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La ministre de la Culture et la bande dessinée

Envoyé par Marcel Meyer 
Pour qui en douterait, Aurélie Filippetti est parfaitement à sa place. La preuve : elle est "la ministre de la culture qui connaît le mieux la BD de toute l’histoire de la Ve République". La polémique fait pourtant rage, on (Télérama notamment) semble lui reprocher de ne pas en faire assez pour soutenir les auteurs. Moderne contre moderne.
De toute l'histoire de la Ve République ? Mais qu'est-ce que c'est que cette vérité tronquée ? De toute l'histoire de France, oui !
Au passage, on goûtera la prose de la "réalisatrice" qui a envoyé un mail à "Mme la ministre", mail qui commence par "Bonjour,", et qui se termine par... rien du tout, en fait. On y lit qu'il faudrait vraiment faire quelque chose pour tous ces valeureux dessinateurs qui "sont en train de crever la faim" et qu'il convient au plus vite d'"atténuer la précarité dans cette source vive de notre pays"... Un morceau d'anthologie. On n'est pas sortis de l'auberge modernœuse, tout de même.
La BD, mais aussi Booba, le rappeur rival de la Fouine (!), ce dernier étant interviewé sur une pleine page dans le Monde daté d'aujourd'hui. Tout baigne.
Oui, le fait est acquis : Le Monde est devenu une annexe de Rap Mag. Cela dit l'article est drôle notamment par la tentative pathétique de la Sous-Mortaigne de vouloir réconcilier Booba et La Fouine. Qu'en dit Keny Arkana ? Faudrait p'tête faire un p'tit mixtape les gars ! Toute cette boue est bien sûr dans les pages "Culture" :
[www.lemonde.fr]
Citation
Michel Le Floch
Oui, le fait est acquis : Le Monde est devenu une annexe de Rap Mag. Cela dit l'article est drôle notamment par la tentative pathétique de la Sous-Mortaigne de vouloir réconcilier Booba et La Fouine. Qu'en dit Keny Arkana ? Faudrait p'tête faire un p'tit mixtape les gars ! Toute cette boue est bien sûr dans les pages "Culture" :
[www.lemonde.fr]

Cher Le Floch, vous lancez mon weekend de la meilleure des manières: en me faisant rire bruyamment et en prolongeant ce plaisir d'une recommandation de lecture absolument parfaite!
Utilisateur anonyme
08 février 2013, 17:51   Re : Querelles de rue selon Le Monde
Franchement, moi j’dis Booba il a trop tort de s’abaisser à répondre à cette fouine de La Fouine. On sait qui est le king du ghetto, nous les vrais. La Fouine y fait pas l’poids face à B2OBA, moi j’vous l’dis. J’suis sûr que La Fouine y pisserait dans son baggy si Booba v’nait lui montrer ses biscottos.
Utilisateur anonyme
09 février 2013, 10:06   Re : Querelles de rue selon Le Monde
« Ça fait dix ans que j'essaie de me sortir de cette image. Je ne suis pas un voyou, je monte sur scène avec ma guitare, mes musiciens. J'ai même fait un duo avec Patrick Bruel. »
J'ai, sous les yeux, l'exemplaire, pour le moins schizophrène (et involontairement édifiant), du Monde. A ma droite, la Fouine donc, sa vie, son oeuvre, son bouc qui me soulève le coeur, et, brandis tels des trophées, ces billets de banque qui, pour ses pairs et lui, constituent la matière ultime, celle qu'ils convoitent plus que tout. ("C'est quoi, cette chose?", m'a demandé mon vieux père au téléphone). Puis, à ma gauche, une page entière consacrée à la venue-évènement à Paris de Bandō Tamasaburō. Jean-Luc Choplin, le Directeur du Châtelet, raconte: "Ses exigences de perfection sont telles qu'il était impossible de lui offrir un plancher satisfaisant: il lui fallait un son, une élasticité, une sensation particulière."

D'un côté, un art centenaire qui théâtralise, en exploitant toutes les subtilités et nuances expressives du mouvement et du costume, l’ambiguïté des genres. Et, de l'autre, la néo-sauvagerie, déguisée et bagouzée, dans toute son horreur pseudo virile, agressive et finalement ridicule.

Le Monde ne ménage vraiment plus ses lecteurs.
Mais pourquoi le lisez-vous donc ? pourquoi lui apportez-vous votre argent ?

Le Monde est sans cesse critiqué sur ce site, mais semble-t-il acheté par tous les intervenants, au numéro ou par abonnement.

Si ce torchon est aussi néfaste, il faut lui couper les vivres.
Utilisateur anonyme
09 février 2013, 13:36   Re : La ministre de la Culture et la bande dessinée
Cela fait des décennies, 2 au bas mot, que le quotidien cité me donne la nausée et me fait les mains sales!
A part, les parents, qu'écris-je, les grands-parents des lecteurs de cette inqualifiable publication qu'est "les inrockuptibles",
personne de sensé ne lit cette presse!
Quant à la bande dessinée, j'assume très bien que ce média soit considéré comme le 9ème art. C'est un mode d'expression qui demande à être défini, certes mais qui s'avère parfois de grande qualité.
Je vis parfaitement bien ma découverte du "bloc-notes" de François Mauriac avec ma lecture de l'anthologie de JacK Kirby, par exemple!
Citation
Afchine Davoudi
« Ça fait dix ans que j'essaie de me sortir de cette image. Je ne suis pas un voyou, je monte sur scène avec ma guitare, mes musiciens. J'ai même fait un duo avec Patrick Bruel. »

Excellent !
Je vis parfaitement bien ma découverte du "bloc-notes" de François Mauriac avec ma lecture de l'anthologie de JacK Kirby, par exemple!

Pas exemplaire, l’anthologie Kirby. On passe des récits d’horreur des années 1950 au cycle du « Fourth World » qui date, lui, des années 1970. Un lecteur qui ne connaîtrait pas déjà très bien l’œuvre de Jack Kirby doit n’y rien comprendre. C’est un grand reproche qu’il faut adresser à ce « milieu » de la bande dessinée — éditeurs, critiques, lecteurs « de base », je mets tout le monde dans le même sac. Rien n’est fait pour permettre à des gens cultivés mais sans connaissance préalable de découvrir cette littérature. Il faut « en être » au départ. Quant aux médias « culturels », en théorie prescripteurs, je préfère ne pas en parler...
Citation
Jean-Marc du Masnau
Mais pourquoi le lisez-vous donc ? pourquoi lui apportez-vous votre argent ?

Le Monde est sans cesse critiqué sur ce site, mais semble-t-il acheté par tous les intervenants, au numéro ou par abonnement.

Si ce torchon est aussi néfaste, il faut lui couper les vivres.

Je lis ce quotidien, et bien d'autres, chaque jour (la lecture des journaux, c'est la prière du matin dit quelque part, et en substance, Hegel). On tombe sur le meilleur, comme ce bel et fouillé article auquel je fais référence plus haut, que j'archive compulsivement, mais aussi sur le plus savoureusement lamentable, qui me réjouit d'une manière particulière (pulsion critique, sors de mon corps!). Le pire de l'époque, qui est un ennemi et que je me dois, à ce titre, de surveiller de près, me fascine. Et les médias en produisent une part considérable dont je ne saurais me passer. Ainsi, de France Culture, je fais le même usage parcimonieux, raisonné (et un tantinet maso) que du Monde: je podcaste les émissions scientifiques, toutes excellentes, et peste allègrement contre les interventions emblématiques des Fassin, Mucchielli et autres Mordillat. Ma curiosité peut à l'occasion me conduire très loin, ou bien bas plutôt: pensez que, hier soir, je me suis fadé une bonne vingtaine de minutes de Splash, l'infâme émission de TF1.
Citation

Henri Chatterton
Rien n’est fait pour permettre à des gens cultivés mais sans connaissance préalable de découvrir cette littérature. Il faut « en être » au départ. Quant aux médias « culturels », en théorie prescripteurs, je préfère ne pas en parler...

Pour ceux qui ont envie de découvrir la bande dessinée actuelle, je leur conseille de lire Grands Reporters dont voici un extrait de la critique de Planéte BD.

[www.planetebd.com]

Entre approche sociologique et journalistique, ponctuée d’enquêtes nourries d’anecdotes, les auteurs s'immergent dans leur sujet, en décrivent les ressorts, le reformulent par leur imaginaire et finissent par restituer le plus fidèlement possible leur expérience du terrain, au plus près du réel. Raconter, témoigner, décrire, ils parlent du monde tel qu'il va, avec ses laissés-pour-compte, ses révolutions silencieuses, ses opprimés, ses mutations économiques ou sociales. Ce qui n'empêche évidemment pas une belle empathie pour ces acteurs du quotidien qui nous sont rendus proches au fil des pages, entre gravité et légèreté du ton, veine militante ou témoignage éclairant. Du pays et des confins géographiques, le lecteur en verra aussi : bidonvilles d'Inde, rues d'Iran, parcelles des Landes, industrie en Flandre, éléphants du Laos, Cuba, Gibraltar, désert de l'Atacama, une cordée au Mont Blanc... Graphiquement, c'est là aussi foisonnant et très beau, chacun offrant sa petite touche personnelle. Bref une belle initiative, qui réussit l'exploit d'offrir un parfait équilibre entre dessin, texte et même photographie. Pour ceux qui ont arrêté la BD avec Tintin et Astérix, voilà le livre idéal qui pourrait changer leur représentation du média. Informatifs, étonnants, captivants, souvent insolites, ces vingt puissants récits, tous précédés d'une notice de contexte, se lisent avec bonheur.
Utilisateur anonyme
12 février 2013, 08:33   Re : La ministre de la Culture et la bande dessinée
Le pire (non, pas le pire, mais un autre aspect de la question) dans cette histoire de dossier du Monde consacré au citoyen Laouni Mouhid (aka “La Fouine” — Dieu que c’est laid, je n’arrive pas à m’y faire...), c’est ce que ce genre de manifestation journalistique représente pour le rap. L’entretien du “quotidien de référence” avec Monsieur Fouine, c’est au rap ce que le “mariage pour tous” est à l’homosexualité : une défaite. Et les déclarations d’allégeance au bon ordre (l’ordre “non-voyou” + duo avec Patrick Benguigui) que produit ce fonctionnaire de la laideur sont infiniment déprimantes. Le rap sponsorisé, le rap étudié, sociologisé, justifié, analysé, le “rap du Monde” ne m’intéresse pas. L’idée que derrière chaque “artiste” il y ait un sociologue d’État et un journaliste de cour me déplaît, me dégoûte et me désespère. Quelle chance a Renaud Camus d’être ignoré de toutes ces sphères ! Le rap, c’est violent, c’est méchant, c’est underground, c’est illégal, c’est interdit, c’est mal vu. Si ce n’est pas ça, ça n’a aucun intérêt, ce n’est rien.

Et puis de toute façon, tout le monde sait que la “dispute” entre La Fouine & Booba (qui est un sujet d’importance de l’article — que je n’ai pas lu —, je crois) is all made up par leur maison de disques commune, Universal, pour “créer du buzz” auprès des pauvres foules qui écoutent ça — je crois qu’il y a aussi des tensions entre Booba et un certain Rohff... (En dernière analyse, Booba défonce la Fouine, moi j’suis à 100 % avec le duc de Boulogne !)
Utilisateur anonyme
12 février 2013, 08:52   Re : La ministre de la Culture et la bande dessinée
Citation
Pierre-Marie Dangle
?

?
Cher Leroy, voir votre belle et jeune énergie se galvauder ainsi au sujet du "rap" et des altercations infantiles entre quelques-uns de ses représentants-placiers me désespère un brin. Le Monde s'y livre, n'est-ce pas suffisant ?
Utilisateur anonyme
12 février 2013, 10:29   Re : La ministre de la Culture et la bande dessinée
Tout à fait d’accord avec vous, Dangle. Je ne devrais pas dire un seul mot de plus. Ce que fait Le Monde est déjà bien trop terrible. Seulement, ne pas dire, c’est laisser le terrain à l’adversaire. Ceci dit, ce n’est pas moi qui ai amené ce sujet sur la place (et puis si on commence à se dire qu’il ne faut pas parler de telle ou telle chose, on finit par ne plus parler de rien — et ça, ça me semble impossible (car nous restons des intellectuels, don’t we ?)).
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