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Mort de Jean Ferrat

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
13 mars 2010, 17:44   Mort de Jean Ferrat
Jean Ferrat vient de mourir.

Je soumets un projet de communiqué dans la rubrique ad hoc.
Hommage à Jean Ferrat.

Utilisateur anonyme
13 mars 2010, 18:33   Re : Mort de Jean Ferrat
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Ce ringard absolu de Jean Ferrat... Bon...
13 mars 2010, 18:42   Re : Mort de Jean Ferrat
J'ai produit un message sur Largentière (Ardèche) tout récemment, en pensant à lui, et à "Que la montagne est belle", me disant qu'il appartenait à la fin de ce monde quand la "France d'après" arrivait à Largentière. Il a choisi de finir là. Normal.
Tout à l'heure, nécrologie consacrée à Jean Ferrat, sur France Culture. La journaliste, évoquant la chanson "Nuit et brouillard" croit bon de la citer et voici qu'ils "étaient vingt et cent dans leurs wagons mouillés"...
Celle que j'aime bien.

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Utilisateur anonyme
13 mars 2010, 18:52   Re : Mort de Jean Ferrat
C'est la plus belle en effet.
13 mars 2010, 18:54   Football
Bien cher Orimont,

Avez-vous remarqué que nous avons en fond de cet excellent scopitone des résultats du football local ?
C'est vrai, mais cela m'avait quelque peu échappé, devinez pourquoi. Ce que c'est que les orientations!
Jean Ferrat, c'était cette dame:



13 mars 2010, 19:04   Isabelle Aubret
N'oublions pas "C'est beau la vie"...
Utilisateur anonyme
13 mars 2010, 19:14   Re : Mort de Jean Ferrat
La mer..... : pas celle de Charles ni de Claude ; " et le bleu et le vert ....qui dansent sur les vagues"
les belles entrangères ....
horizontalement ....
et toujours la discrétion ;
il me rappel Brassens

-Il creusa lui-même sa tombe
En faisant vite, en se cachant
Et s'y étendit sans rien dire
Pour ne pas déranger les gens
Tout de même...



13 mars 2010, 20:10   Re : Mort de Jean Ferrat
On chercherait en vain, dans la chanson populaire des trente dernières années, un seul refrain qui produise une émotion simple et authentique tel que ce "Tu peux m'ouvrir cent fois les bras, c'est toujours la première fois".
J' ai le souvenir que la très belle chanson de Jean Ferrat, Nuit et Brouillard, a marqué le début du raz de marée de la repentance à propos de l'extermination des juifs. Ai-je raison ?
13 mars 2010, 21:18   Re : Mort de Jean Ferrat
Jean Ferrat symbolisait la contradiction d'un grand nombre de francais.

Jean Ferrat aimait vraiment la France et en même temps il était un communiste convaincu souhaitant de toutes ses forces la victoire des travailleurs et du parti unique.

Etrange époque et étrange utopie. La prise de pouvoir de ce régime aurait mis fin une fois pour toutes au pays qu'il aimait.
13 mars 2010, 21:23   Repentance
Bien cher Geronimo,

Ce que vous nommez le raz-de-marée de la repentance ne submergera nos mauvaises consciences qu'à la sortie du "Chagrin et la pitié", soit six ans plus tard.

Vous verrez dans ce documentaire Émile Coulaudon, dont il est question dans l' Oeuvre.
Utilisateur anonyme
14 mars 2010, 09:45   Re : Mort de Jean Ferrat
Ils quittent un à un le P.I. pour s'en aller, gars niais, leur vit oint de la terre où ils sont nés...
Obi
14 mars 2010, 11:04   Re : Mort de Jean Ferrat
Cet homme était né généreux. Il croyait en l'évolution de l'homme. Quelle cruauté, quelle mort à soi-même que d'admettre que non, il n' a pas d'évolution, que la société ne façonne pas l'homme au gré d'un idéal. Quelle souffrance d'admettre qu'il faut au contraire l'accepter tel qu'il est, divers, inégal, qu'il faut seulement espérer en la connaissance. Ferrat était un comme un enfant qui veut rester avec sa maman. Un communiste pur. C'est en cela que le communisme n'est pas un totalitarisme comme les autres, il séduit par le coeur les enfants qui ne veulent pas devenir grands.
Bien cher Obi,

Ce que vous nous dites est d'une grande profondeur.
Obi
14 mars 2010, 11:29   Re : Mort de Jean Ferrat
Merci Jean-Marc. C'est sur la dure réalité que je pleure sur Jean-Ferrat.
14 mars 2010, 12:33   Re : Mort de Jean Ferrat
" C'est en cela que le communisme n'est pas un totalitarisme comme les autres, il séduit par le coeur les enfants qui ne veulent pas devenir grands. "


Très belle phrase, cher obi.
Obi
14 mars 2010, 13:08   Re : Mort de Jean Ferrat
Merci Cassandre.
C'est que je partage aussi un peu, avec des Jean Ferrat, l'art de garder à l'esprit mon coeur d'enfant, il me semble que c'est un trésor secret d'ordre vital.
14 mars 2010, 13:12   Re : Mort de Jean Ferrat
Je vais vous faire rire ou ricaner peut-être mais ne pourrait-on pas dire que sont francais ceux que la chanson de Jean Ferrat "Ma France", en dépit du contenu idéologique, remuent et touchent au plus profond d'eux-mêmes ?
14 mars 2010, 13:14   Risible
Non, cela ne me fait pas rire, et me semble au contraire très vrai.
Utilisateur anonyme
14 mars 2010, 13:15   Re : Mort de Jean Ferrat
(Message supprimé à la demande de son auteur)
14 mars 2010, 13:16   Difficulté
Bien cher Didier,

Pourriez-vous expliciter les raisons de cette difficulté ?
Utilisateur anonyme
14 mars 2010, 13:22   Re : Difficulté
(Message supprimé à la demande de son auteur)
14 mars 2010, 13:25   Question d'âge
C'est peut-être une question de génération... à Rogemi et à moi Jean Ferrat évoque le monde d'autrefois.
Utilisateur anonyme
14 mars 2010, 13:29   Re : Difficulté
(Message supprimé à la demande de son auteur)
14 mars 2010, 13:35   Re : Mort de Jean Ferrat
Citation
Là, j’ai simplement trouvé que Rogemi y allait tout de même un peu fort, et voulu signaler que peut-être quelques voix discordantes sont envisageables …

Vous avez raison Didier j'y vais un peu fort et pour mettre un peu de sourires au milieu de tous ces pleurs une parodie de Jean Ferrat par Thierry Le Luron.



14 mars 2010, 13:54   Saint Ferrat
Je ne crois pas qu'une demande du style "Saint tout de suite" ait été formulée.
14 mars 2010, 14:04   Re : Saint Ferrat
Moi aussi je suis d'accord avec Rogemi et Jean-Marc.
Citation

Je vais vous faire rire ou ricaner peut-être mais ne pourrait-on pas dire que sont francais ceux que la chanson de Jean Ferrat "Ma France", en dépit du contenu idéologique, remuent et touchent au plus profond d'eux-mêmes ?

Je savais bien que j'étais plus ou moins anti-français... Excusez-moi de troubler la messe, mais tout de même, tout de même... Que vous nous présentiez cette vieille horreur de Jean Ferrat comme le nec plus ultra de la chanson française (et même plus !), ça me retourne.
14 mars 2010, 14:26   Re : Mort de Jean Ferrat
Citation
Que vous nous présentiez cette vieille horreur de Jean Ferrat comme le nec plus ultra de la chanson française (et même plus !), ça me retourne.

Mais Antoine je ne parle que d'une chanson, une seule chanson Ma France et je ne porte aucun jugement sur l'oeuvre de Jean Ferrat mais d'une réaction viscérale, émotionnelle à une chanson de cet artiste.

Je vous prie de relire toutes mes interventions sur ce fil !
14 mars 2010, 15:30   Re : Mort de Jean Ferrat
Pardon si je vous fais de la peine mais Jean Ferrat ne me fait pas vibrer. Je trouve ses textes un peu trop fabriqués. Peut-être est-il sincère mais, finalement, assez plat. Ma Môme dénote une petite idée de la femme, je suis désolé.
Reconnaissons qu'il avait une voix agréable.
14 mars 2010, 16:19   Re : Mort de Jean Ferrat
Florentin n'a pas tort. Ma môme est insupportable de populisme et d'ouvriérisme à deux balles. Ferrat a commis comme ça des couacs affreux dans le répertoire de la chanson française. La Jeunesse en est un autre: une des chansons au texte le plus affligeant du panorama de la variété de l'époque, à se tenir les côtes. S'il fallait regretter Ferrat pour ce genre de chose, autant regretter Patrick Juvet:

Quand tu applaudiras sur la cendre du stade
Les garçons de l'été au torse de couleurs
Lorsque tu les verras vibrer devant l'estrade
Où Vilar et Planchon se firent bateleurs
Lorsque tu les verras sur les neiges en pente
Ecrire en noir et blanc et le risque et l'effort
Quand les filles riront avec leur peau brûlante
Et la mer qui ruisselle attachée à leur corps

[Refrain] :
Alors tu comprendras alors tu aimeras
La jeunesse la jeunesse la jeunesse

Quand ils t'agaceront ces sourires futiles
Ces vacarmes du soir ces indécents chahuts
Quand tu t'affligeras du juke-box imbécile
Et des danses nouvelles que tu ne danses plus
Quand le monôme idiot te barrera la route
Reviens donc sur tes pas ils mènent au printemps
Et tu murmureras pour celle qui t'écoute
Lorsque je faisais ça moi j'avais dix-sept ans

[Refrain]

Quand tu seras ému devant leur joie de vivre
Devant leur soif d'amour quand tu auras pleuré
Pour un Alain-Fournier vivant le temps d'un livre
Ou bien pour Guy Moquet mourant au temps d'aimer
Le temps d'aimer se perd le temps est ce qui passe
Le temps est ce qui meurt l'espoir est ce qui naît
Regarde ces garçons ces filles qui s'embrassent
Il va naître pour eux le temps que tu voulais

Alors tu aimeras alors tu salueras
La jeunesse la jeunesse la jeunesse
14 mars 2010, 16:28   Re : Mort de Jean Ferrat
Citation
Florentin n'a pas tort. Ma môme est insupportable de populisme et d'ouvriérisme à deux balles

Et alors tous les chanteurs ont eu au cours de leur carrière, à plus forte raison pour celle de Jean Ferrat qui fut longue, des morceaux de qualité douteuse dans leur répertoire.

On ne va pas aujourd'hui, par pitié, trier les lentilles.
Non, on na va pas trier les lentilles. « Tous les chanteurs ont eu au cours de leur carrière, à plus forte raison pour celle de Jean Ferrat qui fut longue, des morceaux de qualité douteuse dans leur répertoire. »
14 mars 2010, 17:45   Jean Ferrat
Bien chers amis,

Personne n'a, à ma connaissance, prétendu que Jean Ferrat fût le plus grand des artistes français ni que ses chansons fussent ce qu'il y a de mieux en matière de musique.

Simplement, nous sommes plusieurs à penser qu'il a été un artiste de valeur, avec quelques oeuvres qui nous rappellent des pans de notre passé. Émouvoir, c'est déjà pas mal.
14 mars 2010, 18:21   Re : Jean Ferrat
Ce que vous appelez "populisme" et "ouvrièrisme" à deux balles, cher Antoine, cher Francis, n'est autre que ce que l'on trouve dans le folklore populaire parisien depuis toujours et qui comme tout folklore fait dans l 'image d'Epinal . C'est la loi du genre. Et je trouve que dans cette chanson que ce soit par la musique ou justement par les paroles Ferrat retrouve très heureusement cette veine. Il n'est que de se rappeler " Sous les ponts de Paris ":
A la sortie d'l'usine,
Julot rencontre Mimi
- ça va-ti , la rouquine ?
C'est ta fête aujourd'hui.
Prends ce bouquet, ce brin d'muguet
C'est peu mais c'est toute ma fortune ...
Etc.etc.
14 mars 2010, 18:34   Folklore et racines
Je partage l'avis de Cassandre : "Sous les ponts de Paris" et plus généralement les chansons populaires font partie de notre patrimoine.
14 mars 2010, 18:46   Re : Folklore et racines
Ah, non, alors ! Comparer " Ma môme " chanson à la jolie " Panam's touch ", bien digne de l'héritage folklorique parisien , avec le répertoire de P. Juvet, est un sacrilège !
14 mars 2010, 18:50   Artiste de valeur
Citation

Ce que vous appelez "populisme" et "ouvrièrisme" à deux balles, cher Antoine, cher Francis, n'est autre que ce que l'on trouve dans le folklore populaire parisien depuis toujours et qui comme tout folklore fait dans l 'image d'Epinal

Ah non, je ne me sens pas du tout concerné par votre contre-critique. Ce n'est ni "le polupisme" ni "l'ouvriérisme", à deux balles ou plus, qui me dérangent chez Jean Ferrat. C'est seulement que je le trouve très très très mauvais, à tous points de vue. Mais vous allez me dire que c'est subjectif... Quand je lis "artiste de valeur", à propos de Jean Ferrat, je me demande toujours si on ne se fout pas de moi, c'est un peu comme "Les Droits de l'Homme" pour Houellebecq, vous voyez ?

Je devrais corriger "polupisme", mais finalement...
14 mars 2010, 19:14   Re : Mort de Jean Ferrat
Chère Cassandre, j'aime, j'adore, j'admire Jolie môme de Ferré; je trouve niais, "fabriqué", dégradant, guignolesque et faux "Ma môme" de Ferrat. Aucune femme, enfin, vous me direz, vous êtes mieux placée que moi pour en juger, n'aime s'identifier à cette image d'Epinal vidée de toute chair et de tout désir, de toute contradiction, humanité, négativité que l'on nous propose dans cette môme de Ferrat. Dans cette chanson, la femme n'existe pas, n'est ni aimée ni pas aimée, elle est sans chair, sans air aucuns (alors que chez Ferré...) sans le moindre semblant d'allure ou de présence; elle n'est qu'une ombre dans un tableau de Poulbot, un pion dans une démonstration sociale édifiante en forme de vignette. Si jamais j'avais voulu être communiste, Ma môme de Ferrat m'en aurait découragé. Et puis vous voulez le fond de ma pensée: Ferrat devait aimer les bourgeoises, certes pas les "filles du peuples", qui sont en aspérités, en hauts et bas, en réactions imprévisibles, en désirs fous et instantanés, extrêmement difficiles à résumer ou à représenter, de présence tapageuse à l'homme, généralement très peu aptes à se mouler sans bruit sur le sage désir du bonhomme ou la vision achevée qu'il se plaît à en entretenir pour son compte.
14 mars 2010, 19:22   Re : Mort de Jean Ferrat
Oh et puis l'émotion étant retombée, la lucidité revenue, soyons vaches, disons-le tout net: Jean Ferrat était le dernier chanteur Pif-le-Chien du PAF.
14 mars 2010, 19:23   Re : Mort de Jean Ferrat
Mais, cher Francis, l'un n'empêche pas l'autre ! moi aussi j'adore "Jolie môme" !
14 mars 2010, 19:34   Re : Mort de Jean Ferrat
Votre conversation sur un chanteur de variétés à texte me rappelle cette question perplexe d'un professeur dont je suivais les cours : il se demandait comment des Chateaubriand, Hugo, Balzac et tant d'autres "au jugement littéraire si sûr", avaient pu s'enticher de Béranger.
14 mars 2010, 21:26   Bonnes poires
Mais quelle drôle d'idée, de sommer la lucidité d'éconduire l'émotion, sous prétexte qu'il n'y aurait que des motifs valables et préalablement choisis qui devraient la commander !
Ah mais non, quand on a l'heur d'être ému, profitons-en...
14 mars 2010, 22:31   Re : Mort de Jean Ferrat
Cher Henri Bès, votre professeur s'appelait peut-être Henri Poirier, ou bien il avait lu Julien Gracq.
Votre remarque me rappelait quelque chose; c'est un passage de "La Littérature à l'estomac". Il esquisse une réponse à la perplexité de votre professeur :
"L'estimation qui se faisait au jour le jour de la littérature du moment offrait un minimum de garanties, tout au moins en ce que cette estimation avait de positif : il y avait des méconnus, des "poètes maudits" - mais au total les noms que le public du XIXème siècle a tenus pour vraiment grands le sont restés pour nous dans l'ensemble ; il ne nous a pas tellement légué de gloires usurpées, pas de méprises tellement voyantes. Pas tellement ... sauf une, - chère aux auteurs de manuels et qui reste le cas classique du krach posthume en littérature : Béranger. Il est singulier qu'on n'ait jamais (du moins à ma connaissance) tenté d'élucider un cas d'aberration collective qui jette un jour si curieux sur les écarts de jugement du public cultivé, à partir du moment où l'interférence massive d'une zone plus obscure de l'opinion l'influence. Le chansonnier Béranger, traité en pair par Chateaubriand, par les grands romantiques, homologué par Sainte-Beuve [ ...] Ses vers, lorsqu'ils arrivent aux oreilles des connaisseurs, du fond de l'énorme caisse de résonnance de la rue parisienne, se transfigurent d'être portés sur une espèce de gloire sonore et confuse dont ils ne sont plus séparables : il est à croire que les contemporains, même du goût le plus fin, ne les entendaient littéralement pas ; le cas de Béranger est un cas d'annihilation complète du goût averti, - aliéné qu'il est, traumatisé par un «état de foule» qui se communique à lui quoi qu'il en ait, qui le pénètre de part en part."
"Préférences", Corti, pp.41-42.
14 mars 2010, 23:04   Re : Mort de Jean Ferrat
Cher Henri, aimer les fleurs de serre n'empêche pas d'aimer les fleurs des champs et inversement !
14 mars 2010, 23:36   Re : Mort de Jean Ferrat
Chère Cassandre, Jolie môme a une autre résonance que Ma môme, pour un mec en tout cas.

Je préfère ce genre-là:


14 mars 2010, 23:36   Béranger
Bien cher Johannus Marcus,

Je me demande comment cette remarque de Gracq peut s'appliquer à Goethe, qui n'était pas soumis aux mouvements de la foule parisienne, et qui pourtant goûtait fort Béranger.

Par ailleurs, n'y a-t-il pas des liens troublants entre l'oeuvre du jeune Hugo et celle de Béranger ? je pense notamment aux Odes et Ballades.
15 mars 2010, 14:04   Mystère d'intellectuel
"(...) il se demandait comment des Chateaubriand, Hugo, Balzac et tant d'autres "au jugement littéraire si sûr", avaient pu s'enticher de Béranger."

Interrogation de professeur et non de poète. On se souvient de l'intérêt de Nerval pour le patrimoine des vieilles chansons françaises lesquelles, à la lecture de premier degré (non du point de vue scientifique, linguistique) pourraient paraître aussi pauvres que le dernier des refrains d'une chanson de variétés.

Et si les poètes ont pu s'enticher, hier de Béranger, plus tard de la chanson populaire, des rengaines de transistor, c'est, d'abord, que ces refrains travaillent les mêmes thèmes que les plus savantes des poésies, puis possèdent le secret qui fait le plus envie aux poètes : la simplicité et enfin, il faudrait avoir oublié les accointances qu'ont toujours eu les poètes avec la bêtise pour trouver à s'étonner de certains de leurs jugements.

"Jacques Audiberti dites-moi que faire pour que le maçon chante ma chanson..."
15 mars 2010, 14:39   Béranger
Bien cher Orimont,


Le sujet concernant Béranger mériterait un fil entier, je ne sais si Didier serait d'accord.

On ne peut pas dire que tous ces écrivains-là se soient entichés de Béranger, "enticher" n'est pas le mot.

Gracq nous parle de Sainte-Beuve, et de cette sorte d'aveuglement collectif. Il me semble important de nous arrêter sur cette question "Sainte-Beuve". Cet immense critique commit des erreurs, mais des erreurs par défaut, car il connaissait les hommes et jugea mal de l'oeuvre (voir les cas bien connus de Stendhal et Baudelaire), comme Proust nous l'explique d'ailleurs.

Or, dans le cas de Béranger, c'est par deux fois, et à presque vingt ans d'intervalle, que Sainte-Beuve revient à la charge. Le premier texte, qui porte Béranger aux nues, n'est pas utile dans ce débat. Le second, celui de 1850, est plus réservé (je ne citerai pas le dernier, celui de 1861, où Sainte-Beuve retombe dans l'adoration initiale). Dans l'article critique de 1850, Sainte-Beuve voit certains défauts de Béranger, mais lui trouve bien des qualités, et ce n'est pas une approche superficielle :

Sainte-Beuve, quant aux rapports entre Béranger, Chateaubriand et Lamartine, nous écrit :

Il faut rendre à Béranger cette justice qu'il n'a pas le premier recherché ces hommes réputés d'abord plus sérieux que lui, qui ne le sont pas, et à aucun desquels il ne le cède par l'esprit.

Sainte-Beuve conclut ce très long et très détaillé article de la façon suivante :

Béranger, comme poète, est un des plus grands, non le plus grand de notre âge... Dans cette perfection tant célébrée, il entre aussi bien du mélange. Comparé aux poètes d'autrefois, il est du groupe second et encore si rare, des Minus, des Horace, des La Fontaine.

Mais ces derniers, qui n'ont jamais été des poètes de parti, restent par là même plus élevés et d'un ordre plus universellement humain. Lisez Horace dans ses épîtres, La Fontaine dans ses fables ; ils n'ont cajolé aucune passion, ni dorloté aucune sottise humaine.

Mais à une époque d'efforts, de lutte et de calcul, il a su trouver sa veine, il a fait jaillir sa poésie, une poésie savante et vive, sensible, élevée,*malicieuse, originale, et il a excellé assez pour être sûr de vivre, lors même .que quelques-unes des passions qu'il a servies, et qui ne sont pas immortelles, seront expirées.

Utilisateur anonyme
15 mars 2010, 17:56   Re : Béranger
(Message supprimé à la demande de son auteur)
15 mars 2010, 18:02   Fil entier
Bien cher Didier,


Je voulais dire "un fil spécifique", car le sujet n'est plus Jean Ferrat, mais d'autre part je ne veux pas encombrer le forum de fils différents...

Je me demandais donc s'il valait mieux poursuivre sur ce fil ou en ouvrir un autre, le "cas Béranger" étant fort intriguant...
Utilisateur anonyme
15 mars 2010, 18:24   Re : Fil entier
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
15 mars 2010, 18:38   Re : Mort de Jean Ferrat
Avec la disparition de Jean Ferrat, et au fil des ans de Léo Ferré (1993) et Nino Ferrer (1998), en tant que collectionneur de disques, il n'en reste qu'un (que j'adore) à la lettre "F" dans mes rayons CD et Vinyles.
Frédéric François (Franco Barracatto, dit...) que j'appelle le plus souvent "Frédo" comme ses admirateurs.


Utilisateur anonyme
15 mars 2010, 18:51   Re : Mort de Jean Ferrat
Ma préférée de Jean Ferrat est celle-ci, que Sacha Distel avait repris sur son album "Dédicaces".
Bien qu'inconditionnel de Distel, je préfère la version originale.


15 mars 2010, 18:58   Béranger
Je ne sais si le sujet passionne les liseurs.

Pour moi, c'est un sujet intéressant, mais je ne voudrais pas l'imposer.
15 mars 2010, 19:04   Re : Béranger
Ferrat, Ferré, Ferrer, Distel, Frédéric François, mais jusqu'où va-t-on descendre ?

A quand un communiqué du PI sur le grand vide laissé par Dalida ?
15 mars 2010, 19:17   Dalida
Bien cher Antoine,


Seriez-vous porté sur la Castafiore pour à ce point haïr la variété ?

Au fait, que pensez-vous de ceci ?





Est-ce de la variété (lyrics : Florian, music : Martini) ?

Heureusement, et compte-tenu de sa vie tumultueuse, la "peu froide" Yvonne ne nous a pas chanté cela :





(j'ai fait des efforts pour les images, vous voyez)

Mais celle-ci a bien chanté cela :





Et enfin Dalida :



15 mars 2010, 19:26   Ma France
Et cela, bien cher Antoine, n'est-ce point français ?



15 mars 2010, 19:49   Re : Mort de Jean Ferrat
Je me souviens maintenant du nom de ce professeur et même du thème du cours qu'il avait conçu : la grisette chez Béranger (dont on a des chansons à ce sujet) et dans le roman réaliste. Le professeur était Pierre Barbéris, spécialiste de Balzac (et j'avoue que j'ai complètement oublié la teneur du cours, et même si M. Barbéris s'exprimait en ces termes à propos de Béranger, termes qui ne lui ressemblaient guère). Je n'aime pas l'émotion, et encore moins l'éloge ému de l'émotion, vous m'excuserez de me retrouver dans cette phrase de Heidegger que Philippe Muray cite à temps et à contre-temps : « Dissolution de tout ce qui est solide en un liquéfiant consentir. » Béranger le bonapartiste, dont les chansons liquéfiaient les souvenirs précis et atroces de l'Empire en romances kitsch, ne préfigurait-il pas Jean Ferrat avec son Aragon et son Staline ? Je vous remercie de la citation de Julien Gracq, M. Johannes Marcus. Peut-être Béranger profitait-il de la grande figure impériale, qu'il contribuait à changer en mythe libérateur au point d'impressionner Goethe et de lui faire oublier l'occupation française de l'Allemagne, à la façon de Jean Ferrat avec la geste du PCF résistant, qui lui sauva réellement la vie. Je n'aime décidément pas l'émotion quand elle se charge de faire avaler des mensonges.
15 mars 2010, 20:02   Re : Ma France
J'aime encore mieux ça :



Bien cher Henri,


Il faudrait que vous lisiez ces divers textes de Sainte-Beuve, on y voit un tout autre Béranger (malheureusement, je n'en ai que des extraits, mais je les ai lus autrefois), et je ne pense pas qu'un Sainte-Beuve puisse se tromper à ce point, et se tromper en compagnie de Chateaubriand, Hugo et Balzac, qui sont des écrivains et des hommes en tous points différents.
15 mars 2010, 20:14   Re : Mort de Jean Ferrat
Je plussois et opine véhémentement à cette salutaire mise au point d'Henri Bès, et m'en retourne à mes tentatives de plaquer les premiers accords de Dis-lui de Mike Brant en me raclant la gorge pour mieux imiter la voix de Patrick Juvet dans ce chef-d'oeuvre désengagé qu'est Où sont les femmes ? (..avant de me retirer à quatre pattes, chantait Ferré) Tout ça en vue d'égayer un peu le repas de fin d'Année de l'In-nocence, et remporter la palme à son concours de chant, dont le jury, c'est du moins ce que j'espère, sera présidé par M. Sansano en personne.
Bien cher Henri et bien cher Francis,

N'y aurait-il pas dans ce "problème Béranger" une question relative à la variation du goût suivant les époques ?

Prenez Voltaire. Qui se souvient de "L' Échange" ou de "La Prude" ? le théâtre était pourtant ce qu'il aimait le plus dans son oeuvre, et ce pour quoi il fut encensé, à son grand plaisir.

[www.visitvoltaire.com]
15 mars 2010, 20:30   Les chants de Plieux
Bien cher Francis,


Pour tout vous dire, nous avions prévu de jouer, Cassandre et moi, Roméo et Juliette, et nous aurions besoin de choeurs pour chanter ces vers d'une haute élévation :

Ah, quelle nuit! Quel festin!
Bal divin! Quel festin!
Que de folles paroles!
Belles Véronaises,
Sous les grands mélèzes
Allez rêver de bal et d’amour,
Allez, rêver d’amour
Jusqu’au jour.

Tra la la la la la


Serez-vous des nôtres ?
15 mars 2010, 20:48   Re : Les chants de Plieux
Et pas qu'un peu! Je m'entraîne déjà à nouer le noeud pap et à mettre un pied devant l'autre en ouvrant les bras comme Tino Rossi entonnant Petit Papa Noël un soir de première à l'Alcazar de Cahors.
15 mars 2010, 20:51   Re : Mort de Jean Ferrat
Il y aurait beaucoup à dire sur les erreurs des écrivains illustres (peut-être le forum de l'In-nocence est-il la gigantesque erreur littéraire de Renaud Camus, de l'avis d'un critique à venir du XXIII° siècle). Voltaire, que vous citez, cher Jean-Marc, se croyait un grand tragique, et le succès de ses tragédies montre assez que toute son époque se trompait avec lui. Quant à Béranger, je dois vous avouer que je m'y intéresse peu : à l'époque lointaine où je suivais des cours, j'étudiais aussi la littérature de langue occitane (dont je ne parlais pas un mot mais que je lisais couramment), pour découvrir qu'au temps de Béranger, sous l'impulsion, peut-être, de quelque mythe littéraire du Bon Sauvage, les critiques parisiens dénichaient des "poètes sauvages", souvent dialectaux ou patoisants, pour les porter aux nues. Ce fut le cas d'un dénommé Jasmin, dont les vers de mirliton navrants enchantaient les duchesses romantiques. Que Béranger soit un créateur divers et que Sainte-Beuve lui ait trouvé des qualités, je n'en doute nullement, pas plus que je ne doute du talent de chanteur de Jean Ferrat. Tout au plus étais-je un peu agacé que des In-nocents tombent si facilement dans le panneau de l'émotion, ce panneau que nous tend l'époque pour que nous avalions ses couleuvres. Comme je suis un grand maniaque de citations, laissez-moi vous donner celle-là, que je tire d'A rebours : « Ce sentimentalisme imbécile combiné avec une férocité pratique, représentait la pensée dominante du siècle... », de l'avis de M. des Esseintes. Comme je chante totalement faux, je ne joindrai pas ma voix aux trilles de M. Marche au repas de fin d'année de l'In-nocence, qui sera une sorte de Nouvelle nouvelle star.
15 mars 2010, 21:09   Adresse au peuple
Mais n'y a-t-il pas, bien cher Henri, chez Béranger, ce côté "adresse au peuple", cette réussite à parler au peuple ? le peuple suivait Béranger, ce n'était pas Béranger qui suivait le peuple.

Prenez Lamartine. Pour beaucoup, c'est un poète qui canotait avec une dame pendant que le mari étudiait la dilatation des gaz dans un obscur laboratoire parisien. Or, pour Lamartine, l'oeuvre intéressante, c'est 'L'Histoire des Girondins", écrite pour l'édification du peuple.
15 mars 2010, 21:59   Re : Mort de Jean Ferrat
Voici ce que Baudelaire,qui n'est, il est vrai, pas de la génération romantique, écrit de Béranger en 1865 :
"Pour finir, je serais curieux de savoir si vous êtes bien sûr que Béranger soit un poète. ( Je croyais qu'on n'osait plus parler de cet homme.) [ ...]
Béranger? On a dit quelques vérités sur ce grivois. Il y en aurait encore long à dire. Passons."
C'est dans un projet d'article, intitulé [ Lettre à Jules Janin], dans le tome II des O.C. (Pléiade), pages 232 et 234.

Et dans la lettre à Ancelle, écrite de Bruxelles, le 18 février 1866 :
"Et vous avez été assez ENFANT pour oublier que la France a HORREUR de la poésie, de la vraie poésie; qu'elle n'aime que les saligauds comme Béranger et de Musset ." (Corresp. II, Pléiade p610)

Les italiques et les capitales sont de Baudelaire.
« Tout sentiment est juste, parce que le sentiment n'a référence à rien au-delà de lui-même et qu'il est toujours réel, partout où un homme en est conscient. En revanche, toutes les déterminations de l'entendement ne sont pas justes parce qu'elles portent référence à quelque chose au-delà d'elles-mêmes. »

David Hume, Essais esthétiques

Je n'ai hélas pas retrouvé cet aphorisme de Lichtenberg où il s'extasiait du fait que si l'on voulait résumer la plus grande partie de ce qui se publiait de son temps, on pourrait se figurer un cœur tressautant sur une paire de testicules joliment disposés en sautoir.
Je crois que Me Chaix d’Est-Ange lut du Béranger et du Musset lors du procès des Fleurs du mal... ironie de l'histoire !
15 mars 2010, 22:16   Re : Mort de Jean Ferrat
Mais, enfin, cher Henri, en ce qui me concerne j'ai aimé Ferrat pas par sentimantalisme et avant que l'époque n'en dégouline !
15 mars 2010, 22:26   Un moment
C'est que, chère Cassandre, il y a eu un moment, un moment précis pendant lequel Ferrat vous a "parlé", et cela c'est la poésie, du moins telle que je l'entends. A moi aussi, ces chansons ont parlé.

Il faudra que je retrouve la fameuse préface de Georges Pompidou, où il parlait des poètes parfaits du point de vue de la forme mais qui avaient le malheur de n'écrire aucun vers poétique.
15 mars 2010, 22:40   Re : Mort de Jean Ferrat
Cher Jean-Marc, Me Chaix d'Est-Ange fit allusion à plusieurs chansons de Béranger, suivant en cela les prudents conseils donnés par Baudelaire lui-même :

"M. Charles Baudelaire n'aurait-il pas le droit d'arguer des licences permises à Béranger (Œuvres complètes autorisées)? Tel sujet reproché à Ch. Baudelaire a été traité par Béranger. Lequel préférez-vous? le poète triste ou le poète gai et effronté, l'horreur dans le mal ou la folâtrerie, le remords ou l'impudence?
(Il ne serait peut-être pas sain d'user outre mesure de cet argument.)
[ NOTES POUR MON AVOCAT] ( Pléiade I, pp194-5)

Claude Pichois précise en notes: Les premières O.C. de Béranger avaient eu un tome V sous la forme d'un Supplément dont le faux titre : Chansons érotiques (1834) les fit justement entrer à l'enfer de la Bibliothèque nationale..
15 mars 2010, 22:43   Béranger, toujours
Bien cher Johannus Marcus,

Les citations de Baudelaire que vous nous communiquez me rassurent : elles démontrent que fort peu de temps après la mort de Béranger, il n'y avait pas d'unanimité. Je crois que Flaubert aussi détestait Béranger.

Ne serait-ce pas une question de génération ?

En tout cas, je vous avoue être très déçu par la citation de Julien Gracq, et par son extrême sévérité pour le malheureux Béranger, qui n'avait rien demandé et qui fut si modeste, et surtout pour les personnes qui l'ont aimé. Que Julien Gracq soit un très grand écrivain, c'est certain, et j'admire Julien Gracq l'écrivain. Que Julien Gracq soit supérieur à Béranger, c'est pour moi une évidence. Qu'il soit en revanche supérieur à Lamartine, à Chateaubriand, à Sainte-Beuve, à Hugo, à Balzac, à eux tous réunis, je ne le crois pas, qu'il soit ainsi l'arbitre des élégances et dise de ces hommes éminents ce qu'il en dit, sans se demander s'il n'y avait pas une autre raison, cela me peine, et je ne pensais pas que l'homme Julien Gracq puisse écrire cela. J'avais une toute autre image de lui.
15 mars 2010, 22:45   Incontestable
Voici bien un poète incontestable, Baudelaire.

Je conçois tout à fait qu'un poète déteste un chansonnier (surtout que Baudelaire détestait beaucoup de monde !). Il y a là quelque chose de sain.

C'est d'autant plus sain que Béranger était alors au faîte de sa gloire.
15 mars 2010, 23:16   Re : Incontestable
Est-ce que j'aurais le droit de porter mon truc en plumes ?
Cher Jean-Marc, il y a un féroce pamphlétaire en Gracq, prompt à s'en prendre aux mœurs du Landerneau littéraire, dès lors que ces mœurs brouillent la réception de la littérature, finissant par troubler la littérature elle-même. C'est dans ce contexte qu'il est amené à rappeler le cas de Béranger.
Il y a également en lui un lecteur subjectif sans complexes. On pourrait considérer qu'il lui fut facile, arrivant le dernier, de juger tous les petits camarades. Je crois qu'on se tromperait. J'ai plutôt envie d'estimer qu'il eut la liberté, à une époque où les terrorismes journalistique et universitaire avaient déjà bien étendu leurs ravages, de dire simplement les choses comme il les voyait.
Au demeurant Gracq ne prétend pas délivrer des oracles. Il lit avec ferveur, il converse avec ses pairs et laisse parfois la porte entr'ouverte.
15 mars 2010, 23:29   Zizi
Bien chère Cassandre,


Venez avec vos plumes, je viendrai en chef Zoulou, connaissant le goût des In-nocents pour la diversité.

Je nous imagine avançant tous deux vers le château de Plieux, en compagnie des véritables représentants de la France plurielle que seront Bernard en fakir escorté de Florentin en cardinal Daniélou (ou en abbé Pistre, à définir), Francis en Kagemusha et Rogemi en Lederhosen.

Pour l'occasion, Orimont se vêtira en Garibaldi, Alain Eytan en Nietzsche et Antoine de Falveras en M. Aubry, l'homme dont tout le monde sait qu'il existe mais se demande à quoi il ressemble, et donc cela ne peut être que "l' ultimate Français de souche".


Les arrangements musicaux seront de Jérôme Vallet, avec mise sur ordinateur par la société Didier & Rodolphe. Henri Bès et Johannus Marcus défileront portant les cordons du poêle de la réputation de M. Béranger, JGL lisant les oeuvres complètes d'Eugène S.

La partie "relations avec la presse" sera assurée par Didier Goux, déguisé en Albert Londres sur la piste de la traite des blanches (une stabulation lui sera réservée à cet effet).
15 mars 2010, 23:57   Goetterdaemmerung
Bien cher Johannus Marcus,

Il m'arrive de lire des pamphlets, et je n'ai rien contre le fait de balancer des pierres dans les mares.

Baudelaire éreintant Béranger quand celui-ci bénéficie de l'estime générale, cela m'amuse.

Que M. Gracq parle de krach pour un pauvre homme oublié, ne le fasse apparaître que pour insulter sa dépouille et saisisse au passage l'occasion pour crucifier ce que la littérature française a de mieux, non en attaquant le style de ces écrivains, chose qu'on peut envisager, mais leur intelligence, cela me peine.

Cela n'aurait été rien si M. Gracq se fût nommé Onfray ou Plenel ou Savigneau. Le problème est que M. Gracq est Julien Gracq.
16 mars 2010, 00:17   David Hume
C'est curieux, on dirait du Mencius première période. Je ne plaisante pas.
16 mars 2010, 04:21   Julien est amoureux
« Ce que je souhaite d'un critique littéraire — et il ne me le donne qu'assez rarement — c'est qu'il me dise à propos d'un livre, mieux que je ne pourrais le faire moi-même, d'où vient que la lecture m'en dispense un plaisir qui ne se prête à aucune substitution. Vous ne me parlez que de ce qui ne lui est pas exclusif, et ce qu'il a d'exclusif est tout ce qui compte pour moi.
Un livre qui m'a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d'enfance ! Ce que j'attends seulement de votre entretien critique, c'est l'inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux, et amoureux de la même manière que moi : je n'ai besoin que de la confirmation et de l'orgueil que procure à l'amoureux l'amour parallèle et lucide d'un tiers bien disant.
Et quant à l'"apport" du livre à la littérature, à l'enrichissement qu'il est censé m'apporter, sachez que j'épouse même sans dot.
Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés ! Car après tout, si la littérature n'est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu'on s'en occupe. »

Gracq, En lisant en écrivant


(Ah non, pas en Nietzsche ! Demandez aux séraphins pressentis touchés par la grâce, tant pis s'ils feront double emploi...)
16 mars 2010, 10:05   Re : Mort de Jean Ferrat
J'aimais beaucoup Jean Ferrat en dépit de sa complaisance pour le stalinisme hexagonal. Il incarnait bien, aux côtés de Barbara, Léo Ferré, Hélène Martin, Monique Morelli, cette tradition si française qui savait, jusqu'à une époque encore pas très lointaine, transfigurer l'art mineur de la chansonnette en presque poésie. On peut bien sûr au nom d'un goût inaltéré mettre Ferrat, Ferré dans un même sac étiqueté "variétés" avec Dalida, Mike Brandt, Frédéric François (pardonnez-moi cher Sansano) ou Diam's. Il me semble toutefois qu'il s'agit d'une grave erreur de perspective et de goût, qui empêche de bien saisir combien la chanson française a été affectée aussi par la grande déculturation. Les Ferrat , Ferré et consorts n'étaient rien d'autre que l'incarnation d'une culture populaire encore vivante évoluant en symbiose avec la musique (Gabriel Fauré et les poèmes de Baudelaire), la littérature et la poésie où la môme côtoyait Aurélien ; les titis de Paris le pauvre Rutebeuf ; l'école Guy-Moquet le Collège de France (où nous serons tous à quatre heures de l'après-midi aujourd'hui).
Une dernière chose achève de me rendre Jean Ferrat encore plus sympathique : sa démission du MRAP en 2006 suite aux positions de l'affreux Aounit sur les caricatures de Mahomet. Alors oui Ma France !
16 mars 2010, 10:36   Re : Mort de Jean Ferrat
Cher Petit-Détour


Merci pour ce texte auquel je souscris entièrement !
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