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Conseil de lecture

Envoyé par Thomas Rhotomago 
02 mai 2009, 15:41   Conseil de lecture
Lisez Les Onze de Pierre Michon et voyez si vous vibrez.
Utilisateur anonyme
02 mai 2009, 16:10   Re : Conseil de lecture
Plan B pour ceux qui ne vibreront pas : Les onze mille verges.
Ah non, encore un livre sur l'équipe de France de football, merci bien !
02 mai 2009, 19:35   Re : Conseil de lecture
Et dire qu'on a présenté Apollinaire comme un sans-papiers, récemment ici, sur un fil que j'ai perdu. Si la Halde savait ça...
Et la main de ma soeur...la Halde...qu'est-ce qu'elle en dit ?
Michon semble inspirer les lazzis. Pour ma part, je découvre cet auteur avec plaisir, capable qu'il est de d'œuvrer encore dans la mythologie française.
Utilisateur anonyme
02 mai 2009, 22:55   Re : Conseil de lecture
Il faudrait donner quelques éléments suscitant l'envie de le lire.

[url=
]Par exemple ceci.[/url]

Aïe, en évoquant Philippe de Champaigne il prononce Champègne, j'en connais certains qui vont tousser...
Tout aura donc été accompli pour nous faire regretter le temps où les écrivains ne parlaient pas à la cantonade sous couleur d'entretien particulier et nous rendons grâce au ciel d'avoir échappé (de justesse) à des interviou de Proust, Baudelaire, Flaubert ou Mallarmé.
03 mai 2009, 13:39   Re : Conseil de lecture
"Champègne" n'est pas fautif.
Je vous recommande, cher Agrippa, La Parole baroque d'Eugène Green, il y a un cd avec le livre et donc des exemples sonores.
<< CHAMPAIGNE (PHILIPPE DE). Il y a moins d'un demi-
siècle encore, dans les familles cultivées, on apprenait
aux enfants à prononcer Champagne. Aujourd'hui,
même entre spécialistes de la peinture française du
XVIIe siècle, qui dirait Philippe de Champagne se verrait
certainement soupçonné de confondre la mère
Angélique Arnauld avec la veuve Clicquot.
Léon Warnant, très curieusement, en 1987
encore, dit que le nom du peintre se prononce
Champagne et non Champaigne, « qui est rare ».
Cette précision est vraiment inattendue. Il n'est pas
question tous les jours de Philippe de Champaigne,
sans doute, mais lorsque son nom apparaît on
entend presque toujours Champaigne, de nos jours ;
et c'est la prononciation Champagne qui est rare, et
même plus que rare, alors qu'elle a pour elle la plus
ancienne tradition.
La plupart des dictionnaires des noms propres
et des encyclopédies donnent les deux orthographes,
mais la graphie Champagne est peu répandue.
Il faut noter que le nom Montaigne a subi exacte-
ment la même évolution. Mais comme on parlait plus
et plus souvent de Michel de Montaigne que de
Philippe de Champaigne, l'évolution a été plus rapide.
Jadis, plutôt que d'aligner la prononciation sur
la graphie, comme on le fait de nos jours, on ali-
gnait la graphie sur la prononciation. Boileau écrit
Montagne, quand il parle de l'auteur des Essais. Très
longtemps on a dit Montagne, pour Montaigne.
Cependant Warnant est au-dessous de la vérité
quand il écrit que Montagne est « vieilli, et peut-être
pédant ». La prononciation Montagne, pour le nom
de Michel Eyquem, est sans exemple contemporain
qu'on sache. D'autre part le même Warnant n'est
pas très cohérent, en prenant parti pour Champagne
d'une part et pour Montaigne de l'autre. On serait
tenté de dire que c'est la langue qui ne l'est pas, ou
l'usage – et certes ils ne le sont pas toujours. Mais
en l'occurrence ils ont fini par trancher en faveur de
Champaigne et Montaigne. Toute résistance en
faveur de Montagne serait désormais vaine, et relève-
rait de l'excentricité. En revanche on peut encore se
battre en faveur de Champagne ; mais c'est se mon-
trer un peu inconséquent, si l'on dit Montaigne.
La question de l'i avant gn et après a ou o a été
assez peu étudiée. Littré n'en dit pas un mot dans
ses divers articles a, i, g, o, etc. Warnant ni le Robert
ne l'abordent non plus. Elle est pourtant très inté-
ressante et complexe. Dans la plupart des combi-
naisons du type a-i-g-n et o-i-g-n, il semble que le i
ait été une sorte de non-lettre, en français classique,
tout à fait comme le g, en italien, dans les combinai-
sons g-l-i-o et g-l-i-a (&#8594; BROGLIE, CAGLIOSTRO
IMBROGLIO). La lettre s'écrit, mais elle ne se pro-
nonce pas. Elle n'est dans le mot qu'une trace histo-
rique. Les noms de famille ou de lieux tels que
Chassaigne ou Cassaigne, La Cassaigne, etc., se pro-
nonçaient et se prononcent encore, quelquefois,
Chassagne ou Lacassagne.
Parmi les noms communs, les exemples vivants
de cette étrangeté sont de plus en plus rares, mais on
dit encore o-gnon pour oignon – jusqu'à quand ? La
prononciation foire d'empo-gne (pour empoigne) n'est
pas tout à fait morte, bien qu'elle ne sorte pas beau-
coup dans la rue. Si l'on était cohérent, pour le coup,
il faudrait dire un homme à po-gne. Le mot pogne, qui
paraît presque argotique, et le mot poigne en fait n'en
sont qu'un. Littré recommande encore de prononcer
po-gnan pour poignant, po-gnar pour poignard, po-
gnarder, pour poignarder et po-gnée pour poignée.
« Quelques-uns disent poi-gnée… » En revanche il ne
semble pas qu'on ait jamais dit so-gner pour soigner. >>
"Nous devons dire un mot, pour terminer, du groupe oign. A l'origine, la graphie de l'n mouillé n'était pas gn, comme aujourd'hui [circa 1910] mais ign (quand ce n'était pas ngn ou ingn : ainsi gagner s'écrivait aussi bien ga-igner ga-ngner d'autant plus que le son de l'a a longtemps été nasal dans ce mot, comme l'o l'est resté ou plutôt redevenu dans Brongniart qui, régulièrement, devrait se prononcer bro-gnar. ) Il en résulte que dans le groupe - oign - c'est o et non oi qu'on prononçait normalement : beso-gne, ivro-gne, poignard. La suppression de l'i a conservé la prononciation d'un certain nombre de ces mots, d'abord besogne et besogner, grogner, ivrogne, rogne, rogner, trogne, trognon, vergogne, et un peu plus tard rognon et cogner ou cognée, avec encognure, qui s'écrit encore trop souvent enco-ignure. Les autres ont gardé leur i, malheureusement, et leur prononciation s'est altérée : encore un des méfaits de l'orthographe ! L'hésitation a été longue, mais les efforts des grammairiens n'ont rien obtenu. Il y a beau temps déjà qu'on prononce définitivement oi dans joignons, soigner, éloigner, témoignage, ces mots étant pourtant à joindre, soin, loin, témoin, comme besogner, cogner, grogner sont à besoin, coin, groin.
O(i)gnon seul a résisté victorieusement, et se prononce exclusivement par o : cela tient évidemment à ce qu'il est très populaire et enseigné presque uniquement par l'oreille ; oi-gnon est donc ridicule. On prononce encore assez souvent mo(i)gnon, et le peuple dit fort justement po(i)gne et empo(i)gner mais ceci passe déjà pour familier, ces mots étant d'ailleurs plutôt d'usage populaire. Quant à poi-gnet, poi-gnart, qui sont d'usage littéraire aussi bien que populaire, et plus encore poi-gnant, qui est plutôt littéraire, on peut dire que leur prononciation est définitivement altérée. Il est assurément fâcheux que li de ces mots n'ait pas été supprimé à temps ; mais ce qui est fait est fait, à tort ou à raison, et pognard ou pognet sont absolument surannés, au moins dans l'usage des personnes instruites."

Philippe Martinon - Comment on prononce le français
03 mai 2009, 23:23   Re : Conseil de lecture
Tout ça est très intéressant; je voulais simplement attirer l'attention sur le travail de Green sur la phonétique et sur la démarche d'un Américain passionné de langue française.
04 mai 2009, 14:41   Ouïr
Et justement, à 13h, sur France Culture, Dominique Nogues, au détour d'une conversation sur Rimbaud, rêvait à haute voix sur le regret qu'il y avait à ne pas disposer d'un enregistrement de la voix du poète.

Pour moi, il y a de Rimbaud que parce qu'il n'y a pas d'enregistrements de sa voix ni d'images animées de lui.
04 mai 2009, 14:48   Re : Conseil de lecture
Très juste et c'est le contraire pour Céline; on entend sa voix quand on le lit.
04 mai 2009, 17:00   Re : Ouïr
» Pour moi, il y a de Rimbaud que parce qu'il n'y a pas d'enregistrements de sa voix ni d'images animées de lui.

Vous exagérez. Et vous réduisez Rimbaud à un fantasme.
04 mai 2009, 17:27   Marconi vs Rimbaud
J'exagère, certainement, mais comment l'éviter en cette matière ?

On peut s'interroger sur la disparition - ou peut-être ais-je mal vu - des poètes, disons, d'une certaine envergure, concomitante avec l'apparition (terme qu'il faut peser) des appareils à capturer la voix puis l'image.
Rassurez-vous : l'hyperbole est une de mes figures de style favorites ! Quant aux "appareils à capturer la voix", je ne crois pas pouvoir y déceler une cause de la rareté de la poésie, peut-être même au contraire. C'est plutôt la pléthore du reste, qu'il faudrait incriminer... Il faudrait désherber...
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