De Gaza à Beer Ora (info # 011908/11) [Exclusivité]
Par Sami El Soudi, Ilan Tsadik, avec Etienne Duranier © Metula News Agency
Alors que les tirs de roquettes à partir de Gaza se sont poursuivis, durant la nuit et ce vendredi, sur Ashdod, Ashkelon, Beer Sheva et Kiryat Gat, notamment, parallèlement aux attaques de l’armée de l’air israélienne dans la Bande, la situation se détériore également dans le Sinaï.
A Ashkelon, un Grad qui se dirigeait vers un quartier densément peuplé de la ville a été intercepté en vol par un missile tiré par une batterie du Dôme de fer.
A Ashdod, les occupants d’un bâtiment du Parc industriel ont été moins chanceux, puisqu’une roquette les a atteints de plein fouet, blessant six personnes, dont l’une se trouve dans un état sérieux.
Les chasseurs-bombardiers et les drones hébreux ont, pour leur part, réalisé une dizaine de sorties depuis les assassinats terroristes dans la région d’Eilat. Ils ont pris pour cibles des dépôts d’armes et des positions du Hamas, et ont détruit trois tunnels de contrebande à Rafah.
En début de soirée d’hier, les Israéliens ont frappé un grand coup dans la guerre qui les oppose aux organisations terroristes, en décapitant littéralement les Comités de résistance populaires. Les CRP, qui avaient perpétré les agressions dans le sud d’Israël, quelques heures à peine auparavant.
Il semble que les chefs de cette organisation se dirigeaient vers une maison de Rafah pour y tenir un conseil de guerre. Ils ont pourtant commis une double imprudence : d’une part, ils pensaient pouvoir garder le secret sur le lieu de leur réunion, de l’autre, ils occupaient tous le même véhicule pour s’y rendre.
Ils ont payé de leur vie leur indolence, puisque leur véhicule a été foudroyé par un missile air-sol, ne laissant pas la moindre chance de survie à ses six passagers. A cette occasion, Tsahal a à nouveau démontré qu’il pouvait s’appuyer sur un réseau d’agents très efficace dans la Bande. Un réseau qui permet aux Israéliens de connaître les déplacements de tous les responsables terroristes, et de choisir le moment politique ou stratégique opportun afin de les éliminer.
Hier soir, suite aux événements de la journée, les Hébreux n’allaient pas laisser passer l’opportunité inespérée de châtier les commanditaires de la mort de sept des leurs, et de s’en débarrasser définitivement.
En joignant au téléphone des connaissances à Gaza, j’ai pu [Sami El Soudi] me rendre compte du sentiment d’impuissance des islamistes, qui vivent en permanence dans le sentiment que l’ennemi connaît leur emploi du temps, les épie, et peut décider de les éliminer à n’importe quel instant.
Dans le milieu des dirigeants du califat islamiste, la peur et le doute sont encore accentués par la certitude que des informateurs sont infiltrés dans leurs rangs, et ce, indubitablement, également parmi les chefs.
Hier, c’est le commandant historique des Comités de résistance, Kamel Nirab, qui a été la première victime de ces trahisons. De même que le chef des opérations militaires, Imad Hamed, celui-là même qui avait planifié les attaques à Eilat, Khaled Chaath’, le responsable des tirs de roquettes des CRP, et le commandant Khaled Masri.
Hamed et Masri étaient directement impliqués dans le kidnapping du caporal Guilad Shalit et dans sa détention, par la suite. Les spécialistes des opérations terroristes estiment d’ailleurs que l’un des objectifs des terroristes, hier, consistait à s’emparer de nouveaux soldats israéliens afin d’en faire des otages supplémentaires.
Dans le Sinaï égyptien, après des semaines d’opérations et d’attentats incessants contre les intérêts du Caire, les événements d’hier ont généré le franchissement d’un nouveau palier d’intensité dans la confrontation entre les djihadistes de Gaza et l’armée égyptienne.
Ainsi, les soldats du maréchal Tantawi (chef du Conseil militaire suprême), qui ont coordonné toutes leurs activités, en temps réel, avec les Israéliens, ont abattu deux des commandos islamistes ayant participé aux attaques d’Eilat. Lors des multiples affrontements entre islamistes et militaires, trois Egyptiens au moins, dont un officier, ont été tués, et une quinzaine d’autres ont été blessés.
La situation s’est encore dégradée ce vendredi matin, quand un membre du commando, de retour d’Eilat (à 250km), s’est fait exploser à proximité de soldats d’outre-Canal. Officiellement, dans un communiqué volontairement laconique, le Caire a fait état de "plusieurs blessés" suite à cet attentat suicide.
A noter que d’autres membres du commando portaient aussi des ceintures d’explosifs. Le terroriste ayant pris pour cible le bus vide de passagers, a actionné la sienne, emportant avec lui le chauffeur dans l’au-delà. De plus, des ceintures de ce type ont été découvertes sur les corps de trois commandos djihadistes tués durant les affrontements.
Le nouveau gouvernement des bords du Nil ayant remplacé l’équipe d’Hosni Moubarak, tente, avec d’extrêmes difficultés, de reconquérir le contrôle de la péninsule du Sinaï, infestée de cellules islamistes.
La tâche de l’armée se trouve compliquée par l’anarchie politique régnant dans le pays du delta du Nil. Ainsi, la très puissante fratrie des Frères Musulmans soutient les CRP et le Hamas, qui constitue son émulation directe.
Ces alliances poussent les autorités égyptiennes à reconstituer les liens de coopération militaire avec les Israéliens. A ce sujet, les observateurs ont eu la possibilité de remarquer qu’un détachement du Yamam de la police israélienne (l’Unité de Guerre contre le Terrorisme) a pu franchir la frontière égyptienne, avec l’assentiment du Caire, à la poursuite des djihadistes.
Autre fait marquant : afin d’empêcher le Hamas et les CRP d’envoyer des renforts dans le Sinaï, et les commandos de rentrer à Gaza, l’armée égyptienne a très rapidement fermé le poste frontière de Rafah, là aussi, en complète coordination avec Tsahal.
Tandis que des jets passent sur nos têtes pour bombarder des objectifs au centre de Gaza-city – des usines d’armement ainsi qu’une centrale électrique – j’ai fait [Ilan Tsadik] une découverte étonnante en consultant la presse française sur mon pc de campagne.
Pas plus tard que cette semaine, j’avais consacré un papier aux dysfonctionnements sémantiques et autres de l’agence de presse semi-publique française. J’avais, entre autres, souligné l’extrême dangerosité du modus operandi à la française, suivant lequel l’ensemble des media de l’Hexagone répercute tels quels, sans prendre la peine d’effectuer la moindre vérification, les infos transmises par l’AFP.
Avais-je été touché par un phénomène prémonitoire ? Toujours est-il que les événements en cours me permettent d’illustrer mon propos de manière fulgurante. Voyez plutôt la dépêche émise par France Presse ce matin (après avoir eu toute la nuit pour s’enquérir de ce qui s’était passé hier à Eilat) : "Israël: 8 morts dans des attaques à Eilat, raids israéliens meurtriers à Gaza".
Or ce câblogramme contient une erreur pour le moins édifiante. On y lit – et c’est présenté comme "l'incident le plus meurtrier" des événements de jeudi :
"Enfin, l'incident le plus meurtrier, au cours duquel cinq Israéliens ont été tués, s'est produit à 13 heures, heure locale, quand un véhicule privé a été éventré par une roquette RPG antichar près de Beer Ora, à une quinzaine de kilomètres au nord d'Eilat, cette fois près de la frontière jordanienne".
Or cette information est totalement fausse ! Il ne s’est strictement rien passé à Beer Ora, pas plus que dans les alentours de cette paisible localité. Rien. Beer Ora est effectivement située au nord d’Eilat, sur la route no. 90. Mais l’attaque du bus, comme toutes les autres agressions d’hier, se sont produites à proximité du poste frontière de Netafim, sur une autre route, la 12, qui serpente les collines au nord-est du port israélien sur la Mer Rouge. D’ailleurs, la 90 n’a jamais dû être fermée par les forces de sécurité, alors que la 12 demeure encore impraticable ce vendredi.
Cette fausse information, dépassant la simple inattention, établit la démonstration, qu’en plus de confondre le métier d’informateur avec celui de propagandiste, l’officine "schattnerienne" de l’AFP Jérusalem n’y entend pas grand-chose en matière d’information factuelle.
Nous ignorons qui leur a soufflé cette ineptie, mais quelqu’un a bien été obligé de l’inventer… Elle dévoile, en tout cas, une incompréhension conceptuelle de la situation régionale. Non seulement les terroristes n’ont pas parcouru une vingtaine de kilomètres, en terrain très accidenté, à l’intérieur d’Israël, mais l’opération n’a pas été synchronisée avec des commandos venus de Jordanie.
Le problème, Messieurs les comiques de l’AFP, est lié à l’insécurité qui prédomine dans le désert du Sinaï, et aux bandes armées islamistes qui en ont fait leur terrain de jeu. Si vous lisiez mieux la Ména, vous n’auriez pas imprimé cette incongruité, du niveau d’amateurs ignorants de la situation géostratégique du Proche-Orient.
Ce qui devrait – enfin ! – susciter l’inquiétude des clients et des consommateurs d’information quant à la fiabilité de l’AFP, son (manque de) professionnalisme, et la méthode insuffisante, consistant à copier-coller les dépêches, pour solde de tout acte informationnel de la part des media, c’est que TOUTE la presse française a ânonné exactement la même sottise.
Voyez les comiques-perroquets de France2, de Libération (des contraintes existentielles ?), du Fig, du Point, etc., etc., etc.
La palme revient - à tout seigneur tout honneur -, au quotidien de réééférence, Le Monde, qui ne s’est pas privé de modifier le titre par souci d’antisémitisme primaire, en faisant : "Israël tue plusieurs activistes palestiniens en représailles des attentats d'Eilat".
Tiens, cette malversation manifeste participait du sujet principal de mon dernier papier. Mais sur ce coup, même Schattner n’avait pas osé recycler un hyper-terroriste de l’acabit de Kamel Nirab en "activiste" (partisan de l’action politique, donc non-armée) !
Que se passera-t-il si l’AFP décrète que les chèvres aboient, ou pire, que les Juifs ont les pieds palmés ? (Pour courir plus vite aux trousses des activistes et des mauvais journalistes).