Sauf erreur de ma part, alors qu'il est souvent question ici des prises de position du FN sur l'immigration, ses propositions dans le domaine économique et financier n'ont pas été précisément exposées.
Certes, ce sujet peut être considéré comme secondaire, "une question d'intendance", mais on peut également soutenir l'hypothèse inverse (cf. une autre fil sur c site) selon laquelle ces propositions économiques et financières ne sont pas jugées crédibles par une part significative des personnes qui partagent cependant avec le FN le refus du "Grand Remplacement", même si le terme a été récusé par Mme Le Pen.
Pour ces raisons, il me semble utile de donner à connaître les propositions "éco-fi" du FN telles qu'il les présente lui-même, dans son programme détaillé et dans son résumé, en les assortissant d'un bref commentaire.
Sources :
[
www.frontnational.com]
[
www.frontnational.com]
Extraits du programme classés par thèmes :
I. Le recours aux prêts de la Banque centrale
"
Pour recouvrer sa souveraineté financière, la France doit cesser d’être dépendante des banques internationales et des marchés financiers pour son financement. Depuis une loi de 1973, confirmée par les Traités européens depuis Maastricht, notre pays n’a plus la possibilité d’emprunter directement à taux très bas à la Banque de France comme cela se pratique dans de nombreux pays du monde dont les Etats- Unis et le Royaume-Uni (dans ce dernier pays, la Banque d’Angleterre détient 25% de la dette publique). Fruit d’une idéologie périmée, cette interdiction du financement monétaire de la dette renchérit la charge d’intérêts de la dette et place l’Etat dans la dépendance exclusive de ses créanciers privés, de surcroît largement étrangers"
"
Le monopole des banques sera supprimé en déprivatisant l’argent public. La Banque de France pourra ainsi prêter au Trésor public sans intérêts"
Commentaires :
1° la loi n° 73-7 du 3 janvier 1973 [
www.legifrance.gouv.fr] à laquelle il est fait allusion n'a pas interdit les emprunts de l'Etat auprès de la Banque de France : l'article 19 de cette loi disposait explicitement que "
les conditions dans lesquelles l'Etat peut obtenir de la Banque des avances et des prêts sont fixées par des conventions passées entre le ministère de l'Economie et des Finances et le Gouverneur autorisé par délibération du conseil général" (de la Banque de France). L'erreur du FN vient d'une incompréhension de l'article 25 de la loi qui disposait que "le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France", cependant que l'article 24 de la loi permettait à la Banque de France d' "escompter, acquérir, vendre ou prendre en gage des créances sur l'Etat, les entreprises et les particuliers dans les conditions qu'il juge nécessaires pour atteindre les objectifs de la politique monétaire, et en tenant compte de la situation particulière des demandeurs et des présentateurs"
2° "
cette interdiction du financement monétaire de la dette renchérit la charge d’intérêts de la dette" : c'est faux puisque, au-delà d'un seuil, les avances et prêts de la Banque de France à l'Etat donnaient lieu à versement d'intérêts et qu'aujourd'hui l'Etat s'endette sur les marchés à des taux extrêmement faibles (comparables aux "
taux très bas" que le FN voudrait obtenir de la Banque de France) ;
3° "
place l’Etat dans la dépendance exclusive de ses créanciers privés, de surcroît largement étrangers" : c'est l'inverse puisque l'Etat a la faculté de faire défaut (c'est même une manifestation de sa "souveraineté") de sorte que le risque et la dépendance se trouvent du côté du prêteur ; d'autre part, pour des raisons comptables, les prêteurs sont tenus de placer leur argent auprès des Etats réputés sérieux, qui peuvent donc refuser de payer des intérêts qu'ils jugeraient excessifs (dans la dernière période, les prêteurs en sont venus à payer à l'Etat des intérêts, ce qui est encore mieux pour lui que les "
prêts sans intérêts" de la Banque centrale préconisés par le FN). Les prêts accordés aux Etats sont à taux très faibles parce qu'il n'y a pas de risque d'inflation, or...
4° ...le recours au "
financement monétaire de la dette" par des prêts gratuits de la Banque de France, comme le FN le préconise, signifierait que l'Etat pourrait sans limite aucune créer de la monnaie en créant ainsi une forte inflation, comme la France l'a connue dans les années 1970. Aujourd'hui, la Banque centrale européenne (BCE) procède au "
financement monétaire de la dette" des Etats, en rachetant leurs titres de dette sur le marché secondaire, et le FN devrait donc s'en réjouir, mais la BCE veille à ce que cela ne génère pas d'inflation parce que ses statuts lui imposent de le faire.
La suite au prochain numéro, si cela intéresse les In-nocents..