Nous sommes bien dans une problématique de conception et de vue de l'esprit en effet. Le travers le plus classique des sciences molles (sociologie, économie, politique) est celui qui consiste à "prolonger les courbes" dans le travail de prospective; pour leurs adeptes, les courbes de croissance sont "exponentielles", de population itou. Tout est continuité, progression linéaire ou logarithmique, sans ressaut, sans chaos, décrochage, catastrophe, et bien sûr leurs modèles se cassent la figure de manière tout aussi régulière que sont belles et lisses et "exponentielles" leurs courbes d'équation. Pourquoi ? Parce que le temps fait plus qu'ajouter au donné,
il en modifie les lois d'accrétion.
Et bien ce travers de nos économistes, on le retrouve en science dure (physique, cosmologie)
mais pour ce qui est de l'étude du passé, de la spéculation sur le lointain des origines.
Reprenons mon image, celle de la jeune mère dont on ne connaît pas l'âge, dont on ne peut en aucun cas connaître l'âge, et dont on dit que celui-ci est 3,5 fois celui de son plus jeune enfant. Ainsi font nos cosmologues: ils se figurent le passé de cette mère en se la réprésentant, lorsque son âge n'était que 0,1 fois(*) l'âge actuel de son enfant,
comme une simple réduction de ce qu'elle est aujourd'hui !, en ignorant, en passant outre, que cette femme, à 0,1 fois l'âge de son fils, jouait à la poupée, possédait un vocabulaire de 120 mots, avait un petit ventre plat, des genoux pointus et aucune poitrine, c'est à dire qu'elle n'était en rien la femme de 3,5 fois-âge-de-son-plus-jeune-enfant. Bref, nos cosmologues prolongateurs de courbes et d'états vers le passé ne conçoivent aucunement les catastrophes hormonales qui transformèrent le temps de l'enfant en temps de la femme, puis de la mère, qui transformèrent le corps et l'état général d'une enfant en celui d'une femme. Pour eux, le temps fut linéraire, en aucun point il ne se densifia en catastrophe (la catastrophe de la puberté dans notre métaphore) transformatrice
des lois mêmes de la croissance et de la prise d'âge du corps.
Si l'univers est né, il n'est que raisonnable de supposer qu'il connut des catastrophes du type "puberté" chez les humains, qui altérèrent ses lois de croissance, d'accrétion de la matière, et de comportement général, y compris celui de la mythique "lumière".
A propos de cette vitesse absolument constante de la propagation de la lumière, qu'en est-il aujourd'hui que nous savons qu'elle traverse des milieux hétérogènes, où peut, parfois, et dans des modalités encore mystérieuses,
se trouver de la matière noire ?
(*) ce multiple n'est ni absurde ni pris au hasard: si la Terre a 4 milliards d'années comme on le dit fréquemment, il fut un temps où l'univers qui en aurait 13,5 d'après nos cosmologues, n'était âgé que de 400 millions "d'années".