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La France est entrée dans la grande nuit de sa langue

Envoyé par Henri Rebeyrol 
Université du centre de la France. 50 copies d'examen de L3, comme on dit maintenant, ou de licence (lettres modernes et lettres classiques), comme on disait naguère. Pas ou peu d'étrangers, sinon 3 étudiants Erasmus. Les étudiants sont Bac + 3 et quasiment tous Français "de souche". 5 étudiants - soit 1/10 de l'ensemble - ont fait dans 4 pages manuscrites (équivalant à une page format A4 corps 12) plus de vingt fautes d'orthographe, de grammaire et de vocabulaire. Aucune phrase n'est ponctuée correctement. Ils écrivent éthymologie, therme (pour "mot"), silocisme ou sélicisme (pour solécisme). Pour eux, le participe passé "d'acquérir" est "acquéri" et le présent ou le passé simple (allez savoir !) de ce verbe est acquérit. Ils confondent la troisième personne de l'indicatif du verbe "avoir" (qu'ils écrivent à) avec la préposition à (qu'ils écrivent a). Ils ignorent l'orthographe de l'infinitif passé (ou composé) des verbes du premier groupe : ils écrivent avoir céder (appliquant sans doute la règle : quand deux verbes se suivent le second se met à l'infinitif). L'orthographe des participes passés est pour eux un casse-tête, à moins qu'ils ne se fient au hasard : ils écrivent "il a subit" ou "ils ont faits". Ils n'accordent pas le verbe avec son sujet, ni l'adjectif avec le nom auquel il se rapporte. Ils emploient de façon erratique les déterminants possessifs, le plus souvent à la place de l'article défini. Les impropriétés sont aussi fréquentes que les bourdes. Je n'ai pas eu le coeur à les relever. Alors que 10% des étudiants font plus de vingt fautes, du type de celles que j'ai relevées ci-dessus, les autres font entre 5 et 15 fautes. Si elles avaient été corrigées en rouge, ces copies auraient été autant barbouillées de rouge que les thèmes latins des plus mauvais potaches d'une classe de Première C ou A d'il y a quarante ans. Je ne n'ai lu que deux ou trois copies sans faute, mais, même dans ces copies, à peu près correctes, les accents et les virgules sont placés aléatoirement. Le désastre touche aussi bien les étudiants de lettres modernes que ceux de lettres classiques : l'apprentissage du latin et du grec ne protège personne de la catastrophe. Il est vrai que s'il ressemble à celui du français...

Ces 50 étudiants obtiendront tous en juin leur diplôme : ils seront licenciés ès lettres (modernes ou classiques); dans deux ou trois ans, ils seront ou professeurs des écoles (instituteurs) ou professeurs (certifiés) dans un collège ou auxiliaires ou vacataires quelque part, enseignant peut-être le français à l'étranger.

Le désastre verbal va de pair avec des discours faits de fragments de slogans, en particulier pour tout ce qui se rapporte à l'histoire de France ou à l'histoire de la culture - du type l'obscurantisme médiéval ou le roi, monarque de droit divin, qui impose ses propres croyances à toute la société, l'Eglise ramenée au rang d'un parti totalitaire du type PCUS, empêchant toute expression individuelle, la Révolution libératrice, la loi de 1905, lumière qui a éclairé les ténèbres, les bienfaits de la science au XIXe siècle, etc. En bref, leur culture se résume à un chapelet d'inanités, infirmées depuis longtemps par de grands historiens (le Goff, Pernoud, Le Roy-Ladurie, Goubert, Furet, etc...), comme si ces étudiants avaient séjourné, non pas, comme l'indique à tort leur carnet scolaire, pendant 5 ans à l'école primaire, 4 ans au collège, 3 ans au lycée, mais dans des cellules de partis crypto gauchistes ou comme s'ils avaient été catéchisés, pendant leur scolarité, par des secrétaires de cellules crypto-gauchistes grimés en prof d'histoire ou de français.

Dans les pays du tiers-monde, les disciplines universitaires s'étageaient dans une stricte hiérarchie, des plus prestigieuses, celles qui attiraient les élèves les plus vifs, les plus intelligents, les plus sérieux (médecine, pharmacie, sciences, techniques, écoles d'ingénieurs), aux méprisées, celles où s'inscrivaient les élèves médiocres, bornés, paresseux, un peu sots, pas très intelligents : histoire, géographie, socio, psycho et, tout en bas, de l'échelle, l'arabe, la langue "officielle" ou "nationale" de ces pays, les échelons médians étant occupés par le droit, le commerce, le marketing, les langues étrangères. Dans les années 1960-70, un Français, prenant connaissance de cette échelle de valeurs et la transposant, par pure spéculation, dans son propre pays, pouvait légitimement penser que les humanités, les lettres, l'étude de la langue nationale, ne subiraient jamais en France un si cruel abaissement : il y avait dans les lycées, dès la classe de 6e, des sections classiques, puis de la classe de 4e aux classes terminales, les sections A ou A' ou C, enfin les classes préparatoires ou même les universités - de sorte qu'apprendre le latin, le grec, le français, ou faire des lettres n'était pas déchoir ou se retrouver tout en bas de la caste intellectuelle. Le Ministère de l'Education nationale veillait aussi, il y a trente ans, à ce que les professeurs soient recrutés parmi les anciens bons ou très bons élèves.
Il semble que tout cela soit "caduc", comme disait Arafat. La France est rentrée dans le rang. L'échelle de valeurs qui y a cours, pour ce qui est des études, est, si l'on se fonde sur ce qu'on lit dans les copies d'étudiants de licence, celle qui prévalait (et prévaut encore) dans les pays dits du tiers monde. Le désastre ne suffit pas : il faut que l'humiliation le couronne.
31 janvier 2009, 20:30   Tiers monde
Bien cher JGL,

Comme mes messages vous le laissent penser, mon activité professionnelle est, pour partie, internationale.

Force est de constater que le niveau linguistique des ingénieurs Marocains est supérieur, pour les "jeunes" à celui des Français. D'ailleurs, SM Hassan II parlait un français remarquable, et il tenait à ce qu'un tel français fût enseigné.

Vous noterez que Monsieur Bouteflika, dont je pense du mal par ailleurs, parle un français qui a disparu de la bouche de nos élites nouvelles.
31 janvier 2009, 20:33   Indulgence
Ceci dit, bien cher JGL, j'en appelle à votre indulgence (Corto, n'y voyez pas une critique des thèses du Docteur Martin Luther) : un jeune homme qui écrit "Thermes" au lieu de "Thème", ou bien "de crainte que le Gouvernement ne cuisse" au lieu de "de crainte que le Gouvernement ne puisse" ne peut pas être totalement mauvais, surtout s'il est bien tourné.
Utilisateur anonyme
31 janvier 2009, 20:40   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
Ces 50 étudiants obtiendront tous en juin leur diplôme : ils seront licenciés ès lettres (modernes ou classiques); dans deux ou trois ans, ils seront ou professeurs des écoles (instituteurs) ou professeurs (certifiés) dans un collège ou auxiliaires ou vacataires quelque part, enseignant peut-être le français à l'étranger.

Veuillez excuser ma naïveté, mais ces étudiants ont aussi des professeurs qui évaluent leur travail ; s'il est aussi mauvais que vous le dites, pourquoi leur attribuent-ils des notes qui leur permettent finalement d'obtenir un diplôme de licence qui ne correspond nullement à leurs compétences réelles ?
31 janvier 2009, 20:43   Sa ou la ?
Bien cher JGL, doit-on dire "la nuit de sa langue" ou "la nuit de la langue" ? je ne vous cache pas ma préférence pour la seconde tournure, comme vous l'aurez deviné...
Bien cher JGL,


Je bats ma coulpe et vous prie de considérer le message ci-dessus comme un clin d'oeil (y faut-il des traits d'union ? je ne sais) à votre phrase :

"Ils emploient de façon erratique les déterminants possessifs, le plus souvent à la place de l'article défini".

L'occasion était trop belle !
31 janvier 2009, 20:50   Black is beautiful
Notez enfin, mais cela n'est que hasard, que quelques messages plus loin il est fortement question de "deux trous noirs"...
Cher JGL,
Vous décrivez ce que je lis à longueur de copies en terminale S et STG (communication et mercatique - il est donc préférable de maîtriser un peu la langue écrite et orale). J'enlève des points pour les fautes d'orthographe, les barbarismes et autres formules qui relèvent plutôt du charabia que du langage intelligible. Cela me rend assez impopulaire dans un premier temps, mais c'est assez efficace. Ils finissent par se relire, et surtout par se relire aidés d'une grammaire, de tableaux de conjugaisons, d'un dictionnaire.
Mais comme ce que je leur fais faire, à savoir se relire pour s'assurer que ce qu'ils me rendent est bien écrit en français et non en sabir, personne avant ne le leur a jamais fait faire, leur niveau est catastrophique.
Mes collègues ironisent sur ma jeunesse, laissant entendre que ma manie de corriger les fautes me passera. Preuve qu'ils ont tous baissé les bras. Chacun accuse le niveau inférieur de n'avoir pas fait son travail et personne ne prend le taureau par les cornes.
Lorsque j'enseignai la linguistique à l'université (pendant trois ans, aux étudiants des trois premiers niveaux), à des étudiants en Lettres, le niveau était aussi mauvais. En plus, ils ne comprenaient pas les questions !
Les élèves dits "de souche" ne brillent pas par leur maîtrise, c'est certain.
Mais certains élèves issus de la diversité, comme on dit, notamment les élèves maghrébins, ont beaucoup de mal : les arabisants confondent les "e" et les "a", les nasales. Ce qui est choquant, c'est qu'on ne leur ait pas fait travailler ce qu'ils ont du mal à entendre dans le français, car certains sont plutôt doués.
Au-delà de la langue, cher JGL, l'élève ne pense pas. Il est atteint d'un psyttacisme terrible : il récite la moraline ambiante, récite les morceaux de slogans, se complaît dans son ignorance et fait preuve d'une morgue assez désagréable.
Une minorité est heureusement encore accessible à la honte, celle des fautes qu'ils laissent, des choses qu'ils ignorent : ceux-là finissent par se mettre au travail. Mais s'ils y viennent plus tard, c'est parce que, par démagogie, ceux qu'ils ont eu en face d'eux avant ont refusé le rôle désagréable de celui qui fait honte, de celui qui pointe les insuffisances, de celui qui leur dit la vérité sur le monde qui les attend et qui ne se pliera pas à leurs caprices, leurs lubies et leurs désirs.
M. Alexis pose une très importante question, qui rejoint une autre discussion au sujet du pouvoir des professeurs. Aucun enfant n'apprend pas de bonne grâce une langue écrite, c'est une discipline austère qui ne se change en amour qu'après de longues années. Cet apprentissage ne se fait que par la force, n'en déplaise aux idéologues : la letra con sangre entra, dit-on en Espagne, ou en Grèce, mathimata pathimata. Que reste-t-il de cette langue quand toute autorité qui la valide et la diffuse est abdiquée ou révoquée? D'autre part, les administrations scolaires font pression sur les professeurs qui notent "trop" sévèrement, qui ont "trop" d'exigence grammaticale et orthographique. Autrement dit, ils sont seuls car tous leurs collègues ont baissé les bras (ce que je comprends, en un sens, personne n'aimant être seul), et en plus on leur fait des reproches publics à chaque conseil de classe, à chaque plainte parentale, en somme tout le temps. Quant à la moraline déversée en cours (l'histoire se distingue dans cette catégorie, et la proportion ahurissante de commissaires du peuple qui l'enseignent explique peut-être le désastre idéologique que M. JGL signale), je me dis parfois qu'elle est la dernière bribe de discours organisé, syntaxique, sur le monde, qui surnage dans les esprits.
Utilisateur anonyme
01 février 2009, 00:11   Entre nous...
"Mais pourquoi ?"

Parce que, je crois, le français, fût-il seulement à peu près correct, est singulièrement inadapté aux exigences de la communication contemporaine. Le français est très difficile à simplifier et l'on ne demande plus que ça aux langues. A ne considérer que la quantité de lettres qui ne se prononcent pas, celles dont l'accouplement produit des sons tantôt semblables, tantôt différents, l'alchimie des accords, toute cette diversité est une insulte permanente au monde contemporain, rein, rint.

Cette langue jadis la source même de la fierté fançaise est devenue un boulet et j'y vois une des causes principales de la dépression qui plombe bon nombre de naturels, ainsi que le décrit Cassandre sur un autre fil. Mais cela n'a pas grand'chose à voir, selon moi, avec l'immigration qui, dans ce domaine, se contente d'imposer les coups de grâce. Peut-être, en effet, ce sera au nom de la cosidetta lutte contre la discrimination que l'on finira par réformer radicalement le paysage de la langue française jusqu'à rendre à peu près inintelligibles les messages que nous échangeons ici et qui seront jugés fautifs, ou, plutôt, considérés comme du français littéraire, comme il y a de l'arabe et du chinois littéraire.
01 février 2009, 09:57   Re : Sa ou la ?
Jean-Marc, je crois que si l'on écrivait « de la langue », il s'agirait des « moyens linguistiques », en général (sens différent, encore, du « langage »). Sa langue, c'est celle de la France. Le terme, à mon avis, doit être déterminé. Le cas est différent de la surdétermination, très peu française, comme dans « je n'ai pas "ma" langue dans "ma " poche ».
01 février 2009, 10:04   Re : Sa ou la ?
Bon sang, mais c'est bien sûr ! je m'étais trompée de fil : je viens de retrouver le message d'Orimont.
Avant-hier soir, j'ai regardé à la télévision Thalassa, pour la première fois depuis longtemps. Jadis, j'aimais bien cette émission et cette équipe faite de gens très aimables et peu imbus d'eux-mêmes avec qui j'avais eu l'occasion de travailler. Mais l'émission était devenue très bavarde et répétitive et je m'étais éloigné. Je suivais donc la série de reportages entrecoupés de discussions sur la Nouvelle Calédonie qui était présentée cette semaine. Rien de bien remarquable. De belles images, de gentils commentaires bien-pensants, notamment à propos de la présence coloniale et de l'exploitation du nickel. On nous racontait la controverse qui opposait une entreprise minière brésilienne aux pêcheurs et aux écologistes à propos d'un tuyau d'évacuation de déchets liquides.

Arriva un moment où la parole fut donnée à la défense, représentée par un ingénieur français employé de l'entreprise. Je ressentis immédiatement un intense soulagement mais il me fallut quelques instants pour en comprendre la cause. Cet homme parlait bien. Je veux dire en français normal, dans la langue qu'il paraissait naguère normal d'employer, en public notamment, avec des mots précis, corrects et bien prononcés, des phrases construites sans fautes de syntaxe. Le soulagement que j'éprouvais à l'entendre me fit prendre conscience de ce que je ressentais jusque là en regardant cette émission : un sentiment diffus de malaise, une oppression — inconsciente parce qu'habituelle — créée par l'horrible sabir, pataud, vulgaire et moche, qu'est devenue la langue vernaculaire utilisée en France, et notamment à la télévision.
Parce que, je crois, le français, fût-il seulement à peu près correct, est singulièrement inadapté aux exigences de la communication contemporaine. Le français est très difficile à simplifier et l'on ne demande plus que ça aux langues. A ne considérer que la quantité de lettres qui ne se prononcent pas, celles dont l'accouplement produit des sons tantôt semblables, tantôt différents, l'alchimie des accords, toute cette diversité est une insulte permanente au monde contemporain, rein, rint.

Je suis en désaccord total avec vous Orimont, ce qui me peine assez. Savez-vous que ce que vous dites ici du Français, le grand Charles Dickens le disait de ...l'anglais, en regrettant en des termes semblables aux vôtres de ne pouvoir écrire ses livres en ... français !

Le paragraphe vôtre que je cite ici, si je devais en exprimer la teneur en anglais, en castillan voire même en chinois "moderne", et à supposer que ma maîtrise de ces langues soit adéquate ou comparable à ma maîtrise du français, ne me prendrait pas moins d'espace, pas moins de mots que l'original français.

Vous voulez un exemple de la concision, de la précision, de l'à-propos du français le plus ordinaire par rapport à l'anglais ? En voici un, très récent puisqu'il a deux jours: un collègue traducteur anglophone devait traduire l'expression "tendance aux jeux" d'un rapport d'expertise psychiatrique français. Voici ce que cela a donné, et je vous parle ici du travail de linguistes de haute volée, la plupart ayant plus d'une décennie d'expérience professionnelle de la traduction et de la rédaction anglaises.

"Tendance aux jeux": TROIS mots français:

Six propositions de traduction de ces trois mots furent déposées, reproduites ci-dessous. Les chiffres qui les précèdent indiquent pour le premier le degré de certitude de 1 à 5, de la plus faible à la plus élevée, le second chiffre que vous voyez précédé du signe + en regard des deux premières propositions indique le nombre de "pairs" venus appuyer la proposition:

4 +5 a slight addiction or tendency to gamble or make bets
4 +2 Gambling-prone memonic
4 has a penchant for gambling
4 a tendency/penchant to (childish)games
4 gambling / gaming habits ( aspirations)
3 tendency to like gambling games

Comme vous le voyez, la proposition de traduction anglaise qui a recueilli le plus de "voix" de pairs (par mois de 5), et qui figure en tête de liste, compte par mois de DIX mots ! Joli, non ? pour une langue "concise et adaptée à l'expression moderne", bien davantage que le français poussif et que sais-je !

J'ai proposé pour ma part propensity for gambling en faisant observer que le terme français tendance avait pour synonyme propension, qui est propensity en anglais, et que "propensity for gambling" était attesté dans la littérature dès 1806. Ma proposition a été retenue. Notez ceci, je suis Français, et c'est, en quelque sorte, ma concision française, ma recherche dans la langue française (tendance = propension) qui m'a permis d'aider mes collègues anglophones dans leur expression anglaise, qui m'a permis, et cela mérite d'être souligné, à leur faire atteindre un degré de concision et d'exactitude supérieur en anglais !

PS: Pour ceux que cette petite discussion de lexicographie anglaise intéresserait, voici le lien vers le site où elle s'est tenue
Intéressant. Cela dit, tendace aux jeux me paraît bizarre, en tout cas hors contexte. J'aurais eu tendance à écrire plutôt attrait pour le jeu ou penchant pour le jeu.
Utilisateur anonyme
01 février 2009, 12:19   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
Pardonnez-moi mais jeu ou jeux me semblent trop vagues. Jeux de hasard serait vraiment précis et propension aux jeux de hasard serait mon choix.
01 février 2009, 12:36   Fiodor, tiens ta langue !
C'est noté Obi Wan, je vais écrire à l'éditeur français de Dostoievsky pour qu'il corrige: Le Joueur de hasard.
Utilisateur anonyme
01 février 2009, 13:05   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
Comment lutter contre Dostoievsky ET Francis Marche ! Il me semble pourtant qu'en dehors de tout contexte la précision est utile.
Utilisateur anonyme
01 février 2009, 23:06   Re : De la supériorité de la langue française
Cher Francis,

Peut-être le patriotisme vigoureux qui vous anime vous aura fait croire en désaccord total avec mon message, position qui me semble hors-sujet dans la mesure où, me semble-t-il, nous ne parlons pas de la même chose. De mon côté, je me serai exprimé maladroitement de sorte à laisser entendre que je pensais la langue française inadaptée "structurellement" aux besoins de la communication contemporaine. Je ne parlais pas de "clarté de la langue" mais, beaucoup plus prosaïquement, d'orthographe, question qui était au centre du message de JGL.

Vous excipez d'un exemple qui montre que trois mots suffisent en français à exprimer une idée tandis qu'une autre langue, l'anglais, doit convoquer un bataillon de dix mots. Ce n'est pas moi qui vous contredirait, encore que l'on puisse se demander, alors, par quel mystère l'anglais est devenu la vernacule internationale (à mon avis ce n'est pas parce que l'anglais est plus simple, mais parce qu'il est plus aisément simplifiable.)

Jetons un œil, par exemple, sur l'un des plus courants des mots français, comparons cet extraordinaire et inexplicable aujourd'hui à ce today qui fait son boulot sans mystère. En réalité, "aujourd'hui", avec une orthographe aussi bizarre, devrait être ni plus ni moins un mot rare, la désignation de quelque coutume médiévale. Or, c'est celui qui sert à désigner la plus ordinaire des temporalités ! Il est plus facile de le faire disparaître que de le simplifier.

Les "aujourd'hui" sont légion, en français ; quantité mots promènent tout un patrimoine sur eux, en font toute une histoire et voici que les générations qui viennent ne trouvent aucun attrait à porter ce qu'elles croient être un fardeau parce des maniaques dépressifs à qui on a laissé les commandes de l'éducation ne le leur ont pas fait aimer (j'ai toujours pensé, soit dit en passant, que si, tous gouvernements confondus, les choses de la langue avaient été livrées en pâture aux plus loufoques des idéologues, c'est que les gouvernants ne pensaient pas que la langue fût un enjeu. Ils ont laissé cet os à ronger.) Pour aimer le français et avoir à cœur de l'écrire correctement, puis de tacher de le parler, il faut aimer l'histoire et l'histoire elle non plus ne sert à rien dans un monde dominé par le pragmatisme économique anglo-saxon, je dirais même plus, mon cher Watson, le pragmatisme WASP.

"La France est rentrée dans le rang." écrit JGL. Nous n'y serons tout à fait que lorsque le "g" final de ce mot, se prononcera ou sera supprimé. Sinon, c'est un inutile, un parasite, une lettre qui ne sert à rien, pour ne pas dire une grosse fainéantasse de lettre à la fin d'un mot, simplement là pour rappeler la famille et la famille chi se ne frega ?

Et par un surcroît d'impertinence, tout ce fatras de lettres silencieuses, en français, ne l'étaient pas toujours. Quelquefois, elles servaient aux liaisons ! La belle affaire ! Tu parles d'un taf productif ! Aussi a-t-on assisté à l'extraordinaire disparition des liaisons dans le langage parlé, comme pour rendre bientôt encore plus scandaleux le "s" à la fin de "temps", puisque nous voici rendus aux (h)anciens.
Vous savez, Orimont, il n'y a pas de patriotisme vigoureux qui m'anime dans ma démarche. Le fond de ma pensée, si cela mérite d'être désigné comme une pensée, est le suivant: chaque époque, en Europe, puis dans le monde, se reconnaît une langue qui semble aller au monde comme un gant (où le té final sert à faire ganter, comme le g final de rang sert à former des rangées, ainsi qu'on me l'expliquait enfant). Qu'est-ce qu'une langue qui sied aux choses comme un gant ? La première à parler des choses, tout simplement. C'est en anglais que la mercatique, que les nouvelles technologies se pensent et se créent, c'est donc la langue anglaise, la première à parler, qui a raison, toutes les autres se mettent à sa remorque parce qu'elles sont toutes à mordre au réel après elle. Le réel, la matière, la technique, depuis le casseur de cailloux du néolithique, instruit la langue principale; les autres ne sont que des parlers, des imitatrices, de piteuses singeries, ou reléguées telles. Mais il n'y a pas de valeur absolue à cet état de langue dominante instruite par la préhension d'un réel temporaire, rien qu'une illusion, laquelle ressemble de plus en plus, dans le cas de l'anglais, à l'illusion de la prospérité de tous par le mercantilisme; l'anglais, dès qu'il n'a pas inventé la chose qu'il doit décrire, s'effondre, ne vaut rien, se liquéfie, n'a absolument aucune tenue, est mou et sans squelette, se rabat maladroitement sur de la syntaxe française dégradée, comme on le voit dans mon exemple ou tous les jours en traduction.

Dès que la domination politique d'une certaine forme d'usage du réel, techniciste, électronicienne et floue, se sera évanouie, des langues plus robustes, plus lourdement structurées et fondamentalement plus stables et plus abstraites, plus élevées devaient-on dire, comme le français, prendront le pas sur l'anglais, ce n'est qu'une question de temps, et de peu de temps.
Utilisateur anonyme
01 février 2009, 23:46   Re : De la supériorité de la langue française
"Dès que la domination politique d'une certaine forme d'usage du réel, techniciste, électronicienne et floue, se sera évanouie, des langues plus robustes, plus lourdement structurées et fondamentalement plus stables et plus abstraites, plus élevées devaient-on dire, comme le français, prendront le pas sur l'anglais, ce n'est qu'une question de temps, et de peu de temps."

Magari !
Et, comme disait Céline, l'anglais n'est que du français mal prononcé.
» Dès que la domination politique d'une certaine forme d'usage du réel, techniciste, électronicienne et floue, se sera évanouie, des langues plus robustes, plus lourdement structurées et fondamentalement plus stables et plus abstraites, plus élevées devaient-on dire, comme le français, prendront le pas sur l'anglais, ce n'est qu'une question de temps, et de peu de temps.

Vous ne pensez donc pas que la mauvaise monnaie puisse chasser la bonne ?
02 février 2009, 12:33   fly to quality
Vous le savez bien, et cela a été rappelé ici même il n'y a pas longtemps: en temps de crise, on assiste, sur les monnaies à un "fly to quality": les petites monnaies se dévaluent, les traditionnelles s'apprécient.

Trente années de triomphe du mercantilisme anglo-saxon (je n'aime pas ce terme mais par commodité et parce que je n'ai pas le temps d'en chercher un meilleur, gardons-le), entre la venue au pouvoir de Mme Thatcher et l'effondrement de la finance mondiale de l'automne dernier, c'est bien peu, pour imposer une langue-pensée. Le pouvoir sur les choses d'une certaine monnaie doit s'effacer ne serait-ce aussi que parce qu'aucune omnipotence n'est pérennisable.

La langue émane des choses et de ce qu'on en fait, et comme vous me savez friand de métaphore, je suis tenté d'ajouter comme émane le jus de la pièce de viande que l'on cuit. La grande adéquation de l'anglais contemporain, cette petite monnaie, au "monde contemporain" comme dit Orimont, est qu'il émane, comme un jus naturel, d'une certaine viande, aujourd'hui viande morte, ou moribonde. Le "fly to quality" se fera, vers le français, l'allemand, le japonais, le castillan, et beaucoup plus tard peut-être, le chinois (que la jeunesse européenne apprend, y compris sur place, en Chine, comme nous même le faisions de l'anglais il y a trente ans).

Et puis tout simplement: quand nos golden boys de la City seront au chômage et vivront chez maman avec 600 euros par mois et qu'ils porteront des costumes frippés pour se rendre à des entretiens d'embauche désespérant pour des postes d'animateur de supermarché, quand ils apparaîtront pour ce qu'ils sont - des losers - vous verrez l'anglais rentrer peu à peu naturellement dans sa coquille.

Concernant la digression d'Orimont sur "aujourd'hui" et "today": les verbes anglais les plus communs sont tous défectifs, ce qui condamne toute une partie du monde au pidgin - dites un peu rapidement "this is where it was taught" et l'homme de la rue ne vous entend pas dans une bonne douzaine de pays d'Asie orientale où l'anglais est censé être vernaculaire. Le français parlé et écrit outre-mer, dans les territoires où il est dominant, est infiniment meilleur que l'anglais d'outre-mer. La rue guadeloupéenne ou sénégalaise parle infiniment mieux le français que la rue malaisienne ou même philippine l'anglais. En français, "j'enseigne"/"j'enseignais" (transparence morpho-phonologique); en anglais "I teach" /"I taught" (aucune transparence).
02 février 2009, 14:42   Défectifs
Je ne sais, bien cher Francis, si ce qu'on m'avait appris dans le passé est vrai, à savoir qu'en anglais les verbes d'action seraient en général des verbes "forts", les verbes d'état étant des verbes faibles...

Et que par ailleurs ce qui était "taches nobles" était d'origine française, ce qui est "taches manuelles" était d'origine germanique (exemple : pig et ox qu'on garde et porc et beef qu'on mange).
Utilisateur anonyme
02 février 2009, 16:41   Les pêcheurs de perles
Relevé ce compte-rendu de la main d'une future éducatrice :

"* a fait 1 grosse crise au moment des devoirs. Il a de la lecture à faire mais ne comprend pas de c'est pour demain. Ce met à être violant. ** lui tient les mains et il ce met à grimper les pieds aux murs. Pour pas qu'il se blaisse je vais pour lui attraper les pieds. Quand il me voit arrivé il me tire un coup de pied au niveau du visage. Je ne sais pas s'y il avait conscience de où atterirer son pied mais j'ai mon premier œil auburn-noir."
C'est le métier qui rentre...
Quand on écrit comme cela et que l'on se met malgré tout en tête de devenir institutrice, c'est deux yeux auburn-noirs qu'on mérite. Quant à ceux qui lui ont appris à écrire...
Utilisateur anonyme
02 février 2009, 17:42   La France est entrée dans la grande teinture de sa langue
Il ne s'agit pas d'institutrice, Marcel, mais d'éducatrice.

Sur la question des yeux auburn-noirs, cette perle est à mon avis infiniment moins grave (et plus drôle) que les autres fautes. J'imagine que, dans certains cas, le lexique a pu évoluer de cette manière, c'est-à-dire un "concept" devenu incompréhensible (le "beurre noir"), remplacé, à l'oreille, par une couleur que la présence courantes des teintures de cheveux a rendu familier (auburn-noir, c'est une nuance qui existe peut-être, dans la gamme des produits capillaires.) Bien des mystères étymologiques ne me paraissent avoir d'autre origine, et depuis toujours.
Je ne sais pas si "éducatrice" peut mener à "institutrice" ? Quoi qu'il en soit, il a raison, ce gosse, moi aussi j'aurais fait 1 grosse crise au moment des devoirs si j'avais eu à faire à quelqu'un qui malmène la langue à ce point.
02 février 2009, 17:54   Bécassine et la Bestialité
Ce cours texte de l'éducatrice (je ne sais ce qu'est une éducatrice) est fort riche "au niveau" de l'inconscient: tout ce qui est décrit par le menu ici, la ruade, l'enfant muet, qui "ne comprend pas que c'est pour demain", l'oeil auburn-noir, etc. toute cette séance correspond à peu près fidèlement à l'arrimage d'un âne sauvage (en rut, en fait) à son piquet.

L'éducation éclairée, à force de déconstruction, en est arrivé à cela: le dressage, au sens fort, celui des écuries, de la bête asine qui ne comprend pas que l'on veut lui passer le licol pour son bien, et qui rue quand on l'entrave, et peut mordre.
Utilisateur anonyme
02 février 2009, 18:19   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
lui tient les mains et il ce met à grimper les pieds aux murs

Pourriez-vous m'aider : je ne parviens pas à visualiser. Il ne s'agit plus de déficience mais de mutation. Quelque chose comme l'enfant-mouche.
"Il me tire un coup.... .... j'ai mon premier oeil auburn-noir". (Comment sait -elle que d'autres sont à venir ? etc.)

Il doit s'agir d'un canular. C'est trop parfait.
La réalité, cher Francis, dépasse toujours la fiction...
Utilisateur anonyme
03 février 2009, 19:13   Toi cmorpenrde ?
Pas si dramatique que ça, les aminches, la simplification de la langue française ! Quand on a un certain niveau d'intelligence, bien sûr...

Si vuos pvueoz lrie ccei, vuos aevz asusi nu dôrle de cvreeau. Puveoz-vuos lrie ceci? Seleuemnt 55 porsnenes sur cnet en snot cpalabes.Je n'en cyoaris pas mes yuex que je sios cabaple de cdrpormendre ce que je liasis. Le povuoir phoémanénl du crveeau huamin. Soeln une rcheerche fiat à l'Unievristé de Cmabridge, il n'y a pas d'iromtpance sur l'odrre dnas luqeel les lerttes snot, la suele cohse imotprante est que la priremère et la derènire letrte du mot siot à la bnone palce. La raoisn est que le ceverau hmauin ne lit pas les mtos par letrte mias ptuôlt cmome un tuot. Étonannt n'est-ce pas? Et moi qui ai tujoours psneé que svaoir élpeer éatit ipomratnt! Si vuos poevuz le lrie, fitaes le svirue !!!
"que la priremère et la derènire letrte du mot sinoet à la bnone palce", pas "siot"
Faites-le suivre...la lecture rapide est basée sur ces observations. Tout dépend de la densité du texte mais pouvoir lire trois cent pages en vingt minutes ça fait gagner du temps.
En tout cas, ce qui est sûr, c'est que pour lire cinq lignes, ça en fait perdre !
03 février 2009, 19:29   Re : Toi cmorpenrde ?
Il n'y a rien d'étonnant à cela. Si le cerveau n'avait pas cette capacité, votre pharmacien ne pourrait lire les ordonnances de votre médecin quand celui-ci les rédige à la main, et la calligraphie chinoise n'existerait tout simplement pas (les lettres cursives sont indéchiffrables par un robot, leur lecture oblige à faire appel à l'intelligence et à la culture du lecteur).

Mais vous ne mélangez pas que les lettres, lorsque vous nous parlez de l'orthographe, vous oubliez que la faute d'orthographe fait plus que faire varier l'écriture, elle réinterprète les mots et leurs sens et fait fi de la règle d'encadrement du mot (première et dernière lettres devant être exactes et à leur place) mise au clair par Cambridge.

Le mot "étonnant" présent dans votre texte, s'il est écrit "énotnnat" dans une phrase structurée, reste lisible, tandis que "hé! tonnant" ou "héthon-nang" le sont beaucoup moins car ils égarent le sens. L'écriture dite SMS ("etufé koi cesoir"), par exemple, n'a pas la transparence de votre exemple.
Utilisateur anonyme
03 février 2009, 19:36   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
La capacité de réaction au PI est de l'ordre de la vitesse de la lmumère ! A peine de temps de poster et on a de quoi démrarre un lvrie !
Oh ! Violà que j'eiris djeà en lnauage psto-22 ème scièle !
Obi Wan, vous roulez pour qui ?
Utilisateur anonyme
03 février 2009, 22:51   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
Je viens de relire Un amour de Swann : 1h 34' 07". Ce bouquin est bidon, y a rien dedans.
Merci Basho. La "lecture rapide", chez certains scientifiques, des qui s'abonnent à La Recherche, vous savez, a produit les ravages que vous avez dernièrement constatés: "L'Uviners a 13,5 mild'ann" et on glisse, on passe et on file, on va aux faits...!
"que la priremère et la derènire letrte du mot sinoet à la bnone palce", pas "siot"
Très drôle, cher Marcel !
Renaud Camus a raison : vous êtes un homme dangereux !
Utilisateur anonyme
04 février 2009, 11:32   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
Et ça marche (cher Francis), même avec des fautes et des omissions, voyez mon dernier message, que vous avec tous bien compris :- lmumère : sans i
- j'eiris : sans c, deux i
- djeà : sans accent
- lnauage sans g pour langage ou avec un a de trop pour faire langue.
Allez, soyez fair-play, avouez que je vous ai bien eus, les aminches !
J'ai bien compris votre message, cher Obi, mais vous n'avez pas compris le mien. Voyez, à quoi ça mène, très vite, ces diableries sur la langue ?
Utilisateur anonyme
04 février 2009, 14:50   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
N'ayez crainte cher Francis, vous savez mon amour de la langue française, même s'il m'arrive de la malmener de temps en temps à mon grand désespoir. Je comprends vos alarmes et fais amende honorable, et ce avec autant de plaisir que celui éprouvé il y a peu en voyant Emmanuel Todd devoir réaffirmer par deux fois son appartenance à la gauche pour pouvoir disserter comme il l'entendait à Riposte !

Bernard est-ce à moi que vous vous adressiez ce " Renaud Camus a raison : vous êtes un homme dangereux ! " ? Vous êtes parfois si sibyllin dans vos réactions (pour autant que je pouvais interpréter les paroles sibyllines de Françoise - Proust).
Cher Obi, mon message n'était pas ambigu : si vous déployez la hiérarchie des messages, vous verrez que je répondais à mon ami Francis. Sibyllin, c'est autre chose, et je veux bien en prendre ma part.
Utilisateur anonyme
04 février 2009, 16:15   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
Merci Bernard.
Utilisateur anonyme
04 février 2009, 16:32   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
si vous déployez la hiérarchie des messages...

Comment fait-on pour obtenir cela sur ce forum ? Je me souviens que la manœuvre était assez simple sur l'ancien forum, mais ici, je ne vois pas sur quel lien il faut cliquer...
Il faut cliquer sur "Mon profil" dans le badeau de la fenêtre d'écriture des messages.
Utilisateur anonyme
04 février 2009, 18:05   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
Merci beaucoup de ces indications, M. Meyer.
Utilisateur anonyme
04 février 2009, 20:10   Re : La France est entrée dans la grande nuit de sa langue
Le badaud de la fenêtre, joli titre.
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