Sans compter que les fonctionnaires de police (en uniformes) ont de plus en plus la fâcheuse tendance à rouler des mécaniques auprès des placides autochtones au moindre écart de conduite supposé de ceux-ci. Ils n'ont pas tort : c'est beaucoup moins dangereux que de s'attaquer aux délinquants sensibles et multirécidivistes qui rameutent tout le quartier à la moindre remontrance. Et puis, non seulement un honnête et paisible citoyen est beaucoup plus facile à intimider, mais il a surtout le très grand mérite d'être la plupart du temps solvable, et procès-verbalisable à merci. Or, comme chacun sait, l'État est pauvre - mais infiniment clément et généreux avec le défavorisé, le stigmatisé et le victimisé, surtout lorsque celui-ci, toujours susceptible d'être armé, se montre belliqueux, indifférent à la loi (hormis celle du plus fort et du plus violent), et ne vit que d'assistanat, de trafics et de rapines.