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La Guerre des trous noirs; Les couleurs de Grünewald...

Envoyé par Florentin 
Ce sont deux dossiers de La Recherche de Février. D'autres articles et dossiers très intéressants mais surtout - je suis abonné à cette revue depuis plus de trente ans - un ensemble d'informations positives, passionnantes, de nature à compenser le pessimisme ambiant.
Moi aussi, je suis lecteur de cette revue. Pas encore reçue... Et la cosmologie a sur moi aussi cet effet bénéfique... Ah, le damaru de Shiva...
Je vous approuve de tout coeur. Je me rappelle que certains numéros de La Recherche me passaient parfois largement au-dessus de la tête, à cause de mon inculture scientifique, mais je tire beaucoup de joie, à mon niveau, de certaines émissions des chaînes National Geographic ou Encyclopedia, où la cosmologie est expliquée, ou du moins présentée, au profane avec beaucoup de sérieux. La question de la matière et de l'énergie sombres, par exemple, m'a plongé dans la stupéfaction, pour ce que j'en ai compris. Et une soirée entière passée à suivre les aventures des véhicules martiens pilotés depuis le JPL est souveraine contre la morosité.
J'ajoute qu'il faut tout prendre de son époque : si les temps sont si troublés, ils contiennent aussi les découvertes scientifiques qui ont, depuis un petit demi-siècle, changé complètement la vision de notre place dans l'univers. Nous avons donc, en ce sens, beaucoup de chance de vivre à notre époque. Les anciens, eux, ont dû se contenter de quelques conceptions mythiques (dont les plus pertinentes à cet égard sont celles qui nous viennent de l'Inde).
29 janvier 2009, 11:09   JPL
Le reportage sur la vie des membres du JPL à Pasadena était étonnant et très touchant. Pendant toutes les missions des deux véhicules martiens, ils acceptaient de travailler "à l'heure martienne", ce qui avait des conséquences concrètes et physiques sur leur vie quotidienne, acceptées de bon coeur. Certains passaient des nuits à réfléchir à telle question technique et à proposer des solutions. On se sentait à mille lieues de ce petit esprit revendicatif qui présuppose que le travail est une corvée, que le plus malin est celui qui en fait le moins et qui "y coupe", qui ne parle que de droits et jamais de devoirs. On me rétorquera que je rêve et que je me laisse aller au conte bleu sur un reportage télévisé, que les techniciens du JPL sont une élite etc... : je le veux bien, tout en me demandant où est l'équivalent brésilien (mettons) du JPL. Et que serait mon lycée si nous avions un peu de cet esprit-là, qui prend parfois la forme de l'amour du travail bien fait, que nos élèves ont si peu, moins à cause de leurs parents que de l'exemple désastreux que des générations de professeurs syndiqués ont donné aux parents comme aux enfants. L'expérience personnelle que j'ai faite du syndicat, de la fréquentation de ses membres dans des réunions rectorales, de ce que l'on y dit et de ce que l'on y pense, m'a ouvert récemment les yeux. Si l'existence du syndicat est une nécessité, admettons, l'institution syndicale en France crée un esprit tel, pèse tellement sur le travail, qu'elle est devenue profondément néfaste.
Je vais acheter ce numéro.
Mais, cher Colonel, il me semblait au contraire que nous étions, depuis plus d'un demi-siècle, dans une phase de stagnation de la recherche fondamentale, en tout cas en physique : qu'a-t-on trouvé de fondamental depuis la relativité et la physique des quantas, toutes deux apparues il y a un siècle ? Quand je lisais La Recherche il y a trente ou quarante ans, il y avait très souvent des articles sur la "grande unification" (des forces d'interaction) : à ma connaissance, on en est toujours là, non ?
Oui, on a bien avancé et on continue, aussi bien en astrophysique qu'en biologie et que dans beaucoup de disciplines comme l'archéologie car La Recherche s'intéresse à beaucoup de sujets et me paraît beaucoup plus accessible qu'au début.
Non, cher Marcel, nous n'en sommes plus là. Je vous recommande Que faisiez-vous avant le Big Bang ? de mon savant compatriote (par immigration), Edgard Gunzig. Je possède aussi une conférence qu'il a faite il y a quelques années, lors d'un colloque organisé par l'ULB et France Culture sous le thème de l'Origine, et qui a été diffusé par la chaîne. Si cela vous dit, laissez-moi un message privé.

(Arrêtez, je vous en prie, de m'appeler Colonel, même gentiment : je ne sais ce qui a pris Renaud Camus de m'affubler de ce générique, dans Phorum I, mais c'était, je crois, à propos d'orthotypographie. Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour en juger, mais sachez que cela ne me correspond guère.)
Voulez-vous dire, cher Bernard Lombart, que la grande unification aurait eu lieu sans que j'en sois averti ? Ou qu'on ait dépassé les oppositions, paradoxes, contradictions entre Einstein et Bohr ? Le big bang, lui, j'en ai entendu parler, depuis les années vingt me semble-t-il. Quant à savoir ce que je faisais avant lui, ma foi, je gage que nul n'en sait trop rien (mais le titre est alléchant).

Je sais que des hypothèses étonnantes ont été émises en cosmologie : trous blancs (ou fontaines blanches) et trous de ver reliant les trous blancs aux trous noirs et qu'on a vérifié expérimentalement le paradoxe EPR à grande distance. Mais là aussi, ne sont-ce pas, en somme, des extrapolations à partir de débats et de questions posées au cours du premier tiers du XXe siècle ?
Non, la grande unification n'a pas encore eu lieu, rassurez-vous. Mais les supercordes ne sont pas le nec plus ultra de la physique, et la grande unification théorique des forces n'est pas non plus le tout de la physique et de la cosmologie. Les dernières hypothèses, théories et mesures des forces en présence tendent à montrer que l'univers tend vers... les conditions de sa création, et ce, à la faveur de l'incertitude quantique. Ce qui n'annule pas l'hypothèse du Big Bang, mais donne à cette "singularité" théorique un sens complètement différent de celui du Chanoine Lemaître...

Quant au titre, je le trouvais, moi, trop "olé olé". C'est sans doute un trait des grands scientifiques, que ne pas se prendre trop au sérieux...
l'univers tend vers... les conditions de sa création

Que voulez-vous dire, cher Bernard ?
On serait tenté, par défaut d'outils théoriques, de recourir à la mythologie ; et des mythes, il y en a de très beaux et de très sobres à la fois... Mais un univers en expansion infinie tend à créer le vide quantique propice à sa création même. Cela donne le tournis, n'est-ce pas ?
Utilisateur anonyme
29 janvier 2009, 18:35   Re : La Guerre des trous noirs; Les couleurs de Grünewald...
L'univers est un plagiaire par anticipation.
Je recommande-je l'avais déjà cité dans un ancien fil-le site d'Aurélien Barrau qui est un chercheur enseignant en cosmologie, dont la pensée est très intéressante, car elle touche à la métaphysique, en demeurant dans le discours scientifique. On y trouve des conférences audio et des articles sur ses recherches.

[lpsc.in2p3.fr]


Recherches expérimentales : matière noire et énergie noire, rayonnement cosmique, astronomie gamma.

Recherches théoriques : cosmologie, trous noirs, champs quantiques en espace courbe.

Enseignements : mathématiques, relativité générale et cosmologie, électrodynamique. Responsable du Master PSA.
Utilisateur anonyme
30 janvier 2009, 21:38   Re : La Guerre des trous noirs; Les couleurs de Grünewald...
Citation

Si l'on médite sur le cosmos en le considérant comme une fantasmagorie, une peinture ou un tourbillon et qu'on arrive à le percevoir tout entier comme tel, le bonheur surgira. (Le Vijnana Bhairava, traduit par Lilian Silburn, Publications de l'Institut de civilisation indienne, Collège de France, 1992, p. 136)
Je ne sais pas, cher Corto, si vous avez déjà observé la nébuleuse d'Orion au télescope mais votre intervention m'incite à vous y encourager.
Utilisateur anonyme
30 janvier 2009, 21:53   Re : La Guerre des trous noirs; Les couleurs de Grünewald...
Je ne manquerai pas de le faire le premier prochain soir clair, cher Florentin. Mais, vous me rappelez ce poème :

Citation

Evadé d'archipel

Orion,
Pigmenté d'infini et de soif terrestre,
N'èpointant plus sa flèche à la faucille ancienne,
Les traits noircis par le fer calciné,
Le piend toujours prompt à éviter la faille,
Se plut avec nous
Et resta.

Chuchotement parmi les étoiles

René Char, Aromates Chasseurs, Gallimard 1975)
Quelqu'un a-t-il une explication sur cet usage aporétique persistant du temps dans les descriptions des phénomènes cosmiques les plus anciens et les plus vastes ? Ainsi de cet énoncé trouvé dans la présentation par l'éditeur de l'ouvrage recommandé par Bernard:

L'univers existerait depuis 13,7 milliards d'années

Quelle salade ! Mais de quelle "année" parle-t-il ? L'année d'une Terre qui n'existait pas ? Comment parler du temps (la durée) d'une entité (l'univers) en le mesurant à l'aune d'une entité qui ne lui est aucunement concommittante (l'année terrestre) - l'univers ayant longtemps existé sans la Terre, sans même la possibilité de sa création. Quelle science ! cette cosmologie de foire qui pour nous décrire ses dernières découvertes - univers quantiques notamment - use d'outils qui avaient cours dans la vision cosmique du XVIIe siècle... et qui du reste dès cette époque, se voyaient contestés.

La phrase citée ci-dessus n'a pour moi aucune sorte de sens.
» 13,7 milliards d'années

Quelle salade ! Mais de quelle "année" parle-t-il ? L'année d'une Terre qui n'existait pas ?


Jamais, bien entendu, vous ne vous risqueriez à parler de la guerre de 14, époque où la conscience cosmique de Francis Marche n'était encore qu'un éclair amoureux dans le regard de ses aïeux, et où il n'y avait pas d'année pour lui...

Je veux dire qu'une année est une année, qu'elle soit définie par le cirque terrestre autour du soleil ou par la vibration de l'atome d'hydrogène. Ce n'est qu'à l'approche du point de singularité que l'on appelle le Big Bang que le sens à lui donner devient, en effet problématique. De même, allez -vous récuser le mètre, convention historique correspondant à la dix-millionième partie d'un quart de méridien d'une terre qui n'existait pas encore ? On la définit actuellement par rapport à la constante qu'est la vitesse de la lumière, savez-vous bien...

Je n'ai pas lu la présentation de l'éditeur, Francis, mais je suppose que vous ne traitez pas Gunzig de cosmologue de foire, ce serait vous juger vous-même...
Je parle de langage de foire, Bernard, et je vous attendais avec cette démonstration spécieuse du mètre qui sert à mesurer les pyramides, époque à laquelle il n'avait pas été déposé au pavillon de Sèvres. Le mètre-étalon n'est nullement né des pyramides, au plan physique. Il n'en fait pas physiquement partie; son apparition au pavillon de Sèvres n'en dépendit pas non plus; or, la planète du système solaire nommée Terre est DANS le cosmos, sa venue au cosmos dépend du cosmos; son existence est conditionnée par les états du cosmos, y compris ceux que l'on estime antérieurs à elle et qui continuent de conditionner son existence. On ne peut mesurer une entité par un aléa qui en dépend directement. On ne peut mesurer votre corps à la longueur de votre bras; si on le fait, on obtient une donnée relative, une proportion qui n'est nullement absolue. Si je demande la taille de Bernard et qu'on me réponde: Bernard mesure trois fois et demi son bras gauche. N'ai-je pas là une réponse de comique de foire ? Et n'est-ce pas une réponse de cette ordre que la phrase: l'âge de l'univers est de 13,5 milliards d'années qui se voudrait satisfaire l'enfant qui demande "Quel est l'âge de l'univers".

Méfiez-vous des sophismes que l'on vous a accrochés au bout du nez depuis l'enfance, qui nous font loucher et que, tout raisonnable et savant que vous êtes, vous ne percevez pas, cher Bernard.
Je ne sais pas si c'est le scotch ou le saké mais il vaut mieux en reparler demain, Francis.
C'est ça, vous nous direz demain ce qu'était le Cosmos en l'an moins 10 milliards d'années avant Jésus de Nazareth, Florentin, comment la lumière s'y comportait et l'atome d'hydrogène, et de là vous nous déduirait ce qu'était le temps à cette époque, et le mètre ruban du maçon, quand j'aurai fini de cuver mon saké aux olives.
» On ne peut mesurer une entité par un aléa qui en dépend directement.

Vous me lisez en diagonale. En physique de pointe, l'unité de longueur n'est plus le mètre depuis bien longtemps, mais la distance parcourue par la lumière dans le vide en 1⁄299 792 458 seconde, ce qui n'est pas une unité relative. Ce que l'on retraduit, pour vous et moi par une unité qui nous parle : le mètre. Idem pour la seconde, elle est désormais définie par rapport à une mesure absolue, la vibration de l'atome de césium.
Bernard Lombart écrivait:
-------------------------------------------------------
> » On ne peut mesurer une entité par un aléa qui en
> dépend directement.
>
> Vous me lisez en diagonale. En physique de pointe,
> l'unité de longueur n'est plus le mètre depuis
> bien longtemps, mais la distance parcourue par la
> lumière dans le vide en 1⁄299 792 458
> seconde, ce qui n'est pas une unité relative. Ce
> que l'on retraduit, pour vous et moi par une unité
> qui nous parle : le mètre. Idem pour la seconde,
> elle est désormais définie par rapport à une
> mesure absolue, la vibration de l'atome de césium.

Merci de rappeler ces notions Bernard. Je suis gêné (ou amusé plutôt) par l'utilisation de ce terme "année", qui est l'année terrestre, à laquelle on vient justement d'ajouter une seconde en 2008, pour mesurer le temps cosmique. Je ne comprends guère que personne ne partage cet amusement qui est du même ordre que celui que ferait naître la réponse On estime l'âge de Mme X à 13,5 fois celui de son enfant le plus jeune à la question Quel est l'âge de Mme X ? lorsqu'on nous annonce doctement que l'univers serait âgé de 13,5 milliards d'années !

Dans l'absolu, rien n'est mesurable qu'à l'aune de ce qui lui est extérieur et encore une fois Bernard, si votre taille est de quatre coudées il importe que ces coudées ne soient pas les vôtres, qu'elles soient absolues et extérieures à vous !

Le cosmos est en évolution, il est plastique, il est chaotique si certaines lois physiques paraissent stables dans l'état où il se présente à nous, rien ne nous dit que les unités sur lesquelles elles s'appliquent sont immuables. La vibration de l'atome de césium dites-vous, oui, bien sûr. Pouvez-vous nous dire avec certitude comment vibrait l'atome de césium il y a 13,5 milliards d'années ? Votre conviction qu'il vibrait comme aujourd'hui relève de la foi, non de la science.
J'ai déjà répondu : ces mesures ne valent plus aux approches de la singularité en question ("il y a, disons, 13,5 milliards d'années). Là ne valent plus que les notions quantiques, avec une difficulté exponentielle à mesure que l'on s'approche de ce point.
A quel point quantique ces mesures comment à "ne plus valoir" ? Quels seuils d'observabilité ? Où, "quand ?", doit-on situer le décrochage quantique de ces mesures ? Nous sommes en pleine subjectivité, reconnaissez-le. Si je m'appuie sur la teneur de votre dernier message, je ne puis que répéter que l'affirmation "l'univers est âgé de 13,5 milliards d'années" n'a aucune espèce de sens et aurait sa place dans un sketch de Pierre Dac et Francis Blanche (vous savez, le fakir...)
Il est impossible de donner exactement la taille de, disons, l'ami Rogemi. Impossible. L'on ne peut que l'approcher, selon le nombre de décimales que l'on peut accepter. Direz-vous que la mesure de, par exemple, 1m75 n'ait aucun sens ? (Attention : ceci n'est qu'une analogie !)

Le point dont nous parlons est calculable dans une théorie, et en ce sens, il n'est pas subjectif au sens courant du terme.

Vous connaissez l'anecdote du gardien du musée, qui datait son squelette de dinosaure de 2 500 038 ans. En effet, quand il a pris son service, il y a 38 ans, on le datait de 2 500 000 ans...

En l'occurrence, le calcul "cale" (sous certains aspects, ne me demandez pas lesquels) à quelques millionièmes de secondes du Big Bang... Pour nous simples mortels, une approximation de 14 milliards d'année a bien assez de sens, et suffit à... notre vie quotidienne...

Et puis, nous n'allons pas nous disputer pour cela, n'est-ce pas ? Je me disais justement que notre amitié ne souffrirait jamais de la jalousie, car nous n'aimons pas les mêmes pétroleuses...
Vous avez raison Bernard, nous n'allons tout de même pas nous disputer pour des choses aussi triviales que l'âge de l'univers quand j'ai deux bonnes semaines de retard sur mon plan de travail, que mon mois de janvier est pour ainsi dire foutu et que l'amour en général, quel que soit son objet, demeure toujours aussi chichement et timidement payé de retour.

Loin d'être jaloux, je suis admiratif, de votre art de noyer le poisson en confondant incertitude (quantique) et approximation (des perceptions humaines du temps).

J'affirme que le temps et l'espace de l'univers sont non-mesurables parce qu'ils ne sont commensurables à rien d'extérieur à l'univers; le temps et l'espace étant consubstantiels à l'univers, étant des parties de lui, ils ne sauraient en effet être mesurés à l'aune d'aucune autre de ses parties (cas de la taille d'une être humain exprimée en ses coudées, ou de l'âge d'une femme exprimé en multiple de celui de son plus jeune enfant). C'est ainsi que la totalité du temps de l'univers qui nous occupe dans cette discussion - et le logicien que vous êtes ayant en cette totalité reconnu rien d'autre que la plus grande de ses parties - ne saurait être mesurée à l'aune d'aucune des parties qu'il engendra dans sa durée (rotation terrestre, vibration de l'atome de césium) pour produire une donnée absolue. Toute mesure opérée par cette voie sera relative (le fait qu'elle soit, en outre, approximative, n'entre nullement dans ce débat).

Il n'est pas exclu que cette proposition soit erronée, mais j'ai le regret de vous dire que vous êtes loin, très loin, de m'en apporter la démonstration.
Revenons à l'essentiel (outre votre plan de travail, bien entendu, les problèmes de parking à Bruxelles et la fiabilité des horaires Thalis à Paris). Il me semble que l'on pourrait le cerner par cette question : peut-on rationnellement concevoir un univers tel que la vitesse de la lumière ou la vibration de l'atome de césium soit autre ?
Nous sommes bien dans une problématique de conception et de vue de l'esprit en effet. Le travers le plus classique des sciences molles (sociologie, économie, politique) est celui qui consiste à "prolonger les courbes" dans le travail de prospective; pour leurs adeptes, les courbes de croissance sont "exponentielles", de population itou. Tout est continuité, progression linéaire ou logarithmique, sans ressaut, sans chaos, décrochage, catastrophe, et bien sûr leurs modèles se cassent la figure de manière tout aussi régulière que sont belles et lisses et "exponentielles" leurs courbes d'équation. Pourquoi ? Parce que le temps fait plus qu'ajouter au donné, il en modifie les lois d'accrétion.

Et bien ce travers de nos économistes, on le retrouve en science dure (physique, cosmologie) mais pour ce qui est de l'étude du passé, de la spéculation sur le lointain des origines.

Reprenons mon image, celle de la jeune mère dont on ne connaît pas l'âge, dont on ne peut en aucun cas connaître l'âge, et dont on dit que celui-ci est 3,5 fois celui de son plus jeune enfant. Ainsi font nos cosmologues: ils se figurent le passé de cette mère en se la réprésentant, lorsque son âge n'était que 0,1 fois(*) l'âge actuel de son enfant, comme une simple réduction de ce qu'elle est aujourd'hui !, en ignorant, en passant outre, que cette femme, à 0,1 fois l'âge de son fils, jouait à la poupée, possédait un vocabulaire de 120 mots, avait un petit ventre plat, des genoux pointus et aucune poitrine, c'est à dire qu'elle n'était en rien la femme de 3,5 fois-âge-de-son-plus-jeune-enfant. Bref, nos cosmologues prolongateurs de courbes et d'états vers le passé ne conçoivent aucunement les catastrophes hormonales qui transformèrent le temps de l'enfant en temps de la femme, puis de la mère, qui transformèrent le corps et l'état général d'une enfant en celui d'une femme. Pour eux, le temps fut linéraire, en aucun point il ne se densifia en catastrophe (la catastrophe de la puberté dans notre métaphore) transformatrice des lois mêmes de la croissance et de la prise d'âge du corps.

Si l'univers est né, il n'est que raisonnable de supposer qu'il connut des catastrophes du type "puberté" chez les humains, qui altérèrent ses lois de croissance, d'accrétion de la matière, et de comportement général, y compris celui de la mythique "lumière".

A propos de cette vitesse absolument constante de la propagation de la lumière, qu'en est-il aujourd'hui que nous savons qu'elle traverse des milieux hétérogènes, où peut, parfois, et dans des modalités encore mystérieuses, se trouver de la matière noire ?

(*) ce multiple n'est ni absurde ni pris au hasard: si la Terre a 4 milliards d'années comme on le dit fréquemment, il fut un temps où l'univers qui en aurait 13,5 d'après nos cosmologues, n'était âgé que de 400 millions "d'années".
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