13 mai 2011, 08:57 Re : Communiqué n° 1232 : Sur la publication de "Fatigue du sens", de Richard Millet |
13 mai 2011, 10:47 Re : Communiqué n° 1232 : Sur la publication de "Fatigue du sens", de Richard Millet |
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D’où vient notre fatigue à être nous-mêmes, c’est-à-dire… Français ? Depuis que nous avons renoncé à nous élever au-dessus du niveau de la « masse » : cette immense fosse commune sans frontières où nous rejette inlassablement le nouvel ordre mondialisé à grands renforts de consumérisme érigée en valeur suprême.
Consumérisme, hédonisme qui fait foi… et fi de toute aspiration à penser. Ainsi n’y a-t-il plus de débat mais du Spectacle. C’est cette torpeur des temps présents que Richard Millet fustige avec douleur dans le droit sillage de La Défaite de la Pensée d’Alain Finkielkraut. Pointant du doigt « la décomposition morale » de notre société contemporaine, il n’a pas de mots assez durs pour démasquer l’utopie suicidaire où elle prospère - et qui n’est que la caricature de l’esprit des Lumières : « à savoir que l’homme est bon et perfectible, pour peu qu’on le délivre de l’ethnique, de la nation, du catholicisme, de la race blanche, des traditions européennes, de l’Occident même. » Au déclin de la nation et de l’identité, c’est donc le patrimoine tout entier de la France éternelle que l’on brade avec, au premier chef, le saccage de la langue, le dégoût de la littérature, la déchristianisation ou le désaveu de toute autorité morale présidant à l’éducation. Pas la moindre France en zone libre où fuir encore… Depuis que la société postdémocratique a fait table rase de notre singularité profonde. Ou s’empresse de la dissimuler sous une burka mentale : aujourd’hui on ne naît ni ne devient Français que par… défaut, en s’excusant presque. Car c’est bien à l’épreuve de l’étranger que se mesure la profonde dévalorisation de la « francité ». L’immigré, confronté à cette « fatigue » du Français de souche, n’entrevoit plus la moindre nécessité de s’assimiler. Et puis le phénomène de masse où il a sombré ne s’accorde plus avec l’échange de sangs de longue haleine qu’appelait l’assimilation afin de le faire « participer au génie d’un peuple ». Sans visage mais en nombre, l’immigré est bien plutôt cette ombre au tableau d’une France postcoloniale : son secret honteux, sa repentance... Epouvantail de l’antiracisme perverti en nihilisme, émule du communautarisme à tout cran, tout au plus se prévaut-il de son bon « droit » à être… Français. Quant à la réalité que recouvre ce « droit », c’est un mensonge, une imposture de plus qu’assaisonne le Nouvel Ordre Moral. Et Richard Millet de diagnostiquer « une guerre civile innommée » qu’alimente l’immigration. « Et dans la terreur juridique entourant cette affaire, l’innommable de la guerre civile. »
Le cri de colère de l’auteur de L’Enfer du roman au crépuscule d’une France désormais sans origines ni destinée.