besoin pour avancer n'a pas beaucoup de sens. C'est le contraire de ma démarche qui veut le respect pour chacun et la construction d'une volonté partagée qui entraîne et responsabilise tous les acteurs.

En revanche, il faut travailler autrement sur les carrières. Un enseignant devrait pouvoir devenir chef d'établissement, inspecteur, former les jeunes enseignants, avoir des responsabilités de coordination et continuer à enseigner, ou revenir à l'enseignement sans perdre ses avancées de carrière. Je veux ouvrir une réflexion ambitieuse sur le cadre d'emploi avec un principe: n'oublions jamais que le cœur du métier, c'est la rencontre entre un maître et un élève, c'est cela le plus difficile et le plus précieux.

A court terme, allez-vous supprimer les zones d'éducation prioritaires, les ZEP, c'est-à-dire détricoter ce que la gauche à mis en place en 1982...

On ne peut pas faire le constat de l'accroissement des inégalités – des évictions, de la concurrence et de la ségrégation – entre les établissements, et s'accrocher a des mécanismes qui ne font pas leurs preuves.

En France nous donnons plus à ceux qui ont plus. C'est vrai dans le système universitaire, c'est vrai aussi dans le système scolaire. La Cour des comptes vient de le rappeler avec force, et une certaine cruauté. Nous devons en tenir compte. La République ne peut pas l'accepter.

Et cela peut se faire au moyen d'une "aide" apportée directement aux établissements en fonction de leurs spécificités territoriales, scolaires et sociales. Bien entendu, et je veux rassurer tous ceux qui se dévouent aujourd'hui dans les écoles et établissements de l'éducation prioritaire, cela s'accompagnera d'un dispositif de pilotage et d'animation pour venir en appui aux équipes éducatives dans les établissements en difficulté.

Et pour que cela marche, le chef de l'Etat a rappelé que les volontaires pour y enseigner bénéficieraient d'améliorations de leurs conditions de travail. Il ne s'agit pas d'abandonner les territoires en difficultés, mais exactement de l'inverse, et j'associerai à cette nouvelle politiques tous les acteurs.

Par ailleurs, nous devons reconstruire une carte scolaire, l'assouplissement de cette dernière ayant aggravé les difficultés. Il revient à l'école de la République de bâtir du commun entre les enfants de France. Pour cela il ne faut pas craindre d'organiser la mixité scolaire et sociale. C'est une erreur de considérer que l'excellence de quelques uns doit se construire sur l'échec des autres. C'est l'inverse. La réussite de tous doit permettre au contraire de mieux recruter nos élites.

Le chef de l'Etat se veut le garant que tous les enfants du pays maîtrisent le socle commun de connaissances et de compétences. Quel socle ? Les deux grandes fédérations ne sont pas d'accord sur sa définition. En faveur de qui allez-vous trancher ?

Je n'aborde pas ce sujet essentiel en ces termes. La vraie question est de savoir ce que nous voulons transmettre à tous nos enfants. Il ne s'agit surtout pas de le penser comme un minimum, mais tout au contraire un ensemble constituant pour tous un tremplin pour des études futures, quelles qu'elles soient. Je veux que l'on continue d'élever le niveau de connaissance, de culture, les compétences de tous. Je vois là non une capitulation ou une soumission à des exigences du marché, mais au contraire une exigence à mettre en œuvre.

Sur cette base, nous pouvons nous rassembler. Par contre, et nous avons déjà pris des décisions de simplification, nous reviendrons sur le livret personnel de compétences et nous rendrons cohérent, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, cette approche aves les programmes et avec le brevet.

Et pourquoi réussiriez-vous là où tous vos prédécesseurs ont échoué ?

Il me semble que pour réussir il faut avoir une idée claire de ce que l'on veut, c'est-à-dire des convictions et un idéal. Il faut que vos interlocuteurs sentent que vous êtes animé d'abord par l'amour de l'école – j'ose le mot –, l'amour des élèves, des professeurs, de la connaissance et de la transmission, ce qui commande un respect pour chacun mais ce qui autorise aussi une exigence à l'égard de tous.

Sans doute n'est-il pas inutile non plus de connaître un peu l'histoire de l'école, qui se confond avec celle de la République, et aussi sa réalité présente, complexe, nuancée. L'homme d'école que je suis a la chance que beaucoup de mes prédécesseurs n'ont pas eu: servir sous un président qui a fait de l'école sa priorité, partager avec lui, avec le premier ministre et le gouvernement une certaine idée de la France et de la responsabilité politique qui est inséparable d'une grande ambition pour notre jeunesse et pour l'école de la République.
Vincent Peillon : "Aucun enfant ne sera hors de l'école avant 16h30"

Encore heureux.

Je ne me souviens pas d'être parti avant cette heure-là quand j'étais écolier.
Tellement de choses à dire...

"plutôt que de les abandonner à leurs ressources privées" : des parents qui éduquent leur enfant par exemple ?

"cette idée qu'un enfant doit construire son parcours plutôt que de le subir" : dès 6 ans ? je dois mal comprendre.

"permis aux parents un meilleur suivi de leur enfant par Internet." ???

"Il revient à l'école de la République de bâtir du commun entre les enfants de France." Cela va être difficile pour des enfants qui, de plus en plus, n'ont quasi rien en commun.

"C'est une erreur de considérer que l'excellence de quelques uns doit se construire sur l'échec des autres. C'est l'inverse." Vieille lune.

"Je veux que l'on continue d'élever le niveau de connaissance, de culture, les compétences de tous." Continuer (verbe transitif et intransitif) Ne pas interrompre, faire durer, prolonger. [v.i.] Ne pas s'arrêter, perdurer.

"l'amour des élèves, des professeurs, de la connaissance et de la transmission, ce qui commande un respect pour chacun mais ce qui autorise aussi une exigence à l'égard de tous." Jolie phrase

"Sans doute n'est-il pas inutile non plus de connaître un peu l'histoire de l'école..." Effectivement

"... qui se confond avec celle de la République" Pas que.

"une certaine idée de la France" Oui, mais laquelle ?
J'ai appris à lire, à écrire et à compter grâce à mon père et à la maison et j'espère bien que nombre d'enfants pourront encore faire cela.
Citation
Jean-Michel Leroy
J'ai appris à lire, à écrire et à compter grâce à mon père et à la maison et j'espère bien que nombre d'enfants pourront encore faire cela.

C'est inégalitaire apparemment. D'ici peu, cela tombera sous le coup de la loi.
"Par ailleurs, le service public territorialisé de l'orientation prendra forme dans les régions tandis que la grande ambition numérique à l'école que nous portons commencera à se déployer."
Voilà une belle idiotie.
Les enfants n'ont pas besoin de l'école pour savoir se servir d'un ordinateur et d'internet. Ils ont besoin de l'école pour ne pas s'en servir, pour ouvrir un livre, prendre le temps d'écrire à la main, de se relire, d'apprendre par coeur, d'approfondir, toutes choses que les nouvelles technologies encouragent à ne pas faire.
Peillon est de cette génération qui croit encore que l'informatique pose un problème aux enfants, parce qu'il n'est pas tout à fait à l'aise avec. Ces nouvelles générations n'ont de problème qu'avec le savoir, la mémoire, la lecture, l'écriture, le calcul, le raisonnement, le vocabulaire, l'orthographe, la syntaxe, l'histoire, l'espace, etc. pas avec l'informatique.
Et que leur donne-t-on ? Plus d'informatique !
Imbécile !
Cher Virgil, je suis assez d'accord avec vous mais nuancerais votre propos en disant que, certainement, manquent à l'école de vrais cours d'informatique ; des cours où l'on apprendrait à ne pas divulguer tout et n'importe quoi en ligne, où l'on apprendrait à faire de la mise en page etc. Le gros problème, c'est que la plupart des adultes sont beaucoup moins doués en informatique basique que la plupart des adolescents...
Citation
Jean-Michel Leroy
Cher Christophe Rivoallan, les candidats à la succession de feu Richard Descoings sont quatre : Hervé Crès, Administrateur provisoire de l'IEP ; Dominique Reynié, professeur à SciencesPo ; Jean-Michel Blanquer, Directeur général de l'enseignement scolaire au Ministère de l'Education Nationale et Gilles Andreani de la Cour des Comptes (oh the irony !). Tout le monde est d'accord pour dire que les deux Messieurs qui ne sont pas « de la maison » n'ont aucune chance. Officieusement, Crès est déjà élu (et il est dans la pleine ligne Descoings...). Ma préférence va aussi à Dominique Reynié, beaucoup plus charismatique.

Pensez-vous que les réformes à la Descoing pourraient, à plus ou moins court terme, ternir le prestige de l'IEP Paris au profit des instituts similaires installés en province, voire au profit de certains départements d'université, proposant des formations de même type ?
Citation
Virgil Waldburg
"Par ailleurs, le service public territorialisé de l'orientation prendra forme dans les régions tandis que la grande ambition numérique à l'école que nous portons commencera à se déployer."
Voilà une belle idiotie.
Les enfants n'ont pas besoin de l'école pour savoir se servir d'un ordinateur et d'internet. Ils ont besoin de l'école pour ne pas s'en servir, pour ouvrir un livre, prendre le temps d'écrire à la main, de se relire, d'apprendre par coeur, d'approfondir, toutes choses que les nouvelles technologies encouragent à ne pas faire.
Peillon est de cette génération qui croit encore que l'informatique pose un problème aux enfants, parce qu'il n'est pas tout à fait à l'aise avec. Ces nouvelles générations n'ont de problème qu'avec le savoir, la mémoire, la lecture, l'écriture, le calcul, le raisonnement, le vocabulaire, l'orthographe, la syntaxe, l'histoire, l'espace, etc. pas avec l'informatique.
Et que leur donne-t-on ? Plus d'informatique !
Imbécile !

S'ajoute à votre constat, fort juste, la fameuse question du temps et des priorités !
Il est absurde d'allonger ainsi la liste des "choses à faire". Cela équivaut à faire passer à la trappe des enseignements plus fondamentaux, soit le français, les mathématiques, l'histoire, les sciences et les arts.

De plus, un esprit bien formé grâce à son esprit critique, sa culture, saura, a priori, discerner ce qui, dans la prolifération de l'internet, relève de la bêtise, du vent, des modes.
Tout comme un bon lecteur pourra opérer une lecture critique.

Ces histoires de culture numérique me semblent des fadaises. Encore un arbre qui cache la forêt !

Je me demande même si cela existe "la culture numérique" sinon comme objet d'étude pour quelques sociologues ... Ou psychiatres, d'ailleurs !
Chère Véra, la question qui se pose actuellement, en cette période de succession de feu Richard Descoings à la direction de l'IEP de Paris, est celle de savoir si ses réformes seront a) maintenues, b) approfondies, c) contestées et abandonnées dans un mouvement de retour en arrière. Un candidat comme Dominique Reynié a choisi, du moins sur un sujet qui intéresse certainement tous les contributeurs de ce Forum : la culture, la position c) puisqu'il veut rétablir une épreuve “de culture générale” à l'examen d'entrée.

Pour ce qui est du prestige de l'Institut, tout dépend des personnes concernées. Aux élèves on bourre le crâne en leur expliquant quels génies ils sont en étant à SciencesPo ; le bon peuple reste impressionné par le nom de ce qu'on lui présente notamment dans les médias comme l'école des élites (à défaut d'être celle de l'élite...) ; les “nouveaux publics” de ZEP sont bien contents de faire leur entrée (soi-mêmiste, cela va sans dire) à l'IEP et ne mesurent de toute façon pas la perte de prestige de SciencesPo auprès des gens cultivés qui peuvent comparer son état actuel à un état antérieur (ces gens cultivés pouvant, comme notre hôte, être passés par l'Institut et être alors d'autant mieux placés, s'ils sont honnêtes, pour juger de la catastrophe).

Quant aux IEP de province... Disons que le député vient de SciencesPo Paris et que l'attaché parlementaire vient d'un IEP de province. (En réalité,c'est bien plus complexe car SciencesPo Paris a aussi des campus délocalisés en province et qu'un IEP comme celui de Lille a des avantages que n'a pas celui de Paris...) Paris, c'est les rencontres et les réseaux.
Sciences-Po n'a jamais eu le prestige intellectuel attaché aux écoles normales supérieures ou à l'école des Chartes. Son prestige vient/venait du fait qu'elle était l'école de préparation à l'exercice du pouvoir politique.

Comme chacun sait, l'institution a été créée après la défaite de 1870 et la Commune de Paris qui ont été comprises dans les milieux intellectuels comme la conséquence de la faillite de la formation des « élites ». (cf. Pierre Favre, Naissances de la science politique en France, 1870-1914, Fayard, 1989, p. 91-92)

Ainsi, dans son ouvrage de 1871 sur La réforme intellectuelle et morale , Ernest Renan écrivait que « Dans la lutte qui vient de finir l'infériorité de la France a été surtout intellectuelle ; ce qui nous a manqué, ce n'est pas le cœur, c'est la tête. L'instruction publique est un sujet d'importance capitale ; l'intelligence française s'est affaiblie ; il faut la fortifier. (..). Le manque de foi à la science est le défaut profond de la France ; notre infériorité militaire et politique n'a pas d'autre cause ; nous doutons trop de ce que peuvent la réflexion, la combinaison savante. Notre système d'instruction a besoin de réformes radicales ; (…) C'est surtout dans l'enseignement supérieur qu'une reforme est urgente. (..) ». Renan proposait de « supprimer (..) les écoles spéciales, École polytechnique, École normale, etc., institutions inutiles quand on possède un bon système d'universités, et qui empêchent les universités de se développer. », afin de « Former par les universités une tête de société rationaliste, régnant par la science, fière de cette science et peu disposée à laisser périr son privilège au profit d'une foule ignorante ».

Ami de Taine, Emile Boutmy, qui doit à ses relations une chaire d’histoire des civilisations à l’Ecole spéciale d’architecture, lance en 1871 Quelques idées sur la création d’une faculté libre d’enseignement supérieur, essai qui est fondé sur le constat suivant : « C’est l’université de Berlin qui a triomphé à Sadowa, on l’a dit avec une raison profonde ; et il faudrait être aveugle pour ne pas voir l’ignorance française derrière la folle déclaration de guerre qui nous a conduits où nous sommes ».

La même année Boutmy parvient à créer L’Ecole libre de sciences politiques qui devient rapidement une véritable école professionnelle d’administration qui doit former une élite à même de résister aux faiblesses du corps législatif.
« Le rôle des leaders, la crise de l’autorité, les moyens permettant de la restaurer sont au cœur des enseignements de cette école destinée à former une élite d’Etat (...). Les enseignements sont largement historiques, pratiques, comparatifs. Des modèles étrangers, dont le modèle américain, y sont pris en exemple s’agissant de l’organisation politique et administrative à adopter. La méthode expérimentale y est promue quant à l’étude des faits administratifs ; des analogies y sont faites entre les entreprises privées et les administrations publiques. Le rôle d’une élite, la nécessaire autorité et responsabilité du chef sont mis en avant (..) L’autonomie nécessaire de l’administration est soulignée par la plupart des enseignants (…) » (Corinne Delmas, « L’émergence d’une rationalité gestionnaire au sein des doctrines administratives et des enseignements de l’École libre des sciences politiques à la fin du XIXè siècle » in Philippe Bezes, Florence Descamps, Sébastien Kott, Lucile Tallineau (dir.), L’invention de la gestion des finances publiques. Élaborations et pratiques du droit budgétaire et comptable au XIXè siècle (1815-1914), Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2010, p. 320)

Après la création de l'ENA en 1945 et la transformation de l'Ecole libre en Institut d'études politiques, des IEP de province ont été créés dans le but d'éviter que Sciences-Po Paris n'ait le monopole de l'accès à la haute fonction publique.

L'échec patent vient du fait que les enseignants de Sciences-Po sont pour l'essentiel de hauts fonctionnaires d'un niveau bien supérieur à ceux qui enseignent dans les IEP de province.

Descoings a voulu transformer Sciences-Po Paris en une "université à l'américaine" et en une "business school", mais il a veillé à ne jamais sacrifier la fonction première de l'Institut qui était d'être l'anti-chambre du pouvoir politique (ENA et presse (il a même créé une "école de journalisme" faisant concurrence à celle de Lille)).

Normale sup Ulm a créé il y a quelques années une "prép'ENA" qui concurrence un peu celle de "Pipo", en s'adjoignant les compétences d'anciens élèves de l'Institut et de l'ENA, mais les Instituts de province ne parviendront jamais à égaler celui de Paris parce qu'ils n'ont pas le vivier de hauts fonctionnaires suffisant et parce qu'ils font appel à des universitaires qui n'ont pas été formés à la préparation aux concours administratifs dont ils ignorent toutes les règles (alors surtout que les règles d'affectation des universitaires juristes entre Paris et la province correspondent à celles qui s'appliquent au sein de la haute administration (après un détour obligé par la province (qui n'est pas imposée aux hauts fonctionnaires), la mutation à Paris accompagne la promotion de l'universitaire). De ce fait les meilleurs étudiants de province continueront à aller à Paris et contribueront au "prestige" de l'Institut, école de pouvoir.

Mais comme le pouvoir n'est peut-être plus dans l'Administration mais dans les entreprises, peut-être que le projet de Descoings était fidèle à l'idée fondatrice de Boutmy...
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