Si tu ne pas vas pas à la fête

La semaine passée, mes élèves (je suis professeur) ont eu la sinistre idée de décorer « leur » classe à l’approche des fêtes de Noel. En entrant je me suis désolé intérieurement de n’avoir pas anticipé leur forfait et gageant que le produit utilisé pour le commettre était lavable, me suis tu (du moins bien sûr sur ce sujet). Mais un mal peut cacher un plus grand bien car grâce à ces jeunes gens innocemment disposés à fêter noël, j’ai compris plus radicalement que je ne l’avais fait, l’aphorisme de Philipe Muray « si tu ne vas pas à la fête, la fête viendra à toi » (Après l’histoire).
Beaucoup d’entre vous ont du voir les images des rues de Barbès à Paris envahi par la prière musulmane du vendredi. Dans une de ces vidéos on voit un militant de Debout la République tenter de dialoguer avec un « médiateur – responsable » et surtout de lui faire dire au nom de quoi ils occupaient ainsi le trottoir (publique et laïque évidemment). Finalement le plus « qualifié » de tous les médiateurs fini par dire et à mon avis intelligemment que si effectivement ils ne pouvaient se prévaloir d’une quelconque autorisation, il bénéficiait, tout au moins, d’une tolérance de la mairie de Paris. Les marchés dit de noël qui ne sont pas tellement moins gênant pour la circulation des piétons ni tellement moins désagréable à voir (ni surtout à entendre !) se prévalent eux d’une autorisation en bonne et dû forme. Je proposerais aux amis féroce de la laïcité et du-religieux-dans-les limites-de-l’espace-privé de renvoyer et les amis d’Allah et les amis du père Noël à la maison. Quitte à vivre dans le hall de gare libéral qu’on nous promet autant qu’il soit in-nocent.

Monsieur, c'est un plaisir de vous lire. Si j'osais, je vous souhaiterais ... de bonnes fêtes.

Je n'aime pas beaucoup les marchés de Noël, à cause de l'aspect kermesse et surtout de l'épouvantable sonorisation. Cependant, moi qui ne suis ni chrétien ni musulman, je ne me sens pas agressé, envahi, écarté par les amis du père Noël. Ce que ces kermesses ont de gênant est dû à la vulgarité moderne, pas à Noël.

Ces marchés de Noël sont une aubaine pour les municipalités qui les autorisent. Les petites baraques se louent très cher obligeant les commerçants à monter les prix. Les camelots habituels sont relégués à la périphérie quand ils ne sont pas évincés tout simplement. Dans son ensemble le commerce local est frustré. Pour ma part, durant le mois de Décembre, je ne retrouve pas mes bouquinistes habituels et ça me gache les fêtes.

Cher Damien

Une différence de taille, si j'ose dire : les amis du père Noël, ceux qui respectent la loi (emplacement payant) honorent le dieu Travail, celui qui nourrit leurs enfants ( et quelques autres ). Ce qu'ils pratiquent là, c'est leur métier, cher Monsieur. Un métier tapageur, certes, un gagne-pain bruyant, une foire au gras, à la volaille : rien que de très honorablement incommodant.
En outre, les marchés sur la voie (ou la place ) publique ne sont nullement l'expression de la "modernité" ; ils existent depuis le Temple, au moins. Il est inutile d'en démontrer l'utilité économique.
Les amis d'Allah, comme vous dites, se moquent des "règles de juste conduite" (Hayek), s'approprient par la force un tronçon du domaine public, y organisent police et y fondent ambassade : c'est vous qui demandez l'autorisation de fouler les lieux ( en silence svp). Je crois, cher ami, que ces gens détestent au moins autant que vous le libéralisme. Sous toutes ses formes.

Vous avez bien raison de rappeler que les marchands autour du ou même dans le temple, cela ne date pas d'hier (j'avais du reste moi-même pensé à l'écrire récemment lorsqu'il fut question du Mont Saint-Michel qui, ayant toujours été un lieu de pélerinage, avait sans doute toujours abrité des marchands de colifichets), les haut-parleurs, si. Et, est-ce un effet de la perspective du vieux con réactionnaire, toujours est-il que les colifichets modernes me paraissent terriblement laids en comparaison de ceux de jadis - ne serait-ce que parce que le bois anoblit le même objet que la matière plastique rend vulgaire.

Je n'ai rien contre libéralisme et encore moins contre les marchés, je suis par contre lassé du kisch de ce qu'on appelle Noël et il faut avoir des enfants en bas âge pour s'apercevoir de la propagande qui règne autour du père Noel. Ces phénomènes ont certes à voir avec le travail et le commerce mais très superficiellement, à mon sens il s'agit bel et bien de religieux même s'il est très élémentaire (cela Lévis-strauss le montre magnifiquement).
Les musulmans détestent peut-être le libéralisme mais peu importe, il est leur allié objectif (et c'est bien son problème). Le libéralisme est antiterroriste, antiviolence etc. mais il n'a rien contre l'Islam et dans un libéralisme conséquent on devrait dire bien au contraire. Il ne peut pas poser la question de l'Islam, sa seule question est celle de la sécurité. J'ajoute que si la loi contre le voile intégrale est votée en réponse à l'Islam elle sera très clairement antilibérale et il faudra toute l'imagination des juristes pour la rendre compatible avec nos institutions. De plus et pour finir si bien sûr le parallèle entre les deux phénomènes relèvent de l'exercice de style, il n'empêche que cette festivocratie dégoulinante donnera pour longtemps envie à des jeunes files bien française de se tourner vers la seule véritable religion (par opposition à celle du père noel car il est bien entendu qu'en elle-même elle est fausse) visible et non ringardisée par les médias : l'Islam. Franchement même si pour des raisons politiques je souhaite que que les musulmans se fasse tout petit, entre l'appel du Muezzin et la célébration du papa Noël mon choix est vite fait.

Philippe Muray comme caution à l'islamisation, maintenant. Fallait le faire.

Citation
Franchement même si pour des raisons politiques je souhaite que que les musulmans se fasse tout petit, entre l'appel du Muezzin et la célébration du papa Noël mon choix est vite fait.

Eh Damien qu'est-ce que vous nous racontez, arrêtez vos conneries. Même la pire au chose au monde ne me ferait jamais préferer l'appel du muezin avec un petit m.

En Europe, je vous l'accorde mieux vaut le père Noël. Je suis du coté des suisses rassurez vous. Mais l'islamisation n'a pas que des sources allogènes, Baudrillard, Lévis-strauss le disent chacun de manière bien différente et on aurait tort de l'oublier. Mais comme vous dites j'arrête mes conneries.

J'avoue, toute honte bue, que sur le plan purement esthétique j'aime mieux moi aussi, et c'est une litote, l'appel du muezzin que Petit papa Noël par Tino Rossi (rien que le titre déjà...). En revanche, si vous me proposez l'Oratorio de Noël de Bach ou la Messe de minuit de Charpentier...

C'est fromage ou dessert, cher Marcel, Tino ou muezzin. Rendez-vous, vous êtes cerné et ne cherchez pas des faux-fuyants esthétiques ou autres.

Le meilleur moyen que je connaisse de fuir "Petit Papa Noël" tout en se plongeant dans cette fête chaude et dramatique des pauvres gens -- qui de toute l'année ne voyaient rien briller que ce jour-là -- est de se plonger dans la magie un rien païenne du Noël anglais, des Christmas Books de Dickens: A Christmas Carol ou d'autres. Dickens y raconte et y met en scène le Noël des pauvres, des oubliés, des abandonnés, qu'une lueur, ce jour-là, dans la froidure, vient visiter. Le Noël dickensien est le plus pur; il nous fait vivre le Noël des rois mages et des Très Pauvres. Noël est la fête de l'Incrédulité face au miracle, à la chose inespérée. Dans Dickens, cette Incrédulité frappe et visite les croyants comme les mécréants. Pour moi, elle doit demeurer l'essence de Noël, que l'on nous parle de la venue au monde du Sauveur ou du tournant solsticial.

Citation
Noël est la fête de l'Incrédulité face au miracle, à la chose inespérée.

Francis,
Merci pour ce très beau billet. Je suis en train de lire du Chesterton et celui-ci avait une admiration sans borne pour Dickens.

Majuscule à "muezzin", et point à "Suisse" ? Un aveu inconscient ?

Quel age ont vos élèves Monsieur Damien. S'ils sont en maternelle ou en élémentaire, décorer la classe pour fêter Noël me paraît normal et souhaitable.S'ils sont plus agés c'est ennuyant voir ridicule mais je ne comprends pas le parallèle qui est fait entre des personnes qui décorent une pièce pour célébrer Noël et l'appel du muezzin ou la grande foire commerciale qu'est devenue Noël. Il me semble que vous êtes victime du relativisme culturel et d'une sensibilite laïque exacerbée.
Dans l'école americaine où j'étais instituteur, il y a quinze ans, tous signes de Noël étaient proscrits car cela pouvait indisposer les nombreux juifs de l'école. J'ai appris depuis que tout ce qui se passe en Amérique nous arrive en France environ quinze après. Et cela ne me procure pas que des satisfactions.
Ainsi pas de fête de Noël et pas plus de clochers que de minarets. Youpi.