Pourquoi les frontières d'Israël issues de la guerre de 1948-49 ont-elles tout de suite été acceptées en Occident, alors que les colonisations et annexions y afférentes depuis 1967 sont-elles très généralement refusées (sauf, en ce qui concerne le Parti de l'In-nocence, pour Jérusalem-Est) ?
L'explication fondamentale me semble celle-ci : les territoires conquis en 48-49, qui représentaient à peu près la moitié de la Palestine arabe décidée par l'Onu, ont été à peu près vidés de leur population arabe et une population juive s'y est installée. Refuser ces conquêtes reviendrait à déplacer l'essentiel de la population qui y vit.
Tandis que, dans les territoires conquis militairement en 1967, la population arabe est restée, et, sauf à Jérusalem, les implantations juives sont des îlots juifs dans des territoires qui restent essentiellement arabes.
Il y a d'ailleurs une certaine contradiction entre considérer que déplacer de force une population est inadmissible, ce qu'on considère généralement, et refuser de remettre en question (c'est-à-dire d'inverser) ce déplacement une fois qu'il a été effectué (il y a eu déplacement forcé des Palestiniens en 1948-49 dans la mesure où, s'ils ont fui plutôt qu'ils n'ont été chassés, les Israéliens les ont ensuite empêchés de revenir). .
Dans le cas d'Israël et des territoires de 1948-49, il me semble qu'on peut légitimer la conquête par les deux arguments suivants :
a) Compte tenu de l'hostilité arabe, Israël dans les frontières établies par l'Onu était militairement non viable.
b) Les Juifs des pays arabes ont été spoliés et expulsés. Ce qui s'est réalisé est donc un échange, une sorte de partage du Moyen-Orient : les Arabes l'ont vidé de sa présence juive, en contrepartie les Juifs en ont pris une petite partie pour eux.
Pourquoi être opposé aux colonisations et annexions en territoires conquis depuis 1967 ?
Je dirai qu'il y a la question de principe.
Et aussi que ce n'est pas notre intérêt à nous, Occidentaux.
Les Arabes ont beaucoup de pétrole et n'ont que trop tendance à être enragés et à avoir alors des comportements qui leur nuisent mais qui nous nuisent aussi. Tout ce qui contribue à les énerver est mal venu.
Il est inévitable que nous les énervions : nos succès, notre prospérité, notre liberté d'esprit, nos libertés de mœurs les énervent.
Inutile d'en rajouter sans nécessité.
Pour ce qui est de Jérusalem-Est, l'argument historique donné par le communiqué me convainc peu : certes, les juifs et même les Juifs ont un lien ancestral avec Jérusalem, mais les musulmans aussi, et les chrétiens aussi, et les Juifs sont beaucoup moins nombreux que les musulmans et les chrétiens. Le judaïsme n'est qu'un des héritiers d'Abraham, de loin le moins important numériquement des trois.
Les deux arguments principaux en faveur de cette position me semblent être :
a) Il y a maintenant des centaines de milliers d'Israéliens juifs qui habitent à l'est de Jérusalem. Les expulser serait cruel. Ils peuvent difficilement rester dans un Etat arabe sans être exposés aux massacres. Il faut donc accepter l'annexion de Jérusalem-Est.
b) Les Israéliens sont les plus forts. Ils ne concluront pas une paix impliquant l'abandon de Jérusalem-Est. Si l'on veut la paix, il faut donc que les Arabes cèdent sur Jérusalem-Est.
Cela dit, ces arguments ne me convainquent pas vraiment, et je me sens d'accord avec la position des États européens, qui sont hostiles à toutes les implantations de population israéliennes, y compris à Jérusalem-Est, et qui maintiennent à Tel-Aviv leurs ambassades. .