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Communiqué n° 1455 : Sur le prix Nobel de la Paix à l’Union européenne

Communiqué n° 1455, vendredi 12 octobre 2012
Sur le prix Nobel de la Paix à l’Union européenne

Le parti de l’In-nocence félicite l’Union européenne pour le prix Nobel de la Paix qu’elle vient de recevoir et qu’elle mérite pleinement pour les relations pacifiques qu’elle a su instaurer entre ses États membres depuis plus d'un demi-siècle. Il se réjouit de cette distinction qui le confirme, s’il en était besoin, dans son attachement à la construction européenne et à son renforcement, qu'il souhaiterait voir plus étroitement lié à la culture et plus résolument en harmonie avec la civilisation commune à l’ensemble des nations du continent, telle qu'elle s'est développée à partir de ses racines celtes, juives, gréco-latines, chrétiennes et libre-penseuses.

Le parti de l’In-nocence est bien loin d’approuver la politique qui a été celle de l’Union européenne au cours de son histoire, en particulier sur la question de l'immigration. Mais les très graves menaces qui pèsent sur l'identité du continent et de la plupart des pays qui en relèvent, du fait de la colonisation et du changement de peuple en cours, lui semblent une raison de plus pour renforcer les liens entre les États membres de l'Union. Il souhaiterait que ce soit dans un esprit d’inspiration confédérale et pour une politique qui devrait être, de son point de vue, résolument différente, grâce au renforcement des opinions et des partis hostiles au Grand Remplacement. Celui-ci est un drame dont les dimensions sont européennes : c’est en partie à l'échelle européenne que doivent lui être trouvées des issues.
Je suis en total désaccord avec ce Communiqué.
Comment peut-on écrire cela quand on voit, en tant d'autres domaines, le réel sous l'idéologie ? L' U.E. est le Grand Remplacement.
Pas plus que le gouvernement français. Vous êtes contre l’État français ? Il faut que les partis antiremplacistes européens s’emparent de la machine européenne et en changent radicalement le cours, comme les partis antiremplacistes français doivent arriver au pouvoir en France et changer la politique de la France.
Nous avons débattu de ce type d'analogie ici, et je tiens tout à fait pour la position de Jérôme Reybaud. L'État français n'a pas été créé pour détruire la souveraineté du peuple français. (Voyez par exemple La faute de M. Monnet de Chevènement).
D'accord avec Renaud Camus.
Il faut qu'effectivement, en France comme en Europe, nos idées fassent leur lit et arrivent in fine à supplanter celles qui mènent le bal aujourd'hui, c'est à dire celles de nos soi-disant Européens Convaincus qui aiment à s'auto-proclamer comme tels - moi j'y entends toujours Cons-Vaincus - lesquels ne sont d'ailleurs pas convaincus de grand chose quand on voit leur peu d'appétence pour les valeurs fondatrices de l'Europe!
Encore impensable il y a encore quelques années l'idée (fausse) que la paix dont l'Europe bénéficie depuis 1945 serait dûe à la contruction européenne vient d'être entérinée par ce prix nobel.

La Nomenklatura mondialiste s'auto-félicite.

La paix en Europe est essentiellement le résultat de la victoire et de l'occupation américaine resp. soviétique cad au bouclier protecteur étatsunien à l'ombre duquel la construction européenne a pu avoir lieu.
Peut-être est-ce l'UE en tant qu'organisation humanitaire qui a été récompensée.
Remarques :

Pourquoi les racines juives sont-elles placées avant les racines gréco-latines ?
N'est-ce pas plutôt la paix qui a permis la création de l'Union Européenne ?
Bravo, cher Gérard Rogemi, vous avez résumé, en peu de mots, ce que je pense à ce sujet et m'avez épargné ainsi un développement fastidieux. Sans les Etats-Unis d'Amérique, il n'aurait pas eu de paix en Europe.
Citation
Jean-Michel Leroy
Remarques :

Pourquoi les racines juives sont-elles placées avant les racines gréco-latines ?
...

Il s'agit peut-être de respecter quelque ordre chronologique.

En revanche, dans ce passage précis du communiqué, la contribution des libres-penseurs* me paraît être confondue avec celle ô combien précieuse des penseurs libres (d'ailleurs ceux-ci sont souvent à l'opposé de ceux-là quant au respect sincère de la liberté).

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* De l'anglais free thinker -- 1656.
Citation
N'est-ce pas plutôt la paix qui a permis la création de l'Union Européenne ?

Evidemment c'est l'antériorité de la paix (américano-soviétique) qui a ensuite permis la création de UE.

Mais il ne faut pas oublier la prise en compte de deux élements fondamentaux: je veux dire d'une part l'écrasement définitif de l'Allemagne et d'autre part l'anéantissement de la puissance politico-militaire des anciennes nations dominatrices - Royaume-Uni et la France - qui durent renoncer à toute ambition géo-stratégique.
"Encore impensable il y a encore quelques années l'idée (fausse) que la paix dont l'Europe bénéficie depuis 1945 serait dûe à la contruction européenne vient d'être entérinée par ce prix nobel.

La Nomenklatura mondialiste s'auto-félicite."

Entièrement d'accord. C'est un peu comme si un comité issu de l'université d'al Azhar décernait le prix des droits de l'homme à l' OCI.

D'aileurs je pense que l' UE a laissé se créer en Europe les conditions de nouvelles formes d'affrontements meurtiers, à commencer par des guerres civiles ethniques, bien plus sûrement qu'elle n'a contribué à mettre fin à la guerre classique entre nations étrangères membres de l'Union, lesquelles n'ont nul besoin de l'Europe pour préférer la paix à la guerre après tous les conflits sanglants qu'elles ont subis coup sur coup en trente ans .
D'aileurs je pense que l' UE a laissé se créer en Europe les conditions de nouvelles formes d'affrontements meurtiers, à commencer par des guerres civiles ethniques, bien plus sûrement qu'elle n'a contribué à mettre fin à la guerre classique entre nations étrangères membres de l'Union, lesquelles n'ont nul besoin de l'Europe pour préférer la paix à la guerre après tous les conflits sanglants qu'elles ont subis coup sur coup en trente ans .

Certes ! Et il se pourrait bien que l'avenir nous réserve des surprises gratinées. On reparlera peut-être alors de ce prix Nobel...
Citation
Certes ! Et il se pourrait bien que l'avenir nous réserve des surprises gratinées. On reparlera peut-être alors de ce prix Nobel...

Et tragiquement cette guerre civile à venir a été prévue de longue date et ce ne sont pas les avertissements et les exhortations qui ont manqué..

Mais comme ce prix nobel le démontre les élites systémiques aux commandes en occident ne veulent rien voir, rien comprendre, rien n'admettre.

Le train fou fonce dans la nuit et roule inexorablement vers sa perte ....
La guerre civile a déjà commencé ... dans les banlieues islamisées.
« Vous êtes contre l’État français ? » Renaud Camus

Il est, sans doute, de bonne stratégie de concentrer le feu sur un seul objectif, le grand remplacement. Ce qui doit être multiplié, ce sont les arguments qui accusent le grand remplacement, pas les sujets. Il est déjà assez difficile de briser un seul tabou pour ne pas en ajouter un autre, le machin européen, aussi étroitement lié soit-il au premier. Le tabou remplaciste commence à se fissurer, les arguments nouveaux apportés contre lui par le PI (remplacés parce que remplaçables) pourraient le faire éclater. Il ne faudrait pas qu'un autre tabou, le machin européen que la crise renforce (la fuite en avant de l'oligarchie que couronne le prix Nobel) autant qu'elle l'affaiblit (les indignés), ne sauve le premier. Renaud Camus a raison : la sortie de l'euro, par exemple, fait peur et la construction de l'Europe contre les nations est identifiée à la paix.

Néanmoins, suffit-il que des sentiments européens soufflent enfin dans les couloirs du machin européen pour que ledit machin deviennent enfin une institution européenne ? Pourquoi, à moins d'être jacobin, ne pourrait-on pas, sous quelques points de vue, être contre l'État français ou celui de l'Europe ? La France ou l'Europe ne sont pas l'État, et l'État peut travailler contre elles ou, disons, une part d'elles-mêmes. Les États, écartant les princes, ont dressé les nations contre les peuples et les pays, avant que l'Union européenne, écartant les États, ne dresse l'homo oeconomicus contre les nations.

Ne pas paraître publiquement ennemi de l'Union eurpéenne est une chose, ne pas envisager la réforme radicale de la machine remplaciste est autre chose. D'ailleurs, pour rester dans la stratégie tout en préparant l'indispensable réforme, proposer une autre Europe n'est pas tourner le dos à l'Europe : attaquer la monnaie unique effraie, par contre, promouvoir notre future monnaie commune, chanter notre paix européenne, oser pointer les nuages sombres qui s'accumulent dans notre ciel azur, redécouvrir notre antique communauté de civilisation, notre Hellade, seraient porteur d'espoir.
« C'est à l'idée d'union européenne qu'il aurait fallu décerner ce prix. » (Dupont-Aignan sur Public Sénat hier soir)
"par contre, promouvoir notre future monnaie commune, chanter notre paix européenne, oser pointer les nuages sombres qui s'accumulent dans notre ciel azur, redécouvrir notre antique communauté de civilisation, notre Hellade, seraient porteur d'espoir."
Entièrement d'accord.
J'aime beaucoup cette idée que l'Europe d'Avant était une sorte d' Hellade.
Je n'ai pas très bien compris le projet de l'U.E. : garantir paix et prospérité (matériel, donc) ou incarner et diffuser les Droits de l'homme (projet spirituel) ?
Selon la façon dont on définit ou l'on perçoit ce projet, la position du P.I. varie peut-être...
En 99 sacrifice de la Serbie sur l'autel de l'Europe des Droits de l' homme lancée par le traité d'Amsterdam et soutien actif à l'islamisation du continent. Puis dégringolade économique sur fond de djihadisme et fin 2012 prix de consolation dit "Nobel de la paix" afin de convaincre les peuples que même islamisés jusqu'à l'os et réduits à bouffer de la vache enragée ils auront toujours gagné au change. A quand l'oscar du meilleur film de fiction politique ?
Qui, diable, ira chercher ce prix ?

L'Europe, l'idée d'Europe est une belle et bonne chose, la manière dont elle est devenue une machine technocratique, le plus froid des monstres froids, n'en est pas une.
L'Union européenne, "une machine technocratique, le plus froid des monstres froids"... Dans l'URSS stalinienne, vrai monstre froid, il n'y avait ni Parlement élu démocratiquement au suffrage universel, comme l'est le Parlement européen, ni chambre composée de représentants, démocratiquement élus au niveau national, des Etats membres, comme l'est le Conseil de l'UE, ni exécutif choisi par les deux "chambres" précitées (Parlement et Conseil) et responsable devant elles, comme l'est la Commission européenne, ni processus de co-décision associant les deux "chambres", comme c'est le cas au sein de l'UE puisque la co-décision Parlement / Conseil est désormais de règle, la décision du Conseil ne prévalant qu'à titre d'exception.
En passant par là.

Contribution critique sur l'Europe

Cette question n'est pas secondaire, elle est au cœur des contradictions du P.I., par insuffisance de réflexion de fond et de prise en compte de ce qui advient, à mon sens. On ne peut éternellement écrire des communiqués sur le modèle du n° 1040 et sur celui du n°1436, pour ne prendre que deux exemples.

Seule une crispation doctrinale sur un intangible délivré une fois pour toutes (le livre du P.I. serait-il incréé ?) explique ce fait ; où l'on retrouve l'impasse dans laquelle se trouve le P.I. en tant que parti, et son possible devenir secte — sauf profonde réforme interne. IMHO.

L'Union Européenne : comment pourrions-nous nous dégager si peu que ce soit du « lacis de textes et de traités » qui nous contraignent à rester « ville ouverte, sans défense » sans renégocier de fond en comble nos liens et accords avec la structure européenne actuelle ? Donc entraîner une mutation profonde d'icelle, des règles du jeu dit "européen", autant dire une renégociation complète de son objectif et de ses modalités à partir d'une reprise française ?

Comment peut-on dénoncer notre impuissance politique, toujours plus manifeste, « face à ce qui survient », et entériner l'abandon de toutes ou presque les prérogatives régaliennes à la "machine européenne" (à commencer par la plus grande part du pouvoir législatif) ? Comment proposer une "autre" politique si l'on ne doit disposer de presque aucun des moyens indispensables à sa mise en œuvre, camisole européenne oblige ?

Comment un supranational qui n'est en rien une résultante "naturelle", mais en tout une direction régionale du mondialisme, un bricolage hybride de fédération et de confédération, technocratique, a-démocratique, bref : un directoire technique et une structure d'approbation idéologique à prétention morale, comment pourrait-il nous "protéger" ou mettre en œuvre quelle que politique que ce soit qui veuille et permette que la France demeure ? Comment le vecteur de l'uniformisation technique jusque dans les détails les plus stupides pourrait-il contribuer si peu que ce soit à la sauvegardes des singularités les plus essentielles ?

C'est impossible, et c'est bien l'indispensable reconquête de notre souveraineté, nécessaire au renouveau de notre capacité politique, condition de possibilité de notre renouveau "tout court", c'est bien la reconquête du politique comme dimension de l'existence humaine aussi bien individuelle que collective, c'est ce souverain qui doit être le cœur d'une proposition politique renouvelée, ce sur quoi beaucoup peuvent se retrouver, bien au-delà des frontières traditionnelles.

Face au danger de disparition pure et simple, par dissolution autant que par submersion, l'heure est à la reconquête de notre espace politique, dans l'unité la plus large.

Paradoxe de l'U.E. : pour maintenir sa place et son rôle, pour se maintenir, la France, qui ne le pourrait plus par elle seule, devrait se dissoudre dans l'abstraction européenne en concédant sa vassalisation tous azimuts ! Cherchez l'erreur…

L'Europe est tout premièrement un fait culturel : c'est de là qu'il faut repartir.

Ce n'est qu'à cette condition que la dimension européenne, qui est civilisationnelle en premier et dernier lieu, pourra retrouver du sens, et participer effectivement à notre défense (immigration, économie, écologie, etc.). Après l'échec de l'intégration par l'économie — devenue dilution dans le marché global et la standardisation technique —, contre la très riche et très ancienne diversité de ce continent, il faut viser une unité non factice fondée sur le renouveau du dialogue au sein d'une communauté d'esprit entre peuples et destins, associant des singularités assumées dans le partage des racines, modèle déployé à tous les niveaux de l'organisation sociale, et d'abord favorisé chez chaque individu par les moyens de l'éducation, de la formation et de la culture.

C'est pourquoi sur ce point comme sur quelques autres, sans un profond aggiornamento des positions de ce parti, point de cohérence, point de pertinence, je le crains.
Che Didier, très heureuse de vous relire sur ce forum.
Cher Remi Pellet Pellet, ce que vous dites est sans doute bel et bon mais prouve s'il en était besoin que seul le cadre national permet aux peuples de "sentir" vivre la démocratie, de se sentir en démocratie. Au-delà elle n'est plus pour eux qu' abstraction et lettre morte.
Concernant les institutions politiques, quel que soit leur niveau d'exercice (national, local, supranational), il est d'usage de distinguer trois dimensions :
- les organes (on parlera de droit institutionnel) ;
- les compétences de ces organes (on parlera de droit "matériel") ;
- les politiques conduites par les organes dans leurs champs de compétences.

Si cette classification ne pose de problème à personne, nous pourrions nous y référer pour essayer de "localiser" nos désaccords.

1° Les institutions de l'UE :

J'en ai donné une brève description ci-dessus. Sont-elles démocratiques ou pas ? Si griefs il y a, que leur reproche-ton précisément en tant qu'institutions, c'est-à-dire de cadre démocratique, de "constitution" (il n'est pas question à ce stade des compétences, ni des politiques que ces institutions conduisent) ?

Cassandre me répond que ces institutions sont belles et bonnes, si j'ai bien compris, mais quelles ont pour défaut de n'être pas admises par les "peuples".

Ne faut-il pas alors considérer que ces institutions sont très jeunes et qu'il a fallu beaucoup de temps aux Etats-nations pour se former et être acceptés par les peuples, de sorte qu'il faudrait laisser le temps aux institutions européennes d'être comprises ?

Par ailleurs, j'observe que tous les partis "souverainistes" de droite comme de gauche admettent la nécessité d'institutions européennes. Je ne crois donc pas que l'UE soit mise en cause en tant qu'institution. Ce qui signifie que les peuples ne demandent pas le retour pur et simple aux Etats-nations.

Didier Bourjon considère lui que l'UE est "un bricolage hybride de fédération et de confédération, technocratique, a-démocratique, bref : un directoire technique et une structure d'approbation idéologique à prétention morale" : en quoi la structure que j'ai décrite plus haut est "a-démocratique" (un "monstre froid "pour parler la langue de Mme Véra) ? Le suffrage universel n'est-il pas la source de légitimité du Parlement et du Conseil tandis que la Commission est responsable politiquement devant ces institutions ?

2° Les compétences de l'Union européenne

Didier Bourjon prétend que l'Europe opère "une dilution dans le marché global et la standardisation technique" : or toutes les analyses, y compris celles qui viennent du camp le plus profondément anti-capitaliste (cf. les analyses précitées de Ch. Ramaux)- montrent qu'en Europe l'effet sur l'emploi des "privatisations" a été compensé par une extension d'autres formes d'administration publique (en France par les emplois des collectivités locales notamment) et que la privatisation des Etats-providence est une fable, les prélèvements obligatoires et les dépenses publiques qu'ils financent restant à un niveau considérable.

Didier Bourjon reproche à l'Europe d'être "le vecteur de l'uniformisation technique jusque dans les détails les plus stupides". Or, si l'UE est intervenue pour uniformiser la taille des mailles des filets de pêche ou "la libération de N-nitrosamines et de substances N-nitrosables par les tétines et les sucettes en élastomère ou caoutchouc" [www.contactalimentaire.com], ce n'est pas pour le plaisir de se ridiculiser ou d'emmerder les peuples européens de souche, c'est pour deux raisons (A et B) :

A) Avant de devenir UE, l'Europe était uniquement une "communauté économique et européenne" parce que les Etats membres / les peuples refusaient qu'elle soit compétente dans des matières "politiques", refus "souverainiste" : l'action de la CEE devait rester sur le seul terrain économique et commercial. Il s'agissait seulement d'éviter que les Etats ne pratiquent un protectionnisme dissimulé en posant des contraintes techniques artificielles qui n'avaient pour seul but que de protéger les rentes de situations des producteurs nationaux. Parce que tous les Etats procédaient par protectionnisme dissimulé ou assumé (par des tarifs douaniers élevés), le développement économique était entravé, chacun des Etats se spécialisant sur des segments de marché qui étaient progressivement condamnés par les progrès techniques qui s'opéraient dans les pays, comme les Etats-Unis, où la libre circulation des produits garantissait le jeu (tempéré) de la concurrence et la modernisation des appareils de production ;

B) "L'uniformisation technique jusque dans les détails les plus stupides", selon D. Bourjon, a été opérée afin de protéger la santé du consommateur : l'UE n'a jamais empêché de produire selon les traditions nationales (cf. par ex. les fromages au lait cru) mais a imposé des réglementations qui protègent les consommateurs contre les pratiques qui tuaient une partie d'entre eux. C'est à l'UE que l'on doit par exemple l'interdiction de l'usage de l'amiante alors que l'Etat français s'y refusait (il fut condamné par les juridictions nationales pour avoir tardé à transposer les directives européennes dont l'application rapide aurait pu sauver des milliers de salariés (et Mme Aubry risque d'être mise en examen pour n'avoir pas pris les mesures qui s'imposaient lorsqu'elle n'était encore qu'une haut fonctionnaire au ministère du travail))

C) Didier Bourjon prétend que L'UE est fondée sur "l'abandon de toutes ou presque les prérogatives régaliennes à la "machine européenne" (à commencer par la plus grande part du pouvoir législatif)" : or, c'est totalement faux.

Quelles sont les "prérogatives régaliennes" traditionnelles des Etats-nation ?

La défense ? L'UE n'est pas compétente, les Etats peuvent prendre l'initiative de coopérer entre eux sur le plan militaire mais rien ne leur impose : l'emploi des armes conventionnelles et de l'arme nucléaire (pour la France et le Royaume-Uni) reste de la seule compétence des Etats membres. C'est bien la raison pour laquelle l'UE est et doit rester une "confédération", dans ce domaine ;

La fiscalité ? Les décisions ne peuvent être prises qu'à l'unanimité, chaque Etat-nation pouvant ainsi empêcher toute forme d'harmonisation, sauf en matière de TVA. Et comme les Etats-nation sont souverains en la matière, certains, comme l'Irlande, font du "dumping" fiscal et tire donc la fiscalité des autres vers le bas sur certains segments de production ;

La justice ? Le droit pénal et le droit civil restent, pour l'essentiel, de la compétence des Etats : par exemple, la consommation de canabis est dépénalisé en Hollande et pas en France ; le PACS existe en France mais pas en Italie ; le mariage "gay" existe en Belgique et pas en France, pour le moment...

La politique étrangère ? Elle reste de la compétence des Etats de l'Union, lesquels n'hésitent pas à prendre des positions souvent différentes, voire opposées... ;

La monnaie ? Oui bien sûr, sur ce seul sujet il y a bien eu transfert de souveraineté pour une partie des Etats de l'Union européenne, puisqu'il y a eu suppression de monnaies nationales et création de l'euro. Est-ce pour autant un abandon du pouvoir de création monétaire ? Certes non, puisque les dettes abyssales contractées par les Etats qui ont adopté l'euro ne sont rien d'autre que de la création de monnaie, qui a été rendue possible précisément parce qu'il y avait une solidarité entre Etats détenteurs de la même monnaie. Les Etats ont-ils été sanctionnés par la méchante Europe pour ces dérives financières ?... Et c'est précisément parce que les Etats sont restés totalement souverains en la matière qu'ils se trouvent aujourd'hui à la merci des créanciers c'est-à-dire des marchés dont D. Bourjon déplore la toute-puissance...

3° Les politiques

Sur ses domaines de compétences, l'UE conduit des politiques qui sont éminemment critiquables, spécialement dans le domaine de l'immigration non européenne. Mais ces politiques sont conformes aux mandats qu'ont reçus les parlementaires européens et les chefs d'Etat et de gouvernement qui siègent au Conseil.

Aussi, ne faut-il pas critiquer les institutions de l'UE qui sont un cadre, perfectible certes, démocratique. Il faut envisager d'étendre même les domaines de compétences de ces institutions parce qu'une politique écologique ou migratoire "in-nocente" ne pourra jamais être menée de façon efficace au seul niveau des Etats-nation. Ce sont les orientations politiques de l'UE qui doivent être critiquées.

Ne nous trompons pas d'adversaire.
Et la forme des concombres (ou des bananes) M. Pellet, qu'en faites-vous ?

« Les concombres doivent être bien formés et pratiquement droits (hauteur maximale de l’arc: 10 millimètres pour 10 centimètres de longueur du concombre) ». C’est l’une des petites phrases du règlement (CE) N° 1677/88 qui a longtemps suscité les moqueries les Européens et servi d’argument aux pourfendeurs de la sur-réglementation bruxelloise. Depuis le 1er juillet 2009, elle appartient à l’histoire. Il aura fallu vingt ans pour que cette directive soit abrogée. Trop tard, tous les concombres sont pratiquement droits et plus personne n'imagine qu'ils puissent être autrement.

Mais il y a bien d'autres sujets d'intérêt :

Est-il prouvé scientifiquement que l’eau hydrate ?
Quelle est la bonne longueur pour une banane ?
Les femmes sont-elles plus prudentes que les hommes au volant ?

Quelques détails ici.
Alexandre,

Vous semblez aimer la règlementation, aussi je vous livre l'article 197 de la Coutume de Paris, document qui, comme vous le savez, est antérieur à la Révolution.

Il définit les charges de la façon suivante :

" L’obligation de payer & rembourser par celui qui se loge & s’héberge sur & contre le mur mitoyen de six toises l’une, de ce qu’il bâtit au-dessus de dix pieds depuis le rez de chaussée, & au-dessous de quatre pieds dans la fondation".


Enfoncé, le concombre courbe !
» Et c'est précisément parce que les Etats sont restés totalement souverains en la matière qu'ils se trouvent aujourd'hui à la merci des créanciers

C'est aussi un peu, et même beaucoup, parce que les États ont abdiqué leur souveraineté en matière monétaire, et cela selon votre propre argumentation : pas de monnaie unique, pas de solidarité, donc pas de sentiment d'impunité dans l'accumulation de la dette.
Ah si je comprends M. Eytan, après que l'on a reproché à l'UE d'avoir retiré aux Etats "toutes leurs prérogatives régaliennes" (D. Bourjon dixit, cf. supra), maintenant il est fait grief à l'UE d'avoir donné trop de liberté aux Etats ("un sentiment d'impunité") en leur accordant les facilités d'une monnaie commune...

C'est oublier un "détail" : les Etats ont violé le traité de Maastricht qui prévoyait en contrepartie des avantages de la monnaie commune le respect de limites d'endettement....

Et pourquoi les Etats n'ont-ils pas respecté ces engagements ? Parce que les anti-européens de tous poils les pressaient de ne pas le faire, voyant dans ces limites à l'endettement une limite insupportable à la souveraineté nationale... alors qu'elles n'étaient que la contrepartie des facilités offertes par la monnaie commune.

Et comme au sein de l'UE, l'instance habilitée à prendre des sanctions contre les Etats c'est le Conseil européen qui est composé des représentants de ces Etats, on comprend pourquoi "l'UE", c'est-à-dire en fait les Etats ont eu du mal à s'auto-limiter et à s'auto-sanctionnner...

C'est la raison pour laquelle le traité TSCG [european-council.europa.eu] prévoit un mécanisme de surveillance et de sanction des excès au niveau national par les juridictions constitutionnelles nationales.

Comme aurait pu dire Albert Camus, "un Etat c'est comme un homme, ça s'empêche"... : c'est le propre des Etats de droit (souverains) d'avoir créé des mécanismes de séparation et contrôles des pouvoirs.

Encore ce dispositif de contraintes vient-il en contrepartie d'un nouveau dispositif de solidarité : le traité instituant le mécanisme européen de stabilité [www.eurozone.europa.eu] qui crée un système d'emprunt collectif pour permettre aux Etats les plus faibles d'éviter d'être dépendants des marchés

On ne peut pas faire grief à l'Union européenne de livrer les nations aux marchés et refuser les mécanismes de solidarité qu'elle met en oeuvre afin précisément de permettre aux Etats de retrouver leur indépendance par rapport aux créanciers c'est-à-dire par rapport aux marchés.

Mais il est vrai que "Quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage"...
Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Gallimard, Quarto, 2002, p. 945

Mardi 7 juillet 1964
Alain Peyrefitte : « Je ne voudrais pas déflorer ce que vous allez dire du budget au cours de votre conférence de presse, dans quinze jours. »
Général de Gaulle : « Je me contenterai de dire que le budget de 1965 sera en équilibre. Mais vous pouvez en dire plus. Les dépenses définitives de l’État, jusqu’à maintenant, s’accroissaient d’une année sur l’autre plus vite que ne s’accroissait le revenu de la nation. Autrement dit, l’État avait pris depuis très longtemps l’habitude de vivre au-dessus de ses moyens.
« Pour la première fois depuis Poincaré, la progression de la masse des dépenses de l’État ne dépassera pas la progression du revenu national, et le budget est en équilibre. La stabilisation se fait. Un budget de stabilité, c’est vraiment le premier que l’on voie depuis Poincaré. Et ça ne doit pas être le dernier. Il faut que ça devienne la règle.
« Mais la stabilisation n’est pas contraire à l’expansion, et je le prouve. La stabilisation continuera. Elle affecte maintenant le budget, qui en est le facteur le plus décisif. Bon. Et l’expansion continuera. Le V° Plan sera un plan d’expansion.
« Vous pouvez expliquer que le budget qui a été décidé ce matin, ce n’est pas un budget déflationniste, mais un budget non inflationniste. Ce qui fait que, pour les jeunes, c’est-à-dire pour l’avenir, c’est énorme. C’est révolutionnaire ! »
Citation
Et pourquoi les Etats n'ont-ils pas respecté ces engagements ? Parce que les anti-européens de tous poils les pressaient de ne pas le faire, voyant dans ces limites à l'endettement une limite insupportable à la souveraineté nationale... alors qu'elles n'étaient que la contrepartie des facilités offertes par la monnaie commune

Non Monsieur Pellet je crois que cela est trop simple et en plus totalement érroné. Les anti-européens n'ont pratiquement aucune influence sauf en France et en plus ils ne sont dans aucun Etat aux affaires.

C'est la démocratie et la pente naturelle des choses qui a fait que les Etats se sont surendettés surtout que les taux d'intérêt sont à des niveaux tellement bas (ce qui ne s'était pas vus depuis des décennies) que la tentation d'emprunter était irrésistible.

En outre il faut bien dire que ce n'est pas le manque d'argent qui caractérise notre époque bien au contraire. Des montagnes d'argent sont disponibles et ne savent pas où s'investir. Alors il ne faut pas s'étonner que les investisseurs de tous poils se sont précipités pour offrir aux Etats tout l'argent que ceux-ci désiraient emprunter.

Les fonds de pension, les compagnies d'assurance, les banques d'affaires et tutti quanti avaient oublié (une fois de plus ils faisaient fi de l'histoire) que les Etats pouvaient faire faillite.

Là aussi nous boirons le vin jusqu'à la lie.
M. Pellet, je n'ai pas l'intention de débattre à l'infini avec vous, ayant dit ce que j'avais à dire — en trois temps, vous l'aurez peut-être remarqué.

Cependant, je vous saurais gré :

1) de faire un petit effort pour lire ce que j'ai écrit (par exemple « ou presque », avec accent sur le législatif ; vous pourrez retrouver dans vos annales deux chiffres : le pourcentage de lois françaises votées qui ne sont que l'application des directives européennes, le résultat moyen des votes au Parlement européen où l'on peut constater un bipartisme forcené et hautement significatif entre deux formations dominantes... Peut-être encore voudrez-vous bien vous rappeler du caractère décisif de l'abandon monétaire, avec tout ce qui en découle, au lieu de le relativiser. Et par dessus-tout abandonner votre formalisme abstrait pour remettre les choses en situation politique, ce qui est, croyais-je, notre affaire. Rappel : la monnaie unique est une monnaie au fondement exclusivement politique, elle échoue sur son incohérence économique).
Ce que j'ai écrit est une façon de synthèse, pas un argumentaire détaillé. Il demande un peu de compréhension et une lecture loyale, réfléchie, non immédiatement partisane et réactive. Ce détail, au demeurant, serait aisé à dérouler pour vous répondre point par point, mais ce serait nettement plus fastidieux (on trouve tout cela un peu partout aujourd'hui sous différents angles, et pour cause : c'est devenu une bataille d'arrière-garde — il faudra vous adapter tôt ou tard). Cela aurait surtout de quoi occuper un fil de discussion un long moment, ce dont il n'est plus question pour moi ici.

2) de ne pas me faire dire ce que je n'ai pas écrit (par exemple telle toute puissance que je "déplorerais"). Votre ton de grand professeur qui débite ses fiches de cours à tout propos sans prendre le temps de considérer attentivement la position adverse, votre façon de noyer le poisson et d'escamoter les problèmes (il est vrai que l'U.E. est une grande escamoteuse...), votre sans-gêne sur ce forum où, nouveau venu (quand bien même vous avez participé au tout début du P.I., il y a fort longtemps et dans un contexte tout autre, pour d'ailleurs le quitter assez vite, je crois, en raison de divers désaccords, notamment sur votre souhait d'une participation allègre du P.I. de l'époque à la honteuse "quinzaine anti-Le Pen" de 2002), où donc, nouveau venu, vous agissez comme si vous étiez déjà investi d'éminentes responsabilités (ce sera peut-être bientôt le cas, mais patience !), votre attitude si pénétrée de l'évidente autorité que vous concède sans doute vos élèves mais qui n'a pas lieu d'être ici d'autant qu'à première vue vos contributions n'impressionnent que les bleus, la facilité concomitante avec laquelle vous partez en prise de bec avec les intervenants les plus anciens de ce lieu, tout cela, voyez-vous, est assez détestable et me confirme si besoin était dans mon idée supra.

Dites ce que vous pensez, d'autant plus aisément que ce sera sans véritable réplique de ma part (on sait ici ce qu'il peut en être si je m'y attelle), mais respectez un minimum de règles, sans quoi vous me contraindrez de nouveau à quelques points sur les i, ce que je ne souhaite pas le moins du monde. Merci d'avance, comme dit Francis.
M. Bourjon, j'hésite à vous répondre pour deux raisons :
- d'abord vous menacez ce site de mettre "de nouveau (..) quelques points sur les i" et je ne veux rien faire qui puisse provoquer une nouvelle crise ;
- ensuite, vous annoncez renoncer par avance à argumenter, or je ne prétends nullement avoir le dernier mot.

Cependant, comme je ne crois pas souhaitable non plus pour ce site que les intervenants cèdent à vos menaces d'apocalypse et qu'il me paraît utile de corriger plusieurs erreurs afin qu'elles ne perdurent pas, je vais vous répondre du ton le plus courtois que je peux, et en choisissant d'aller du sujet le moins important à celui qui l'est le plus.

1° Vous dites que j'ai participé "au tout début du P.I., il y a fort longtemps et dans un contexte tout autre, pour d'ailleurs le quitter assez vite" : c'est inexact, il serait inutile de corriger ce détail si cela n'expliquait pas mon attitude d'aujourd'hui que vous mettez en cause plus loin.

Pour la petite histoire donc, lorsque Renaud Camus a fondé le P.I. je n'ai absolument pas compris sa démarche et j'y ai même vu une forme de trahison de sorte que je me suis laissé aller à des propos extrêmement violents contre le président du PI, que je prétendais distinguer de l'écrivain.

Mais comme ma pratique (éthique ?) professionnelle me conduit à toujours lire tous les points de vue, je me suis efforcé de lire quotidiennement ou presque le site du P.I.

Et grâce aux contributions talentueuses de nombreux intervenants, dont vous, j'ai fini par comprendre l'énormité de ma bévue.

Je n'ai pas choisi alors de rejoindre le P.I. parce qu'il paraissait se développer au mieux, grâce notamment à votre action (ce n'est pas de la flatterie, tout le monde le reconnaît).

Cependant, quand j'ai vu le tour que prenait le conflit entre vous et Renaud Camus, après vous avoir entendu m'exposer longuement ce qui en était des problèmes de la défense judiciaire de Renaud Camus (pardonnez la lourdeur du style mais je n'ai pas le temps de fignoler), et après réflexion de quelques jours, j'ai pris la décision de solliciter mon adhésion au P.I.

Pour tout dire, ce qui m'a décidé à faire le pas, ce n'est pas seulement l'isolement de Renaud Camus dans un moment déjà terrible pour lui, ce sont plusieurs communiqués qui clarifiaient la doctrine du Parti sur des questions importantes, dont celle de l'avenir de l'Union européenne ;

2° Lors d'une de mes premières interventions, j'ai répondu assez sèchement à celui qui s'appelait alors M. Gérard de Rogémi. J'ai écrit peu de temps après que je regrettais d'avoir polémiqué contre cet intervenant. Il me semble que mes interventions ultérieures étaient d'un ton très convenable. Certes, je me suis risqué à plaisanter avec M. Francis Marche, mais je croyais être dans le ton de l'échange, notamment parce que M. Marche m'avait interpellé par mon prénom, ce qui est une manière habituellement propre à M. Jean-Marc (je veux dire au passage le grand intérêt que je prends à la lecture de ses interventions (il est vrai que nous avons les mêmes défauts)). Je ne sais toujours pas si M. Marche plaisantait ou non et si ce n'était pas le cas et qu'il a été blessé je lui présente mes excuses ;

3° Pour ne pas répondre à mes questions précises concernant le procès que vous faites à l'Union européenne, vous prétendez que j'argue de mon statut de professeur pour débiter mes fiches de cours (qui sont pourtant un peu plus "élaborés", si je peux me permettre).

Pour vous le dire poliment mais clairement, je trouve que vous vous défaussez : vos interventions sont très lyriques, assurément, mais elles sont également très floues et surtout très fausses.

Vous prétendez qu'il serait "fastidieux" d'être clair et précis puisqu'"on trouve tout cela un peu partout aujourd'hui sous différents angles, et pour cause : c'est devenu une bataille d'arrière-garde".

Éh bien non justement : ce que l'on trouve un peu partout aujourd'hui ce sont, majoritairement, des contre-vérités énoncées par des gens sincères et révoltés, comme vous l'êtes assurément. Mais la sincérité ne dispense pas de lire les textes et ne prévient pas contre l'erreur.

4° Vous prétendez qu'il est inutile de répondre à mes objections tellement elles sont condamnées par l'Histoire ("une bataille d'arrière-garde"), mais vous ajoutez quand même quelques arguments supplémentaires auxquels il est nécessaire de répondre parce qu'ils sont très communs et malheureusement complètement faux

Dans l'ordre :

- "le pourcentage de lois françaises votées qui ne sont que l'application des directives européennes" : allez donc voir chez nos grands amis de Terra Nova : [www.tnova.fr]

Et quand bien même cela serait, faudrait-il en conclure qu'il ne faut pas harmoniser la législation commerciale (et ses innombrables textes, dans tous les pays du monde) et revenir ainsi en-deça de la CEE ?...

- "le résultat moyen des votes au Parlement européen où l'on peut constater un bipartisme forcené et hautement significatif entre deux formations dominantes..."

Mais vous confirmez ainsi que l'UE est parfaitement démocratique, qu'elle fonctionne avec les majorités que les citoyens d'Europe envoient au Parlement. Ce n'est pas "l'a-démocratie" que vous dénoncez. Comment pourrait-on avoir au niveau européen des rapports de forces politiques très différents de ceux qui existent au sein des Etats ?...

Si vous voulez en finir avec le bipartisme, alors que le scrutin aux élections européennes est de liste et favorise donc les "petites formations", c'est au sein de chaque Etat qu'il faut conduire le combat...

- vous prétendez qu'il faut mettre en exergue le "caractère décisif de l'abandon monétaire, avec tout ce qui en découle, au lieu de le relativiser" : mais en quoi cet abandon a-t-il été "décisif" pour la souveraineté des Etats alors que tout démontre que ces Etats ont profité de la monnaie commune sans respecter les contreparties (limitation des endettements) ?

S'il avait été décisif, les Etats n'auraient pas pu s'endetter comme ils l'ont fait, endettement qui est bien de la création monétaire (prétendez-vous le contraire ?) et il n'y aurait pas besoin de faire voter aujourd'hui en urgence deux traités d'un coup.

Mais vous me direz sans doute que je joue au professeur...
Si l'on peut permettre à un tout petit utilisateur du Forum, écrasé par les interventions des ténors et leur combat de titans, d'intervenir modestement, j'aimerais demander à M. Pellet ce qu'il entendait par "politique de Marie-Chantal" : en effet (sauf erreur ou confusion de ma part) il qualifiait ainsi les prises de position politiques de Renaud Camus au plus fort de "l'Affaire Camus" c'est-à-dire avant la fondation du PI. Est-il revenu depuis lors sur cette appréciation peu flatteuse ? M. Pellet dit plus haut qu' "[il n'avait] absolument pas compris sa démarche" (celle de Renaud Camus). Est-ce que d'après lui les positions actuelles du PI n'ont plus rien à voir avec les préjugés un peu snob voire caricaturaux d'une personne de caste privilégiée égarée dans l'action politique au jour le jour ?
J'hésite à mon tour, car tout comme vous « je ne prétends nullement avoir le dernier mot »... D'autant que j'ai dit que je ne discuterai pas plus avant ici ces questions avec vous. Je laisse ce soin à d'autres, s'ils en ont le désir. Je me contenterais de dire que vous ne comprenez décidément pas, avec un seul exemple qu'il me faut tout de même relever afin de vous rassurer : mes « menaces d'apocalypse » (sic) !!! Pardonnez-moi une telle explication de texte, mais : "mettre les points sur les i", c'est ce que fait mon message précédent. C'est tout. La paranoïa, décidément, continue ses ravages du seul côté où on l'a pu constater, au point de vous faire manquer la plus élémentaire lucidité sur « ce qui se passe », et de vous montrer fort injuste. Au reste, ce n'est pas tout à fait ce que j'avais retenu de notre récente conversation téléphonique, mais je dois bien mal vous comprendre en retour. Aurais-je inventé le désaccord sur la participation à la quinzaine anti-Le Pen ? Après tout, pourquoi pas ; c'est sans grande importance, en effet. La terrible incommunicabilité entre les êtres, sans doute... Je vous laisse décidément le dernier mot, c'est promis ; à défaut de lyrisme, vous êtes prolixe et terriblement factuel, Jean-Marc (salut amical) est pulvérisé — à vous noyer dans un verre d'eau.
Réponse à M. Noroit :

Oui, l'accusation de marie-chantalisme a été une des insultes que j'ai proférées contre Renaud Camus, aveuglé que j'étais alors par ma passion. Sur le site même où j'avais commis ces fautes, j'ai écrit plusieurs fois que je regrettais mon attitude d'alors. Que faire de plus ? Je ne voulais pas que mon adhésion au P.I. soit prise comme une demande de pardon et je ne pouvais adhérer qu'en étant sincère dans mes convictions. Comme je l'ai dit, des communiqués récents m'ont convaincu de la nécessité de faire le pas. Et comme je l'ai écrit dans mon premier message sur ce site (je crois), concernant le programme du P.I. je reste réservé sur quelques "formules" concernant les questions fiscales mais il ne s'agit pas pour moi d'un obstacle dirimant ;

Réponse à M. Bourjon :

Bien que paranoïaque, je n'ai jamais prétendu que vous ayez inventé le désaccord de 2002 sur "la participation à la quinzaine anti-Le Pen". Sur ce sujet, je peux dire que j'ai lu avec une grande satisfaction le chapitre "Pire que le mal" dans l'ouvrage Le Communisme du XXIè siècle, Xenia, 2007, pp. 77-98
» Ah si je comprends M. Eytan, après que l'on a reproché à l'UE d'avoir retiré aux Etats "toutes leurs prérogatives régaliennes" (D. Bourjon dixit, cf. supra), maintenant il est fait grief à l'UE d'avoir donné trop de liberté aux Etats ("un sentiment d'impunité") en leur accordant les facilités d'une monnaie commune...

Non pas, cher Rémi Pellet, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire : je remarquai simplement que d'après votre propre présentation, la "souveraineté" nationale que vous souligniez concernant la contraction de la dette avait tout l'air d'être un effet pervers du transfert de souveraineté par la création de la monnaie unique, puisque cette dernière constituait précisément la condition de possibilité de cette dette ; je vous cite : « Certes non, puisque les dettes abyssales contractées par les Etats qui ont adopté l'euro ne sont rien d'autre que de la création de monnaie, qui a été rendue possible précisément parce qu'il y avait une solidarité entre Etats détenteurs de la même monnaie. »
En bref, c'était présenter l'"indépendance" comme la mauvaise part résiduelle de la dépendance réelle et originelle...
Cela dit, ce n'était, selon la formule consacrée, qu’un point de détail, dans un exposé que j'ai trouvé au demeurant très clair et instructif.
Il me semble particulièrement étrange, justement, que l'UE n'ait jamais jugé bon de rappeler les étas endettés à l'ordre comme elle sait si bien le faire quand la soi disant xénophobie, le soi disant racisme et l'islamophobie justifiée la préoccupent.
Il y a démocratie puisqu'il y a vote, tous les États ont "profité de la monnaie unique" (entre autres). C'est bien connu : "plus c'est gros, plus ça passe". Un communiqué pour saluer un Prix Nobel de la Paix pour l'U.E., une farce, de la part d'un organisme fer de lance de la pire bienpensance, et pas la moindre ironie : l'encéphalogramme de ce site devient préoccupant. Ajoutons les discours de Terra Nova comme preuve, et le compte y est : une soudaine offensive entriste du parti socialiste au sein du P.I. vient de réussir, sous les yeux médusés des historiques de ce forum !

Faut-il en rire ?
Réponse à Alain Eytan :

La monnaie unique a donné l'assurance aux prêteurs qu'il n'y aurait pas de dévaluation de l'euro ni d'inflation de sorte qu'ils pouvaient prêter sans danger aux Etats membres de l'UE : c'est la raison pour laquelle des Etats faibles, c'est-à-dire qui n'ont pas entrepris de reformes structurelles de leur économie, ont pu emprunter beaucoup et à des taux très faibles.

Si les Etats avaient conservé leur monnaie nationale avec la possibilité de dévaluer et/ou d'obtenir des avances gratuites de leurs banques centrales, les créanciers de ces Etats auraient été moins sollicités certes (en complément seulement des avances des banques centrales) mais ils auraient exigé des taux d'intérêts élevés afin de couvrir les risques de dévaluation et d'inflation.

Aujourd'hui, les créanciers, qui ont prêté en euro aux Etats de l'UE, s'inquiètent parce que certains de ces Etats risquent de faire défaut (c'est-à-dire de ne pas pouvoir rembourser leurs dettes) parce qu'ils se sont excessivement endettés, parce que certains ont "truqué" leurs comptes (la Grèce) et parce que d'autres ou les mêmes n'ont pas fait un bon emploi de leurs emprunts (ils ont financé à crédit des dépenses de fonctionnement et pas d'investissement). C'est la raison pour laquelle ces Etats faibles ne peuvent plus emprunter qu'à des taux très élevés qui comprennent le paiement d'une prime de risque. Or ces emprunts à des taux excessifs doivent servir à rembourser des emprunts qui arrivent à échéance.

Afin de permettre aux Etats faibles de continuer à emprunter à des taux compatibles avec la situation de leur économie, le traité ratifié en début de cette année par la France a créé le mécanisme du "MES" qui permet de faire profiter ces Etats "faibles" des conditions d'emprunt des Etats "forts".

La contrepartie de cette solidarité, c'est l'exigence d'un contrôle de la limitation de l'endettement de chacun des Etats au niveau national par leur juridiction constitutionnelle, puisque les contrôles qui devaient être effectués au niveau européen, comme le traité de Maastricht le prévoyait, ont été inopérants. Ce qui m'amène à la question de Cassandre...

Réponse à Cassandre :

La Commission européenne à bien rappelé les Etats à l'ordre mais c'était au Conseil européen de décider des sanctions. cf. par ex. [www.vigie2012.eu]

Or le Conseil est composé des représentants des Etats membres. Cela explique que ces chefs d'Etat et de gouvernement n'aient pas pris les mesures de sanctions prévues par le traité de Maastricht. Ces chefs d'Etat et de gouvernement ont alors argué du fait que des sanctions financières risquaient d'aggraver la situation des Etats dont les finances dérivaient... Or parmi ces Etats il y avait l'Allemagne et la France....

Pour éviter que ce laxisme ne perdure, il a été décidé de renvoyer le contrôle aux juridictions constitutionnelles nationales. C'est ce que prévoit le traité TSCG qui est la contrepartie du traité MES (cf. supra).
Excellent article dans "Causeur" et "bVoltaire" sur ce prix Nobel ubuesque décerné par un jury représentatif d'un pays qui a refusé par deux fois d'entrer dans l'UE et qui vient de refuser encore !
À Cassandre :

Madame,

à vous lire depuis plusieurs années, j'ai toujours été impressionné par votre capacité à résumer en quelques mots cinglants des situations qui m'apparaissaient jusqu'alors trop complexes à décrire et à comprendre. Vous avez ainsi grandement contribué à me dessiller sur les risques liés au processus de Grand Remplacement.

Ce n'est donc pas par hostilité à votre égard, bien au contraire, que je me permets de répondre ici à vos dernières interventions mais en raison du grand intérêt que je leur porte..

Il me semble qu'il est possible de conduire une discussion polie mais sérieusement argumentée avec des personnes telles que vous, sans risquer d'être accusé d'être agressif et de vouloir prendre le contrôle de ce site ou du P.I..

Certains "fils" de discussion ont connu sur ce site des développements très longs parce que les questions qu'ils traitaient étaient particulièrement importantes. Or, l'Union européenne, sa nature, ses institutions et son histoire récente me paraissent justifier un examen approfondi, alors surtout que ces sujets sont en lien direct avec le communiqué qui a ouvert ce fil.

Ayant lu donc les deux articles que vous citez en référence, je me permets de faire les observations suivantes :

1° Christophe Boutin, auteur de l'article de Causeur, qui est pourtant professeur de droit public, fait grief aux présidents successifs de la Commission européenne de n'avoir pas su prendre leur responsabilité pendant le conflit yougoslave et celui du Kosovo.

Or, dans le domaine des affaires étrangères et dans celui de la défense, le président de la Commission ne pouvait être que le porte-parole du Conseil de l'UE, seul compétent.

Et, comme je l'ai déjà rappelé plusieurs fois, le Conseil de l'UE est composé des représentants des Etats.

L'inertie de l'UE est donc imputable aux représentants des Etats souverains et non à la Commission européenne (ou au Parlement européen).

L'accusation est donc injuste et sans fondement.

Elle est en plus ridicule lorsque M. Boutin, éminent professeur à la très réputée université de Caen (Calvados), qui prétend ironiser sur la "distribution prétentieuse des bons et mauvais points" par le comité du prix Nobel, considère que "Jacques Delors (...) restera surtout dans l’histoire pour avoir été le père de Martine Aubry."...

2. M. Didier Chyerouze, qui se présente comme "consultant" et est auteur de l'autre article, prétend lui que le discours de Villepin à l'ONU contre l'intervention en Irak "violait le traité de Maastricht !" au motif qu'une majorité d'Etats de l'UE était favorable à ladite intervention et que la France aurait donc dû se plier à cette décision majoritaire... en application dudit traité de Maastricht. Or le Conseil de l'UE n'a pas pris de décision sur ce sujet et certainement pas à la majorité pour la bonne raison qu'elle aurait dû être prise à l'unanimité...

Et aujourd'hui encore :

[www.touteleurope.eu]

3. Vous, Cassandre, paraissez trouver ridicule que le comité du prix Nobel honore une institution à laquelle la Norvège a refusé à plusieurs reprises d'adhérer. Or, ce comité ne représente nullement le gouvernement ni l'Etat norvégien. N'est-il pas plutôt tout à l'honneur du comité Nobel qu'il manifeste son indépendance ? L'Académie française est-elle ridicule, lorsqu'elle décerne un prix, parce qu'elle ne se prononce pas dans le sens des choix faits par la diplomatie française ?... Le gouvernement de Norvège a félicité l'UE : n'est-ce pas tout simplement du fair-play ? Est-ce si ridicule que cela ?

4. Considérant la guerre de Yougoslavie et celle du Kosovo. M. Boutin tient le raisonnement suivant : parce que les musulmans bosniaques et kosovars ont gagné, les Serbes étaient les agressés et les victimes.

Cette logique ne me paraît pas conforme aux faits.

Certes on peut regretter que le recul de l'empire ottoman n'ait pas été complet, que la religion musulmane ait ainsi perduré dans une partie de l'Europe et que les Serbes n'aient pu retrouver "le champ des merles".

Mais les moyens employés par les Serbes pour récupérer ce qu'ils considèrent être leur terre d'origine étaient criminels.

Tous les moyens ne sont pas acceptables pour lutter contre l'islamisation de l'Europe. Pour citer un auteur qui vous est cher, Albert Camus, "si la fin justifie les moyens, qu'est-ce qui justifiera la fin ?"

C'est cette indifférence aux moyens employés qui explique que la Guerre d'Algérie ait été perdue par la France, moralement d'abord puis politiquement, alors même qu'elle était gagnée sur le terrain militaire et que le camp adverse commettait des atrocités.

Respectueusement

Rémi Pellet
Je me permets d'ajouter, à propos de la défaite des Serbes, qu'un de leurs adversaires, et non le moindre, a été le peuple croate qui est, très majoritairement, catholique.
Cher Remi Pellet

Rassurez-vous, je n'ai jamais pris l'expression d'un désaccord pour de l'hostilité. Je reconnais d'ailleurs humblement que je ne suis pas du tout spécialiste de l'UE et que vous vous y connaissez à l'évidence bien mieux que moi.

Il n'en demeure pas moins que cette UE apparaît de plus en plus, au mieux, comme ce "machin" inutile dont parlait De Gaulle au sujet de l'ONU, au pire comme un échec cuisant. Or, si l'on admet qu'aucune propagande n'est à l'origine de cette impression puisqu'au contraire la doxa nous "vend" cette union européenne à qui mieux mieux depuis trente ans, il faut bien que la dite impression corresponde à quelque rélaité. Ce seraient les états membres eux-mêmes les responsables de la situation, soit. Mais n'est-il pas étrange, alors, que tous les états membres soient allés dans la même direction, aient usé de la même propagande ? Cela ne pose-t-il pas, au moins, pour de bon cette fois, le problème d'une démocratie à la fois formelle et abstraite plutôt que réelle et véritablement vécue qui ne semble s'intéresser aux peuples que pour les manipuler ? N'y aurait-il que ce sentiment, diffus, confus, qu'il suffirait à condamner l'UE. Qu'est-ce, en effet, qu'une Uinon d'états qui soulève aussi peu d'élan, aussi peu d'enthousiasme chez les peuples, lesquels quand ils y adhèrent ne le font que du bout des lèvres ? Et si l'UE fait preuve à l'égard de ce manque d'enthousiasme d'une indifférence aussi grandiose n'est-ce pas la preuve que ceux qui la dirigent se moquent bien de l'avis des peuples en question ?
Je tiens à décliner ici mon incompétence à peu près totale dans ces matières de droit constitutionnel, et tout particulièrement s'agissant des arcanes institutionnelles de l'UE. Ma brève remarque se veut d'ordre politique et de portée générale, et si elle s'applique ici à cette dernière en date des interventions de M. Pellet c'est que celle-ci apparaît comme typique d'une certaine approche a-politique de ces problématiques qui tendent à justifier l'existant et à paralyser toute action, ou tout au moins qui nuisent à toute velléité critique des aboutissants, conséquences, impacts, de l'existant en question.

Soit ceci:

Christophe Boutin, auteur de l'article de Causeur, qui est pourtant professeur de droit public, fait grief aux présidents successifs de la Commission européenne de n'avoir pas su prendre leur responsabilité pendant le conflit yougoslave et celui du Kosovo.

Or, dans le domaine des affaires étrangères et dans celui de la défense, le président de la Commission ne pouvait être que le porte-parole du Conseil de l'UE, seul compétent.

Et, comme je l'ai déjà rappelé plusieurs fois, le Conseil de l'UE est composé des représentants des Etats.

L'inertie de l'UE est donc imputable aux représentants des Etats souverains et non à la Commission européenne (ou au Parlement européen).

L'accusation est donc injuste et sans fondement.


Deux voies à la critique:

a) celle des actes ou de l'inaction des représentants des Etats souverains, qui dans le même élan affranchira de toute responsabilité l'UE et ses institutions, lesquelles par nature se devraient vouées à la passivité et à l'indifférence surplombante qui sied à toute méta-institution. Les Etats souverains, et donc les peuples des nations qu'ils représentent sont responsables de tout, l'UE, de rien. Le Conseil de l'UE obligeait les Etats d'agir pour qu'elle-même agisse; elle impose la charge de l'action vers elle-même à défaut de laquelle, elle demeurera passive et sa responsabilité ne sera nullement engagée lors même que cette passivité est agissante (issue de la guerre en ex-Yougoslavie). Le Conseil de l'UE ressortit à cette mécanique où les Etats sont obligés envers elle comme une sorte de non-instance de décision mais aux effets retors: hors son truchement, les Etats sont émasculés et cependant sa passivité demeure en rien blâmable, en rien coupable, jamais; par un vice de perception ou de raisonnement, ou par simple effet d'un sophisme sous-jacent, tout se passe comme si sa neutralité vis-à-vis des Etats qui la constituent l'absolvait de toute responsabilité.

b) identifier dans l'existence de cette instance supérieure un encombrement à l'action des Etats et dans sa passivité ("je n'interviens que si l'on m'actionne") un droit de véto effectif à la volonté des peuples et des nations de l'Europe. Cette voie politique de la critique devrait être la nôtre, non qu'elle dise toujours cela, non qu'elle doivent systématiquement imputer à l'UE les maux de l'Europe, mais qu'elle affranchisse notre pensée et notre action pour dire que l'existant, s'il est une gêne, doit être jeté aux orties et qu'il peut l'être sans mal.

[texte modifié]
Me relisant et craignant comme souvent d'être mal interprété, je voudrais résumer ma pensée d'une image:

Il y a deux approches, radicalement opposées, à tout effort de solution ou d'action face à une panne d'appareil ou de système (pensons à un ordinateur ou un logiciel, ou un système expert):

a) dire que l'utilisateur a tort; qu'il n'a pas su tirer parti des ressources de l'appareil ou du système et qu'en tout état de cause le système est idéal/idéel, qu'il doit demeurer vierge de tout reproche, que la responsabilité de la panne incombe à un défaut d'utilisation, à une carence de l'utilisateur, que ce dernier a failli à sa tâche en causant une défaillance ou un dysfonctionnement du système, et que les concepteurs du système sont ainsi dégagés de toute responsabilité;

b) dire que le système ou l'appareil sont mal conçus, inadaptés à la culture de l'utilisateur, qu'ils doivent être repensés, refondés, remplacés; que l'utilisateur, le client n'a pas à s'adapter au système mais que ce dernier doit, à l'inverse, s'adapter aux besoins, aux contraintes propres de l'utilisateur. Que le système doit être réformé pour gagner en ergonomie, etc. Que l'utilisateur ne doit pas être assujetti aux contraintes du système mais l'inverse.

en a) se trouve représentée la pensée de M. Pellet, techologicienne, technocratique et arrogante;

en b) une pensée politique qui privilégie la culture et la libre volonté, et qui fait droit aux limites et contraintes des peuples et à leurs traditions d'exercice de leur souveraineté.
Citation
Cassandre
Il me semble particulièrement étrange, justement, que l'UE n'ait jamais jugé bon de rappeler les étas endettés à l'ordre comme elle sait si bien le faire quand la soi disant xénophobie, le soi disant racisme et l'islamophobie justifiée la préoccupent.


Certes, Cassandre, les questions se pressent quant à ce regrettable laxisme, surtout lorsque l'on apprend que les fonctionnaires de l'Union Européenne ont quelques acquaintances avec Goldman Sachs.

Cf l'article suivant :
[www.lemonde.fr]

Il est vrai que donner des leçons de morale, cela ne coûte rien et permet de jouer les belles âmes à peu de frais. Je m'amuse, au passage, que toutes ces images trouvent leur origine dans le champ sémantique du pécunier.
Citation
Renaud Camus
Du pécunier ?

Vous me l'avez enlevé du clavier!
Réponses à Cassandre et Marche

1. Pour quelle raison l'Union européenne n'est-elle pas aimée ?

A) D'abord parce qu'elle est incompréhensible à "l'honnête homme" :

- parce qu'elle était structurée comme l'exact inverse des Etats fédéraux (Etats-Unis par exemple) : les compétences économiques sont au centre (UE), les compétences de souveraineté sont à la périphérie (les Etats souverains) ;

- parce que, pour compliquer encore, le centre s'est vu attribuer une compétence régalienne, l'euro, sans que les Etats-nation ne limitent leur pouvoir de création monétaire (endettement hors des limites prévues) ;

- parce que son exécutif, la Commission, n'est pas l'équivalent de l'exécutif d'un Etat : le président de la Commission est alors toujours accusé d'être en-deçà de ses responsabilités (cf. la diatribe de M. le Professeur Boutin contre Jacques Delors, père de Martine Aubry) ou au-delà (affaires étrangères, défense, etc.)

B) Ensuite parce que dans son domaine de compétence, "l'harmonisation" des règles économiques et commerciales, elle ne peut que contrarier tous les intérêts particuliers, soit, pour reprendre les exemples qui ont été évoqués supra :

- les fabricants de tétines et sucettes en élastomère ou caoutchouc qui libèrent des N-nitrosamines et de substances N-nitrosables ;

- les fabricants de concombres courbes ;

- tous les petits commerçants qui étaient habitués à vendre peu et cher ;

- les employeurs, dont l'Etat, utilisateurs d'amiante ;

- les salariés qui travaillaient dans les usines de transformation d'amiante et qu'on a mis au chômage...;

etc.

C) Enfin, parce que certains Etats membres, la France surtout, ont refusé que l'Europe revendique son identité ethno-culturelle et parce qu'ils l'ont alors réduite à une institution de défense des droits de l'Homme, lesquels, dans notre conception occidentale (i.e. pas musulmane) ont un caractère universel et donc sans frontière

C'est par exemple le gouvernement français qui a refusé que soit inscrite dans le préambule du projet de Constitution européenne une référence à l'héritage judéo-chrétien de l'Europe.

Et ce sont les deux "partis de gouvernement", que l'on retrouve comme partis dominants dans tous les pays d'Europe et donc au sein des institutions de l'UE, qui ont refusé d'organiser la fermeture des frontières de l'Europe pour empêcher le Grand Remplacement

II. Pourquoi l'Union européenne est-elle toujours accusée d'être technocratique (et ceux qui l'expliquent avec) ?

A) ]D'abord parce que les traités privent l'UE de toutes compétences dans les domaines politiques dits régaliens

Cf. supra ma réponse à Didier Bourjon concernant l'absence de compétence ou les très étroites limites de compétence de l'UE dans les domaines de :

- la défense ;
- les affaires étrangères ;
- la justice (droit pénal et civil)
- la fiscalité

Forcément, les domaines de compétence de l'UE étant plus "techniques" que "politiques", il est facile de dauber sur les "technocrates" qui préfèrent fixer les règles de production des tétines et cornichons plutôt que d'organiser l'intervention au Kosovo pour sauver nos frères Serbes lâchement agressés par les Bosniaques et Kosovars ottomans.

B) Ensuite, parce que les gouvernements des Etats membres ont pour mauvaise habitude de se défausser sur l'UE "technocratique" pour justifier leurs échecs

Et, ce faisant, ils légitiment le discours "souverainiste" de droite ou de gauche

C) Enfin, parce que des adultes très intelligents et très cultivés qui croyaient avoir compris "intuitivement" ce qu'est l'UE ne peuvent accepter de se voir expliquer que la culture classique qui est la leur ne leur permettait pas de comprendre spontanément une institution qui est conçue comme l'exact inverse des modèles traditionnels d'Etats

Le parallèle avec l'informatique est assez juste : les enfants sans culture n'ont aucun mal à comprendre l'UE parce que leur ignorance ne leur permet pas des comparaisons politiques et historiques qui les perturberaient, de la même façon qu'ils n'ont aucun mal à mieux comprendre les ordinateurs que leurs parents.

III. Pourquoi l'Union européenne a-t-elle éte conçue à l'origine comme l'inverse des modèles traditionnels des Etats fédéraux ?

Question déjà évoquée dans des messages supra. Pour résumer :

1° Pas pour le plaisir d'humilier les personnes éduquées de vieille souche européenne...

2°... Mais parce que les gouvernements des vieux Etats-nation européens refusaient de renoncer à certaines de leurs prérogatives de souveraineté au profit d'un "machin supra-national"

3° Mais comme le statu-quo n'était pas tenable non plus...

4° ...Alors on a construit une institution européenne dont la compétence devait être limitée au seul domaine économique et commercial,

5°... Avant que l'on s'aperçoive que ce n'était pas tout à fait suffisant et qu'il nous fallait une monnaie commune assortie de limites d'endettement (lesquelles n'ont pas été respectées par les Etats, lesquels ne se sont pas sanctionnés... etc.)

Et nous voilà rendu au port.
1. Pour quelle raison l'Union Soviétique n'est-elle pas aimée ?

A) D'abord parce qu'elle est incompréhensible au "bourgeois" :


parce qu'elle était structurée comme l'exact inverse des Etats fédéraux (Etats-Unis par exemple) : les compétences économiques sont au centre (URSS), les compétences de souveraineté sont à la périphérie (les Etats souverains) ;

- parce que, pour compliquer encore, le centre s'est vu attribuer une compétence régalienne, le Gosplan, sans que les Etats-nation ne limitent leur pouvoir de création monétaire (endettement hors des limites prévues) ;

- parce que son exécutif, le Praesidium du Soviet suprême, n'est pas l'équivalent de l'exécutif d'un Etat : le président du Praesidium suprême est alors toujours accusé d'être en-deçà de ses responsabilités (cf. la diatribe de M. le Professeur XXX contre XYZ, père de YYY) ou au-delà (affaires étrangères, défense, etc.)

B) Ensuite parce que dans son domaine de compétence, "l'harmonisation" des règles économiques et commerciales dans le cadre du Gosplan, elle ne peut que contrarier tous les intérêts particuliers, soit, pour reprendre les exemples qui ont été évoqués supra :

Enfin, parce que certains Etats membres, la Géorgie et l'Ukraine surtout, ont refusé que l'Union soviétique revendique son identité ethno-culturelle et parce qu'ils l'ont alors réduite à une institution de défense du socialisme, lequel, dans notre conception soviétique (i.e. pas occidentale) est investi d'un caractère universel et donc sans frontière .

C'est par exemple le gouvernement ukrainien qui a refusé que soit inscrit dans le préambule du projet de nouvelle Constitution de l'URSS une référence à l'héritage chrétien orthodoxe de la Russie.

Et ce sont les deux "partis de gouvernement", que l'on retrouve comme partis dominants dans tous les pays de l'URSS et donc au sein de ses institutions, qui ont refusé d'organiser la fermeture des frontières de l'URSS pour empêcher la poussée du capitalisme

II. Pourquoi l'Union Soviétique est-elle toujours accusée d'être bureaucratique (et ceux qui l'expliquent avec) ?

A) ]D'abord parce que les traités privent l'URSS de toutes compétences dans les domaines politiques dits régaliens


Cf. supra ma réponse au Secrétaire général sortant concernant l'absence de compétence ou les très étroites limites de compétence de l'URSS dans les domaines de :

- la défense ;
- les affaires étrangères ;
- la justice (droit pénal et civil)
- la fiscalité

Forcément, les domaines de compétence de l'URSS étant plus "techniques" que "politiques", il est facile de dauber sur les "bureaucrates" qui préfèrent fixer les règles de production des roulements à billes et des joints de cardans des tracteurs plutôt que d'organiser l'intervention au Kosovo pour sauver nos frères Serbes lâchement agressés par les Bosniaques et Kosovars ottomans.

B) Ensuite, parce que les gouvernements des Etats membres ont pour mauvaise habitude de se défausser sur l'URSS "bureaucratique" pour justifier leurs échecs

Et, ce faisant, ils légitiment le discours "souverainiste" de droite ou de gauche

C) Enfin, parce que des adultes très intelligents et très cultivés qui croyaient avoir compris "intuitivement" ce qu'est l'URSS ne peuvent accepter de se voir expliquer que la culture classique qui est la leur ne leur permettait pas de comprendre spontanément une institution qui est conçue comme l'exact inverse des modèles traditionnels d'Etats

Le parallèle avec l'industrie minière est assez juste : les enfants sans culture n'ont aucun mal à comprendre les objectifs du Gosplan parce que leur ignorance ne leur permet pas des comparaisons politiques et historiques qui les perturberaient, de la même façon qu'ils n'ont aucun mal à mieux comprendre que leurs parents ce que sont les nouveaux objectifs quantitatifs de l'extraction de charbon corrélés à la construction de hauts fourneaux.

III. Pourquoi l'Union Soviétique a-t-elle été conçue comme l'exact inverse des modèles traditionnels des Etats-nation et des Etats fédéraux ?

Question déjà évoquée dans des messages supra. Pour résumer :

1° Pas pour le plaisir d'humilier les personnes éduquées de vieille souche slave ou russophone

2° mais parce que les gouvernements des vieux Etats-nation de Russie refusaient de renoncer à certaines de leurs prérogatives au profit d'un machin "supra-national"

3° Mais comme le statu-quo n'était pas tenable non plus...

4° Alors on a construit la NEP puis le Gosplan, dont la compétence devait être limitée au seul domaine économique et commercial, avant que l'on s'aperçoive que ce n'était pas tout à fait suffisant...

Et nous voilà rendu au port.
Rémi,


Il me semble que le débat de 2004 avait surtout porté sur les racines chrétiennes de l'Europe.

Le terme "judéo-chrétien" qui, dans le cas d'espèce, ne me semble pas être pertinent, n'est venu que de façon périphérique dans le débat.

Pourquoi n'est-il pas pertinent ? parce que l'Europe historique, celle qui va de la fin du Moyen-âge à nos jours, est chrétienne, puis chrétienne et athée. Le judaïsme y est très minoritaire. Je ne discute pas de l'apport du judaisme au christianisme, il est évident et majeur. Je parle de ce que nos ancêtres ont vécu, et l'immense majorité des Européens de 1400, par exemple, étaient chrétiens, pas judéo-chrétiens.
Pour mémoire, je me dois de rappeler au public non-historien que l'URSS a été dissoute en 1991, au terme de 75 ans d'efforts de construction, d'intégration et d'élargissement.

Merci de votre attention.
J'espère que la réponse du camarade Marche sera jugée compatible avec la politique éditoriale de la revue internet du Parti, parce qu'elle m'a bien fait rire.
Jean-Marc,

oui c'est exact même si le débat a repris cf. ce document, plus tardif que le débat sur la Constitution européenne...

[www.europarl.europa.eu]

Complément

Je me permets d'indiquer à ceux qui ne l'auraient pas lu l'ouvrage de J.H.H Weiler, L'Europe chrétienne ? Cerf 2007, avec une préface de Rémi Brague

Weiler est professeur de droit européen à New York. Le point de vue de Weiler vaut surtout par le fait qu'il est juif et qu'il justifie cependant la notion d'identité chrétienne de l'Europe. Comme le dit Brague avec humour, "Décidément on ne se méfiera jamais assez des juifs. Non seulement chacun sait, "ils sont partout"', mais il sont capables de tout".
Citation
Francis Marche
Pour mémoire, je me dois de rappeler au public non-historien que l'URSS a été dissoute en 1991, au terme de 75 ans d'efforts de construction, d'intégration et d'élargissement.

Merci de votre attention.

Un constructivisme qui s'effondrera tôt ou tard, une nouvelle fois, peut-être encore plus violemment que précédemment.

En passant, Cher ami, connaissez-vous les origines et sens des mots « Europe » et «Euro » ?
Citation

(Oui, il les connait.)

Qu'est-ce ?...
Citation
Weiler est professeur de droit européen à New York. Le point de vue de Weiler vaut surtout par le fait qu'il est juif et qu'il justifie cependant la notion d'identité chrétienne de l'Europe. Comme le dit Brague avec humour, "Décidément on ne se méfiera jamais assez des juifs. Non seulement chacun sait, "ils sont partout"', mais il sont capables de tout

Merci pour cette recommandation.

Dois-je rappeller que l'Union Européenne a été crée par trois hommes politiques catholiques Robert Schuman, De Gasperi et Konrad Adenauer. Le Traité de Rome fut signé à une encâblure du Vatican (PIE XII) qui soutenait fermement ce projet.
Rémi Pellet, au sujet des institutions européennes : "Sont-elles démocratiques ou pas ? Si griefs il y a, que leur reproche-ton précisément en tant qu'institutions, c'est-à-dire de cadre démocratique, de "constitution" (il n'est pas question à ce stade des compétences, ni des politiques que ces institutions conduisent) ?"

La légitimité ne se réduit pas à la démocratie et la démocratie à la procédure électorale. L'UE n'est pas légitime historiquement (même la Seconde Guerre mondiale, sinon par une imposture, n'a pu dégager le Bien du Mal), géographiquement (l'UE qui n'a pas choisi d'être multipolaire ne parvient pas plus à convaincre que Bruxelles soit son centre qu'elle ne parvient à reconnaître les justes limites de son extension), ontologiquement (l'homme des droits de l'homme défend ses droits mais pas son être), politiquement (absence de contrat). Par suite, l'Union européenne révèle la procédure électorale dans sa nudité. Or, à l'état pur, le vote, sans le secours du récit national, ne suffit pas à assurer la légitimité du pouvoir. L'avis de la majorité n'est identifié à l'avis général que si le corps électoral fait corps. Synthétiser les avis divergents exprimés par les différentes fractions du corps électoral (la nation - 51% des voix - dit oui tout en marquant sa réserve - puisque 49% disent non) suppose crédible la fiction d'une personne collective. La solitude de l'électeur, ses tristes calculs (A ou B, oui ou non) et l'inutilité de son vote ne contribuent pas à créer le corps qui manque à l'Europe pour donner un sens démocratique au vote des individus. Par ailleurs, il y va du vote comme de la loterie : les plus sûrs de ne rien perdre sont ceux qui ne jouent pas et ceux qui ne proposent rien. Rien de tel que le vote et le régime d'opinion pour étouffer la démocratie.

N'est-il pas contradictoire que vous défendiez l'UE, d'une part, en expliquant que sa mauvaise politique reflète les mauvaises politiques des États membres qui elles-mêmes reflètent le mauvais état des opinions publiques européennes et, par ailleurs, en démontrant que l'UE se conforme tout entière aux formes de la démocratie d'opinion ?

Quand la Russie sera rentrée dans le rang, l'Union occidentale de San Francisco à Vladivostock sera envisageable. Cette union comptera peut-être deux assemblées issues du vote. S'agira-t-il, pour autant, d'une démocratie ?

Si l'Europe n'a pas de consistance politique, ce n'est pas parce que les États jaloux ont exclu la politique de son "droit matériel". Vous expliquez vous-même que les hommes se moquent pas mal du droit quand ça les arrange (et violent le traité de Maastricht) et Cassandre (notamment) note que, quand il s'agit de faire respecter l'antiracisme politique, les commissaires de l'UE ne demandent l'autorisation de personne pour fulminer l'anathème. La technocratie "moeursaliste" de l'UE est peut-être (comme l'URSS) le produit contingent de l'histoire mais, désormais qu'elle existe, elle n'imprime pas moins sa marque délétère sur cours de l'histoire et semble convenir à merveille aux aspirations de l'hyperclasse mondiale qui, sans en changer l'esprit, attend de la crise financière que les États endettés lui cèdent ce qui leur reste, c'est à dire, à peu près rien.

L'Europe n'a pas vocation à la puissance. La francophonie et l'outre mer sont la puissance française. Pourquoi vouloir un État puissance pour l'Europe ? L'Europe doit découvrir une source de légitimité distincte, ni démocratie d'opinion ni Etat puissance. Je pense au scoutisme, au compagnonnage, à la franc-maçonnerie, aux communes ouvrières et paysannes, aux universités, à l'aristocratie, aux ordres monastiques qui ont une dimension européenne.
Réponse à M. Henri :

Tout votre raisonnement repose sur l'idée qu'il n'y a pas de "récit" européen comme il existe des récits "nationaux" et que seuls les Etats ont "vocation à la puissance"

Le projet de construction de la CEE puis de l'UE repose sur l'idée contraire et qu'il faut donner des institutions à cette civilisation que les Etats-nation ont en partage.

Cette idée ne date pas de l'après Seconde Guerre mondiale, elle est bien plus ancienne.

Cependant, toutes les tentatives d'union politique ayant échoué, il fut décidé de commencer par "l'économie" afin de rendre indissociables les deux rives du Rhin, avant d'envisager les conditions d'une union politique...

Le processus de légitimation de cette union politique me paraît plus devoir emprunter aux formes classiques de la démocratie (élections au suffrage universel, séparation des pouvoirs, etc.) qu'aux camps scouts.
Cela me fait penser à ce passage de Martin van Creveld :

" Si l’Europe trouve son unité, la forme qu’empruntera son organisation ne sera certainement pas un « Etat », au sens où ce mot est entendu aujourd’hui. Une communauté continentale, dont le seul souci est d’accroître le revenu par habitant et le produit national brut, ne pourra pas compter sur une fidélité sans faille de ses habitants. L’intégration renforcera les luttes régionales – Corses, Basques, Ecossais et bien d’autres encore – pour l’indépendance. Les premiers à réussir joueront le rôle de bélier. Tous ces mouvements n’utiliseront pas la violence pour parvenir à leurs fins. Cependant, et compte tenu du nombre croissant d'immigrants d’origine non européenne et non chrétienne, il est possible qu’à long terme s’allument des conflits de faible intensité, qui pourraient submerger au moins une partie du continent ." (La transformation de la guerre, p.250).

Et ça date de 1991, le temps lui a donné raison.
"un « Etat », au sens où ce mot est entendu aujourd’hui." : il y a plusieurs formes d'Etat aujourd'hui. Certains de ces Etats parviennent à concilier l'affirmation d'une identité nationale et d'identités régionales.

L'Europe, elle, ne parviendra à réaliser l'union politique des différents Etats-nation qu'en affirmant leur identité commune : leur appartenance à une même civilisation.

Mais, et c'est là sa grande faute, l'Union européenne refuse de définir ses frontières à partir de ce critère "civilisationnel".

Dès lors, elle légitime les processus centrifuges régionaux qui s'accélèrent au point même de menacer l'existence de certains Etats-nation, en effet.
Rémi,

Je ne crois pas qu'on ait attendu l'UE pour cela.

Voyez par exemple l'indépendance de l'Irlande du Sud,
"L'Europe, elle, ne parviendra à réaliser l'union politique des différents Etats-nation qu'en affirmant leur identité commune : leur appartenance à une même civilisation.

Mais, et c'est là sa grande faute, l'Union européenne refuse de définir ses frontières à partir de ce critère "civilisationnel"."


Là, je suis entièrement d'accord.
Jean-Marc,

je n'ai pas dit que l'action de l'UE était la cause du mouvement centrifuge mais qu'elle pouvait, par son refus d'assumer l'identité civilisationnelle de l'Europe que ses Etats-nation ont en partage, contribuer à accélérer le processus.

Vous connaissez comme moi les fonds structurels et la tendance des régions à prétendre s'adresser directement à l'UE en contournant les Etats, la valorisation des langues et culturelles régionales par l'IUE, les politiques régionales transnationales réunissant deux régions placées des deux côtés d'une même frontière, etc. Ces processus contribuent à l'éclatement des Etats-nation même s'ils n'en sont pas la cause première bien sûr.
La course au super Etat ne me semble pas dans le droit fil de la décroissance prônée par Renaud Camus. Rivaliser avec le capitalisme chinois et l'armée américaine est-il le but de l'Europe ?

Marquer la différence entre Etat-nation et Etat-civilisation ne me paraît pas superflu. Les Européens, inventeurs de la politique, ne sont pas tenus de calquer les institutions de l'Europe (et celles du monde) sur celles de la démocratie d'opinion en vigueur au niveau national d'autant qu'elle y paraît à bout de souffle.

Au moment où la fine fleur de la philosophie américaine remet en question l'Etat neutre issu des guerres de religion, on bâtit en Europe un Etat sur la seule peur des guerres nationales. Rien d'étonnant qu'on y confonde la politique et la morale, la morale et la diététique.

Certes, ma proposition d'Etat-civilisation est un peu naïve et je ne connais rien au scoutisme. Néanmoins, je crois qu'il n'y a pas l'ombre d'une moquerie dans votre comparaison (le parlement ou le camp scout) puisque qu'autour d'un feu on apprend autant à être européen que devant un manuel de Droit, aussi indispensable en soit l'étude. Il convient de donner aux organes européens avant d'être nationaux, dont j'essayais de dresser une liste, la possibilité institutionnelle de servir le bien commun de l'Europe à côté des formes classiques de la démocratie.
"Or, à l'état pur, le vote, sans le secours du récit national, ne suffit pas à assurer la légitimité du pouvoir. L'avis de la majorité n'est identifié à l'avis général que si le corps électoral fait corps."

Entièrement d'accord.
Le message de Francis sur l' Union soviétique m'a bien fait rire aussi, mais jaune car je crois que, en effet, les similitudes avec l' UE sont troublantes, jusqu'à ce chaos et quasi effondrement auquel nous assistons.
« Vous connaissez comme moi les fonds structurels et la tendance des régions à prétendre s'adresser directement à l'UE en contournant les Etats, la valorisation des langues et culturelles régionales par l'IUE, les politiques régionales transnationales réunissant deux régions placées des deux côtés d'une même frontière, etc. Ces processus contribuent à l'éclatement des Etats-nation même s'ils n'en sont pas la cause première bien sûr. »

Les velléités indépendantistes de certains Ecossais s'appuient également sans arrêt sur la perspective de créer un petit état prospère (grâce à la manne pétrolière) au sein de l'U.E.
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