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Sur l'énorme confusion apportée par la Révolution française

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
05 juin 2011, 16:33   Sur l'énorme confusion apportée par la Révolution française
Une grand partie du mal que la Révolution française nous a fait vient de la déclaration des Droits que je relisais dernièrement avec mon fils de CM2 (la propagande pro révolutionnaire faite dans un établissement catholique sous contrat n'a rien à envier à celle dispensée par un laïcard pur jus).

Et notamment de son article 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Certes la seconde partie de l'article vide de tout contenu la première. Et l'on voit là toute l'hypocrisie du système. La même hypocrisie qui déclare que tout pouvoir vient du peuple mais que celui-ci doit aussitôt s'en déposséder au bénéfice de ses représentants.

Mais le mal était fait.

Les hommes sont égaux par nature : même désirs, mêmes peines, mêmes souffrances, mêmes joies. Tout homme est mon égal par nature.

Le mot "humanité" ne prend son sens que dans le rapport, la relation entre deux individus. Ainsi tout naturellement je traite en homme tout homme que je rencontre quelque soit sa race, sa nationalité, sa religion car est en cause la relation de deux êtres humains naturellement égaux.

Mais "l'Humanité" en tant que concept définissant une attitude vis-à-vis du monde entier n'a pas de sens.

Si les hommes sont égaux en nature il est absolument faux de prétendre qu'ils le soient en droit. Il est juste qu'il y ait de l'inégalité en droit entre les hommes au sein d'une même société et entre les ressortissant de nations différentes car l'Ordre des sociétés et celui des nations repose sur cette inégalité.

En affirmant l'égalité en droit de tous les hommes le France de 89 a préparé les esprits au grand Remplacement. Cette affirmation n'a eu guère de conséquences dans un monde stable où les mouvements de populations restaient limités.

Mais dans la France du XXème siècle finissant cette affirmation péremptoire de l'égalité des droits jointe aux flux de population s'est révélée être un ferment de décomposition national et ethnique : regroupement familial au nom du droit à avoir une famille, extension des aides, allocations et prestations à ceux qui n'avaient participé au financement du système, droit au logement.

Il serait bon que le P.I. réaffirme solennellement le principe de l'égalité naturelle des hommes mais leur inégalité juridique.

Et à ce propos le P.I. s'est-il doté d'une sorte de Charte où seraient inscrits les principes qui fondent son existence et guident son action?
La Nature se moque de l'égalité ou de l'inégalité. L'égalité devant la loi est une forme morale dérivée de la vision chrétienne des enfants d'un même Père.
Citation
Florentin
La Nature se moque de l'égalité ou de l'inégalité. L'égalité devant la loi est une forme morale dérivée de la vision chrétienne des enfants d'un même Père.

Que la nature s'en moque n'importe pas. La distinction entre égalité naturelle et égalité en droit n'est pas là pour prendre en compte les "desseins de la nature". Prétendre que la Nature s'en moque c'est d'ailleurs toujours humaniser.

La distinction est là pour tenter de comprendre comment un principe faux entraîne toujours des catastrophes.

Par ailleurs il est faux de prétendre que l'égalité en droit (ce que vous appelez "devant la loi" qui est encore autre chose) est une forme de morale dérivée du christianisme.

La morale chrétienne est une forme de moral qui dérive de l'idée d'égalité naturelle déjà présente chez les païens et qui la perfectionne (comme la grâce qui ne ruine pas la nature mais qui la perfectionne ) : nous sommes tous fils du même Père ET nous devont transmettre le message de l'évangile. Le prochain est donc mon égal de par la nature et il devient aussi un futur frère en Jésus-Christ. Mais ça ne lui donne pas droit pour autant à la carte Vitale. S'il souffre la charité chrétienne y pourvoiera.

La théorie fumeuse de l'égalité des droits n'est que le dévoiement de la morale chrétienne. Pour pararaphaser Chesterton on pourrait dire que le monde est plein d'idées chrétiennes dévoyées.
Citation
Julius Evola
Le principe selon lequel les hommes, "par nature", sont tous libres et possèdent des droits égaux est une véritable absurdité puisque, "par nature", les hommes ne sont pas égaux et, lorsqu'on passe à un ordre qui n'est pas simplement "naturel", être une "personne" n'est pas une qualité uniforme ou uniformément distribuée, n'est pas une dignité égale chez tous, qui dériverait automatiquement de la seule appartenance de l'individu à l'espèce biologique "homme". La "dignité de la personne humaine", avec tout ce qu'elle implique, autour de laquelle les défenseurs du droit naturel et les libéraux font tant de tapage, doit être reconnue là où elle existe vraiment et non chez le premier venu. Et là où elle existe vraiment, cette dignité, répétons-le - ne doit pas être considérée comme égale dans tous les cas. Elle comporte des degrés divers et la justice consiste à attribuer à chacun de ces degrés un droit différent, une liberté différente.
[...]
L'important est qu'à l'opposé de toutes les formes de ressentiment et de compétition sociale, chacun sache reconnaître et aimer sa propre place, celle qui est la plus conforme à sa propre nature, reconnaissant ainsi du même coup les limites entre lesquelles il peut développer ses possibilités, donner un sens organique à sa vie, cheminer vers sa propre perfection; car un artisan qui s'acquitte de ses fonctions est certainement supérieur à un souverain qui bronche et faillit à sa dignité.
Les Hommes au milieu des ruines
Citation
Lucien de Lacvivier
Citation
Julius Evola
Le principe selon lequel les hommes, "par nature", sont tous libres et possèdent des droits égaux est une véritable absurdité puisque, "par nature", les hommes ne sont pas égaux et, lorsqu'on passe à un ordre qui n'est pas simplement "naturel", être une "personne" n'est pas une qualité uniforme ou uniformément distribuée, n'est pas une dignité égale chez tous, qui dériverait automatiquement de la seule appartenance de l'individu à l'espèce biologique "homme".

La "dignité de la personne humaine", avec tout ce qu'elle implique, autour de laquelle les défenseurs du droit naturel et les libéraux font tant de tapage, doit être reconnue là où elle existe vraiment et non chez le premier venu. Et là où elle existe vraiment, cette dignité, répétons-le - ne doit pas être considérée comme égale dans tous les cas. Elle comporte des degrés divers et la justice consiste à attribuer à chacun de ces degrés un droit différent, une liberté différente.
Les Hommes au milieu des ruines

Je ne crois pas avoir écrit autre chose. Il existe une égalité naturelle qui m'incite individuellement à m'abstenir de nuire à mon prochain, à compatir à son malheur et même à l'aider dans la peine. Cette notion est peut-être purement occidentale mais je crois qu'elle est assez bien ancrée dans nos coeurs.

Autre chose est l'égalité en droit qui est effectivement une absudité funeste notamment dans l'application qui en est faite aux clandestins. Les clandestins réclament l'égalité en droit au motif qu'il sont là et qu'il y travaillent et on la leur octroie périodiquement et les régularisant. De même la gauche réclame le droit de vote pour les émigrés au motif qu'ils paient des impôts. Le rôle de l'Etat est de maintenir une inégalité de droit indispensable à l'ordre social.

Mais je crois que pour utilement critiquer cette égalité en droit et dénoncer ses conséquences il faut commencer par reconnaître cette égalité naturelle. Ne serait-ce que éviter l'argument qui vous tue au bout de 10 secondes selon lequel vous refusez l'égalité des droits parce que vous être raciste.

A quoi fait allusion votre auteur quand il écrit "la dignité de la personne humaine doit être reconnue là où elle existe vraiment"? Quel est ce lieu où il reconnait son existence?
La Déclaration est bien entendu, comme l'a justement souligné Florentin, antinaturelle au possible ; la nature est axiologiquement totalement neutre, elle est, et entre elle et la valeur humainement instituée il y a toute l'infranchissable distance séparant le is du ought, pour reprendre la formule de Hume.
La proclamation de l'égale dignité de tous les hommes ne peut s'appuyer sur aucun fait, et aucun fait ne peut donc la contredire ou l'invalider, pas même les funestes conséquences du regroupement familial, c'est dire...
Elle est une déclaration d'intention, fondée sur la solution de continuité nécessaire qu'on veut inaugurer par sa promulgation même entre la nature et l'homme.
Un kantien conséquent aurait ajouté : pour se détacher de la nature, en agissant comme législateur dans le règne des fins...
Un auteur s'est-il livré à une critique en règle de la Déclaration de 89? J'ai le souvenir de Maistre dénonçant l'absurdité d'un acte émanant d'individus ayant décidé un beau matin de donner une déclaration au monde.
Absurde, absurde, peut-être, et alors ?... C'est ce qu'a fait l'homme depuis l'aube des temps, de prendre ses désirs pour des réalités, c'est même ce qui le constitue en tant que tel.

Et devinez qui...

« Il semble absurde et pourtant il est exactement vrai d'affirmer que, tout le réel étant un néant, il n'est rien de réel et de substantiel au monde que les illusions. »
Citation
Alain Eytan
Absurde, absurde, peut-être, et alors ?... C'est ce qu'a fait l'homme depuis l'aube des temps, de prendre ses désirs pour des réalités, c'est même ce qui le constitue en tant que tel.

Et devinez qui...

« Il semble absurde et pourtant il est exactement vrai d'affirmer que, tout le réel étant un néant, il n'est rien de réel et de substantiel au monde que les illusions. »

On dirait du Léopardi, toute sa poésie fondée sur le déchirement entre la raison qui sait et le coeur qui croit, la raison qui dévoile l'amère vérité et le coeur qui se berce d'illusions...Le genêt de Léopardi fait penser au roseau de Pascal...
Citation
Philémon2
Citation
Alain Eytan
Absurde, absurde, peut-être, et alors ?... C'est ce qu'a fait l'homme depuis l'aube des temps, de prendre ses désirs pour des réalités, c'est même ce qui le constitue en tant que tel.

Et devinez qui...

« Il semble absurde et pourtant il est exactement vrai d'affirmer que, tout le réel étant un néant, il n'est rien de réel et de substantiel au monde que les illusions. »

On dirait du Léopardi, toute sa poésie fondée sur le déchirement entre la raison qui sait et le coeur qui croit, la raison qui dévoile l'amère vérité et le coeur qui se berce d'illusions...Le genêt de Léopardi fait penser au roseau de Pascal...

À moins qu'il s'agisse de Cioran...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Plus qu'une contradiction (ou au delà, plutôt), je verrais là une tautologie, cher Didier, cher Alain. C'est Münchhausen se saisissant par les cheveux, pour paraphraser Nietzsche.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Alain Eytan
Absurde, absurde, peut-être, et alors ?... C'est ce qu'a fait l'homme depuis l'aube des temps, de prendre ses désirs pour des réalités, c'est même ce qui le constitue en tant que tel.

Et devinez qui...

« Il semble absurde et pourtant il est exactement vrai d'affirmer que, tout le réel étant un néant, il n'est rien de réel et de substantiel au monde que les illusions. »

Leopardi bien sûr. Mais il faut aller au bout de la comparaison je vous prie : l'illusion de l'égalité en droit n'est pas ou n'est plus un illusion fertile qui nous permet de vivre. C'est justement celle dont nous mourrons.
La proclamation de l'égale dignité de tous les hommes n'est qu'un moyen juridique de maintenir la tyrannie du nombre. Le règne de la masse inscrit dans le Droit, devrait-on dire. La dernière hiérarchie vivace au sein du règne de la masse étant produite par le désir anthropologique — donc irrépressible — de posséder, émerge naturellement la figure de l'oligarque, ultime relent d'une verticalité moribonde.

Le kantisme est un leurre, cher Alain : l'homme ne légifère jamais (pas même dans le "règne des fins") — un certain type d'homme légifère pour imposer le règne de son type. (L'Humanité n'existe pas : c'est un concept fantômeparasite, même — vidé de toute expérience, sinon celle de la vulgaire biologie.)

La proclamation de l'égale dignité de tous les hommes est une loi que l'on trouve dans le kit de survie d'un certain type d'homme (en tant qu'elle traduit l'une de ses conditions de vie) : celui du vulgum pecus — l'homme du ressentiment, disons, pour aller vite.

Un système aristocratique tente de retraduire juridiquement l'inégalité naturelle parmi les hommes ; un système démocratique, à l'inverse, fait violence à la nature en érigeant des lois qui lui sont étrangères : en cela, je rejoins Florentin.
Citation
Henri Lesquis

Le kantisme est un leurre, cher Alain : l'homme ne légifère jamais (pas même dans le "règne des fins") — un certain type d'homme légifère pour imposer le règne de son type. (L'Humanité n'existe pas : c'est un concept fantômeparasite, même — vidé de toute expérience, sinon celle de la vulgaire biologie.)

Le concept d'humanité est vide de tout contenu, certes. D'où l'inanité des "Droits de l'homme".

Par contre l'idée "d'humanité" garde toute sa valeur dans les relations d'individu à individu. Je puis bien refuser de voir le clandestin rester lui et sa famille nombreuse sur le sol français.Je puis refuser qu'ils bénéficie de l'AME. Je peux refuser qu'il soit "régularisé". Mais personnellement je n'irai pas le dénoncer. Je pourrai même lui donner de quoi s'acheter à manger. Et la violence de certaines expulsions peut me choquer.

Vous comprendrez que ce qui m'intéresse au delà de la réafirmation des principes, c'est comment nous appliquons ces principes individuellement. Et il me semble que la reconnaissance de l'égalité naturelle et la négation de l'égalité en droit permet de maintenir une certaine cohérence personnelle dans cet hôpital de fous.
Pour pararaphaser Chesterton on pourrait dire que le monde est plein d'idées chrétiennes dévoyées.

Encore ? Chesterton a écrit que le monde était plein de vertus chrétiennes devenues folles. « The modern world is full of the old christian virtues gone mad. » Orthodoxy, ch. 3, « The suicide of thought ». Et les deux exemples que donne Chesterton, les savants dont la vérité devient impitoyable et les humanitaires dont la pitié fait peu de cas de la vérité.
Citation
Didier Bourjon
Pour l'instant je vous suis, Alain, et suis bien aise de vous voir intervenir sur ce fil.
Une remarque, toutefois :
"La proclamation de l'égale dignité de tous les hommes ne peut s'appuyer sur aucun fait"
et :
"C'est ce qu'a fait l'homme depuis l'aube des temps ... c'est même ce qui le constitue en tant que tel. "
me semble une façon de contradiction — à moins que ce ne soit le moyen de résoudre la chose... et même d'intégrer "naturellement" (c'est-à-dire culturellement...) les raisons qui font du regroupement familial un excès !

C'est exactement la façon dont s'y prend Hume pour fonder une universalité du jugement de goût, rendue possible par la postulation d'une certaine homogénéité de la nature humaine, soit dit en passant.
» Le kantisme est un leurre, cher Alain: l'homme ne légifère jamais (pas même dans le "règne des fins") — un certain type d'homme légifère pour imposer le règne de son type.

Comment cela "un leurre" ? Mais par rapport à quoi ? À une quelconque reconduction de l'état supposé naturel des choses ?
Mais ce serait alors passer complètement à côté de ce qui fait la spécificité morale du kantisme, qui vise précisément, par la morale, à se détacher de la nature et de la phénoménalité...

Plus précisément, "le règne des fins", cela veut dire que l'on est sommé d'agir (c'est une exigence, une prescription normative, qui comme telle ne peut être vraie ou fausse, donc erronée) en considérant l'autre homme (subsumé en l’occurrence par le terme générique d'"humanité") comme une fin en soi, et non comme vulgaire moyen qu'il serait pour nous ; à strictement parler, si l'on voit dans de telles dispositions un moyen propre d'imposer son règne, alors c'en est un qui s'exprimerait par l'injonction faite à soi de ne point l'imposer.

Entre nous, Henri, si Kant avait jamais dit que l'"homme légifère", incluant par là "tous les hommes", point n'était besoin de poser qu'on doit le faire en tant que particulier, ce qui est en fait la seule chose qu'il ait dite...


» La proclamation de l'égale dignité de tous les hommes est une loi que l'on trouve dans le kit de survie d'un certain type d'homme (en tant qu'elle traduit l'une de ses conditions de vie) : celui du vulgum pecus — l'homme du ressentiment, disons, pour aller vite.

Ah bon. Aussi, ceux qui ont au péril de leur vie défendu cette thèse, par conviction morale solidement ancrée en eux qu’il doit en être ainsi, sont les lâches emplis de ressentiment, le vulgum pecus, et les brutes exerçant la prérogative souveraine d’user des autres comme exutoire à leur violence naturelle, ou comme expédients à leurs desseins les plus meurtriers, d’altiers aristocrates.
Sous de certains angles, la généalogie nietzschéenne est décidément assez folklorique…
Merci, Alain Eytan, cela fait plaisir de lire de telles mises au point.
Tout le plaisir est pour moi, cher Stéphane...
Alain,

Je ne me lancerai pas dans de grands développements philosophiques.

Il est possible que l'inégalité soit consubstantielle à l'homme, et que l'arrogance des Meilleurs, les aristocrates, soit sans borne.

Il en était ainsi de la France de 1788, et de l'Espagne des Rois catholiques.

Il se trouve que, à cette inégalité des personnes, pouvait se substituer une inégalité du nombre.


Y basta con que despierte
una mañana cualquiera
y el manso se vuelve fiera
y el débil se vuelve fuerte.

Y verán con qué premura
deja en el campo la azada
y aprende que con la espada
mejor sus males conjura.

Que se truecan en un día
los aperos de labranza
por la pica y por la lanza,
la humildad por la osadía.

Cuidado Comendador...



Un matin comme un autre, le pauvre humilié par le seigneur peut tout d'un coup se transformer en bête féroce, et remplacer les outils de la terre par la pique et par la lance, et son humilité par l'audace. Dans ce cas, il faut que l'aristocrate fasse très attention.


Aimez les inégalités, vous adorerez les révolutions.
Citation
Chatterton
Pour pararaphaser Chesterton on pourrait dire que le monde est plein d'idées chrétiennes dévoyées.

Encore ? Chesterton a écrit que le monde était plein de vertus chrétiennes devenues folles. « The modern world is full of the old christian virtues gone mad. » Orthodoxy, ch. 3, « The suicide of thought ». Et les deux exemples que donne Chesterton, les savants dont la vérité devient impitoyable et les humanitaires dont la pitié fait peu de cas de la vérité.

J'ai écris "paraphraser" pas "citer". Et vous l'avez cité exactement.
» Un matin comme un autre, le pauvre humilié par le seigneur peut tout d'un coup se transformer en bête féroce, et remplacer les outils de la terre par la pique et par la lance, et son humilité par l'audace. Dans ce cas, il faut que l'aristocrate fasse très attention.

Cela me semble peu contestable, Jean-Marc...
Citation
Brunet Latin
Citation
Alain Eytan
Absurde, absurde, peut-être, et alors ?... C'est ce qu'a fait l'homme depuis l'aube des temps, de prendre ses désirs pour des réalités, c'est même ce qui le constitue en tant que tel.

Et devinez qui...

« Il semble absurde et pourtant il est exactement vrai d'affirmer que, tout le réel étant un néant, il n'est rien de réel et de substantiel au monde que les illusions. »

Leopardi bien sûr. Mais il faut aller au bout de la comparaison je vous prie : l'illusion de l'égalité en droit n'est pas ou n'est plus un illusion fertile qui nous permet de vivre. C'est justement celle dont nous mourrons.

Et pourtant, d'un pur point de vue leopardien, si j'ose dire, ce n'est pas la mort qui soit un pis-aller ; étant incontestablement établi que le non-être vaut mieux que l'être, comme n'a cessé de l'asséner le petit nabot si aimablement répulsif (et parfaitement génial), à qui aurait peut-être voulu s'illusionner un peu...

(Et puis, la postulation de quelques droits fondamentaux à toute personne n'est pas le mal en soi, vous exagérez un peu, tout de même...)
Citation
Alain Eyatn

...ce qui fait la spécificité morale du kantisme, qui vise précisément, par la morale, à se détacher de la nature...

Il serait plus juste, cher Alain, de remplacer dans votre phrase l'expression « se détacher » par l'une des expressions suivantes, au choix : contredire, faire taire, contraindre, dresser, faire payer à.

Toute éducation, quelle qu'elle soit, ne saurait être autre chose qu'une sélection de certains instincts au détriment d'autres ; la morale kantienne, en dressant l'homme au tu dois — ledit impératif catégorique —, n'est qu'un pur exercice de cruauté (reportez-vous à la citation de Nietzsche qui suit) visant à émasculer le système défensif humain. C'est une morale — donc un système de dressage sélectif, j'insiste — affaiblissante. D'autres morales, éthiques ou types d'éducation, sélectionnent d'autres instincts, en fonction du type d'homme qu'elles visent à "cultiver" : les anciens Grecs, par exemple, privilégiaient la force sur la charité, l'orgueil sur l'humilité et la discrimination sur la tolérance.

« […] chez le vieux Kant : l’impératif catégorique a un relent de cruauté… » Généalogie de la morale, Deuxième dissertation, § 6

Alain, permettez-moi de vous demander comment un honnête kantien, considérant tout homme comme une fin, pourrait-il comprendre la réaction de ces Espagnols du second siècle avant J.-C.(reportez-vous à l'extrait de Tite-Live qui suit), sinon comme pure hystérie ou barbare atrocité ?

« Cependant le consul, frappé de la révolte des Bergistans, et convaincu que les autres peuples suivraient cet exemple à la première occasion, désarma tous les Espagnols en deçà de l'Èbre. Cette mesure leur parut si humiliante que beaucoup d'entre eux se donnèrent la mort. Nation farouche, qui ne pensait pas que la vie sans les armes fût la vie. » (Tite-Live, Histoire romaine, XXXIV, XVII)

Ces Espagnols-là, libres et fiers, ne pouvaient considérer l'homme comme une fin — cela leur eût paru insensé ! — , mais le considéraient essentiellement comme un moyen d'éprouver leur force. Diable ! La morale kantienne, en toute logique, entraînerait la condamnation de toute l'histoire, plus précisément de toute nature dans l'histoire. Elle est non pas essentiellement législatrice — toute morale, éducation ou éthique, l'est, par définition ! —, mais aveugle et corruptrice : entrez dans cette école en guerrier, vous en sortirez en douillet avorton, les pieds ensanglantés par ces cailloux tranchants qu'on appelle scrupulus.

Oh, oublions Nietzsche pour un temps. Nous eûmes tout de même en France d'assez fins psychologues : La Rochefoucauld en fut l'un des plus grands. Si l'on admet que la masse regorge de sottise et de faiblesse, ce qui est, il me semble, sinon purement tautologique, du moins la conséquence d'un raisonnement probabiliste, alors deux des axiomes larochefoucauldiens — Un sot n'a pas assez d'étoffe pour être bon (maxime 387) et La faiblesse est plus opposée à la vertu que le vice (maxime 445) — mènent tout droit à la conclusion suivante : ni la bonté ni la vertu — donc aucune visée kantienne — ne peuvent émerger du règne de la masse.
A propos de Chesterton, cité plus haut : en feuilletant Le XIXe Siècle à travers les âges de Muray, je suis tombé dernièrement sur un passage qui disait :

"Le monde n'est pas plein d'idées chrétiennes devenues folles.
Le protestantisme est l'affolement de la raison devant la folie catholique.
Le monde est donc plein d'idées protestantes raisonnables."


La suite est aussi très intéressante : c'est à la page 284 de l'édition Gallimard, collection "Tel".
(Message supprimé à la demande de son auteur)
J'ai écris "paraphraser" pas "citer". Et vous l'avez cité exactement.

C'est que la version courante (idées chrétiennes devenues folles) renvoie désagréablement à la théorie selon laquelle le bien-pensisme ambiant serait peu ou prou une corruption du christianisme. Il y a là une façon de charger la victime qui n'est décidément pas de mon goût (après tout, le bien-pensisme s'accommode fort bien du massacre des chrétiens d'Orient ; cela s'appelle le printemps arabe, à présent, c'est poétique !).
» Il serait plus juste, cher Alain, de remplacer dans votre phrase l'expression « se détacher » par l'une des expressions suivantes, au choix : contredire, faire taire, contraindre, dresser, faire payer à.

À mon sens (et celui de Kant je crois), certainement pas, cher Henri : on ne peut "contraindre" ou "faire taire" la nature, de même qu'on ne peut se placer hors du temps et de l'espace, cela n'a pas de sens. Il ne s'agit jamais de faire pièce au monde phénoménal en tant que tel, mais de trouver le moyen de se porter au-delà de lui, donc de s'en détacher.
Je me permettrai de reprendre l'une des formules qu'affectionne Didier Bourjon : Il s'agit de passer du cercle vicieux au cercle vertueux. En langage kantien, cela veut dire : « ...il n'y a que le pouvoir pratique qui puisse nous transporter au delà du monde des sens, nous fournir des connaissances d'un ordre supra-sensible... ».
Pour Kant, la contrainte par la loi morale est le levier qui permet d'accéder à la liberté, c'est à dire de passer de l'hétérodoxie à l'autonomie, et de s'affranchir du sensible et de l’inconditionné, autrement dit de la nature.
Après nous avoir consciencieusement et méticuleusement enfermé dans le cercle vicieux, le monde phénoménal, le conditionné et le sensible dans la première Critique, en traçant si indépassablement le cercle délimitant notre finitude, et réduisant toute velléité de passer outre à d'inconsistantes idées de la raison, façon bien humaine de prendre des vessies pour des lanternes, en somme, la deuxième Critique s'attelle à la tâche colossale de trouver la faille du système des phénomènes, et des facultés cognitives qui tout en le suscitant nous y enferme.

Très franchement, j'ai toujours trouvé les critiques nietzschéennes d'une telle entreprise bien en deçà de l'ampleur et de la puissance intellectuelle de ce qu'elles voulaient jeter à bas.


» Toute éducation, quelle qu'elle soit, ne saurait être autre chose qu'une sélection de certains instincts au détriment d'autres ; la morale kantienne, en dressant l'homme au tu dois

Tout ramener toujours à un jeu des instincts, comme si toutes les autres facultés humaines n'existaient tout simplement pas, m'a toujours semblé un peu limitatif. J'ai un ami qui raisonne comme cela, il ne me parle jamais que de graines, ne voit que les graines, à la limite entrevoit-il quelques racines, et lorsque je lui demande de considérer aussi les fruits, et les fleurs, et tout l'arbre, dans ce qu'ils ont d'incontestable réalité et dignité, il ne voit pas du tout de quoi je parle. C'est en quelque sorte un aplatissement systématique et unidimensionnel de la chaîne des conséquences et des effets. Concernant Nietzsche c'est même un peu touchant, venant d'un homme qui exhortait qu'on s’arrêtât à la superficialité des choses, par profondeur.

Quoi qu'il en soit, cela me rappelle ceci, à quoi du reste je souscris par préférence... morale, justement : le moins pour le plus.


» Alain, permettez-moi de vous demander comment un honnête kantien, considérant tout homme comme une fin, pourrait-il comprendre la réaction de ces Espagnols du second siècle avant J.-C.(reportez-vous à l'extrait de Tite-Live qui suit), sinon comme pure hystérie ou barbare atrocité ?

Henri, tout cela est bel et bien ; et en plus me donne l'occasion de placer dans la bouche du vieux Meister (un authentique in-nocent !) quelques mots de mon épouvantable yiddish : wilde Chayes !!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Merci Didier. Comme je débarque, je ne sais au juste ce qui s'est passé... Oh, j'espère que Henri reviendra vite...
Chers philosophes,

Puis-je, en béotien éhonté, tenter de dépasser la dispute de Nietzsche et Kant ?

Kant aurait enfermé l'homme dans les catégories de l'entendement. L'entendement, faute de pouvoir rencontrer l'être (ou de le suivre, à la trace, dans sa fuite transcendante), décide de fixer librement ce qui doit être et de s'en tenir là. Le scintillement des étoiles dans le ciel moral ferait oublier notre cécité ontologique. Cela cause un malaise: le reproche persistant que nous adresse la réalité. La phénoménologie évoque l'Exigence des êtres. Je me souviens d'un autre fil où quelqu'un évoquait la cruauté des modernes à l'endroit du monde profané: phénoménologie et morale vont de pair.

Nietzsche rend son sol à l'homme: la Vie, volonté de puissance, cause effective. Une vie aveugle au sort de l'homme qui le réduit au rôle de pantin entre les mains des dieux (je pense à des commentaires lus, jadis, sur le monde homérique). L'homme est un moyen d'éprouver la Vie, Sa force torrentielle. Si cette possibilité lui est retirée, il ne vaut pas la peine d'être: les Espagnols désorientés d'être livrés à eux-mêmes se suppriment (plutôt qu'ils ne se tuent).

Mais si être livré à soi-même, sans arme, c'est encore être livré à la Vie, se tuer n'a pas de sens. Il est un type d'être, qui d'être reconnu, exige l'infini ; non pas la Vie impersonnelle de Nietzsche et d'Homère, mais celui là seul où la Vie vient et se reconnaît : le sujet vivant, le Dieu des chrétiens. Alors que l'homme soit une fin, n'est pas faire taire la nature, disons, la Vie, mais L'entendre comme Elle le demande.

Cher Brunet Latin,

L'égalité de droit est une affirmation théorique qui fonde l'ordre politique sur un artifice. La seconde phrase, comme vous l'avez noté, reconnaît l'inégalité sociale. C'est donc bien, en toute conscience, que 89 restreint l'égalité au domaine du droit (positif).

Plutôt que cette égalité de droit, façon 1789, ce serait le dévoiement qui fit oublier que cette égalité de droit fondait un ordre politique artificiel, qui fit croire qu'elle était une égalité de nature, ce serait donc l'égalitarisme dévoyé, façon 1989, qui conduisit nos contemporains à traiter également le citoyen et l'étranger. On serait passé des droits de l'homme et du citoyen aux droits de l'homme tout court.

L'ordre politique est donc fondé sur des individus. Ces individus se définissent comme les propriétaires de droits : chacun a le droit de circuler, de posséder, de penser, de vivre indépendamment des autres individus. Finalement, cela signifie qu'il a des idées, des biens, des sentiments, une vie. Il a. Si on ne tue pas son voisin, ce n'est pas par respect de la vie, mais par respect de son propriétaire: c'est parce que c'est la sienne que je ne la lui prends pas, pas plus que je ne vole sa montre. Bref, l'individu n'est pas ce qu'il a ou ce qu'il fait. Nous serions là dans le monde des identités, des hommes rivés à l'être, des hommes-objets. L'individu n'est pas une personne (un être pour autrui). L'individu est un propriétaire, un sujet de droit. Il a des droits sur, à défendre.
Cher Brunet Latin,

On est ainsi passé d'une égalité juridique conçue pour fonder un ordre politique nouveau, à une nouvelle définition anthropologique. Il en va toujours ainsi avec le politique: la laïcité se bornait à exclure Dieu de l'espace public, elle a fini, de proche en proche, par Lui faire déserter les cœurs. La pensée politique doit donc s'assurer contre cette pente réductionniste en ménageant à la source, dans l'ordre politique même, les conditions de son impossibilité.

Et, je m'arrête là, sinon Didier Bourjon va froncer les sourcils.
Ah ! la dynastie militaire des Bourjon de Saint-Physsel !
Citation
Alain Eytan
À mon sens (et celui de Kant je crois), certainement pas, cher Henri : on ne peut "contraindre" ou "faire taire" la nature, de même qu'on ne peut se placer hors du temps et de l'espace, cela n'a pas de sens.

Ah... (Cher Alain, vous êtes un peu dogmatique.) Et les bonzaïs, les fakirs, les poitrines siliconées, les teckels (dont l'ancêtre, rappelons-le, est le loup), l'union crânienne des anciens Égyptiens, les Padaung (femmes girafes) des tribus de Birmanie et de Thaïlande, le réchauffement climatique, l'extinction de l'Holocène causée par l'homme, et j'en passe, — ne sont-ils pas, chacun d'une manière spécifique, les résultats de contraintes imposées à la nature ?

De la même manière, je soutiens que la morale kantienne — qui n'est qu'une rationalisation de la morale chrétienne — impose une certaine contrainte — que je juge néfaste, mais n'y revenons pas, cela n'étant qu'une querelle d'écoles — sur la nature humaine.
Citation
Pierre Henri
Cher Brunet Latin,

On est ainsi passé d'une égalité juridique conçue pour fonder un ordre politique nouveau, à une nouvelle définition anthropologique. Il en va toujours ainsi avec le politique: la laïcité se bornait à exclure Dieu de l'espace public, elle a fini, de proche en proche, par Lui faire déserter les cœurs. La pensée politique doit donc s'assurer contre cette pente réductionniste en ménageant à la source, dans l'ordre politique même, les conditions de son impossibilité.

Et, je m'arrête là, sinon Didier Bourjon va froncer les sourcils.

Cher Pierre Henri,

Votre message m'apporte une lumière nouvelle sur cette entreprise. Je vous en remercie.
Cher Brunet Latin,
Veuillez excuser mon retard.

Citation
Brunet Latin
Il existe une égalité naturelle qui m'incite individuellement à m'abstenir de nuire à mon prochain, à compatir à son malheur et même à l'aider dans la peine. Cette notion est peut-être purement occidentale mais je crois qu'elle est assez bien ancrée dans nos coeurs.

Ne s'agirait-il pas là, plutôt que d'une "égalité naturelle", de la simple civilité et de la bonne éducation ? Suis-je obligé de reconnaître en quelqu'un mon égal, qu'il s'agisse d'ailleurs d'un autre Français, d'un immigré, ou même - poussons un peu loin la logique - d'une femme, pour ne pas fondre aussitôt dessus comme une bête sauvage ? pour lui épargner une peine ou faire preuve d'empathie ?

Citation
Brunet Latin
Autre chose est l'égalité en droit qui est effectivement une absudité funeste notamment dans l'application qui en est faite aux clandestins. Les clandestins réclament l'égalité en droit au motif qu'il sont là et qu'il y travaillent et on la leur octroie périodiquement et les régularisant. De même la gauche réclame le droit de vote pour les émigrés au motif qu'ils paient des impôts. Le rôle de l'Etat est de maintenir une inégalité de droit indispensable à l'ordre social.

Mais je crois que pour utilement critiquer cette égalité en droit et dénoncer ses conséquences il faut commencer par reconnaître cette égalité naturelle. Ne serait-ce que éviter l'argument qui vous tue au bout de 10 secondes selon lequel vous refusez l'égalité des droits parce que vous être raciste.

Je voudrais préciser qu'Evola parle d'inégalité entre citoyens, non des immigrés en particulier. Ceci dit, on peut sans doute décréter qu'il existe une inégalité naturelle entre Chances pour la France et citoyens français pour des raisons culturelles et non raciales, si l'on veut bien admettre que la culture pose une empreinte réelle et durable. Certains, comme l'excellent Pélicastre Jouisseur, défendent même des positions racialistes sur la question. Mais je reconnais que ces positions sont difficilement recevables juridiquement et politiquement. (Pour faire dans l'euphémisme).
Pour le reste, je suis d'accord avec vous.

Citation
Brunet Latin
A quoi fait allusion votre auteur quand il écrit "la dignité de la personne humaine doit être reconnue là où elle existe vraiment"? Quel est ce lieu où il reconnait son existence?

Pour Evola, il s'agit principalement de qualités intellectuelles ou de caractère : maîtrise de soi, virtus, courage, prouesse, mise à distance, différenciation. Comment attribue-t-on ces fameuses qualités, s'empresse alors de répliquer le démocrate, question à laquelle je suis bien en peine de répondre.

Pour vous faire une idée des opinions du bonhomme sur le suffrage universel :

Citation
Julius Evola
La qualité exprimée par ce dernier mot - la personne en tant qu'être qui a une dignité spécifique, des traits différenciés - est au contraire, de toute évidence, niée et offensée dans le système où toutes les voix se valent, où le vote d'un grand penseur, d'un prince de l'Eglise, d'un juriste ou d'un sociologue éminent, d'un chef militaire et ainsi de suite, a le même poids, pour le scrutin des urnes, que le vote d'un garçon boucher analphabète, d'un débile mental, de l'homme de la rue qui se laisse suggestionner dans les réunions publiques ou bien qui vote pour celui qui le paie.
Nous sommes bien d'accord sur la valeur du suffrage universel. Mais Evola ne joue-t-il pas les demi-habiles quand il en dénonce l'absurdité?

Après tout sauf pour un esprit religieux la monarchie héréditaire n'est pas moins absurde.

Ne faut-il pas plutôt dénoncer le suffrage universel :

- parce qu'il ne joue même plus le rôle qu'il est censé jouer dès lors que la classe dirigeante ne respecte même pas les décisions exprimées par le peuple par cette voie (référendum sur l'europe)
- qu'il n'est pas utilisé pour désigner ceux qui gouvernent rééllement : la commission européenne et ses commissaires,
- que le peuple s'en détrourne lui-même (absention)
- qu'il engendre une telle frustration dans le peuple cherche constamment des voies autres et violentes pour manifester sa volonté et cela contre des lois qui ont été voté par ses représentant désignés au suffrage universel?

Pour un esprit religieux il en va autrement : lorsque Pilate a demandé aux peuple de faire un choix. Il a choisit Barabas. C'est assez dire.
Non, je ne partage pas votre avis, les élections sont le seul moyen que nous avons pour reconquérir sereinement le pouvoir et ainsi rétablir les bonnes moeurs qui y sont associées.
Je viens d'écouter la fin de l'émission de Finkielkraut avec Richard Millet et Jean-Christophe Bailly.

Citation

Finkielkraut, citant Millet : Vous, vous dites : La France qui est devenue l'hypermarché des droits de l'homme et qui était autrefois la Fille aînée de l'Eglise.
J.C Bailly : L'hypermarché des droits de l'homme c'est pas la Révolution Française, hein !
R. Millet : C'est la conséquence.
J.C Bailly : C'est la trahison.

Voilà toute l'affaire résumée. Conséquence ou trahison ? Cela rejoint la discussion précédente que j'avais initiée avec Albert Caraco, et la réponse de Marcel Meyer. L'hyper-démocratie n'est-elle pas un symptôme de la démocratie ? Il y a une phrase de Bastiat que j'aime beaucoup : "L'épreuve de la progression est la pierre de touche des principes."
Ceci dit, du point de vue strictement politique, vous avez tout à fait raison ; cet angle d'attaque est le seul possible. Reste à savoir si le salut sera politique.
Je viens aussi d'écouter cette émission après avoir lu "Fatigue du sens". ¨

Pour Richard Millet le mal est fait et la seule question et de savoir comment on vit avec.

M. Millet est en cela un esprit profondément religieux : la péché originel lui aussi est fait et la chute est irrémédiable. La seule question étant de savoir ce que l'on fait avec. D'où sa réflexion tout juste abordée sur la pureté qui n'a pas le sens qu'a voulu y voir son contradicteur toujours obsédé comme ceux de sa chapelle par la notion de race.

M. Millet déplace dans le champ politique la question du mal. Le mal est la perte d'identité de la France plus que la présence de l'étranger qui n'est que le signe de la lacheté et de la veulerie de notre peuple et de ceux qui le gouvernent. Il y a un Dieu du salut individuel et il y a aussi un Dieu du salut des nations que "le catholicisme" dégénéré de ce temps devenu un plat humanisme a complétement jetté aux oubliettes. C'est le Dieu d'Israël mais c'est aussi celui des nations chrétiennes.

Je partage cette conception. Le mal de la France est irrémédiable. Nous ne pouvons chercher qu'une consolation et cette consolation est de l'ordre de la contemplation et de l'admiration : constater que la douce puissance de la Providence châtie la France par les principes mêmes qu'elle s'est donnée et qu'elle a beuglé au monde : universalisme et l'égalitarisme.

Châtiment pour la trahison de son bâptème passant de nation dont le Roi était très-chrétien (je me méfie de l'expression fille aînée de l'Eglise) aux droits de l'homme via la Révolution française.

Mais je sais que cette conception n'est pas de l'ordre de la raison et qu'elle ne peut faire l'objet d'un débat. D'un de ces fameux débats qui font débat, de ces "dialogues des cultures" et de "ces échanges citoyens".

Et je m'en réjouis.
12 juin 2011, 00:12   Sauve qui peut
Dans ses Journaux Musil écrivit durant l'été 1938 :

« L'ère des grandes masses qui s'annonce essaie ses formes. »
Citation
Brunet Latin
constater que la douce puissance de la Providence châtie la France par les principes mêmes qu'elle s'est donnée et qu'elle a beuglé au monde : universalisme et l'égalitarisme.

On ne saurait mieux dire.
Attaquer sa journée d'un bon pied avec l'inconvénient d'être né, entre midi et deux déguster une bonne tranche de Festivus festivus, et s'endormir avec l'enfer du roman, belle journée du bisounours à l'envers.

Les oeuvres complètes de Cioran, Millet, Muray m'ont toujours amusées, proprement alignées sur les rayonnages dans des intérieurs bien équipés et confortables. Quelle complaisance à se griser de ces lectures du matin au soir ! Affaire de bobos du naufrage.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Si la responsabilité de la France est grande dans le malaise contemporain, à ce qui survit de la France revient de trouver l'issue.

Imaginons un droit de l'hommiste particulièrement arrogant et dogmatique, M. Joxe, par exemple. Imaginons le malheureux, sans guillotine pour se défendre, encerclé par des barbares hostiles. Défendra-t-il sa vie ou ses droits? Sa vie, bien sûr. Néanmoins, l'État de droit défendra son droit à la vie. Son droit? Le droit de qui, de quoi? Le droit de l'individu. La personne, elle, n'a pas de droit. Elle reçoit la vie qui lui donne le monde, en éprouve de la joie et de l'angoisse. Que l'État de droit proclame les droits des individus, mais qu'il laisse l'Homme en paix!
Que les choses soient claires : la démocratie n'existe pas, nous tendons vers la démocratie.
Que les choses soient encore plus claires : la démocratie n'existe pas et elle n'existera jamais !

(Le peuple étant ce qu'il est, c'est-à-dire volontairement (ou naturellement) servile, la propagande et les insidieux moyens de manipulation — médias, cinéma, publicité et éducation nationale — resteront toujours efficients.)
"constater que la douce puissance de la Providence châtie la France par les principes mêmes qu'elle s'est donnée et qu'elle a beuglé au monde : universalisme et l'égalitarisme.

Le problème, Cher Brunet Latin, est que là où nous voyons un châtiment ceux qui ont milité pour l'universalisme et l'égalitarisme voient une apothéose.
Même si j'ai, comme vous, des doutes, cher Henri, je suis un monarchiste tolérant; je veux dire que je ne dissuade pas les bonnes volontés. Je doute simplement du résultat car l'expérience m'a montré que chez des gens d'un niveau intellectuel et moral hors du commun, un monastère bénédictin d'autrefois, la démocratie était un exercice périlleux. Pensez-donc avec des braves gens incultes et dépourvus d'esprit critique.
Citation
Orimont Bolacre
Attaquer sa journée d'un bon pied avec l'inconvénient d'être né, entre midi et deux déguster une bonne tranche de Festivus festivus, et s'endormir avec l'enfer du roman, belle journée du bisounours à l'envers.

Les oeuvres complètes de Cioran, Millet, Muray m'ont toujours amusées, proprement alignées sur les rayonnages dans des intérieurs bien équipés et confortables. Quelle complaisance à se griser de ces lectures du matin au soir ! Affaire de bobos du naufrage.

Programme du jour :
Tu te lèves, sans entrain ni joie. Une fois habillé, tes ambitions se réveillent : ta verticalité t'incite à regarder devant toi. Tu lis, tu écris, tu baîlles.
Ensuite tu manges. Après avoir déjeuné, les idéaux s'amenuisent et avec eux les passions. Si tu es à Paris, tu vas au café [...] Car il te faut aller quelque part. Rester avec toi-même, impossible ! Tu te mêles aux femmes : une conversation sans contenu remplit une heure, ou un lit. Tu te remets à lire et puis tu manges à nouveau. Et ainsi de suite : le Temps devant toi. Que faire seul, face à la Soirée ? Après avoir, [...], avec orgueil et plaisir, songé à te supprimer, voilà que le crépuscule t'attendrit. En l'absence du soleil le mensonge se poursuit, et tu n'éprouves nulle honte à faire de la nuit une complice dans l'inessentiel, c'est-à-dire dans l'existence.

(Message supprimé à la demande de son auteur)
Le peuple languit, faute de lumières.
M. Bourjon, mon ambition n'était point celle de choquer. Je n'ai fait que résumer par une trop grossière formule le Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boétie (1549).

Il me paraît néanmoins clair qu'une démocratie dite de masse dissimule inéluctablement une cruelle oligarchie, étant donné que, de nos jours, seule la stips est à même de régner, après que la force a été externalisé des corps par la technique et que la culture (devenue aujourd'hui "sciences humaines" et "sciences dures") a été externalisé des têtes par cette même technique — force et culture qui jadis faisaient loi.

Mais soyez certain, M. Bourjon, que dorénavant je m'abstiendrai de faire de telles remarques anti-politiques.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
C'est que Nietzsche m'a appris que la nature humaine n'est que le long produit du façonnement de l'homme par la culture sur des générations et des générations... Si j'ai écrit servitude naturelle, il faut entendre : servitude devenue naturelle. Le lointain ancêtre du teckel est le loup : chez ce dernier, en effet, la servitude n'était pas naturelle.
Ah, mais j'ai connu des teckels redoutables et assoiffés de sang, pas serviles pour un sou, et si longs qu'ils s'enroulaient autour de leurs proies pour les suffoquer.
L'une des causes de l'esprit de servitude est la fatigue.
Citation
Pyrrhon
Le peuple languit, faute de lumières.

Pour autant, est-on bien sûr qu'il se languit de Lumières ?

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La gauche est une route rectiligne, dédaignant le paysage.
La réaction est un chemin qui serpente entre les collines.

Nicolás Gómez Dávila.
Citation
Pyrrhon
L'une des causes de l'esprit de servitude est la fatigue.


... l'autre est la paresse.
Citation
Stéphane Bily
Ah, mais j'ai connu des teckels redoutables et assoiffés de sang, pas serviles pour un sou, et si longs qu'ils s'enroulaient autour de leurs proies pour les suffoquer.

Certes M. Bily, certains teckels de pure race sont teigneux comme jamais. Mais n'oubliez pas qu'ils chassent toujours pour leurs maîtres : ceux-là ne leur laissent jamais que les restes.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Didier, je ne voudrais pas que la discussion s'envenime. Passons, je vous en prie.

(S'il vous plaît, dites-moi ce que signifient ces abréviations : VdP et Z. ?)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Gilgamesh,

Citation

Pour autant, est-on bien sûr qu'il se languit de Lumières ?

Oui, car les lumières sont une Grâce à ces yeux.

Citation

La gauche est une route rectiligne, dédaignant le paysage.

Il va de soi que je parle ici des lumières qui ne le font pas mourir.

Citation

... l'autre est la paresse.

Assurément, car tout peuple qui se laisse dominé par un despote est responsable de l'avoir subi.
Citation
Pyrrhon
Cher Gilgamesh,

Citation

Pour autant, est-on bien sûr qu'il se languit de Lumières ?

Oui, car les lumières sont une Grâce à ces yeux.

...tout peuple qui se laisse dominé par un despote est responsable de l'avoir subi.


Mais une démocratie qui périclite comme la nôtre, n'est-elle pas devenue son propre despote ?
En outre, avec l'équation "un homme = un vote", n'a-t-on pas laissé produire autant d'acceptions du mot "Lumières" qu'il y a d'électeurs ? Les "Lumières" de l'apprenti philosophe sont-elles les mêmes que celles du rappeur en herbe ? Et si non, quelles seront les "Lumières" prégnantes ? Ne sera-ce pas celles qui font nombre, i.e. les plus accessibles ?
Je formulerai vos propos autrement :
Où l'excès de lumière met empêchement à l'ordre, le vengeur ne fera pas grâce et ce vengeur se nomme le despote.

(Il appartient au PI d'inverser cette tendance et de communiquer les lumières suffisantes et nécessaires pour ne pas laisser mourir ce peuple. Ce dernier se forgera ainsi une opinion qui serait la Sulamite de nos Ecritures.)
D'une certaine manière, tout despote qui table sur la bêtise crasse est légitime.
C'est certes un salaud, mais un salaud légitime. Il voit un trou, il s'engouffre.
Il ne faut jamais ménager de trous...
Ha, le Vengeur masqué... le Cavalier Unique de l'In-nocence...


Out of the night, when the full moon is bright
Comes the horseman known as Bourjon
This bold renegade carves a "B" with his blade.
A "B" that stands for Bourjon.
Bourjon, the fox so cunning and free.
Bourjon, who makes the sign of the "B."
Bourjon... Bourjon... Bourjon...
Cher Gilgamesh,

Je vous remercie de prendre sur vous le désordre.

Pour ma part, Renaud Camus est l'alternative.
Pyrrhon, je ne comprends pas bien quel sens vous donnez au psaume...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Cassandre
"constater que la douce puissance de la Providence châtie la France par les principes mêmes qu'elle s'est donnée et qu'elle a beuglé au monde : universalisme et l'égalitarisme.

Le problème, Cher Brunet Latin, est que là où nous voyons un châtiment ceux qui ont milité pour l'universalisme et l'égalitarisme voient une apothéose.

Chère Cassandre,

Vous avez raison c'est même un triomphe.



Nos très dignes amoureux du point-virgule et de l'imparfait du subjonctif sont dans le coin en bas à droite.
Et ces mêmes amoureux du point-virgule et de l'imparfait du subjonctif qui, comme vous l'avez suggéré, sont figurés en bas à droite de cette œuvre de Bruegel l'Ancien, se murmurent à l'oreille ces mots de Titus Lucretius Carus dit Lucrèce :

« Il est suave quand la mer immense est soulevée par les vents, d'observer du rivage la détresse d'autrui. Non qu'on éprouve une agréable voluptas à voir souffrir le congénère : simplement il est suave de contempler les maux qui nous sont épargnés.
Il est suave encore d'assister sans risque aux grands combats de la guerre, de contempler de haut les batailles rangées dans les plaines.
Mais de tout ce qui est suave, le plus doux (dulcius) est d'habiter les acropoles fortifiées par la doctrina des sages... »

(Ouverture du Livre II du De rerum natura)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Jean-Marc,

J'avais utilisé une citation en latin qui renvoyait par inadvertance à un/une psaume (voyez mon ignorance !).

Je l'ai d'ailleurs retirée avant votre message, voyant qu'elle reflétait des sous-entendus dont la portée m'échappe (trop haut pour moi !).
Vous aurez remarqué qu'ils ne se servent pas seulement des psaumes mais aussi des pieds.
Alain, "Sulamite" ou "Shulammit" réfléchi la notion de paix, toujours dans l'idée de renouer avec une concorde nationale. Elle commence par l'établissement d'une relation "sereine" entre les politiques et le peuple, que l'élection démocratique du président d'un parti (le PI) qui "ne laisse pas mourir son peuple" peut nous apporter.
Une autre photo prise à l'Université d'été du PI :


Ah ! Gilgamesh ! Rentré d'épopée ?
13 juin 2011, 03:01   L'ancien et le nouveau
Citation
Pyrrhon
Alain, "Sulamite" ou "Shulammit" réfléchi la notion de paix, toujours dans l'idée de renouer avec une concorde nationale. Elle commence par l'établissement d'une relation "sereine" entre les politiques et le peuple, que l'élection démocratique du président d'un parti (le PI) qui "ne laisse pas mourir son peuple" peut nous apporter.

Ah, cher Pyrrhon, les appas de Shulammit sont si charnellement et remarquablement célébrés — en hébreu le texte est inouï —, que s'il vous faut absolument de la réflexion, ce serait à la rigueur pour plonger dans la fabuleuse poitrine de la jeune femme...
Ou bien, en guise de syncrétisme, je penserais à l'incipit pulsatile du Couvent du Pantocrator de Gracq :

« Le couvent du Pantocrator sous les belles feuilles de ses platanes luit comme une femme qui se concentre avant de jouir. »
Citation
Orimont Bolacre
Ah ! Gilgamesh ! Rentré d'épopée ?

Oui, j'attendais de trouver un débat intéressant, et au bout d'un an, j'ai fini par en dégotter un.
Mais je repars tout de suite, promis ! Les derniers échanges sur le surimi me gonflent profondément et j'ai un partiel qui m'attend.

Bises.

PS : Et vous, combien de livres vendus ? Avez-vous égalé le vieux candide ?
13 juin 2011, 08:25   Re : L'ancien et le nouveau
Alain, vous m'enchantez.
Quant à la question politique moderne, Simone Weil me paraît être une introduction gracieuse pour se forger une opinion éclairée sur le sujet.
13 juin 2011, 12:23   擂り身
Bises


Je ne voudrais pas vous fâcher Gilgamesh mais sachez qu’entre hommes, sur ce forum, l’on se dit bisous bisous, comme les filles au Japon.

(non mais faudrait pas qu’il nous prenne pour des chaisières à barbe ç’ui la non plus ! Grossier personnage va !)
13 juin 2011, 13:36   Re : 擂り身
Francis, j'aurais dit : "vous êtes bien Discourtois, monsieur !", et non : "Grossier personnage va !", pour ne pas l'être en retour.

Bisous bisous.
13 juin 2011, 13:57   Re : 擂り身
L'enracinement

Le problème d'une méthode pour insuffler une inspiration à un peuple est tout neuf. Platon y fait des allusions dans le Politique et ailleurs ; sans doute il y avait des enseignements à ce sujet dans le savoir secret de l'Antiquité pré-romaine, qui a entièrement disparu. Peut-être s'entretenait-on encore de ce problème et d'autres semblables dans les milieux des Templiers et des premiers francs-maçons. Montesquieu, sauf erreur, l'a ignoré. Rousseau, qui était un esprit puissant, en a très clairement reconnu l'existence, mais n'est pas allé plus loin. Les hommes de 1789 ne semblent pas l'avoir soupçonné. En 1793, sans s'être donné la peine de le poser, moins encore de l'étudier, on a improvisé des solutions hâtives : fêtes de l'Être suprême, fêtes de la Déesse Raison. Elles ont été ridicules et odieuses. Au XIXe siècle, le niveau des intelligences était descendu bien au-dessous du domaine où se posent de telles questions...

Simone Weil
13 juin 2011, 14:19   Re : Bisous bisous
Si un homme instruit, au terme de trente ans de travail, arrive à déterminer le système social parfait et que la compréhension de celui-ci demande plusieurs mois à des hommes aussi instruits que lui, je lui souhaite bien du plaisir pour arriver à le faire ratifier par un vote du peuple !

Ernest Renan
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