Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 1751 : Sur les nouvelles confiscations israéliennes en Cisjordanie

Communiqué n° 1751, lundi 8 septembre 2014
Sur les nouvelles confiscations israéliennes en Cisjordanie

Le parti de l’In-nocence exprime sa complète désapprobation face aux nouvelles confiscations israéliennes de terres palestiniennes en Cisjordanie. L’enlèvement et le meurtre abominable de trois jeunes Israéliens par les terroristes palestiniens ne saurait en aucune façon servir de prétexte et d’excuse à ces spoliations étatiques, qui sont d’un ordre entièrement différent.

Le parti de l’In-nocence rappelle qu’il est sans doute le parti français le plus constamment et fidèlement ami d’Israël. Sa position n’a pas varié depuis sa création et depuis les paragraphes de son programme à ce sujet. Il est favorable à une paix unilatérale, à la réunification de Jérusalem sous la seule autorité d’Israël qui a sur cette ville des droits plusieurs fois millénaires, à l’existence de deux États, à la reconnaissance d’un État palestinien viable dans les frontières de 1967 (moins Jérusalem-Est), au droit imprescriptible d’Israël à se défendre dans des frontières légitimes et reconnues internationalement, à l’évacuation des colonies de peuplement — à moins que d'équitables échanges de territoires compensent le maintien de certaines d'entre elles — et, bien entendu, pour commencer, à la fin de leur extension.
"État palestinien vivable"...

Pour ses voisins sans doute ?
Pourquoi les frontières d'Israël issues de la guerre de 1948-49 ont-elles tout de suite été acceptées en Occident, alors que les colonisations et annexions y afférentes depuis 1967 sont-elles très généralement refusées (sauf, en ce qui concerne le Parti de l'In-nocence, pour Jérusalem-Est) ?

L'explication fondamentale me semble celle-ci : les territoires conquis en 48-49, qui représentaient à peu près la moitié de la Palestine arabe décidée par l'Onu, ont été à peu près vidés de leur population arabe et une population juive s'y est installée. Refuser ces conquêtes reviendrait à déplacer l'essentiel de la population qui y vit.
Tandis que, dans les territoires conquis militairement en 1967, la population arabe est restée, et, sauf à Jérusalem, les implantations juives sont des îlots juifs dans des territoires qui restent essentiellement arabes.

Il y a d'ailleurs une certaine contradiction entre considérer que déplacer de force une population est inadmissible, ce qu'on considère généralement, et refuser de remettre en question (c'est-à-dire d'inverser) ce déplacement une fois qu'il a été effectué (il y a eu déplacement forcé des Palestiniens en 1948-49 dans la mesure où, s'ils ont fui plutôt qu'ils n'ont été chassés, les Israéliens les ont ensuite empêchés de revenir). .

Dans le cas d'Israël et des territoires de 1948-49, il me semble qu'on peut légitimer la conquête par les deux arguments suivants :
a) Compte tenu de l'hostilité arabe, Israël dans les frontières établies par l'Onu était militairement non viable.
b) Les Juifs des pays arabes ont été spoliés et expulsés. Ce qui s'est réalisé est donc un échange, une sorte de partage du Moyen-Orient : les Arabes l'ont vidé de sa présence juive, en contrepartie les Juifs en ont pris une petite partie pour eux.

Pourquoi être opposé aux colonisations et annexions en territoires conquis depuis 1967 ?
Je dirai qu'il y a la question de principe.
Et aussi que ce n'est pas notre intérêt à nous, Occidentaux.
Les Arabes ont beaucoup de pétrole et n'ont que trop tendance à être enragés et à avoir alors des comportements qui leur nuisent mais qui nous nuisent aussi. Tout ce qui contribue à les énerver est mal venu.
Il est inévitable que nous les énervions : nos succès, notre prospérité, notre liberté d'esprit, nos libertés de mœurs les énervent.
Inutile d'en rajouter sans nécessité.

Pour ce qui est de Jérusalem-Est, l'argument historique donné par le communiqué me convainc peu : certes, les juifs et même les Juifs ont un lien ancestral avec Jérusalem, mais les musulmans aussi, et les chrétiens aussi, et les Juifs sont beaucoup moins nombreux que les musulmans et les chrétiens. Le judaïsme n'est qu'un des héritiers d'Abraham, de loin le moins important numériquement des trois.
Les deux arguments principaux en faveur de cette position me semblent être :
a) Il y a maintenant des centaines de milliers d'Israéliens juifs qui habitent à l'est de Jérusalem. Les expulser serait cruel. Ils peuvent difficilement rester dans un Etat arabe sans être exposés aux massacres. Il faut donc accepter l'annexion de Jérusalem-Est.
b) Les Israéliens sont les plus forts. Ils ne concluront pas une paix impliquant l'abandon de Jérusalem-Est. Si l'on veut la paix, il faut donc que les Arabes cèdent sur Jérusalem-Est.
Cela dit, ces arguments ne me convainquent pas vraiment, et je me sens d'accord avec la position des États européens, qui sont hostiles à toutes les implantations de population israéliennes, y compris à Jérusalem-Est, et qui maintiennent à Tel-Aviv leurs ambassades. .
» ll y a maintenant des centaines de milliers d'Israéliens juifs qui habitent à l'est de Jérusalem

Cela est vrai du nombre total de colons habitant les implantations, qui doit actuellement dépasser le demi million... En fait, compte tenu de la place de plus en plus prépondérante de cette population dans la vie politique, et d'ailleurs la vie tout court, du pays — ainsi un nombre croissant d'officiers, surtout dans les unités combattantes et parmi le haut commandement sont des "colons", ou à tout le moins font partie des "kippot tricotées", c'est-à-dire du mouvement des religieux sionistes — , et si l'on en juge par le drame national qu'a constitué le démantèlement de la poignée de colons habitant les colonies de Gaza, alors il devient de plus en plus improbable qu'un gouvernement israélien puisse évacuer cette population sans soumettre le pays à des heurts qui constitueraient un véritable péril. Dans ces conditions, "être pour ou contre les colonies" n'a plus vraiment de sens, pas plus qu’être "contre" un fait accompli.
Sous cet angle il semble que les colons aient gagné la partie...

Je crois qu'il devient urgent de penser à des solutions alternatives au sempiternel "deux pays pour deux peuples", qui devient de plus en plus impraticable étant donné l'intrication des populations : il y a de plus en plus d'Arabes en Israël, d'Israéliens en Palestine, d'où la nécessité d'envisager sérieusement des modalités de partage a-géographique, coiffé par des instances politiques communes de type confédéral.
Citation
Alain Eytan
Je crois qu'il devient urgent de penser à des solutions alternatives au sempiternel "deux pays pour deux peuples", qui devient de plus en plus impraticable étant donné l'intrication des populations : il y a de plus en plus d'Arabes en Israël, d'Israéliens en Palestine, d'où la nécessité d'envisager sérieusement des modalités de partage a-géographique, coiffé par des instances politiques communes de type confédéral.

1° La population arabe d'Israël ne s'accroît que par croissance naturelle, pas par immigration (interdite même aux Cisjordaniens, si je ne me trompe). Le nombre de naissances par femme n'est plus que de 3,5 et décroît à toute vitesse.

2° Votre solution est la très vieille lune de l'extrême-gauche sioniste ou israélienne, utopique, absurde, complètement abandonnée : une confédération de populations qui se haïssent ? Aucun parti israélien ne la soutient.
En fait, dans votre cas, semble-t-il, elle n'est qu'un paravent de la colonisation.

3° Dire que, puisque les colons sont nombreux, et nombreux dans l'armée, abandonner les colonies produirait des heurts qui mettraient en péril la sécurité d'Israël, et donc que, pour ces raisons de sécurité, il ne doit pas être question de cet abandon...
Vous allez un peu loin.
Israël a une armée qui actuellement et évidemment pour longtemps est tellement plus forte que celles de ses ennemis que même une guerre civile limitée ne menacerait pas sa sécurité.
De plus l'argument est bizarre, et même on ne peut plus bizarre : "Reconnaissez-moi cette conquête, parce que si j'y renonce, j'aurais une guerre civile sur les bras, ce qui entraînera une menace pour ma sécurité".
Le nombre de colons s'accroîtrait-il par l'opération du Saint-Esprit, qu'est-que cela changerait au fait qu'il y en a de plus en plus, qu'ils occupent des postes-clés à tous les niveaux dans le pays, et que l'évacuation de cette population des Territoires est de fait devenue hautement improbable, pour ne pas dire quasiment impossible, et qu'aucun gouvernement ne sera en mesure dorénavant d'assumer la responsabilité et la réalisation d'un tel projet, si l'on tient compte de ce qui est seulement faisable dans le contexte politique et social israélien ?
Cela revient à dire que, pratiquement, ce qui est absurde est de s'entêter dans cette voie, celle d'un partage géographique "propre", et que depuis qu'on en parle, et cela fait un bail, le réel dément de façon éclatante toute solution allant dans ce sens.
Ce n'est même plus une question d'opinion politique mais strictement de pragmatisme : si l'on souhaite, un jour, parvenir à quelque accord viable — c'est-à-dire tout d'abord possible, sans lancer des paroles en l'air pour se payer de mots — avec les Palestiniens, il faudra innover et faire preuve de créativité et d'ingéniosité, probablement en envisageant un arrangement de type confédéral à géométrie topographique très, très variable, en prenant en compte ce fait indéniable qu'Arabes et Israéliens ont su vivre ensemble en (relativement) bonne intelligence et se soumettre aux même instances politiques depuis la création de l’État d'Israël (je fais référence aux Arabes israéliens) ; cela devrait a fortiori être possible sous de structures politiques communes plus lâches, ménageant à chacun des peuples — Arabes israéliens et de Cisjordanie font après tout partie du même peuple — une bien plus grande autonomie nationale.
Peut-être est-ce "utopique", je n'en sais rien, mais ce qui est certain, c'est qu'il est certaines utopies qui paraissent plus réalisables, parce qu'au moins on peut encore y croire si elles sont bien conçues et plutôt réalistes, que des impossibilités sempiternellement éprouvées.

En réalité, le seul endroit où sévit un partage géographique et ethnique parfaitement net est Gaza : voyez le résultat.
1° Maintenant, vous en venez à une position plus modérée que celle que vous aviez exprimée, laquelle nouvelle position est que les Israéliens ne rendront pas l'intégralité des conquêtes de 1967.
Je suis d'accord.

2° Qu'on aboutisse à une solution telle que des morceaux d'Israël se trouvent enclavés en Palestine, et inversement, et même que certains territoires soient en quelque manière binationaux, très bien.
Mais on ne fera pas l'économie d'un Etat palestinien séparé, représenté à l'Onu.
Ce que vous proposez aux Palestiniens, à savoir la condition qui est celle des Arabes israéliens, ou bien (ce qui d'ailleurs n'est pas la même chose, vous devriez choisir et il est significatif que vous ne l'ayez pas vraiment fait : votre position craint la lumière et prospère l'obscurité où toutes les vaches sont grises), ou bien, donc, alors, une "confédération" (que vous peinez à définir mais dont on peut déjà dire, je suppose, que les Israéliens y auront l'armée, or une confédération de deux peuples dans laquelle l'armée et son emploi relève d'un seul des deux peuples, il n'y aura que vous pour appeler ça une confédération), c'est ce qui existe déjà et que tout le monde appelle l'occupation.
Imaginer qu'il y aura des Palestiniens pour l'entériner sous tel ou tel autre nom est parfaitement utopique.
D'ailleurs, comme je l'ai dit - et vous ne m'avez pas répondu sur ce point - cette utopie n'est soutenue par personne en Israël : si bien que votre plan de paix est mal parti.

Tandis que la solution des deux États séparés, elle a pour elle la majorité des Israéliens et au moins une minorité significative des Palestiniens. Simplement, ils ne sont pas d'accord sur les frontières. Beaucoup d'Israéliens veulent conserver toutes les colonies, beaucoup de Palestiniens veulent leur démantèlement complet..
C'est sur ce terrain que le compromis doit être cherché, pas dans une "solution" qui priverait les Palestiniens d'un Etat séparé.


Il me semble que la première contribution des Occidentaux au compromis et à la paix devrait être de cesser toute subvention aux deux parties :
. Les Occidentaux (Étatsuniens compris) devraient cesser de subventionner l'Office pour les "réfugiés" palestiniens. Les Européens devraient cesser de subventionner l'Autorité palestinienne.
. Les États-Unis devraient cesser de subventionner Israël.

Que chacune des deux parties paie son intransigeance.
.
» D'ailleurs, comme je l'ai dit - et vous ne m'avez pas répondu sur ce point - cette utopie n'est soutenue par personne en Israël

Je suis en désaccord avec vous pratiquement sur tous les points, mais je vous réponds : tout ce qui est officiellement soutenu par les partis politiques israéliens a magnifiquement capoté et abouti à rien, sinon à compliquer l'affaire jusqu'à la rendre inextricable, depuis les prodromes du conflit : la gauche soutient une antienne irréalisable et se méprend complètement sur les données du problème, notamment sur ce que sont et peuvent les Palestiniens, à mes yeux ; le reste de la classe politique ne veut, en matière de paix, rien en particulier, et se contente de gérer from day to day un status quo borgne.
Bref, il font comme vous, tous reprennent à en mourir de lassitude les mêmes slogans creux, inopérants et stériles, qui ont fourni depuis belle lurette la preuve de leur inefficience et inadéquation totale au réel :
— les colons ne se retireront pas et continueront inexorablement de transformer la Cisjordanie en pâte à gruyère joliment trouée, qui deviendra de moins en moins une terre propice à constituer un État souverain ;
— une séparation nette entre Israéliens et Palestiniens de Cisjordanie sera un désastre, parce que ceux-ci sont incapables de se constituer seuls en un tel État qui puisse offrir à sa population une vie digne de ce nom : il y a de fortes chances que la Cisjordanie devienne alors un Gaza bis, inacceptable pour Israël, car beaucoup plus dangereux, ce qui entraînera les conséquences qu'on imagine.

Quand les deux parties auront atteint à un certain état d'esprit les rendant mûrs pour aspirer réellement à une paix, et ce semble n'être pas demain la veille, alors il faudra réalistement reprendre les données du problème, et sérieusement envisager un modèle de type confédéral, car il paraît pouvoir répondre aux problèmes majeurs s'opposant à la résolution du conflit : l'intransférabilité des populations ; l’impéritie politique et sociale des Palestiniens les rendant inaptes à édifier un pays et la nécessité de les y aider fortement en les englobant dans des superstructures politiques et économiques ; la nécessité de préserver l'indépendance et l'identité de chacune des "fédérations".

Maintenant, tout cela n'en est qu'au niveau du principe, et je ne dispose pas du modèle parfaitement circonstancié d'un tel projet, à fournir clés en main, et suis d'ailleurs ouvert à toute suggestion, pourvu qu'on ne nous rebatte plus les oreilles avec toutes ces déclarations éculées jusqu'au fondement, précisément, de type onusien, visant à établir une paix juste et durable dans des frontières sûres et reconnues.
Bref, vous avez raison tout seul, contre les principaux intéressés, tous des idiots, qui vont se convertir un jour à votre point de vue, et alors trouveront le chemin de la paix.
C'est ce que j'avais compris, mais je souhaitais vous l'entendre dire.
Vous l'avez fait.
Je suis satisfait.
» Je suis satisfait

En effet, vous l'êtes. Et je ne fais effectivement qu'exprimer mon opinion.
Je partage plutôt l'avis d'Alain. Je me suis rendu à maintes reprises en Terre Sainte, et j'ai souvent discuté avec des Arabes israéliens (au sens large, en incluant les Druzes et les Bédouins). Il me semble qu'ils se satisfont de la situation, et que la piste évoquée doit être explorée. Il me semble aussi que beaucoup d'Israéliens voient de façon très positive la participation des Druzes, notamment, qui forment des unités combattantes fort appréciées. N'oublions pas enfin qu'il y a bon nombre d'arabes chrétiens, et que la jeunesse arabe chrétienne rejoint de plus en plus les rangs des Forces de Défense d'Israël.

Voici une photographie de soldats israéliens juifs et chrétiens :

[www.barenakedislam.com]

Notons aussi que la société palestienne a très largement une base tribale (ce qui rend possible l'adhésion de groupes complets à une politique raisonnable, et explique en partie le caractère irréconciliable du Fatah et du Hamas (en gros, bien des tribus proches du Fatah préfèreront, de mon point de vue, une alliance avec Israël à une domination par le Hamas). C'est très net en ce qui concerne Abou Mazen, un peu moins net pour ce qui est des Al-Husseini).
Dans une telle confédération, si, comme cela semble inévitable à brève échéance, les Arabes sont plus nombreux que les Juifs, il faudrait que le ou les états juifs ne puisse(ent) pas être mis en minorité (sinon, autant effacer Israël). Mais alors, ou bien c'est une voix chacun et le blocage menacerait à tout instant, ou c'est la majorité forcée pour les Juifs et alors c'est l'apartheid.

Et quid de l'armée ? Chacun aurait-il la sienne ? Les Arabes seraient ils "dispensés" de service au sein de l'armée commune ?

Je ne pose pas ces questions pour essayer de vous coincer, cher Alain Eytan, mais pour explorer votre idée car je suis sensible à votre discours sur le caractère éculé, inopérant et incantatoire de la formule des deux États fondés sur un partage géographique "propre".
Mais pourquoi voulez-vous absolument, cher Marcel, que dans une organisation confédérale la représentation se fasse au prorata du nombre d'habitants de chaque partie, et pas de façon paritaire pour chaque État membre ?

Voici la bonne tête de soldat d'un des héros de la dernière opération à Gaza, arborant fièrement les séquelles de la blessure qu'il contracta aux premières heures des combats (oui, c'est à la fois très brave et moins malin, il dut tout de suite être remplacé), le colonel commandant la prestigieuse brigade Golani, Rassan Alian ; un Druze, pas Juif pour deux sous. L'ordre de combat qu'il lança à ses troupes fut longtemps diffusé dans tous les médias comme un jingle, cela disait à peu près, dans un hébreu rocailleux mais fluent : « Après moi, mes hommes, bonne chance et que Dieu soit avec vous, tout le peuple nous soutient » Sans blague, tout le monde s'en pâmait littéralement, même moi, figurez-vous, même moi, je ne me sentais pas peu fier, à Jéru dans mon lit, doucement bercé par l'air moite du ventilateur. Comme le rappelle,justement Jean-Marc, les Bédouins (musulmans) sont nombreux et très appréciés, surtout comme éclaireurs, pour ne rien dire des Arabes chrétiens : alors oui, il n'est pas totalement irréaliste d'imaginer une force d'intervention commune.




« Mais pourquoi voulez-vous absolument, cher Marcel, que dans une organisation confédérale la représentation se fasse au prorata du nombre d'habitants de chaque partie, et pas de façon paritaire pour chaque État membre ?  »

J'avais envisagé cela dans ma question (ou bien c'est une voix chacun et le blocage menacerait à tout instant).

Quant aux Arabes possiblement et souvent réellement amicaux, Druzes, Bédoins, chrétiens, ils ne sont pas le problème mais pas non plus la solution : c'est du sort des autres qu'il s'agit.
Il me semble, cher Marcel, que des fractures très profondes soient en train d'apparaître dans les populations musulmanes : ISIS et consorts massacrent nombre de chrétiens, c'est exact, mais infiniment plus de musulmans, et ses adversaires, notamment les Kurdes, sont principalement, sur le terrain, musulmans. De même, en Egypte et ailleurs, les Frères musulmans ont trouvé une société prête à leur résister.

Je reviens à ce que je disais, et à ce qu'Alain disait, je pense : un nombre considérable de Palestiniens de Cisjordanie sont, de mon point de vue, susceptibles d'accepter ce qu'envisage Alain, car ils ne peuvent supporter le Hamas, et encore moins ISIS.

Cet ISIS et ce Boko Haram sont, sans jeu de mot, hélas, providentiels : ils font éclater la fiction de l'Oumma, car ils sont très menaçants aussi pour bon nombre de musulmans.
Donc il y aura deux armées, une armée juive (qui aura aussi pour soldats les quelques Arabes qui sont druzes ou chrétiens, et quelques autres encore), et une armée arabe. Ce sera une confédération, car l'armée juive n'obéira pas au pouvoir politique juif, et l'armée arabe pas au pouvoir politique arabe, mais chacune de ces armées obéira au pouvoir politique confédéral, dans lequel Juifs et Arabes seront à parité : ainsi chacun des deux peuples aura une armée contre l'autre peuple, mais tous les deux seront empêchés de s'en servir par le pouvoir politique, lequel s'appuiera sur les deux armées à la fois.

J'essaie de vous comprendre, Alain Eytan, et j'espère ne pas déformer vos positions.

Elles ne me frappent pas par leur bon sens.

Mais peut-être vous ai-je mal compris et ce que vous envisagez est ceci :
Seuls les Juifs ont une armée. Ils conservent toutes leurs colonies en territoires conquis en 1967. On crée une assemblée dite confédérale composée de telle sorte que les Palestiniens ne peuvent pas y imposer leur point de vue, sur les colonies par exemple.

A mon avis, vous n'aurez pas beaucoup de Palestiniens pour reconnaître une légitimité quelconque à cette assemblée.

Là aussi, si c'est cela votre point de vue, que vous soyez seuls à le défendre, comme vous l'avez reconnu, ne m'étonne pas beaucoup.

Et, qu'à ce stade de la discussion et après vos quatre messages la plus grande ambiguïté persiste sur votre projet - persiste pour moi au moins mais apparemment pour les autres contributeurs aussi - cela n'est pas de bon augure : apparemment, non seulement vous êtes seul de votre avis, mais vous ne parvenez pas très bien à savoir quel est votre avis.
Et dans tous les cas, que vous motiviez votre position par le fait que "l’impéritie politique et sociale des Palestiniens les rend[ant] inaptes à édifier un pays " ne me paraît pas de très bon augure pour l'applicabilité de votre position. "Formons une confédération parce que vous êtes inaptes à édifier un pays", voilà un message peu propre à susciter l'enthousiasme des Palestiniens pour la confédération future, et peu propre à rendre légitime cette confédération aux yeux de la communauté internationale, laquelle condamne formellement tout ce qui ressemble à du colonialisme.
» J'avais envisagé cela dans ma question (ou bien c'est une voix chacun et le blocage menacerait à tout instant)

Dans le cas de figure d'une représentation à nombre d'élus paritaire pour chaque état, constituant un véritable Parlement, toutes les tendances politiques de chaque État membre seraient en principe représentées ; l'éventualité d'un blocage systématique, Palestiniens contre Israéliens (le fait est que pour commencer, si vous me pressez, je n'envisage qu'une "confédération" assez limitée, bipartite, pour tout dire, probablement avec quelques "observateurs impartiaux" qui auraient leur mot à dire), une opposition bloc contre bloc, donc, ne m'apparaît pas inévitable, le jeu des intérêts et des alliances pouvant se faire autrement que par stricte appartenance nationale, non ?...

N'oubliez pas qu'une telle organisation aura d'abord à peaufiner les modalités de coopération à tous les plans, institutionnels, relatifs aux questions de santé et d’éducation etc., puis de sécurité commune, mais ensuite et surtout, aura à traiter des questions d'économie et de gestion commune des ressources, le but principal étant de tirer la société palestinienne, littéralement par le col, du marasme épouvantable où elle est engluée, et de lui faire faire un bond en qualité de vie tel qu'elle soit de moins en moins susceptible de tomber dans les travers communs aux pays environnants. On devra reprendre quelques plans, tombés à l'eau, de Peres et son équipe, lesquels avaient bel et bien parlé de "confédération régionale" et jeté les bases juridiques et économiques d'une telle coopération au tout début des accords d'Oslo.

La question de l'armée ne me paraît pas si insoluble que cela, c'est même l'un des seuls registres de collaboration, les questions de sécurité, dont on peut voir les prémices maintenant déjà : Palestiniens de l'Autorité et Israéliens collaborent activement et échangent couramment des informations dans la lutte contre des ennemis communs : aspirants terroristes de toute obédience, il y en a pas mal dans la région, et notamment du Hamas et du Djihad.
Les "patrouilles communes" du début d'Oslo avaient en réalité assez bien fonctionné, jusqu'à ce qu'elles se missent, à plusieurs reprises, par blocage du processus (reposant sur la notion d'un partage étatico-géographique "propre", à terme), à se tirer dessus...
Chaque État membre disposera d'une force de sécurité, bien entendu, relevant de l'autorité politique "locale", étant entendu qu'il sera stipulé dans les Articles de la Confédération future qu'il est absolument exclu que ces armées agissent l'une contre l'autre, cela n’étant pas du tout le but de l'opération, au contraire ; parallèlement, étant donné l'étroite collaboration entre les gouvernements et les hauts commandements militaires entre les états, une force d'intervention commune pourra être créée, commandée par un état-major commun.
Théoriquement, où est le problème ?
« et de lui faire faire un bond en qualité de vie tel qu'elle soit de moins en moins susceptible de tomber dans les travers communs aux pays environnants »

Je crains de ne pas vous suivre dans cette logique optimiste. L'idée que la modernisation et l'élévation du niveau de vie et d'instruction éloigneraient les populations musulmanes du terrorisme islamiste me semble avoir été complètement défaite par la réalité depuis le 11 septembre au moins.

« Théoriquement, où est le problème ? »

Nulle part. C'est pratiquement qu'il y en aurait.
Combien d'Arabes musulmans adeptes, mettons, des idées de la droite libérale, seraient-ils prêts à faire alliance avec leurs équivalents israéliens contre les Arabes musulmans de gauche ? Je crois me souvenir que même les communistes régionaux se sont divisés sur une base ethnique, non ?
On peut en effet imaginer une parité et une coopération viable et durable en matière de forces de police et de sécurité. Mais en matière d'armée ? Combien d'Israéliens seraient-ils prêts à faire le pari — où l'enjeu serait leur propre vie — qui permettrait aux Palestiniens de posséder des F 16, des chars de combat modernes, des sous-marins, de l'artillerie informatisée, des missiles puissants, des "dômes de fer" ? Combien de Palestiniens seraient-ils prêts à une pais définitive au prix d'un renoncement durable à ces armes ?
Citation
Alain Eytan

N'oubliez pas qu'une telle organisation [...] ensuite et surtout, aura à traiter des questions d'économie et de gestion commune des ressources, le but principal étant de tirer la société palestinienne, littéralement par le col, du marasme épouvantable où elle est engluée, et de lui faire faire un bond en qualité de vie tel qu'elle soit de moins en moins susceptible de tomber dans les travers communs aux pays environnants.

Votre position se précise : ce que vous appelez confédération, c'est une structure faite pour que les Israéliens subventionnent massivement un Etat palestinien en échange de l'acceptation par les Palestiniens de l'Israël de 1967 plus les colonies crées depuis.

L'idée étant que, quand les Palestiniens seront plus développés, ils oublieront quelque peu leurs revendications nationales...Illusion complète, naturellement.

C'était le discours des libéraux français au début de la guerre d'Algérie. La réponse au Fln : l'augmentation des salaires...
Par exemple Edgar Faure (président du conseil en 1955) dans ses Mémoires ne se reconnaît dans toute sa vie publique fondamentalement aucune faute sinon celle-là, commune à l'époque.

Il n'y a aucune raison pour que la hausse du revenu palestinien soit un objectif des Israéliens.
Ce n'est pas ce que les Palestiniens leur demandent.
Et les Israéliens n'aiment pas particulièrement les Palestiniens, alors pourquoi la hausse du revenu de ceux-ci devrait leur être une ardente obligation, étant donné qu'ils n'achèteront en rien la paix par ce moyen ?
Citation
Alain Eytan
La question de l'armée ne me paraît pas si insoluble que cela [...] Chaque État membre disposera d'une force de sécurité, bien entendu, relevant de l'autorité politique "locale", étant entendu qu'il sera stipulé dans les Articles de la Confédération future qu'il est absolument exclu que ces armées agissent l'une contre l'autre, cela n’étant pas du tout le but de l'opération, au contraire.[...]
Théoriquement, où est le problème ?

Le problème est que votre garantie sera un morceau de papier.
» L'idée que la modernisation et l'élévation du niveau de vie et d'instruction éloigneraient les populations musulmanes du terrorisme islamiste me semble avoir été complètement défaite par la réalité depuis le 11 septembre au moins

Voilà qui m'a toujours paru un peu spécieux, et beaucoup jouer sur les mots : la mouvance islamiste radicale, et Al-Quaïda en particulier, ne sont pas issus, à ma connaissance, de sociétés qu'on pourrait qualifier, sans faire une jolie entorse aux mots, de modernes, ouvertes et jouissant d'une réelle qualité de vie ; pis, le but avoué de ces mouvements est expressément de lutter contre cette ouverture et ce modernisme, en particulier dans leurs propres pays : ce refus de devenir ce que vous leur accordez si généreusement est même l'une de leurs principales raisons d'être.
La société palestinienne n'est pas caractérisée, je crois, par un réel fanatisme religieux, et la Cisjordanie résiste assez bien, tenue encore par la base essentiellement laïque du Fatah. Les raisons pour lesquelles Gaza est tombée si facilement dans l'escarcelle des Frères musulmans, dont le Hamas est la branche palestinienne, sont multiples, mais il m'est avis que l'extrême précarité des conditions de vie des Gazaouis n'y est pas étrangère, si l'on prend en compte notamment que le Hamas fut d'abord et surtout une organisation caritative et pratiquement d'assistance sociale.

D'une façon plus générale, Marcel, une certaine dose d'optimisme me semble moins risquée qu'un supposé réalisme intraitable, bloquant et bloqué dans une stagnation qui à terme précipitera immanquablement les protagonistes droit dans le mur.


» Combien d'Arabes musulmans adeptes, mettons, des idées de la droite libérale, seraient-ils prêts à faire alliance avec leurs équivalents israéliens contre les Arabes musulmans de gauche ? Je crois me souvenir que même les communistes régionaux se sont divisés sur une base ethnique, non ?

C'est ce qui se passe assez fréquemment à la Knesset, où l'on peut voir d'ailleurs des alliances ad hoc entre les Arabes et le Shass, par exemple, qui est en matière de politique étrangère très à droite.
Je répète que l'idée d'une confédération n'aura une chance d'aboutir qu'au moment où mûrira dans les esprits la volonté réelle de parvenir à un accord, et où commenceront à tomber les réflexes d'agrégation butée fondée exclusivement sur la solidarité ethnico-religieuse, pour penser à promouvoir des intérêts possiblement communs, et j'ai déjà écrit supra que ce n'est pas demain la veille ; si cela n'advient jamais, eh bien...

Les doutes que vous formulez concernant la question de l'armée seront d'autant plus pertinents dans l’éventualité d'une partition nette d'un territoire si exigu entre deux États parfaitement indépendants et souverains, ne disposant d'aucune forme de "gouvernement" commun les liant dans une série d'accords réalisant une réelle coopération et interdépendance, États dont la frontière de l'un, la Palestine, se situera alors à quelques kilomètres des centres névralgiques de l'autre, rendant même tout dispositif de protection anti-missiles parfaitement inopérant.
Je n'ai d'ailleurs pas parlé d'"armée", mais plus prudemment et vaguement de "forces de sécurité", et je rappelle qu'il ne s'agit que d'une ébauche de solution alternative — le classique et rebattu refrain "deux États pour deux peuples", au sens où il est communément entendu étant devenu à mon avis purement et simplement irréalisable —, solution dont les détails, vous vous en doutez, devront être mis au point par des experts en tout genre, et de toutes origines et confessions.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter