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Au nom de l'Autre

Envoyé par Daniel Apfelbaum 
31 décembre 2010, 07:15   Au nom de l'Autre
Analyse brillante du Grand Rabbin de France sur l'idéologie de l'Autre en Europe et sur ce que Finkielkraut a un jour appellé "l'anachronisme d'Israel".
Israel et l'Europe, les raisons d'un malentendu
Utilisateur anonyme
31 décembre 2010, 07:52   Re : Au nom de l'Autre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
31 décembre 2010, 08:58   Re : Au nom de l'Autre
Citation
Penser librement, cela commence par choisir ses mots, par résister aux automatismes, aux amalgames, aux syllogismes réducteurs et destructeurs.

Oui c'est cela même que le PI essaye de mettre en pratique.
31 décembre 2010, 09:00   Re : Au nom de l'Autre
On ne peut qu'approuver la conclusion de M. Bernheim "résister aux automatismes, aux amalgames, aux syllogismes réducteurs et destructeurs", qui me semble esquisser une vraie pensée libre.

Or, une des premières phrases de ce "point de vue" est : "la première (évolution) concerne l'Etat-nation, disqualifié par les deux grands conflits du XXe siècle".
Lors de la Première Guerre, les pays en guerre étaient pour l'un une "République" libérale et un "Royaume uni" (union de nations), pour l'autre un "Reich", pour d'autres des empires multinationaux et pluri-ethniques avec des Etats faibles, pour d'autres encore des royaumes à régime politique libéral.
Aucun de ces pays alors en guerre ne correspond à ce que l'on a nommé, longtemps après 1918, et de façon à la fois polémique et confuse, un "Etat-nation", "concept" qui tient de la magie, et non de la pensée. Qui peut expliquer le trait d'union entre Etat et nation ? Qui peut dire si les deux termes et les réalités qu'ils désignent sont sur le même plan et quels liens les unissent, si tant est qu'il y ait un lien ? "Etat-nation" est un automatisme verbal déconstructeur fondé sur un amalgame abusif dont la raison d'être est de discréditer la France, la République, son histoire.
Lors de la Seconde Guerre, il en allait de même. Les pays en conflit étaient pour l'un un Reich pluriethnique, totalitaire certes, dont l'objectif était de faire l'Europe ou de prendre le contrôle de tout le continent, pour les autres une République libérale, remplacée par une France combattante et libre exilée à Londres, un vaste empire multiethnique, plurinational, union de républiques fédérales (l'URSS), un Royaume uni et une République, les Etats-Unis, faite de cinquante Etats plus ou moins autonomes, qui ne se confondent pas avec la nation.

Etat-nation est une espèce d'épouvantail, à la fois faux historiquement, erroné sur le plan conceptuel et purement fantasmatique dans la réalité. M. Bernheim le brandit contre la France (puisque c'est elle qui est visée par "Etat-nation") par pur automatisme verbal, c'est-à-dire en toute inconscience, puisque cet épouvantail est celui qui est brandi contre Israël.
31 décembre 2010, 11:21   Re : Au nom de l'Autre
L'Etat-nation tel que nous le comprenons me semble trouver sa pleine définition dans la pensée du Président Wilson, cet imbécile ignorant la réalité linguistique et nationale européenne, qui exigea en 1918 que chaque nation se voit offrir un Etat, chose impossible dans le cas où les nations sont imbriquées les unes dans les autres, et chose que beaucoup de nations ne pourraient jamais obtenir : si les Bretons sont une nation, ils sont aussi partie prenante de la nation française.
La nation se définit différemment selon qu'on est slave ou germain (définition linguistique) ou latin (définition moins linguistique que politique, même si elle reste un peu linguistique). Les Italiens se sont dits une nation très tôt alors qu'ils parlaient des variétés très différentes de langue romane - Dante le constate déjà dans le De vulgari eloquentia. En France, la majeure partie de la population ne parlait pas, ou parlait très mal le français jusqu'à la Première Guerre Mondiale, et les langues régionales ont vraiment commencé à décliner, à cesser de se faire entendre dans les rues des villes et les villages après la Seconde Guerre Mondiale, ce qui signifie que notre nation était alors politique et non linguistique.

La grande difficulté du débat sur "l'identité nationale", c'est qu'il confondait beaucoup de choses. Le royaume de France est très ancien, son peuple l'est aussi, mais la nation française est née avec la première Assemblée constituante et la victoire de Valmy - au moins symboliquement. Cette naissance fut un acte politique se souciant fort peu de l'adhésion réelle des populations, surtout celles qui étaient un peu loin de Paris - cf. la Vendée, mais aussi le Pays Basque, le Béarn et tant d'autres Pays d'Etat.
L'idée sioniste repose sur une définition germanique de la nation. Les Juifs (avec "j" majuscule, car il s'agit d'une nation) étaient considérés et se considérèrent comme une nation dans l'Europe centrale et de l'Est, où ils étaient présents au sein de trois empires au moins (Allemagne, Autriche-Hongrie et Russie), parce qu'ils avaient le yiddish comme langue. Considérant eux-mêmes que cette langue était un allemand dégénéré, ils éprouvèrent le désir de redonner à l'hébreu un usage quotidien (il était toujours en usage, mais uniquement pour les prières et la lecture des textes sacrés (Torah, Mishna)). Que ce soit le yiddish ou l'hébreu, c'est la langue qui permit aux populations juives dont l'histoire des siècles précédents avait été assez différentes - si on excepte des persécutions généralement comparables.
Il est probable que sans la résurrection de l'hébreu, la nation israélienne aurait du mal a existé. Et elle est menacé à chaque nouvelle vague importante d'immigration qui crée de nouvelles tensions. Ainsi, ces vingt dernières années l'afflux d'immigrants russes, dont beaucoup ont désormais leurs journaux, leurs quartiers et leurs représentants, a contribué à créer de nouvelles tensions dans la société et la nation israélienne, car ils parlent mal et refusent d'apprendre l'hébreu, pour une partie d'entre eux.
Or, dès lors que la nation israélienne se morcelle, c'est potentiellement l'Etat qui est menacé. Dans le projet d'Israel, il s'agissait de donner un Etat (et une terre) à une nation qui était déjà constituée. Celle-ci a évolué avec l'arrivée de nouvelles communautés. La base de cette nation est germanique (une langue et un passé commun), mais c'est aussi une nation au sens de Renan, car c'est le projet commun, la volonté commune de bâtir et de défendre un Etat, qui définit désormais aussi Israël comme une nation.
31 décembre 2010, 17:13   Re : Au nom de l'Autre
Pour ce qui est de la diabolisation d'Israël en Europe, on pourra se reporter aux analyses de Bat Ye'or, spécialiste de la dhimmitude qui a montré comment la haine d'Israël s'inscrivait dans la stratégie d'Eurabia :

Interview de Bat Ye'or sur Eurabia
Interview de Bat Ye'or sur Eurabia, l'OCI et l'Alliance des civilisations
Interview de Bat Ye'or sur Geert Wilders et l'OCI
Interview de Bat Ye'or sur son livre : "L'Europe et le spectre du califat"
31 décembre 2010, 19:07   Re : Au nom de l'Autre
Ça par exemple ! Mais quel âge avez-vous, Virgil ? La doctrine ci-dessous me semble un pur reflet de l'enseignement nationalicide et atukémophile des trente ou quarante dernières années. C'est de l'idéologie pure. Et toute notre littérature s'inscrit là-contre.


« En France, la majeure partie de la population ne parlait pas, ou parlait très mal le français jusqu'à la Première Guerre Mondiale, et les langues régionales ont vraiment commencé à décliner, à cesser de se faire entendre dans les rues des villes et les villages après la Seconde Guerre Mondiale, ce qui signifie que notre nation était alors politique et non linguistique.

« La grande difficulté du débat sur "l'identité nationale", c'est qu'il confondait beaucoup de choses. Le royaume de France est très ancien, son peuple l'est aussi, mais la nation française est née avec la première Assemblée constituante et la victoire de Valmy - au moins symboliquement. »
31 décembre 2010, 22:55   Re : Au nom de l'Autre
C'est certainement une question d'acception, et celles-ci diffèrent, il y a cependant une certaine difficulté me semble-t-il à qualifier simultanément la diaspora juive, serait-ce seulement sa partie européenne, et les Israéliens, respectivement de "nation juive" et de "nation israélienne".
Pour la première je parlerais plutôt de "peuple juif", que détermine une appartenance fondée sur des critères religieux, historiques et ethniques (ainsi la matrilinéarité comme critère suffisant, mais non exhaustif, d'appartenance au peuple est essentielle), et réserverais le terme de nation, si l'on tient à l'employer, au peuple qui s'est doté d'un État sur sa terre.
La description des Juifs constitués en "nation juive" parce que parlant le yiddish exclurait donc de cette entité les Juifs séfarades (j'invite Bruno Chaouat à protester là-contre avec la plus vive véhémence) ?
De plus, je pense que le principal problème concernant certains immigrés d'origine russe n'est pas un problème de langue, mais bien de confession : c'est leur qualité de Juif qui souvent est problématique au regard des lois en vigueur, s'étant inventé une identité juive pour pouvoir émigrer et jouir de meilleures conditions de vie.
31 décembre 2010, 23:19   Re : Au nom de l'Autre
Citation
'C'est leur qualité de Juif qui souvent est problématique au regard des lois en vigueur, s'étant inventé une identité juive pour pouvoir émigrer et jouir de meilleures conditions de vie.

Cela ressemble étrangement aux centaines de milliers de citoyens soviétiques soi-disant d'origine allemande qui demandèrent leur rapatriement vers l'Allemagne et qui l'obtinrent en dépit de filiations plus que douteuses. Les gouvernements chrétiens-démocrates avaient besoin de nouveaux électeurs pour contrecarrer dans les années 70 et 80 la montée du SPD.
01 janvier 2011, 02:41   Re : Au nom de l'Autre
In der Tat, lieber Rogemi.
01 janvier 2011, 09:55   Re : Au nom de l'Autre
Citation
De plus, je pense que le principal problème concernant certains immigrés d'origine russe n'est pas un problème de langue, mais bien de confession

Certes cher Alain mais comment les jeunes israélien/nes d'origine russe se comportent-ils pendant leur service militaire qui n'est pas toujours de la tarte ?
01 janvier 2011, 20:08   Re : Au nom de l'Autre
Eh bien justement souvent ils adorent. Le prestige de l'uniforme et l'attrait des armes est plutôt un moyen d'intégration auprès de ces jeunes, et c'est donc une structure d'État comme l'armée qui peut faire office de liant ...
01 janvier 2011, 20:40   Re : Au nom de l'Autre
Dans les années 80 les gens en Allemagne se racontaient une blague à propos des "Spätaussiedler" (rapatriés) en provenance de Pologne, Hongrie, Bulgarie, Slovaquie, URSS, ex-Yougoslavie, etc.. qui grâce à des exigences de filiation plus que faiblardes obtenaient sans gros problèmes le passeport allemand:

"Dans ces conditions plus de 100 millions d'américains pourraient faire une demande de rapatriement dans la patrie de leur ancêtres et les autorités allemandes seraient obligées d'y consentir"
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