Moi qui n’ai pas la télé, et qui ne la vois donc jamais, j’ai, en voyant (en raccourci, je l'avoue) cette ridicule émission de propagande, trois réactions.
1. Je suis frappé par l’usage délibéré de la rhétorique publicitaire. Le sujet finit sur une image de mignon négrillon jouant avec ses petits camarades blancs dans la cour d’une école rurale, sous la neige (signe de pureté). Le commentaire nous explique que quand les idées sont nauséabondes, il faut ouvrir grand les fenêtres. On pourrait nous vendre au moyen d’une imagerie et d’un commentaire exactement semblables un
spray pour désodoriser les appartements. Ceci dans une émission qui se présente comme une émission de « grand reportage ».
2. En fait d’arguments, on joue constamment sur les mots. Exemple : allogène signifierait, selon l’expert quelconque qui prêche la bonne parole, « qui a des gènes étrangers » et moyennant ce tour de passe-passe sémantique, on fait de l’adversaire un tenant du racisme biologique à la Rosenberg. (Conseil d’ami : dites allochtone.) Autre exemple : l’idée selon laquelle les immigrantes auraient un taux de fécondité deux fois supérieur à celui des Françaises est loufoque, parce qu’au bout d’une génération les taux sont alignés. Mais cela veut dire que la première génération a effectivement les taux de fécondité de la société d’origine, et l’idée n’est donc pas loufoque du tout. Elle est seulement disqualifiée au moyen d’un autre tour de passe-passe. Je ne reviens pas sur le tour de passe-passe principal (« Ils sont Français »).
3. Sur un autre plan, on peut interpréter cette navrante pellicule de propagande comme un témoignage de la fin du régime télévisuel. Des gens dont la tâche est d'alimenter la télé du gouvernement, et qui brassent énormément de fric, aimablement fourni par le contribuable, consacrent un sujet entier à « débunker » ce qu’ils lisent sur internet, et qui est écrit par définition par des gens qui n’ont pas un radis. Et l’argument principal, c’est : ne les croyez pas, eux, croyez-nous, nous, parce que nous, on est la télé.