Citation
Kiran Wilson
Oui, cher Olivier, c'est ce qu'il m'arrive de penser dans mes jours d'optimisme : l'antiracisme mourra comme est mort le communisme : de sa fausseté, de ses mensonges et impasses, de son inadéquation au réel. Quant l'écart entre ce que clame une idéologie et la réalité observable par tous devient trop grand, cette idéologie finit par tomber en lambeaux et mourir. La question est de savoir quand et surtout si alors il ne sera pas déjà trop tard...
Vous avez raison, en un sens ; on se souvient, à ce titre, du PS disant que l'insécurité n'était qu'un "fantasme", ou des problèmes des zones sensibles qui ont été complètement niés pendant des années, avant que la réalité ne devienne trop criante pour pouvoir continuer à être dissimulée. Mais il s'agissait, dans un cas comme dans l'autre, de considérations qui ont finalement pu être prises en compte car elles ne remettaient pas aussi fondamentalement en cause l'idéologie dominante que ne le ferait l'acceptation de l'idée selon laquelle le racisme a aujourd'hui changé de camp, que l'islam est une idéologie dangereuse pour les valeurs démocratiques, que le Grand Remplacement aboutira à la fin de la civilisation occidentale, etc.
J'ai au contraire l'impression que, sur ces sujets, l'antiracisme réagit au contraire de façon de plus en plus violente à mesure que toutes ses analyses se révèlent être des naufrages absolus. C'est complètement logique : quand on n'a plus d'arguments et que même le réel vous contredit, la solution la plus simple pour faire taire l'interlocuteur est de le disqualifier bruyamment ("Raciste ! Fachiste !",etc.).
Regardez les non-affaires récemment relayées à grand bruit par l'antiracisme idéologique : la non-affaire Florent Pagny, la reprise non-vérifiée des propos du mythomane qui avait consulté chez l'ophtalmologiste, etc. Il y a vingt ans, ces affaires seraient passées comlètement inaperçues : des propos bien pires étaient tenus sans que l'antiracisme ne s'en émeuve à la mesure de ce qu'il fait aujourd'hui.
Mais il y a, et c'est particulièrement le cas avec l'islam, un mouvement qui fait que l'attitude décrite dans le paragraphe précédent ne fait que croître et embellir. Il y a, dans le mouvement d'islamisation des sociétés occidentales, une force, une capacité d'intimidation qui se fait de plus en plus grande et qui contribue à créer, au sein des sociétés tolérantes, un sentiment d'inquiétude qui pousse, de façon inconsciente, à chercher à apaiser et à faire profil bas plutôt qu'à résister. C'est exactement le même phénomène qui s'est produit avec l'esprit de Munich dans les années 30 : face à la peur engendrée par la montée du nazisme, beaucoup de gens de gauche ont eu la lâcheté de penser qu'il serait préférable de céder aux exigences du nazisme pour maintenir une paix relative plutôt que d'avoir le courage de résister au risque de provoquer un affrontement. On sait très bien quels désastres en découlèrent...
Les mêmes schémas mentaux sont aujourd'hui en place face à l'islam, qui incarne le jusqu'au boutisme, l'absence de peur face au combat et au sacrifice. Les islamistes ne disent-ils pas que leur supériorité face à l'Occident est qu'ils n'ont aucune peur de la mort ? De l'autre côté, l'Occident fatigué, incapable de défendre ses valeurs, n'a plus vraiment envie de se battre et préfère rester le plus longtemps possible dans la molesse et le confort des illusions. La conséquence logique est qu'il est prêt à céder du terrain petit à petit à l'islam en renonçant à ses libertés, pour grapiller encore quelque temps de répit et d'illusions plutôt que d'oser affronter la réalité. C'est évidemment les lucides qui en font les frais les premiers, insolents qu'il sont de vouloir tirer les Amis du Désastre de leur demi-sommeil.