Il faut se réjouir de voir le parti de l'In-nocence, qui rappelons-le est un parti écologique, s'en prendre aux nocences environnementales autant que sanitaires que provoquent les techniques industrielles de production alimentaire, lesquelles, en toute logique, sont à la fois préjudiciables à la nature, à la vie sauvage, à la faune, à la flore, aux animaux d'élevage, aux modes de vie traditionnels, aux économies locales et à la santé humaine. Mais derrière l'ensemble de ces désastres écologiques, au sens le plus large du terme, se profile toujours le spectre de la surpopulation planétaire dont la mondialisation de l'économie et l'industrialisme ne sont jamais que les corollaires inévitables. Le seul moyen raisonnable de tenter de limiter l'épuisement suicidaire des ressources naturelles et de stabiliser un tant soit peu l'effarante détérioration des conditions de vie terrestre les plus élémentaires consisterait à pratiquer la décroissance non seulement industrielle mais démographique. L'absurdité consiste à laisser croître indéfiniment les populations humaines dans un monde qui lui est malheureusement fini et dont dépend cependant notre survie autant collective qu'individuelle. Le péril démographique reste le grand tabou écologique philosophique, religieux et politique ; il est l'unique cause de tous les maux qui ravagent le monde, celui qui à tous les autres donne un retentissement monstrueux.
En ce qui regarde l'huile de palme, il me semble qu'il faut distinguer entre l'huile de palme de production industrielle, issue des grandes plantations de monoculture intensive d'Indonésie, de Malaise ou de Thaïlande - celle que dénonce à juste titre le communiqué du parti de l'In-nocence -, et l'huile de palme de culture traditionnelle à usage local, ou de culture biologique destinée à l'exportation, cette dernière étant, si je ne me trompe, essentiellement issue de Colombie. La diabolisation médiatique et quelque peu mono-maniaque de l'huile de palme en soi me paraît un tant soit peu excessive, sinon abusive. Certes cette huile végétale est naturellement riche en acides gras saturés (lipides qui ont tendance à encrasser les organismes et à contribuer à toutes sortes de maladies, dont les cardiovasculaires et les inflammatoires) et pauvre en acides gras insaturés et poly-insaturés (acides gras essentielles, dits Oméga 3, 6, 9 et même 7, qu'il faut impérativement apporter à l'organisme par le biais de l'alimentation et qui, entre autres, assurent le bon fonctionnement des échanges cellulaires), mais c'est également le cas du beurre de cacao ou encore des graisses animales, viandes et produits laitiers, qui ont en outre l'inconvénient de fixer les polluants et autres perturbateurs endocriniens et hormonaux, a fortiori lorsque ces aliments sont issus d'élevages dits conventionnels (non-biologiques). Sans compter que si l'on comparait l'impact environnemental de la production de viande à celui de la production d'huile de palme, nul doute que le parti de l'In-nocence se verrait en toute logique dans l'obligation morale de prôner le végétarisme, voire le végétalisme (mais j'entends déjà la révolte des carnivores invétérés...).
La nocivité potentielle de l'huile de palme (j'y reviens prudemment) est à la fois due à sa généralisation dans l'industrie alimentaire (essentiellement pour des raisons de coût avantageux), à sa consommation régulière et excessive (par consommation de produits exclusivement industriels), ainsi qu'au procédé d'hydrogénation artificielle dont elle fait souvent l'objet, ce que ses détracteurs oublient trop souvent de préciser. L'hydrogénation d'une huile végétale liquide par un procédé chimique (généralement, et très grosso modo, les puristes rectifieront et nuanceront, par ajout de dihydrogène et de nickel) permet de solidifier et de stabiliser le produit pour en faciliter l'usage industriel et en augmenter le rendement commercial. Inévitablement, ce procédé modifie la structure moléculaire de la chaîne des lipides, et produit ce que l'on appelle des acides trans, réputés nocifs pour la santé, voire carcinogènes. C'est pourquoi le procédé d'hydrogénation de l'huile de palme est strictement interdit en alimentation biologique. Si cependant l'huile de palme n'a pas encore été totalement bannie des produits biologiques, nonobstant les byzantines polémiques dont elle fait l'objet, c'est qu'elle reste une source végétale de lipides quasi incontournable pour fabriquer des produits susceptibles d'être conservés plusieurs mois avant que d'être consommés, tels que les biscuits, par exemple.