Communiqué n° 790 : Sur l'aide de la France au Sénégal

Le parti de l'In-nocence approuve totalement les propos qui sont prêtés à l'ambassadeur de France au Sénégal, M. Jean-Christophe Rufin, déconseillant au gouvernement français d'accorder « une aide financière massive » au Sénégal si elle n'est pas assortie d' « exigences très fermes » et de « l'ouverture d'un dialogue avec l'opposition ». M. Rufin aurait évoqué « des projets somptuaires tels que la statue géante construite actuellement par les Nord-Coréens, dans un inimitable style Kim-Il-sung, pour la somme de 14 milliards de francs CFA (21, 3 millions d'euros) » et exprimé la conviction que « venir en aide au Sénégal sans lui demander de réformer profondément son système politique reviendrait à fournir à un toxicomane la dose qu'il demande mais qui le conduit un peu plus sûrement vers sa fin. »

Le parti de l'In-nocence juge parfaitement raisonnables, et marquées du sceau du bon sens, les opinions ci-dessus rapportées, lesquelles ont semble-t-il amené le président du Sénégal, M. Abdoulaye Wade, à demander le rappel de l'ambassadeur de France. Si un tel rappel devenait inévitable, la France s'honorerait en ne nommant pas de successeur à M. Rufin avant une clarification sensible des rapports diplomatiques, économiques et politiques entre les deux pays.

Le parti de l'In-nocence, plus généralement, estime que la France devrait tirer les conclusions qui s'imposent de l'interminable théorie de chefs d'État africains qui presque toujours, à leur arrivée, se présentent comme de grands réformateurs qui vont mettre fin au régime de corruption et d'abus d'autorité de leurs prédécesseurs et très rapidement se révèlent, en général, comme les continuateurs rigoureux des mêmes pratiques et des mêmes politiques. C'est avec les peuples opprimés et mal gouvernés qu'il faut faire alliance et ce sont au premier chef leurs besoins qu'il convient d'essayer de satisfaire directement, sans l'intermédiaire d'autorités incompétentes et prédatrices.

Ce communiqué recueille mon total accord : nous sommes là dans "l'arrière-cour" traditionnelle de la France, notre intérêt est que ces pays progressent (et que leurs ressortissants restent ainsi chez eux).

Que la France s'occupe d'elle-même, de ses intérêts, et qu'elle laisse la promotion générale des droits de l'homme à la société "Les Successeurs de Robert Ménard".

Je ne pense pas que votre interprétation, Cher jmarc, soit fidèle à l'esprit de ce communiqué qui, me semble-t-il, ne demande en aucune façon un désengagement de la France.

Il y a manifestement quelque chose qui ne va pas dans la culture africaine, et c'est maintenant aux Africains de le trouver. Cessons donc d'en parler comme d'enfants immatures !

René Dumont en son temps dénonçait les abus des dirigeants africains, mais donnait en exemple quelques uns d'entre eux.

La solution raisonnable serait de n'aider que les dirigeants ayant fait preuve d'une bonne gestion, et en faisant bien attention à la façon dont on "aide" :
- pas en cassant le marché agricole alimentaire local, par exemple ...
- et en commençant par ne pas attirer ici leurs élites, par exemple ...

En réalité, la seule "aide" qui me paraisse utile, compte tenu des immenses richesses de l'Afrique, est de contribuer à former ici leurs élites, afin qu'elles puissent revenir chez elles, servir leur pays.

... et pour y revenir encore, en critiquant et recritiquant l'islam qui est une des causes des guerres et violences en Afrique.

Bien cher Maître,

En fait, ce message faisait référence, je crois, à un autre, relatif à la Chine.

Autant je suis favorable à toute action qui va dans le sens de nos intérêts, autant je trouve dangereux de porter les "droits de l'homme" à bout de bras sur toute la planète. A force de dire qu'on doit obtenir que tous les Chinois puissent s'exprimer suivant les normes occidentales, et que plus généralement tout notre système de valeurs doit s'appliquer partout, on va se faire répondre que nos principes généraux comportent aussi le droit au travail, le droit à la sécurité et le droit d'aller et venir, et qu'en conséquence nos frontières doivent être ouvertes à tous et tout le temps.

Pour être tout à fait clair, les façons dont la Russie ou la Chine sont gouvernées ne me regardent pas, si les Japonais veulent dévorer des baleines, cela ne me regarde pas, si M. Mugabe veut gouverner jusqu'à la nuit des temps, cela ne me regarder pas.

En revanche, soutenir M. Ben Ali, un des rares remparts contre l'islamisme, et veiller à ce que la dégration de "l'Afrique émigartionniste" ne s'aggrave pas, cela me regarde car l'incidence est, pour moi, réelle.

Ne serait_ce pas quelque peu nombriliste ? La politique des régimes africains joue un rôle primordial dans l'émigration vers des cieux plus favorables. Alors, même d'un point de vue "nombriliste"..

On ne peut pas l'exclure, il n'est pas membre du parti...

Loin de moi cette idée anyway !

Rassurez-vous, j'entendais seulement souligner que l'isolationnisme jmarcxiste est très éloigné des idéaux in-nocents. Je vois mal comment on peut écrire, pour s'en tenir à cela, « si les Japonais veulent dévorer des baleines, cela ne me regarde pas » — à moins d'être indifférent au sort des baleines, et donc du monde en général.

Bien cher Maître,

Sans doute victime d'une poussée de tension due aux abus de viande rouge (je suis actuellement au Brésil, où je n'ai pas manqué de visiter certains lieux que vous fréquentâtes dans une vie antérieure) j'ai probablement été trop vif dans mes propos.

Je vais essayer d'être plus sérieux, et d'expliquer ma position.

La "baleine japonaise" est typique de la situation actuelle. Voici une grande et ancienne civilisation, qui a, dans sa culture, la consommation de la baleine. Ladite baleine n'est, en fin de compte, pas si en danger que cela. Or, de cette baleine, le conformisme occidental fait un symbole et, depuis x temps, poursuit les Japonais (ainsi que les Norvégiens, peuple auquel je ne pense pas que grand monde puisse donner des leçons d'honnêteté et de démocratie).

De la même façon, et n'y voyez pas d'attaque contre vous où les membres du Parti, dont je partage beaucoup des positions, je considère qu'on (le Parti) se place trop au niveau du symbole et non du pragmatisme (je suis souvent revenu sur ce thème avec la phrase "Ils avaient les mains blanches mais ils n'avaient pas de mains").

De façon concrète, je suis intimement convaincu que le mot démocratie, au sens où nous l'entendons, ne se conçoit pas en Chine ou au Maghreb (la démocratie au Maghreb, c'est l'islamisme, la démocratie à Gaza, c'est le Hamas). Ces pays-là, très différent, n'ont pas dans leur culture nos notions démocratiques. Ils voient le monde autrement, et plaquer nos façons de voir sur leurs façons de faire nous conduit à une impasse.

J'irai même plus loin : connaissant un peu la Russie et l'Ukraine, je persiste à penser que le régime "à la Poutine" (et Soljenytsine le pensait aussi) est le plus adapté à ce qu'est la Russie. Plus exactement, dans mon idée, il faut à la Russie un régime "à la Stolypine".


J'en viens, avant de vous lasser, à ce qui pour moi est une position générale : concentrer nos efforts sur ce qui est de notre intérêt :

- combattre l'immigration à tout crin, et pour se faire aider les peuples poussés au désespoir par leurs Gouvernements de voleurs (en cela je souscris tout-à-fait au communiqué) ;

- aider les avant-postes de l'Occident comme l'Etat hébreu ;

- en revanche, pour les autres pays, avoir de bonnes relations économiques voire politiques, sans s'occuper de ce qui se passe chez eux.

Songez, bien cher Maître, à ce qu'était la politique de la Troisième République avant la Grande Guerre, seul "Etat totalement démocratique de l'Europe entière". Cette République, largement radicale et bouffeuse de curés, cette République qui défendait très activement la liberté individuelle (en France) :

- avait comme principal allié continental la Russie tsariste (on fait mieux en matière de droits de l'homme) ;

- menait une ambitieuse politique coloniale, qui a beaucoup apporté en bien des endroits.


Enfin, dernier point : à nous mêler des affaires des autres, il ne faut pas s'étonner s'ils finissent pas s'occuper des nôtres. On a poursuivi et on poursuit en France, au nom d'une prétendue compétence universelle, les "génocidaires (quelle expression)" du Rwanda. On s'étonne que ledit Rwanda veuille maintenant poursuivre des militaires Français. On découvre aussi que les Tutsis en cause sont aussi fort doués en exactions, voir ce qui se passe au Congo.

Vous voyez, bien cher Maître, que si mon "ça" est effectivement peu in-nocent, mon "moi" tente de l'être, au nom du réalisme, un peu à la Clémenceau. Il vous reste effectivement le "surmoi", et je vous y classe donc, en compagnie de Benoît XVI, de Mendès-France et de Borges (connaissant vos livres, je ne prévois pas de présence féminine, vous imaginant peu porté sur les dizaines de vierges islamiques promises aux martyrs).

A la suite de mon message précédent, pour ce qui est des idéaux du Parti, je crois en comprendre certains.


C'est pourquoi je vous confesse un certain trouble quand je vois le Parti proche de ce que dit "Reporters sans Frontières", qui est pour moi le symbole de ce que je n'aime pas (à égalité avec Droit au Logement). En fait, il s'agit-là des adeptes du prêchi-prêcha, de la repentance à jet continu, de l'exaltation de l'étranger non parce qu'il est étranger et par là même intéressant mais parce qu'il aurait des droits sur nous.

Pour être tout à fait clair, les façons dont la Russie ou la Chine sont gouvernées ne me regardent pas, si les Japonais veulent dévorer des baleines, cela ne me regarde pas, si M. Mugabe veut gouverner jusqu'à la nuit des temps, cela ne me regarder pas.

La façon dont la Chine est gouvernée nous regarde tous directement car le mode de gouvernement chinois est aujourd'hui reconnu comme directement responsable, dans le contexte d'intégration économique avec les Etats-Unis - la Chine finançant leur déficit au lieu de prêter de l'argent à ses citoyens pour qu'ils consomment -, de la crise économique mondiale.

Si les gouvernants chinois, au lieu d'inciter les ménages et les entreprises à épargner dans les banques d'Etat, lesquelles vont investir dans les dettes du consommateur étatsunien en achetant des bons du Trésor US et autres créances illusoires, incitaient le secteur bancaire chinois à un véritable développement et à développer un véritable crédit à la consommation dans la population chinoise et sa classe moyenne, la grave crise économico-financière qui a frappé le monde cet automne, née aux Etats-Unis où l'économie est malade de l'endettement et des déficits commerciaux, et qui vous affecte autant que nous, cher Jmarc, n'aurait pas eu lieu, en tout cas pas dans les formes qu'elle a prises.

Oui, la politique africaine du PI, telle qu'exprimée dans la communiqué no 790, remporte ma pleine approbation. Et si jmarc a des problèmes au Brésil suite à des fréquentations trop assidues de la belle jeunesse de ce pays, je suggère que chacun et notamment les autorités françaises se gardent bien d'intervenir, car, en vérité, que les autorités brésiliennes décident de le jeter au cachot pour très longtemps, cela ne nous regarde pas. Même s'il doit manger de la baleine jusqu'à la fin de ses jours.

Voyez comme un régime fasciste (le régime chinois), qui ne veut aucunement le bien de sa population mais seulement remplir les caisses de l' Etat de surplus financier pour se doter de moyens militaires prestigieux (entre autres) peut provoquer, par intégration économique avec les Etats-Unis, une addiction au crédit de la nation capitaliste libérale par excellence et, en entretenant cette addiction, la corrompre jusqu'à la banqueroute économique.

Et vous nous dites après ça que la manière dont la Chine est gouvernée ne nous regarde pas ?

Bien cher Corto,


Vous m'accablez de vos bontés, et j'en rougis... (en ce qui concerne la viande rouge que j'ai consommée en abondance, ne vous y trompez pas : il s'agit de celle des rotisseries... savez-vous qu'en Albanie le langage populaire dit, pour faire l'amour, que l'homme "écarte la laine" et que la femme "avale la viande" ? quant aux lieux que Renaud Camus fréquenta et que j'ai fréquenté, je vous rassure : pour rester dans le registre de la laine, on y trouve des béliers, non des agneaux).

Je note que la tournure : "je suggère que chacun et notamment les autorités françaises se gardent bien d'intervenir" est un nouvel exemple de syllepse.

Barbey d'Aurevilly nous parlait déjà de cela.

Mon crime concerne non pas les biquets, mais plutôt les baleines, et vous ne croyez pas si bien dire, bien cher Corto, en me parlant de leur délectable chair.

Voici le lien avec le site d'un lieu que je visitai, et à propos duquel Francis pourra vous apporter des éléments de traduction.

[r.gnavi.co.jp]

J'ose espérer que vous ne me condamnerez pas pour cela, car si la Révolution a, grâce en partie à Cambacérés, aboli les châtiments pour balanophagie, il serait regrettable qu'ils fussent maintenant remplacés par ceux pour baleinophagie.

Mais n'est-ce pas là une constante, bien cher Francis, des régimes chinois à travers le temps ?

N'est-il pas exact que depuis deux cents ans au moins les idéaux confucianistes (qui sont au demeurant plutôt éloignés de nos visions individuelles des droits de l'homme) sont totalement oubliés des dirigeants chinois ?

Pour moi, mieux vaut l'ordre en Chine, pays propice au désordre, mieux y vaut un pouvoir fort que l'anarchie.

Je suis persuadé que le monde occidental et la Chine peuvent se rapporcher, mais je ne pense pas que la façon de faire actuelle (c'est à dire protester à la manière de M. Ménard) soit la plus efficace.

Il est dommage que le lait et le fromage soient peu connus en Chine (voir cependant infra). Un proverbe du style : "une vache qu'on caresse se laisse mieux traire" aurait, j'en suis certain, eu plus d'effets que du show-off.


Je pense utile de faire appel à l'intelligence des Chinois, et non à des sentiments qu'ils n'ont pas. Si on leur fait comprendre que la démocratie a pour but, par le contrôle qu'ont les citoyens, d'éviter des phénomènes comme les ruines d'écoles dans le Sseu-Tchouan ou l'extraordinaire lait maternisé, alors on a une chance que cela marche.


Pour tout vous dire (et cela ne concerne pas le Parti mais la bien-pensance), les mots "crier sa colère", "hurler sa rage" et les concepts de mobilisation citoyenne me sont étrangers et sont à la démocratie ce que le Petit Jésus est au Christ, c'est à dire des enfantillages. Pour être concret, face au lancinant problème du Hamas, il y a deux façons de faire : pleurnicher et jouer "jusqu'au dernier instant" l'apaisement, ou bien trancher dans le vif.


Ecrasant cette version moderne du démon, le Gouvernement démocratique de Tel Aviv a fait le bon choix. Les ennemis de la démocratie, s'ils sont dangereux pour nous, alors nous leur faisons la guerre, pas la morale. Si on considère que la Chine est dangereuse, ce que je ne crois pas du tout, alors il faut cesser d'acheter des produits chinois (c'est marqué dessus) et non pas se plaindre. Il faut être conséquent.