Le site du parti de l'In-nocence

La Courneuve devant la Halde

Envoyé par Michel Le Floch 
Le PCF ne sait plus quoi faire pour faire parler de lui. Le maire de La Courneuve a décidé de porter plainte auprès de la Sieg-Halde pour discrimination sociale à l'encontre de sa commune.
Dans l'article du Figaro, [www.lefigaro.fr], le maire parle de ses habitants en les qualifiant de parias urbains. Il reprend ici un terme utilisé par le sociologue d'extrême-gauche, d'obédience bourdivine, Loïc Wacquant dans un livre publié il y a quelques années qui s'intitule justement Parias urbains. C'est un livre très intéressant où l'auteur se livre, à partir de ses propres enquêtes ethnographiques, à une comparaison entre La Courneuve et le quartier du South Side à Chicago. Loïc Wacquant s'insurge contre la notion de ghetto, issue de l'arsenal conceptuel de l'Ecole de Chicago, au sens américain du terme appliqué à la Cité de la Courneuve. Il montre en tout cas la réelle présence de l'Etat français sous forme de services publics et dresse une liste impressionnante de tous les équipements collectifs dont la Cité bénéficie : bibiothèques, vidéothèques, conservatoires, patinoires, équipements sportifs. On est très très loin du ghetto noir américain, déserté par les classes moyennes noires et l'Etat fédéral, devenu un lieu de concentration du lumpen noir que Wacquant qualifie d'hyper ghetto. On est à mille lieues aussi des pleurnicheries misérabilistes, qui sont devenues une spécialité hexagonale, du nouillisme araciste même si le sociologue y sacrifie parfois.
Par ailleurs, le stalinien de la Courneuve, dans l'article du Figaro, ment (ce qui n'est par surprenant de la part d'un stalinien même buffettisé, ravalé et rénové) en laissant penser que la construction du quartier aurait été le fruit d'une volonté des élites de Paris de parquer, ségréger certaines populations (suivez mon regard). Rien de plus faux. Ces barres, certes très laides, ont été bâties au début des années 60 pour abriter des ouvriers et des employés, majoritairement d'origine européenne, qui travaillaient essentiellement dans l'industrie automobile. La plupart des gens qui y habitaient, on le voit dans un reportage de Godard réalisé à l'époque alors qu'il tournait Deux trois chose que je sais d'elle, était heureux de quitter les bidonvilles ou les vieux immeubles insalubres, pour des appartements vastes, dotés de salles de bains et d'eau courante. A l'époque pourtant il y avait beaucoup moins d'équipements collectifs, de médiateurs en n'importe quoi, d'ateliers de mamans et de z'y va subventionnés en goguette. Le système de transport ne reliait pas encore la Courneuve à Paris, on ne parlait pas de mixité sociale et les ZEP et autres ZUS n'existaient pas. Au contraire même. A l'époque, le parti sûr de lui et dominateur ne voulait pas en entendre parler. C'était d'autres temps. Quand on voulait quelque chose, on luttait, on faisait grève, on manifestait. Aujourd'hui on pleurniche, on accuse (de racisme, de discrimination, de stigmatisation), on pille et brûle parfois et tout finit devant l'oeil torve de l'horrible Schweitzer, pourtant ex-patron de Renault et qui a fait fermer le bastion de Billancourt. Mais, il est vrai que les nouilles du PC n'ont plus rien dans le buffet.
Ce film, Deux ou trois choses que je sais d'elle de Godard, avec Marina Vlady, n'est-ce pas? tourné en 1966, me laissa un souvenir impérissable. Aucun film avant lui n'avait été fait comme celui-là. Aucun film n'a jamais été fait après lui comme celui-là. Un aspect resté tabou y est traité: celui de la prostitution en appartement dans ces "cités" (qui sont très véritablement de non-cités). Godard mentionne M. Delouvrier, qui "malgré son beau nom, etc..". Mais dites-moi, était-ce la Courneuve ?

Schweitzer, homme torve, ex-patron de Renault, laquelle entreprise fut à l'avant-garde du recrutement outre-Méditerranée, est aujourd'hui en charge de veiller au service après-vente. Normal.
Utilisateur anonyme
06 mai 2009, 12:00   Re : La Courneuve devant la Halde
Ce commentaire d'un internaute :

il y a 36000 communes en France, et combien de petites communes rurales ?? 25000 ?? 30000 ?? qui crèvent lentement, où les populations n’ont plus aucune perspective d’avenir, et dont les maires pourraient porter plainte suite à la disparition des services publics, des médecins, des petits commerces de proximité, des artisans, des agriculteurs etc… etc …sans que cela émeuve beaucoup de monde
Utilisateur anonyme
06 mai 2009, 12:09   La Courneuve est victime de l'immigration
"La plupart des gens qui y habitaient, on le voit dans un reportage de Godard réalisé à l'époque alors qu'il tournait Deux trois chose que je sais d'elle, était heureux de quitter les bidonvilles ou les vieux immeubles insalubres, pour des appartements vastes, dotés de salles de bains et d'eau courante. "

Oui c'est bien vrai, certains ensembles créés à cette époque n'ont pas connu le destin sordide des cités de La Courneuve où l'on a concentré l'immigration.

Par exemple, à Palaiseau, vous avez le Domaine Butte à la Reine (cité-jardin). Voici une archive vidéo sur l'installation de nouveaux palaisiens à la Butte-à-la-Reine en 1957 (INA) : ICI [[i]. "Des Parisiens quittent leurs logements insalubres pour aller habiter dans une nouvelle résidence de Massy Palaiseau, La Butte- à -la Reine : reportage sur ce déménagement et la construction de leur nouvelle copropriété[/i]". Les images sont commentées par Michel BOUQUET (petit détail qui compte !)]

Seize ans après (1973) nous les retrouvons dans la même copropriété : ICI.

Allez aujourd'hui dans cet ensemble et vous verez qu'il est toujours tenu convenablement.

Pourquoi là et pas ailleurs ? Eléments de réponse : en 1999, seuls 6,1 % des palaisiens étaient étrangers. Parmi la population d'origine étrangère, 2,2 % étaient originaires du Portugal, 0,5 % d'Algérie, 0,4 % du Maroc, 0,3 % de Tunisie et d'Italie et 0,2 % d'Espagne.

Et cette ville a un % de logements sociaux de 43 % !
Oui Francis, le film de Godard avait pour héroïne la belle Vlady et se déroulait à La Courneuve. L'édition du film en DVD comprend le making of. C'est un véritable document sur l'époque et le peuple, divers et digne, d'alors.
Utilisateur anonyme
06 mai 2009, 12:30   Quand la Halde nous ouvre l'avenir
Rappel de la définition de la notion de discrimination au sens de la HALDE : Une discrimination est une inégalité de traitement fondée sur un critère prohibé par la loi, comme l’origine, le sexe, le handicap etc., dans un domaine visé par la loi, comme l’emploi (à l’embauche ou dans le déroulement de carrière), le logement, l’accès aux biens et services ou l’éducation etc.

Nous avons donc deux éléments : le critère prohibé et le domaine. Il existe 18 critères de discriminations prohibés : l’âge, le sexe, l’origine, la situation de famille, l’orientation sexuelle, les mœurs, les caractéristiques génétiques, l’appartenance vraie ou supposée à une ethnie, une nation, une race, l’apparence physique, le handicap, l’état de santé, le patronyme, les opinions politiques, les convictions religieuses, les activités syndicales, l’état de grossesse.

Voici ce que la méthode GDM (gros doigt mouillé) nous révèle concernant l'avenir :

Ajout de critères prohibés :

- le quotient intellectuel (« on m’a refusé l’entrée en Math Sup parce si je comprends vite, en revanche, il faut m’expliquer longtemps »)

- l’apparence physique (« on a refusé de m’embaucher comme hôte(sse) d’accueil parce que je pèse 130 kg / parce que je suis laid(e)…»)

Extension de domaine :

Le choix du conjoint (et le défi du métissage qu'est ce que vous en faites alors ?).


Imaginez le champ formidable qui va s’ouvrir pour le testing ! Et gare à la petite Sophie qui refusera de se faire honorer par Hamid ou Fofana !
Je me souviens d'un article de Paris-Match sur le malaise de la Courneuve, où ce n'était pas les incivilités qui étaient en cause, mais les dépressions nombreuses des habitants, complètement déracinés. C'était plutôt des classes moyennes si je m'en souviens bien. C'était à la une du journal.
Très joli texte, cher Petit-Détour.
Dicté par la colère, cher Marcel, de voir ce qu'est devenu ce que l'on appelait le mouvement ouvrier.
J'ai adoré, à l'époque, Deux ou trois choses que je sais d'elle, mais ce n'était pas Marina Vlady, plutôt Anna Karina, non ?
Je crois que c'est bien Marina Vlady qui joue dans Deux ou trois choses que je sais d'elle. Ana Karina (qui a épousé Godard) joue dans Le petit soldat, Une femme est une femme, Pierrot le fou et Alphaville
Pour Agrippa : quant aux critères de discrimination, le mieux est encore le "etc..." qui ouvre toutes les perspectives imaginables et inimaginées. Un monde merveilleux s'ouvre sans limite, le bonheur n'est plus dans le pré, il est dans la Halde. Et on se plaint de cette merveilleuse institution !
En effet, cher Eric, je ne l'ai pas revu depuis sa sortie. Pardon Francis d'avoir douté de votre mémoire.
"Je crois que c'est bien Marina Vlady qui joue dans Deux ou trois choses que je sais d'elle."
Je confirme.
Cher petit-Détour, bien que n'ayant jamais été communiste, je partage votre colère et l'abaissement dans la pleurnicherie victimaire si contraire au sens de la dignité qu'avait la classe ouvrière me serre le coeur.
Oui, chère Cassandre, le statut de victime est très prisé de nos jours. Il y a quelques jours, Luc Bronner, du Monde, consacrait un article à un des trois jeunes mineurs qui avaient tenté de braquer le fourgon de la Brink's. L'enquête était intéressante car le journaliste y décrivait l'intérieur de la chambre d'un des protagonistes issus d'une famille dont le père de famille, nous disait-on, était nettoyeur je crois. Qu'y trouvait-on ? Ordinateur, play station, télévision. Tout l'attirail de l'abrutissement y était. Et bien sûr pas un livre. Cela n'empêchait pas l'article de se terminer sur les déplorations habituelles du grand-frère de service, rappeur et travailleur social, sur la misère des quartiers délaissés et des pauvres jeunes à qui on ne propose jamais rien, dont on ne s'occupe pas. Le "on" étant bien sûr l'Etat raciste. La question de la responsabilité des parents de ce formidable échantillon du formidable modèle maghrébin d'éducation n'était en revanche pas posée.
Je m'étais déjà il y a assez longtemps étendu sur le sujet des cités hachélèmes que, après les émeutes de Vaux-en -Velin, on a voulu absolument dépeindre comme invivables pour trouver, déjà, des excuses aux émeutiers. Depuis le ghetto hachélème sordide est devenu une des tartes à la crème de la bien pensance . Or je suis d'une famille dont toutes les généraitons ont connu le hachélème et s'y sont bien trouvées, comme des millions de Français. J'ai grandi dans un des premiers construits à Paris en 1938 au 247 rue de Vaugirard, lequel, mis à part une belle façade et un hall d'entrée tape-à-l'oeil, est de bien moins bone conception et qualité que ceux construits plus tard dans les années 60. Pourtant mes parents avaient été ravis de quitter, à ma naissance, pour leur nouveau foyer leur deux pièces minuscules d'un immeuble d'apparence bourgeoise de la rue de Viroflay, sombres et humides, sans chauffage central ni sanitaires ( les wc situés à l'entresol servaient à plusieurs appartements) comme l'étaient la plupart des appartements de FRançais moyens, à l'époque. Depuis, cet immeuble jamais ravalé mais bien entretenu, en particulier par ceux qui y ont logé est aujourd'hui classé standing. Il est vrai que le hall d'entrée y est pour beaucoup, mais je connais des résidences huppées dont les appartements, si on les examine de près, n'ont rien de mieux, ni dans la conception ni dans les matériaux, que ceux des habitations à loyer modéré sauf, justement des halls tapageurs et un peu plus de verdure. Plus tard nous avons logé, mon mari mes enfants et moi, dans une cité hachélème de Dijon, La Fontaine d'Ouche, où nous nous sommes beaucoup plus. Mon frère, médecin, et sa famille, ont habité un hachélème de Créteil et en ont été ravis, quant à mon fils il a fait ses études logé à la cité du Mirail à Toulouse dont il a conservé un souvenir ému.
Citation
Dicté par la colère, cher Marcel, de voir ce qu'est devenu ce que l'on appelait le mouvement ouvrier.

Oui il y a vraiment de quoi pleurer de rage, cher Petit-Détour, quand on voit le nombre d'usines qui depuis 20 ans ferment et délocalisent sans que personne dans feu-le-mouvement-ouvrier ne se sente le moins du monde concerné.
» mais ce n'était pas Marina Vlady, plutôt Anna Karina, non ?

Je m'étonne, Florentin, que vous n'ayez pas recours instinctivement au site suivant (clic).
Vous avez cent fois raison, cher Bernard, je suis un paresseux; j'ai vu tous les Godard, bien sûr, et j'ai, dans mon souvenir, interverti deux visages.
Interversion que je comprends assez, du reste...
"Il était de taille médiocre, effacé, mais il retenait l'attention par son silence fiévreux, son enjouement sombre, ses manières tour à tour arrogantes et obliques - torves, on l'a dit."

Pierre Michon - Les Onze
A Florentin : Quel courage !
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter