"Sans Le Pen le pouvoir UMPS aurait continué de faire comme si l'immigration n'existait pas."
"- ou les Français pensaient être tirés d'affaire en votant Sarkozy... on connait la suite."
Ces deux propositions ne vous semblent-elles pas contradictoires ? Vous attribuez à M. Le Pen l'obligation où auraient été placé les partis aux affaires de ne plus faire semblant avec l'immigration, puis vous déniez à M. Sarkozy la moindre action positive dans le règlement de cette question, confirmant par là qu'en effet l'influence du Front National a été nulle, du point de vue de l'efficacité.
Quant au fait que les Français, grâce à M. Le Pen, auraient eu connaissance de l'immigration, ne pourraient pas dire "qu'ils ne savaient pas", cela donne de l'immigration de masse l'idée assez paradoxale d'une chose cachée, dérobée aux regards de la rue, comme un obscur trafic de matières radioactives ou un détournement de fonds publics à très grande échelle, que sais-je ?
Plus généralement, on peut se demander pourquoi la propagande médiatique très active, en effet, à l'encontre de M. Le Pen, l'a néanmoins maintenu comme l'indispensable cinquième élément de la fameuse "bande des quatre" sans que les dirigeants successifs ne se sentent nullement contraints de lâcher quoi que ce soit (je maintiens) en faveur des "nationaux", au moment même où le FN approchait des 20% de voix à des élections importantes. On dira que les lois électorales ont été pensées en sa défaveur et c'est vrai. Cependant, 20 % d'électeurs sont bien quelque chose, en quantité de personnes. Ils pouvaient descendre dans la rue, non pas en vue d'organiser un putsch mais simplement pour se montrer, manifester, défiler, militer. M. Le Pen a-t-il fait le moindre geste en ce sens ? A-t-il eu à cœur de structurer son parti en vue d'accueillir ses sympathisants ? Je ne m'en souviens pas, comme je ne me souviens pas de son empressement à soutenir les villes gagnées par le Front National, à peser de son poids de "chef" pour exiger des maires qu'ils en fassent des "vitrines" irréprochables ou, à tout le moins, qu'ils sachent tisser patiemment un réseau, comme les maires communistes. S'ils avaient été élu, c'est bien qu'ils avaient le soutien de la population.
Qui ne se souvient, en revanche, des éternelles plaintes en diabolisation du chef du Front National, de ses bons mots, de sa faconde et de sa verve ? Quel artiste, en effet ! A Coluche l'argot et la gouaille, à Le Pen le subjonctif passé, des plaisirs de langue, bien français, et j'en connais plus d'un qui ont ri à l'un et voté pour l'autre.
A ce propos, c'est peut-être triste à dire, autrement plus dangereuse pour le pouvoir en place, aura été perçue l'irruption d'un Coluche sur la scène politique et on voit d'ailleurs qu'il y a été mis fin rapidement.