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Sexe et genre

Envoyé par Mathieu 
09 juin 2011, 15:45   Sexe et genre
Alors qu'on parle de transformer les papas en mamans (cf débat sur le congé paternité obligatoire) et que les gender studies font une entrée en force dans les universités françaises, on peut remarquer que nous avons encore beaucoup de retard sur les pionniers d'Amérique du Nord :

Il/Elle s’appelle Storm. C’est un bébé de 4 mois comme les autres, sauf que ses parents se refusent à dévoiler son sexe. Kathy Witterick, 38 ans, et David Stocker, 39 ans, qui habitent Toronto, sont pour la liberté de choisir son genre, un débat à la mode dans les pays anglo-saxons et qui est en train de contaminer l’Europe. Ils souhaitent que l’entourage de Storm l’aborde sans être aveuglé par les préjugés liés au masculin ou au féminin. « Si vous voulez vraiment connaître quelqu’un, plaide le père, vous ne lui demandez pas ce qu’il a entre les jambes. »
Le couple a déjà deux garçons, Jazz et Kio, âgés de 5 et 2 ans. Leurs parents les laissent libres d’avoir les cheveux courts ou longs (ce qu’ils préfèrent) et de choisir leurs vêtements au rayon garçons ou au rayon filles (Jazz a ainsi élu une robe rose). Et c’est aux enfants de répondre à ceux qui demandent leur sexe.
Kathy et David, qui sont aussi adeptes de l’école à la maison, reconnaissent que cela demande beaucoup d’énergie de garder le secret du sexe de Storm, mais pour eux, c’est la faute de la société, pas la leur.
Un journal a lancé un sondage sur le sujet et plus de 80 % des répondants pensent que Storm est un garçon. Ils sont plus nombreux encore à désapprouver l’expérience.
Laissons le mot de la fin au Dr Ken Zucker, qui dirige le service de l’identité de genre pour enfants du Centre de l’addiction et de la santé mentale de Toronto. Pour lui, le non-choix des parents est déjà un choix, et un choix qui peut avoir des conséquences pour l’enfant.
Renée Carton - Quotidien du médecin : [www.lequotidiendumedecin.fr]

Ici encore, on peut observer une grande schizophrénie dans le style "je suis pareil mais différent" car les partisans du genre demandent à ce que les sexes soient interchangeables tout en réclamant toujours plus de quotas et des formations séparées. Un exemple de ce discours : [www.lemonde.fr]
09 juin 2011, 16:37   Re : Sexe et genre
N'est-ce pas une violence d'avoir donné des prénoms aux enfants (et quels prénoms !!!!), de les habiller (ne sont-ils pas libres d'aller nus ?), de leur imposer une langue (au lieu de leur laisser choisir la langue qu'ils voudront bien parler) ?
Le "laisser-faire", le "laisser-être", voilà le libéralisme sauvage appliqué aux moeurs et aux catégories les plus fondamentales. C'est tout à fait édifiant.
09 juin 2011, 17:35   Re : Sexe et genre
« Si vous voulez vraiment connaître quelqu’un, plaide le père, vous ne lui demandez pas ce qu’il a entre les jambes. »

Logique.
09 juin 2011, 17:53   Re : Sexe et genre
En général on n'a pas besoin de le demander.
09 juin 2011, 18:02   Re : Sexe et genre
Virgil a raison : ces gens-là ne sont que des demi-habiles. S'ils avaient été conséquents, ces révolutionnaires à la petite semaine eussent confié leurs enfants à Mère Ourse, dans la forêt.
09 juin 2011, 18:38   Re : Sexe et genre
Et Kathy et David, c'est deux femelles ou deux mâles. J'ai du mal à distinguer là, mais ça doit faire partie du jeu de colin-maillard des genres: on demande pas, on tâte pour savoir, c'est plus pur et moins traumatisant.
09 juin 2011, 18:44   Re : Sexe et genre
Récemment, je discutais avec une dame d'un garçon qui se nomme Jonas, et je m'étonnais qu'on l'appelât Jonasse. La dame me dit que Jonasse, c'était plus masculin que Jona, à quoi je répondis qu'il me semblait que bien des noms féminins se terminaient en -asse.

La dame se le tint pour dit.
09 juin 2011, 19:10   Re : Sexe et genre
"Le collectif LGTB appelle notamment à ouvrir le mariage, l'adoption et la procréation médicale assistée à tous les couples, ainsi que le droit au changement d'état-civil sur simple demande."
(http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/06/05/a-nancy-un-homme-ne-femme-a-pu-epouser-sa-compagne_1532175_3224.html)
Je souhaite changer d'âge, de lieu de naissance et de nom : je m'appellerai désormais von Wittgenstein ou Bourbon-Parme !
09 juin 2011, 19:16   Re : Sexe et genre
Un pas de plus dans le constructivisme militant et désincarné - où le dogmatisme tient lieu d'analyse :

[www.lemonde.fr]

La post-identité : une belle idée pour bobo parisien ou épigone d'Attali !
09 juin 2011, 19:36   Re : Sexe et genre
Virgil, restez Français et plutôt que Bourbon-Parme, nommez-vous Jambon-Beurre.
Utilisateur anonyme
09 juin 2011, 21:09   Re : Sexe et genre
Il est tentant de déceler, au travers de ces excès de libéralisme éthique, une haine inavouée et inavouable de la fatalité naturelle. En effet, à l'ère de l'horizontalité, quelles manifestations de verticalité, de hiérarchie et d'inégalité, contre lesquelles il serait toujours difficile de lutter, en dehors des différences de richesse relativement bien acceptées parce que fluctuantes par principe, pourraient-elles subsister ? Une réponse s'impose d'elle-même : les différences naturelles. Non seulement écologique, la guerre contre la nature menée par l'homme est aussi métaphysique : la destruction des genres, l'effacement des différences corporelles par la chirurgie esthétique, ce « nazisme soft » — reprenant à mon compte cette provocante formule de Rémi Brague —, ou celui des âges, que trahit le jeunisme généralisé, refus et refoulement de la véritable vieillesse, dont témoignent lesdites « cougars » et autres curiosités, — tout cela relève d'un même tropisme, celui de l'abolition des distinctions naturelles, sinon de leur brouillage, tropisme que j'appellerai volontiers nihilisme radical. Permettez-moi de poser une audacieuse question : se pourrait-il que le christianisme, forme primitive de nihilisme*, inscrivît en l'homme un habitus de dénégation des manifestations naturelles et vitales, habitus se déchargeant aujourd'hui, après que l'espoir d'un au-delà se fut perdu, en des temps de domination technique de la nature, par une haine des différences naturelles, du moins un refus de celles-ci, ultimes manifestations d'une fatalité naturelle que les derniers siècles tentaient déjà de surmonter ?

* Permettez-moi de me faire l'écho, non sans quelque gêne, de l'analyse nietzschéenne du nihilisme chrétien : ascétisme prôné, crainte de la pulsio sexuelle (toute violente pulsio étant identifiée au péché), condamnation de la concupiscence et des manifestations brutales de la vie (comme la guerre ou toute manifestation de volonté de puissance et de gloire), "mépris" du réel au profit d'un au-delà posé comme réalité absolue, dressage de la bête humaine et volonté d'anéantir ses violents instincts par un système de châtiments corporels.
09 juin 2011, 23:55   Re : Sexe et genre
» Permettez-moi de poser une audacieuse question :

Ooohh, on la sentait venir...

« Toute vie n’implique-t-elle pas le vol et le meurtre ? Et si des paroles pareilles ont été déclarées sacrées (les Commandements bibliques), n'est-ce pas la vérité qui s'est trouvée soudain — assassinée. Ou n'était-ce pas prêcher la mort que de déclarer sacré tout ce qui contredit et déconseille la vie ? O mes frères, brisez, je vous en conjure, brisez les tables anciennes ! »

Non, ce n'est pas Sade...
Utilisateur anonyme
10 juin 2011, 01:41   Re : Sexe et genre
Alain, achèverons-nous jamais notre débat portant sur une éventuelle convergence entre Sade et Nietzsche ? Je vous laisse volontiers le dernier mot. Il est vrai que Nietzsche eut parfois la faiblesse de "justifier" d'horribles actions humaines... Trop peu humaines, me diriez-vous...

Mais je voudrais revenir à mon audacieuse question. J'ajouterai, pour préciser mon propos, qu'une profonde cohérence semble relier la cruauté que l'homme exerça jadis contre lui-même à la cruauté qu'il exerce aujourd'hui contre la nature. Extirper de soi-même ses instincts les plus destructeurs, plomber ses pulsions des plus humiliants scrupules, vaincre et dompter la bête qui gît en nous-même, châtier nos insoumissions et nos déviances, nos débordements imprévisibles de vie — toute cette cruauté que l'on exerçait jadis contre nous-même répondait au même désir de destruction que celui qui pousse nos contemporains à raser des forêts, ruiner des peuplades, torturer toutes sortes d'animaux, éliminer nombre d'espèces animales et végétales, dérégler profondément d'innombrables niches écologiques — et tout cela relève encore du même geste de destruction que celui qui brisera les différences sexuelles, les différences physiques, les différences raciales ou les différences qui séparent encore les âges : le nihilisme radical, étant donné le degré d'outillage technique qu'il a atteint aujourd'hui, blessera la vérité comme jamais. La néantisation technico-libérale — pour reprendre un néologisme heideggerien — poursuit l'œuvre onto-théologique débutée il y a vingt-cinq siècles. « Le déclin s'accomplit à la fois par l'effondrement du monde marqué par la métaphysique et par la dévastation de la terre, résultat de la métaphysique », écrivait déjà Heidegger. Il me semble que seule une improbable dictature mondiale d'hommes éclairés pourrait rétablir la vérité, soit freiner cet effroyable travail de destruction, la croissance du désert s'accommodant très bien de la démocratie. L'horizontalité n'est qu'un euphémisme dissimulant le véritable processus en cours : la désertification — soit l'extermination de toutes les différences, aussi bien naturelles que culturelles.
10 juin 2011, 04:27   Re : Sexe et genre
Cher Henri, le fait d'être un écologiste raisonnable et respectueux de la nature ne m'empêche pas d'estimer que dans le combat qui l'opposa de tout temps à l'homme, c'est bien la première qui fut et sera toujours infiniment plus forte, sans aucune commune mesure.
Le pendant de cette assertion est que je ne puis juger qu'il y a du mal que dans la mesure où l'on puisse le ressentir, et en être conscient, prérogatives toutes humaines, qui font que seul l'humain peut de toute façon en souffrir, même s'il l'inflige.
La nature, la matière, les choses, les forces, le monde a-humain, la vie comme principe n'ont cure de rien et ne sentent rien, changent d'humains comme nous de chaussettes, et je ne vois aucune raison de préférer, comme pierre de touche à toute évaluation, ce Baal saturnien mangeur d’hommes à ses enfants sacrifiés à son inconcevable appétit, qui seront toujours, quoi que vous en ayez, totalement dépassés par ce qui leur arrivera.
À cet égard je ne suis que très banalement humaniste, au sens le plus perspectif du terme, et les cris d'orfraie de Nietzsche voulant qu'on épargnât à tout prix la vie, monstre de puissance, sur le dos des hommes jugés de toute façon si insuffisants m'exaspèrent et m'horripilent.
Utilisateur anonyme
10 juin 2011, 14:19   Re : Sexe et genre
Citation
Alain Eytan
Je ne puis juger qu'il y a du mal que dans la mesure où l'on puisse le ressentir, et en être conscient, prérogatives toutes humaines, qui font que seul l'humain peut de toute façon en souffrir, même s'il l'inflige. La nature, la matière, les choses, les forces, le monde a-humain, la vie comme principe n'ont cure de rien et ne sentent rien...

Ah... Je suis heureux d'apprendre, cher Alain, que les bêtes ne souffrent pas. Vous me rassurez ؟ (Je croyais même, pour tout vous dire, que les arbres souffraient lorsqu'on s'attaquait à eux.)

Citation
Alain Eytan
...et je ne vois aucune raison de préférer, comme pierre de touche à toute évaluation, ce Baal saturnien mangeur d’hommes à ses enfants sacrifiés à son inconcevable appétit, qui seront toujours, quoi que vous en ayez, totalement dépassés par ce qui leur arrivera.

Détruire les œuvres de Chronos pour venger les victimes de sa gloutonnerie me paraît indigne. Vouloir se venger du cynisme de Chronos n'est point comprendre la cruelle nécessité de la mort : la théorie de l'Évolution nous apprend que l'évolution des espèces, sans quoi ne pourrait se faire l'adaptation de chaque espèce aux inéluctables changements du vivant et de ses interactions (l'environnement au sens général), serait impossible sans la mort de tous les êtres, de quelque espèce qu'ils soient. Autrement dit, le monde deviendrait vite invivable (et immobile, mais passons...) — et d'une laideur insoupçonnée ! — si chacun d'entre nous était immortel. Il s'ensuit que le combat que l'homme mène contre la nature ne saurait être justifié par la toute puissance de la nature. La nature aura le dernier mot, me direz-vous... À des échelles de temps surhumaines (millions d'années), cela est sûr, mais à des échelles de temps humaines, la nature et la beauté du monde perdront la bataille, soyez-en sûr.
10 juin 2011, 15:57   Re : Sexe et genre
Citation
Jean-Marc
Virgil, restez Français et plutôt que Bourbon-Parme, nommez-vous Jambon-Beurre.

J'attire votre attention sur le fait que j'ai réservé Saucisson-Pinard pour mon usage personnel : Polycarpe de Saucisson-Pinard, tel est désormais mon nom.
10 juin 2011, 16:10   Re : Sexe et genre
Hyacinthe-Calixte Béret-Baguette de Camembert est le mien.
10 juin 2011, 16:36   Re : Sexe et genre
Le Normand adoptif que je suis préférerait que vous vous appelassiez CameMbert, cher Stéphane…
P'têt ben qu'vous avez raison, Didier... Je m'en vas l'corriger de ce pas. Nandeud'boué.
10 juin 2011, 18:42   Re : Sexe et genre
Les dieux sont morts et le réel les a suivis.
Utilisateur anonyme
10 juin 2011, 20:39   Re : Sexe et genre
Citation
Didier Goux
Le Normand adoptif que je suis préférerait que vous vous appelassiez CameMbert, cher Stéphane…

Adoptif, adoptif vous allez vite en besogne. C'est qu'on en veut pas non plus tcheu nous du grand remplacement.
10 juin 2011, 22:49   Re : Sexe et genre
Tout ça n'vaut pas Tancredi de Coppa-Mascarpone, seigneur de Levens et de Duranus (Comté de Nice, région dans laquelle les gnocchi verts se nomment "Merda di can", comme vous le confirmera Orimont).
10 juin 2011, 23:09   Re : Sexe et genre
Mèfi !, Jean-Marc, n'oubliez pas qu'il y a le "Saut des Français", dans les parages de Duranus...
11 juin 2011, 11:04   Re : Sexe et genre
Ah, j'aime beaucoup Coppa-Mascarpone ! On sent qu'on pourrait facilement devenir ami avec un Coppa-Mascarpone.
11 juin 2011, 22:37   Re : Sexe et genre
» Ah... Je suis heureux d'apprendre, cher Alain, que les bêtes ne souffrent pas

Si si, elles souffrent, Henri, puisqu'elles peuvent ressentir la douleur, et pour certaines, également éprouver ce que l'on pourrait appeler, faute de mieux, une "souffrance morale" ; la question de la conscience que celles-ci auraient de leurs douleurs, et de leurs "états mentaux" en général (il n'est pas impossible qu'un cafard puisse ressentir une sorte de satiété "psychologique", résultant de la satisfaction de sa faim, en s'empiffrant des reliefs d'œufs brouillés), et de la ligne de démarcation, si elle existe de façon bien nette, entre notre conscience réflexive et les prémices d'une "conscience de soi" animale sont un débat sans fin... Il n'en reste pas moins que certaines caractéristiques intellectuelles, cognitives, culturelles, réflexives, etc., distinguent en effet l'homme de tout ce qui n'est pas lui, et cet a-humain qui est également inhumain comprend ce qui, pour aller très vite, j'en conviens, est subsumé sous le terme de "nature".

» Vouloir se venger du cynisme de Chronos n'est point comprendre la cruelle nécessité de la mort

Oh vous savez, face aux cruelles nécessités de l'évolution, dont je n'ai somme toute que faire, j'admire l'attitude d'un Cyril Tourneur, faisant à sa naissance un splendide bras d'honneur à son dieu de père, ainsi que l'a imaginé Schwob :

« On rapporte que les ténèbres étaient si profondes que l’enterreur dut éclairer l’ouverture de la maison pestiférée avec une torche de résine ; un autre chroniqueur assure que le brouillard sur la Tamise (où trempait le pied de la maison) se raya d’écarlate, et que de la gueule de la cloche d’appel s’échappa la voix des cynocéphales ; enfin, il paraît hors de doute qu’une étoile flambante et furieuse se manifesta au-dessus du triangle du toit, faite de rayons fuligineux, tordus, mal noués, et que l’enfant nouveau-né lui montra le poing par une lucarne, tandis qu’elle secouait sur lui ses boucles informes de feu. »
Utilisateur anonyme
12 juin 2011, 01:54   Re : Sexe et genre
Votre humour, cher Alain, conclut le débat avec légèreté : nous ne nous écharperons pas plus longtemps.
Utilisateur anonyme
13 juin 2011, 11:20   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 juin 2011, 12:10   Re : Sexe et genre
Si les sciences naturelles s'y mettent, maintenant... Quand je pense à tout ce que les élèves de ma génération ont subi en matière de bourrage de crâne idéologique à l'école, au collège et au lycée, eh bien il semble que finalement nous n'avons guère été les plus mal lotis.
13 juin 2011, 12:15   Re : Sexe et genre
De mieux en mieux... Les féministes vont être contentes.
13 juin 2011, 12:52   Re : Sexe et genre
Impossible d'ouvrir le lien. Pour "gender", s'il-vous-plaît, il y a sexospécifique. "gender considerations": considérations sexospécifiques.

L'usage du terme "genre" en français tantôt m'horripile, tantôt me fait sourire. Cela me rappelle trop certains commentaires, dans les années 60: "oh ! il/elle fait ça pour se donner un genre..." qui désignait la personne au ridicule.

Je me demande si dans cette nouvelle acception, anglo-saxonne, du "genre", l'on ne retrouve pas ce sens poussiéreux du "genre que l'on se donne" du temps des yé-yé; ce "genre" que l'on tient à choisir et à afficher pour le faire publiquement assavoir et apprécier d'autrui, quand au fond et en vérité, l'on n'est rien, l'on ne sait rien de soi, rien de ses possibilités véritables et des possibilités du monde de les accueillir.
13 juin 2011, 17:38   Re : Sexe et genre
Chacun peut vérifier en se reportant au Bulletin officiel que l’article de Polémia mélange tout et exagère un peu :

Citation

Le gender qui fait déjà l’objet d’un enseignement obligatoire à Sciences-Po sera également au menu des cours de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) dans toutes les classes de première à partir de la prochaine rentrée. Le ministère de l’Éducation l’a en effet inclus dans le module « Féminin/masculin » au programme de cette matière et plus particulièrement dans les nouveaux chapitres « Devenir homme ou femme » et « Vivre sa sexualité », qui prendront place après la partie consacrée à la « Maîtrise de la procréation » (Bulletin officiel spécial, n° 9 du 30 septembre 2010, Thème 3-A).

Le « Thème 3-A » (qui concerne la classe de première scientifique, p. 146) ne comporte aucun des chapitres indiqués.

Le « programme d'enseignement spécifique de sciences en classe de première des séries économique et sociale et littéraire » (p. 53) comporte un thème « Féminin-Masculin » (p. 55) qui « permet de montrer comment la connaissance du déterminisme sexuel et de son contrôle hormonal a abouti à la mise au point des méthodes chimiques actuelles de maîtrise de sa procréation par un couple. Ce sera l'occasion de rappeler les principes d’hygiène et de prévention. » Le programme de ce thème est détaillé pp. 62-63.

Les auteurs des futurs manuels (que je n’ai pas lus) ont peut-être largement interprété et débordé le programme officiel.
Utilisateur anonyme
11 juillet 2011, 20:28   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 juillet 2011, 14:20   Re : Sexe et genre
Ce qui est scandaleux dans cette présentation, c'est d'aller chercher un représentant d'une association catholique pour représentant le camp hostile, comme si l'argument était d'abord religieux alors qu'il est surtout scientifique - ce que dit bien ledit représentant, lequel ne fait jamais allusion à sa foi et à l'Eglise. La personne interrogée comme professeur fait du chantage affectif : enseigner cette idéologie aiderait des "jeunes en souffrance psychique" - comme si l'objet du cours de biologie pouvait relever de la psychothérapie. Enfin, Mme Fraisse, qui est une idéologue notoire et qu'on présente comme une scientifique, ce qu'elle n'est pas en dépit de son poste au CNRS. Elle n'est pas biologiste, non plus qu'épistémologue. Pourquoi l'interroger, elle ? Parce qu'elle a fait son fond de commerce de la différence sexuelle...
L'émission de la mi-journée sur France Inter était très instructive aujourd'hui. L'inénarrable Eric Fassin y fut grandiose, comme toujours. Une dame expliquait que chacun doit pouvoir construire l'identité qu'il/elle souhaite, sexuellement ou autre. Mais nulle loi ne l'interdit ; on attaque donc tout ce qui est norme, symbole ou habitude et on les criminalise. Bel esprit de responsabilité. Que serait notre société si chacun exigeait que ses petits travers et excentricités fussent érigés au rang d'une quasi-norme alternative ? Elle serait ce qu'elle devient sous nos yeux : du grand n'importe quoi où le caprice et le chantage symbolique tiennent lieu de pensée et remplacent le débat.
12 juillet 2011, 14:56   Re : Sexe et genre
Ah oui, cent fois oui, pour le sieur Fassin, que j'ai écouté moi aussi ; l'émission était assez amusante, pourvu qu'on fût d'humeur à prende la chose à la rigolade. Un vrai condensé de modernitude, et bien sûr aucun pluralisme dans le choix des invités (le sujet est trop sérieux).

J'ai rapidement noté ces phrases (mais il faudrait tout citer) d'Eric Fassin: "Les lois ne sont que des instruments ; or le but est de changer la réalité, pas les lois." Et aussi : "On ne peut pas raisonner toutes choses égales par ailleurs quand on n'est pas dans un monde où les choses sont égales." Et encore : "Le partage entre sphère publique et sphère privée a servi depuis le XVIIIe siècle à reléguer les femmes dans la sphère privée."

Une des deux pimbêches féministes a en outre, après avoir réclamé un renforcement de la coercition qui pèse actuellement sur les partis politiques qui ne respectent pas la parité, recommandé l'introduction, dès l'école maternelle, de jeux, de modules interactifs destinés à modifier le regard des enfants sur l'origine des sexes.
Utilisateur anonyme
12 juillet 2011, 16:15   Re : Sexe et genre
Citation
Stéphane Bily
J'ai rapidement noté ces phrases (mais il faudrait tout citer) d'Eric Fassin : [...] "Le partage entre sphère publique et sphère privée a servi depuis le XVIIIe siècle à reléguer les femmes dans la sphère privée."

Domination de la femme versus divinisation de la femme. La malheureuse phrase de Fassin trahit le conflit fondamental du XXIè siècle. Le véritable choc des civilisations est là. Le reste n'est que fard et posture, il me semble.

Ce Fassin, combattant aux cotés des féministes, trahit en outre qu'il est atteint du syndrome Fourest : combattre de front les systèmes patriarcaux, y compris la vieille France catholique, déjà moribonde. Ne leur reste plus que l'Islam, ennemi plus farouche. Le syndrome Fourest crée une schizophrénie inavouée chez beaucoup de gauchistes pro-immigration, leur idiosyncrasie souffrant de l'écartèlement qu'opère sourdement le conflit fondamental Domination versus Divinisation.
Utilisateur anonyme
12 juillet 2011, 16:49   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
12 juillet 2011, 16:57   Re : Sexe et genre
Citation
Didier Bourjon
...la modernité ne se caractérise [...] par une domination maternante et infantilisatrice qui fait suite à la liquidation de l'homme en tant qu'obstacle, à tous égards...

C'est bien ce que j'appelle divinisation de la femme. Nous sommes tout à fait d'accord. Le contraire de cette divinisation de la femme, je l'appelle domination de la femme (par l'homme) — que l'on retrouve dans les systèmes patriarcaux (l'un modernisé, le deuxième moribond, le dernier farouche mais en voie de modernisation) : judaïsme, catholicisme et islam.
Utilisateur anonyme
12 juillet 2011, 18:49   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cette découverte scientifique - l'article est du 21 décembre 2010 - concernant de jeunes chimpanzés ([www.lefigaro.fr]), montrent clairement que le caractère "sexué" pour ces primates* ne résulte nullement de l'éducation ou de l'assimilation de stéréotypes socio-culturels, mais trouve bel et bien son origine dans une propension naturelle propre à chacun des deux sexes.

* ce sujet ne découle pas de ce qui précède - mais le précède.
Utilisateur anonyme
07 septembre 2011, 12:12   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
07 septembre 2011, 13:51   Re : Sexe et genre
Vous savez, je suis un horrible ringard en matière de vision des choses, voir le long fil sur le viol de la demoiselle de Carpentras.

Il se peut que cela aille, Didier, "dans le bon sens".
Utilisateur anonyme
07 septembre 2011, 14:22   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
07 septembre 2011, 21:21   Re : Sexe et genre
Il m'a touché sous la forme d'un iPhone, qui est devenu mon fidèle compagnon. On ne dira jamais assez son intérêt pour les personnes âgées.
08 septembre 2011, 12:18   Re : Sexe et genre
Ce n'est pas d'une actualité très récente, mais quand même...

Inde : le genre transsexuel enfin reconnu

samedi 10 mai 2008

Les hommes, les femmes et les transsexuels : l’Etat du Tamil Nadu vient de reconnaître un troisième genre en ajoutant une case « T » sur des papiers officiels. Dans cet article, Nina Casal traite de cette mesure inédite dans le pays qui s’adresse aux eunuques. Les hijras, qui sont pour la plupart des individus biologiquement hommes mais qui ont décidé de se faire émasculer à un très jeune âge. Ils se considèrent de fait comme asexués.

Les autorités du Tamil Nadu viennent de reconnaître le statut de transsexuel à l’un des habitants de l’Etat, ouvrant ainsi la voie à l’acceptation d’un troisième genre. « C’est un pas de plus pour supporter ces gens marginalisés », a commenté la ministre de la Santé de l’Etat, Poongothai Aladi Aruna citée par le quotidien Times of India qui publie cette information.

Les eunuques pourront cocher une troisième case dite « T »(transsexuel) sur les papiers officiels distribués au Tamil Nadu, comme les cartes de famille ou les cartes de rationnement. Cette reconnaissance leur permettra d’apparaître comme le troisième sexe et de bénéficier des droits accordés à chaque citoyen sans être obligé de se caractériser en tant qu’homme ou femme.

Si les eunuques vivent partout en Inde, une forte proportion se trouve au Tamil Nadu. « Le Tamil Nadu compte la plus forte population de transsexuels en Inde. Il y en a au moins 100 000 », a déclaré au quotidien Times of India P Surendran, un célèbre auteur malayalam [1]. Les hijras étaient jusqu’à maintenant privés de toute forme de reconnaissance par le gouvernement. « Il est rare de trouver un transsexuel avec des papiers d’identité. Ils sont souvent illettrés. Il gagnent leur vie en mendiant à la sortie des temples ou en se prostituant », explique P Surendan.
Un statut social complexe

Les eunuques occupent une place particulière dans l’histoire indienne. Les maharajahs les employaient comme gardes de leur harem. Les hijras étant des hommes castrés, les nobles leur accordaient toute leur confiance pour entourer les femmes. Ils étaient également utilisés comme prostitués de luxe et comme danseurs lors des soirées mondaines. La fin des maharajas les a fait sortir des palais, pour se retrouver le plus souvent au ban de la société. Aujourd’hui, ils ont un rôle symbolique à la sortie des temples, notamment lors des mariages. Leur donner de l’argent porte bonheur, tandis qu’ils menacent de jeter un sort à ceux qui les méprisent. Ils continuent aussi de danser lors de cérémonies religieuses, et prétendent apporter la fortune.

Le lieu d’adoration de la communauté eunuque se trouve au Tamil Nadu dans un petite village appelé Koovagam, à 30 kilomètres de Villupuram. Chaque année, les eunuques se rassemblent dans un temple un jour de pleine lune en mai, afin de se marier à Iravan [2]. Ce rassemblement est aussi l’occasion de séminaires où sont abordés leurs problèmes, leur statut social et leur santé.


Source : Aujourd’hui l’Inde
Notes


[1] Le malayalam est une langue parlée au Kérala dans le sud de l’Inde.

[2] Iravan est la divinité du temple eunuque de Koovagam. Il est le fils du prince guerrier Arjun.

Aravan est le fils d'Arjuna, l'un des héros du Mahabharata. Il a dû être sacrifié à Kâli avant le début de la guerre contre les Kauravas mais, étant vierge, a exigé de se marier et de connaître une nuit d'amour avant de mourir. Comme aucune femme ne voulait épouser un homme pour une unique nuit, Krishna, avatar de Vishnou, a pris sa forme féminine de Mohini, a épousé Aravan et lui a fait connaître le plaisir. Au matin, le sacrifice a eu lieu. Et depuis ce temps-là les eunuques de l'Inde se considèrent comme les épouses d'Aravan.

Rien à voir avec ce fil ? Qui sait.
Utilisateur anonyme
08 septembre 2011, 14:30   Re : Sexe et genre
...cette mesure inédite (...) qui s’adresse aux eunuques...

Peut-être gagnerait-elle à être envisagée sérieusement sous nos contrées, cette case de l'Oncle T. ?
09 septembre 2011, 07:26   Re : Sexe et genre
Un entretien passionnant :

Qui a peur des études de genre… et de la biologie ?


Entretien avec Thierry Hoquet


Thierry Hoquet est maître de conférences au département de philosophie à l'université Paris Ouest Nanterre. Ses recherches portent sur la philosophie des sciences naturelles et biologiques, ainsi que sur les questions de genre et de sexualités. De 2007 à 2011, il a codirigé avec Elsa Dorlin, l'ANR Biosex portant sur les approches biologiques et médicales du sexe et du genre, et a développé des problématiques relevant tout autant des épistémologies historique et féministe que de l'histoire et de la philosophie des sciences. Il est donc tout particulièrement légitimé à intervenir sur la polémique que suscitent les nouveaux programmes des sciences de la vie et de la terre.

Coordonné par Sylvie Duverger, cet entretien a été réalisé avec Malek Bouyahia, et Mélanie Pétrémont

Le 31 mai dernier, Christine Boutin s'auto-instituant porte-plume du « peuple français », écrivait au ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel : « Nous ne pouvons accepter que l'école devienne un lieu de propagande, où l'adolescent serait l'otage de préoccupations de groupes minoritaires en mal d'imposer une vision de la ''normalité'' que le peuple français ne partage pas ». Au mois de juin, la confédération nationale des Associations des familles catholiques publiait un ensemble de textes contre les nouveaux programme et manuels de Sciences de la vie et de la terre en premières L et ES. La pétition qu'elle a osé intituler « Défendons la liberté de conscience à l'école » a recueilli plus de 26 600 sign ce jour. Le 25 juillet, Familles de France écrit au Président de la République que la « théorie du genre » « n'a rien de scientifique, ni de biologique », et que ses « concepteurs » visent à « orienter les jeunes vers des expériences sexuelles diverses, considérant que le sexe social est plus important que le sexe biologique. » Enfin, mardi 30 août, 80 député-e-s, majoritairement de l'UMP, sont parti-e-s en croisade contre «la théorie du genre sexuel » (sic), demandant au ministre « de retirer des lycées les manuels qui présentent cette théorie». Qu'a donc de politiquement menaçant le dialogue entre les études de genre et la biologie dont attestent les manuels de SVT incriminés ?[/b]

On a l'impression que les signataires de cette lettre font preuve d'une horrible mauvaise foi : par exemple, quand certains se disent choqués du fait que les mots « homme » et « masculin », ou « femme » et « féminin » ne sont pas synonymes. Mais quoi, ils veulent que toutes les femmes soient douces et aient l'instinct maternel ? Que tous les hommes soient des guerriers poilus ? Comment peut-on faire semblant de croire que « masculin » et « féminin » ne sont pas des termes qui n'ont pas grand-chose à voir avec la biologie, mais qui sont des représentations culturelles ?

J'ajouterais qu'ils semblent avoir peur qu'on enseigne aux élèves l'ouverture d'esprit et la diversité du monde dans lequel ils vivent. Ces députés revendiquent le bon sens pour eux : l'évidence de la différence des sexes qu'ils voudraient indiscutable. Ce faisant, ils se braquent sur l'idée d'une nature immuable : que dans la nature, il y a des mâles et des femelles et qu'ils sont faits pour copuler ensemble. Ils font comme s'il n'y avait que ça dans la nature et que tout le reste n'était qu'idéologie.

Ne s'agit-il pas également d'une croisade homo-, lesbo-, queer- et trans-phobe ?

Incontestablement. Les députés conservateurs tiennent absolument à ce que l'homosexualité et la transsexualité soient des « choix de vie » et rien que cela. C'est pourquoi ils agitent des épouvantails : celui d'une offensive pseudo-scientifique en provenance d'Amérique. Mais soyons sérieux : on imagine bien qu'ils sont trop occupés pour avoir lu un seul ouvrage relatif à ces questions. J'aurais donc envie, pour commencer, de leur suggérer de lire un peu. Un peu de biologie, par exemple, pour voir que les questions dont ils ont si peur, comme l'homosexualité ou la transsexualité, ne sont pas l'invention d'un dangereux lobby d'activistes de la « théorie du genre », comme ils disent, mais que ces questions font aussi partie du travail des biologistes eux-mêmes. Dégonflons donc la baudruche : pas besoin de la « théorie du genre » comme disent les députés signataires pour faire réfléchir les élèves sur les questions de l'identité sexuelle, de l'homosexualité ou de la transsexualité. Mesdames et messieurs les députés, ouvrez par exemple le petit livre dirigé par Frank Cézilly, La Sexualité animale (Paris, Le Pommier, 2009) ou encore le Manuel universel d'éducation sexuelle à l'usage de toutes les espèces, d'Olivia Judson (Paris, Le Seuil, 2004). Vous y apprendrez beaucoup sur la nature telle qu'elle est.

Les sciences de la vie et de la terre permettent d'invalider les discours prétendant légitimer les discriminations à l'égard des sexualités qui divergent de la norme hétérosexuelle ?

Le principe du rejet, c'est que les conservateurs pensent que tout cela n'est pas « naturel », et que dans la nature, il n'y a que de l'hétérosexualité. Or, qu'est-ce que la zoologie et l'éthologie nous apprennent par exemple sur l'homosexualité ? Depuis l'Antiquité, on connaît des cas d'homosexualité chez les animaux. Par exemple, Buffon pouvait écrire en 1770 : « On voit souvent dans les basses-cours un coq sevré de poules, se servir d'un autre coq, d'un chapon, d'un dindon, d'un canard... Qui sait tout ce qui se passe en amour au fond des bois ? Qui peut nombrer les jouissances illégitimes entre gens d'espèces différentes ? » [3]

Au départ, on a dit : ce sont des faits rares, dus à des conditions artificielles, des sortes de monstruosités produites par la vie domestique et qu'on ne trouverait pas dans la nature. Puis peu à peu, les données se sont accumulées. À la fin du XIXe siècle, paraissent plusieurs articles documentant des cas de rapports sexuels entre mâles chez des charançons et d'autres insectes. Jusqu'à ce que soit publié en 1999 l'ouvrage de Bruce Bagemihl, qui rassemble toutes les observations faites jusqu'alors en la matière [4]. Une somme impressionnante.

Aujourd'hui, les biologistes les plus réticents disent : certes, mais on n'a pas pour autant connaissance de cas de « préférence homosexuelle exclusive », comme chez l'humain. Pas de chance : il y a des cas connus de béliers gays !

On peut encore résister et dire qu'il s'agit d'animaux domestiques, donc pas tout à fait « normaux ». Mais la leçon de cette histoire, c'est d'abord qu'on a mal observé. Et qu'à partir du moment où les regards se sont transformés, c'est-à-dire où on a cessé de présupposer que deux animaux qui copulaient ensemble étaient nécessairement un mâle et une femelle, alors on a commencé à voir plein de choses passionnantes et qu'on n'avait pas soupçonnées jusque-là. Désormais, ce champ de recherche est ouvert et on ne sait pas ce qu'on va y trouver. Je crois que l'idée de copulations non reproductives chez les animaux va modifier non seulement notre compréhension de l'homosexualité, mais le regard que nous portons sur le comportement animal.

De même, il existe chez les oiseaux des espèces à trois « genres », où les mâles peuvent être de deux types, dont l'un a été confondu avec les femelles par des observateurs trop pressés. Il y a aussi des espèces, chez les poissons par exemple, où les individus sont « transgenres » : ils ont d'abord, dans leur vie, une apparence mâle, puis une apparence femelle [5]. Tout cela ne se laisse pas transposer aisément à l'espèce humaine. Mais cela montre qu'il n'y a pas sur ce point de vérités universelles du sexe en biologie, qui s'appliqueraient aisément à nous.


Est-il utile de montrer que la gente animale pratique l'homosexualité et la transsexualité pour les légitimer ? Est-ce la seule, ou du moins la meilleure façon de répondre à ceux/celles qui croient les disqualifier en arguant qu'elles seraient « contre nature » ?

Non bien sûr, je ne suis pas en train de dire que l'homosexualité ou la transsexualité humaines s'expliquent comme les phénomènes comparables observés chez les animaux ! Et je ne dis pas qu'il faudrait en étudier les bases biologiques pour tout comprendre. Quand on fait l'étude des comportements humains (cela vaut pour toutes les sexualités ou trajectoires individuelles, y compris l'hétérosexualité), on est face à une complexité qui ne se laisse pas réduire à des déterminismes simplistes. Les gays eux-mêmes se sont fourvoyés quand, au début des années 1990, ils ont voulu répondre aux conservateurs en se mettant à chercher le « gène gay » ; c'était leur manière de dire à l'époque : « Nous ne sommes pas des malades ou des pervers, nous sommes ce que la nature nous a faits ». Mais la naturalisation est une impasse. Je crois que la question de l'organisation de la société humaine relève de choix politiques. C'est à la société, et non à la nature, qu'il revient de décider ce qui est acceptable comme mode de vie. On n'a pas besoin d'exemples naturels pour décider de la manière dont la société doit être organisée. D'ailleurs, on trouve de tout dans la nature et on serait bien en peine d'y repérer une quelconque « norme » qui serait aisément transposable à notre espèce.


Un certain nombre de psychanalystes et de philosophes estiment que « la différence-des-sexes » [6] est garante de notre humanité et nous l'assènent comme une évidence que nous ne pourrions remettre en question sans risquer de sombrer dans la psychose. D'un point de vue biologique, qu'est-ce qu'un sexe et qu'en est-il de la dualité des sexes ?

Il faut s'entendre sur ce qu'on appelle « sexe ». Quand on dit qu'un individu appartient à un sexe, on veut dire que c'est un organisme qui produit un type de gamètes, des cellules nécessaire à la reproduction. Dans l'ensemble, la biologie d'aujourd'hui semble affirmer que chaque fois qu'il y a reproduction sexuée, il y a seulement deux types de gamètes, donc deux sexes et seulement deux. Ça changera peut-être. Peut-être qu'on découvrira qu'on a mal observé. Mais dans l'ensemble, aujourd'hui, la littérature est relativement univoque : deux types de gamètes et seulement deux, donc, par définition, deux sexes.

Ça veut dire que la dualité des sexes est naturelle et non pas sociale ?

Encore une fois, quand on parle de l'espèce humaine, tout est plus compliqué. On ne fait pas de caryotype aux enfants à la naissance pour savoir s'ils sont garçons ou filles, XY ou XX. Tout le monde accordera que ce qu'on appelle « homme » ou « femme » n'est pas lié au type de gamète produit par les individus ! Si bien que quand on parle de deux « sexes » dans notre espèce, on ne parle pas uniquement d'une « réalité biologique » (les chromosomes, la forme des organes sexuels, ou le type de gamètes produit). Le « sexe » dans l'espèce humaine est un mélange de faits biologiques entremêlés à des représentations sociales. Le « sexe » humain n'a pas grand-chose de biologique : est-ce qu'il est par exemple « masculin » d'avoir des poils et « féminin » de n'en pas avoir ? Est-ce qu'il est par exemple « féminin » d'être doux et attentif aux autres, et « masculin » d'être égoïste et brutal ? Tout cela est une question d'attentes sociales et de définitions culturelles : or celles-ci sont variables dans le temps et dans l'espace.

Vous voulez dire que les « sexes » dans l'espèce humaine ont plus à voir avec la culture qu'avec la biologie ?


Oui. D'ailleurs, on ne parle pas de « mâle » et de « femelle », mais d' « homme » et de « femme » pour notre espèce : il y a un grand saut entre les deux. Le biologique ne suffit pas. Et c'est ce saut culturel que veulent oublier ceux qui nous ramènent à la nature. C'est pourquoi, en sciences humaines, nous parlons de « bicatégorisation »: nous demandons pourquoi les individus sont classés en deux sexes, et seulement deux. Nous avons coutume de traiter cette bicatégorisation comme une opération de classification, dont le fondement, la raison ultime, est administrative et politique : la dualité des sexes est une assignation, une opération qui attribue à chacun-e une place sur le mode du soit/soit : sois l'un ou l'autre, sans état intermédiaire possible [7]. Cette catégorisation est une construction, ce que dit bien le terme « dichotomie » : acte de couper en deux. Il y a bien sûr des différences biologiques entre les individus, mais il y a ensuite tout ce que les sociétés en font ; tout ce qu'elles veulent leur faire dire.

Pensez à la classification commune au XIXe siècle des individus selon leur race. L'histoire des sciences invite à d'intéressants parallèles entre les catégories de sexe et de race : dans les deux cas, on observe l'importance des biais idéologiques, qui veulent s'appuyer sur des « faits » naturels et objectifs. Or, la classification des individus selon les races a disparu et personne ne s'en plaint. Ça ne veut pas dire qu'il n'existe pas de différences entre les individus : mais cela veut dire que la société a décidé de se passer de la catégorie de « races » pour administrer les citoyens. Pourquoi n'en serait-il pas de même de la classification des individus selon les sexes ? Pourquoi est-on obligé de dire si l'on est un homme ou une femme avant de s'enregistrer pour prendre l'avion ? Pourquoi est-ce marqué dans notre numéro de sécurité sociale ? Pourquoi ne pourrait-on pas s'en passer ?

Vous suggérez que la biologie nous permet de prendre congé des idéologies ...

La biologie nous confronte à une richesse de données, qui oblige à ne pas penser en n'ayant que l'espèce humaine en tête. Les modes de reproduction dans la nature sont multiples. Et si les discours que les biologistes tiennent à leur sujet peuvent parfois reprendre des stéréotypes (mâles avides de sexe, femelles prudes), tout le monde doit accepter le décentrement que nous propose la biologie : confronter ce que nous savons ou croyons savoir de notre espèce et des vérités du sexe à ce qui se passe chez les autres vivants. La biologie donne le trouble devant la multiplicité des modalités du sexe dans la nature. On est bien loin des clichés développés par les associations catholiques et par les 80 députés conservateurs ! Surtout la biologie nous montre que la contestation des discours standards n'est pas simplement le fait de la société civile qui imposerait un quelconque « politiquement correct » aux savants : il y a, à l'intérieur de la biologie même, des traditions de discussion, de contestation de certains résultats. La biologie n'est pas un roc constitué de l'agrégation de vérités incontestables : c'est un champ théorique qui est constamment en débats.

Pouvez-vous donner un exemple de débat biologique où les études de genre ont apporté un éclairage utile ?

Le concept de sélection sexuelle en est un bon exemple. La sélection sexuelle est la théorie par laquelle Darwin expliquait l'apparition de traits en apparence peu utiles à la survie des individus qui les portent (par exemple, la fameuse traîne du paon, ou bien les bois des cerfs mâles). On l'a souvent résumée en disant que les mâles se battaient pour accéder aux femelles et que les femelles, timides, se bornaient à choisir qui elles préféraient.

Depuis les années 1970, des biologistes américaines ont pratiqué la biologie avec un œil sur la théorie féministe et ont critiqué ce récit : je pense à la primatologue Sarah Blaffer Hrdy, ou à la biologiste des populations Patricia Gowaty [8]. Elles ont montré le rôle actif que jouaient les femelles.

De plus, la sélection sexuelle est actuellement l'objet, à l'intérieur de la biologie, d'une contestation par les biologistes eux-mêmes. Beaucoup la défendent bien sûr, et la trouvent utile. Mais d'autres biologistes, encore minoritaires, remettent en cause le paradigme de la sélection sexuelle et proposent des théorisations alternatives.

Ces débats sont-ils enseignés, sinon au lycée, du moins à l'Université, en biologie, en médecine ?

Pas toujours. Beaucoup d'étudiants en biologie ont tendance à ressasser la vulgate : que les mâles sont avides du fait de leur grand nombre de spermatozoïdes à disséminer ; que les femelles sont chastes du fait de leurs ovules coûteux et rares. Si on leur apporte la contradiction sur ce point, on passe pour un dangereux idéologue, un féministe qui ne connaît rien à la science et qui est plus préoccupé de politique que de science.

Est-ce que ce ne sont pas des questions éminemment politiques, de toute façon, et dans quelle mesure ne risque-t-on pas d'autant plus d'idéologiser que l'on se tiendra pour plus assuré d'être un pur scientifique ? L'épistémologie féministe n'est pas enseignée aux biologistes ?

Effectivement, l'enseignement de la biologie ne contient que très peu d'histoire et philosophie des sciences, et en général, pas du tout d'épistémologie, surtout pas féministe. Ce faisant, les sciences biologiques sont dans l'illusion en pensant qu'elles sont à l'abri des représentations qui travaillent la société dans laquelle les théories et les expériences sont formulées.

Les féministes ont pu constituer une sorte de « bêtisier », qui collectionne les expressions les plus caricaturales du sexisme en biologie. Je pense en particulier au mythe de « la passivité prépondérante des femelles » et de « l'activité prédominante des mâles » [9]. Cette thèse, pour ridicule qu'elle soit, n'a pas dit son dernier mot : elle se prolonge ou s'amplifie dans la constatation, faite par des biologistes, de l'existence d'une différence morphologique des gamètes (les cellules reproductrices) : gros et peu nombreux chez les femelles, petits et nombreux chez les mâles. Aujourd'hui, on peut considérer que cette différence qu'on appelle « anisogamie » résume la définition biologique de ce qui fait un mâle et une femelle. L'anisogamie - la différence de taille des gamètes sexuels - n'a cessé, dans le champ de la sociobiologie ou de l'écologie comportementale [10], d'être convoquée comme un support possible pour expliquer naturellement des comportements humains différenciés selon les sexes. Ainsi pour l'orgasme féminin, les régimes d'appariement ou encore le viol [11]. Beaucoup de mythes donc. La vraie question me paraît être : qu'est-ce que l'on doit penser de la différence des gamètes ?

Dans le récit standard de la guerre des sexes, les mâles « parasitent » les femelles, en produisant des spermatozoïdes qui transportent leurs gènes sans apporter aucune autre contribution énergétique ou nutritionnelle au développement de la progéniture ; mais d'autres biologistes recherchent des explications alternatives : par exemple que la différence de taille entre les gamètes est une manière d'augmenter la surface de contact entre eux et de faciliter ainsi la reproduction.

Et du côté des sciences humaines, est-il tenu compte des apports de la biologie ?

Beaucoup de théoricien-ne-s du genre oublient que le sexe biologique mérite d'être pris en compte. Il est important de garder un œil sur les enseignements de chacune des deux cultures, scientifique et humaniste. Être un homme ou une femme est inévitablement biologique et social. Mais est-ce la même chose pour ce qui est d'être un mâle ou une femelle ? Les discours que nous tenons sur ces questions sont inévitablement situés : mais est-ce pour autant qu'il n'y a rien, pas de « faits » ou de « réalités » qui méritent d'être étudiés ? En disant cela, j'ai prononcé les mots interdits : « faits », « réalité », qui font souvent dresser les cheveux des philosophes qui trouvent cela naïf. Pourtant, je suis convaincu que tout l'intérêt de la biologie, c'est de nous faire toucher d'un peu plus près le fait qu'il y a des corps vivants, qui agissent, qui sont traversés par des processus, etc. Donc : n'en déplaise à certains philosophes, il n'y a pas que des discours. Et tant pis si cela me fait passer pour un affreux naturaliste ! (rires)

Au commencement, il y a donc du ou des corps, et non pas seulement du verbe, et les sciences sociales et humaines, qui excellent à soulever le masque conservateur d'un naturalisme toujours prêt à renaître de ses cendres, devraient s'intéresser davantage à la biologie...

Il ne s'agit pas de tout « naturaliser ». Mais les sciences sociales commettraient une erreur en pensant que la dimension biologique des questions de sexe ne les concerne pas. Depuis la théorie de la sélection sexuelle proposée par Darwin dans La descendance de l'homme et la sélection sexuelle [12], les biologistes de l'évolution enquêtent sur deux dimensions du sexe : d'une part, l'origine de la division des espèces en deux sexes (quelles sont les différences liées au mode de reproduction sexuée) et d'autre part, la question d'un possible versant comportemental des différences visibles (morphologiques ou phénotypiques). Si ce sont des faits, il faut les étudier. Et si ce n'en sont pas, il faut aussi le montrer, en produisant d'autres faits ou d'autres données.

Les féministes sont foncièrement antinaturalistes : les femmes ont pendant trop longtemps été assignées à remplir la fonction de La Femme, discursivement, si l'on peut dire, toujours plus corps et nature que l'homme. Le féminisme et la biologie n'en sont pas moins compatibles ?

Des femmes nourries de culture militante, féministe et biologique, ont apporté un regard différent sur les faits biologiques. Comme les postes dans les universités n'étaient pas pour elles, elles ont passé plus de temps à observer sur le terrain. Elles en ont rapporté des observations nouvelles qui ont permis de prendre en compte le point de vue des femelles : c'est-à-dire les stratégies actives des femelles dans la reproduction, qui n'étaient pas nécessairement compatibles avec celles des mâles. Par exemple, la manière dont les femelles peuvent éviter la copulation. Ou s'assurer du soutien de plusieurs mâles pour élever les petits.

Quelles sont à votre avis les pistes les plus prometteuses quant à l'interaction entre les études de genre et la biologie ?

De récents travaux portent sur la construction du corps dans l'interaction gène/environnement. Ils réfléchissent à des modèles qui permettent de penser comment nos corps sont à la fois entièrement biologiques et entièrement sociaux. Par exemple, on associe l'ostéoporose aux femmes âgées. Mais il faut se poser la question : est-ce là une maladie liée au sexe féminin (dont le secret serait enveloppé par exemple dans les chromosomes sexuels) ? ou une maladie qu'il faut attribuer au « genre », à l'organisation sociale : c'est-à-dire au fait que leur vie durant, de gré ou de force, les femmes en général mangent moins de protéines ou de laitages, font moins d'exercice physique, mènent une existence plus confinée et sédentaire, sont moins exposées à la lumière du soleil, etc. ? Il me paraît impensable que tout cela n'ait aucune influence sur la structure et la solidité des os - et sur l'ensemble du corps féminin ! Donc, oui : la théorie du genre a définitivement sa place dans les manuels de biologie.

Bibliographie de T. Hoquet :

« Bodybuilding. L'Évolution des formes », numéro spécial de la revue Critique, n° 764-765, janvier-février 2011

« La sociobiologie est-elle amendable ? Biologistes, féministes, darwiniennes face au paradigme de la sélection sexuelle », Diogène, 2009/1 n° 225

Darwin contre Darwin, Paris, éditions du Seuil, 2009

La virilité, Paris, Larousse, 2009

Buffon/Linné - Éternels rivaux de la biologie ? Paris, Dunod, Coll. Quai des sciences, 2007

Buffon : histoire naturelle et philosophie, éditions Honoré Champion, 2005

La vie, recueil de textes choisis, Paris Garnier Flammarion, coll. Gf Corpus, 1999
Utilisateur anonyme
09 septembre 2011, 07:50   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
09 septembre 2011, 08:51   Re : Sexe et genre
Je savais que cet entretien vous plairait.
Utilisateur anonyme
09 septembre 2011, 08:57   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
09 septembre 2011, 09:53   Re : Sexe et genre
"Pourquoi est-on obligé de dire si l'on est un homme ou une femme avant de s'enregistrer pour prendre l'avion ?"

Enfin quelqu'un qui pose les vraies questions !
09 septembre 2011, 11:25   Re : Sexe et genre
Face à ce type d'arguments, l'ironie et le sarcasme sont faciles, j'en conviens. Comme ils l'étaient au début du siècle dernier face au Corydon de Gide.
Si j'en crois l'excellente revue "Archipel" à laquelle je suis abonné, il y aurait dans certaines tribus Bugis des Célèbes cinq genres : hommes ; femmes ; hommes presque femmes ; femmes presque hommes ; et Bissus, une caste de prêtres-chamanes portant des vêtements féminins. Je vais essayer de retrouver cet article.
09 septembre 2011, 12:13   Re : Sexe et genre
Quelque chose me dit que Gide lui-même aurait trouvé ce charabia assez indigeste.
09 septembre 2011, 12:35   Re : Sexe et genre
Peut-être. Corydon d'ailleurs est un peu indigeste.
Mais la posture anti gender studies actuelle n'est pas sans rappeler celle du début du siècle quand on (Henri Massis etc.) pensait que les livres de Gide et de quelques autres allaient être la ruine de toute la civilisation occidentale !
09 septembre 2011, 17:33   Re : Sexe et genre
France Culture recevait ce matin une historienne tellement orientée et de mauvaise foi qu'on se demande pourquoi des gens s'opposent à cette théorie : elle la présenta comme la chose plus acceptée et la plus évidente qui soit.
Elle présenta les opposants comme des catholiques intégristes - elle eût été sans doute surprise d'apprendre que de nombreuses autres religions pensent de même, que même des athées trouvent cette théorie affligeante, car elle est une idéologie, au sens marxien du terme : elle consiste à faire passer pour vérité ce qui n'est que l'expression d'intérêts particuliers.
09 septembre 2011, 19:38   Re : Sexe et genre
Le plus ahurissant et que ce genre de débat soit jeté en pâture à l'opinion actuellement, pendant que l'économie montre de gros signes de faiblesse, pendant que le navire Europe prend l'eau, et que les migrations humaines déferlent sur nos rivages.

Le parallèle avec Byzance qui, au bord de l'effondrement, débat du sexe des anges est fort tentant.
09 septembre 2011, 19:43   Re : Sexe et genre
Il est tentant en effet. On ne faisait pas l'école aux anges, lesquels ne devenaient donc pas adultes, tandis que nos enfants se voient faire l'école (plus ou moins). Nous aurons donc de jeunes adultes très constructivistes face à des musulmans très sûrs de leur fait. C'est le cas en Scandinavie : une lutte contre le sexisme, qui est une guerilla contre le père autochtone et une tolérance infinie vis-à-vis du mâle musulman sexiste, puisque c'est sa culture et qu'il faut respecter toutes les cultures, surtout dans les sociétés d'accueil post-chrétiennes.
09 septembre 2011, 20:13   Re : Sexe et genre
Tiens, il y a des béliers gays et des charançons sodomites... Tant mieux, mais on a quand même envie de demander : et alors ?
Dans un sens comme dans l'autre, la seule question qui vaille ici est celle de l'articulation entre nature et éthique, question dont toute tentative de résolution fait immédiatement surgir le spectre menaçant du sophisme naturaliste.

Il me semble qu'on n'est pas vraiment fixé après la lecture d'un tel article : oui, les rôles génériques peuvent être socialement distribués ; il n'en demeure pas moins qu'on ne peut s'économiser l'effort de prendre connaissance des faits que décrit la biologie, et qu'il y a bien des corps vivants et biologiquement sexués qui agissent...
Chacun peut y trouver son compte, il est lui-même un peu trans, cet article.
09 septembre 2011, 20:17   Re : Sexe et genre
Il est sûr que ces discours sur le genre risque d'embrouiller fortement nos chères têtes blondes et les faire se perdre dans des abîmes de perplexité. Résultat : une perte de temps à la reproduction, des hommes faiblards et travaillant leur féminité. Bref dépression encore accrue de la fécondité des populations Européennes... Les musulmans, eux, solidement charpentés, en ces matières, n'ont pas toutes ces questions absurdes à se poser : ils sont ici et doivent faire le plus de mômes possibles... Et l'état-nounou pourvoira aux ressources qu'ils n'ont pas.
09 septembre 2011, 21:54   Re : Sexe et genre
L'Etat boubou, bientôt.
09 septembre 2011, 22:37   Re : Sexe et genre
L'État bobo, sans doute...
10 septembre 2011, 00:23   Re : Sexe et genre
l'État bonobo, sûrement.

N'accablons pas ces pauvres bobos. En vérité, ils sont victimes de ces discours qui ont subjugué la jeunesse à coup de logique paradoxale. Combien vont dans le mur ? Beaucoup.

Ils ne nous en voudront pas de les réveiller, mais il s'agit de les cueillir au bon moment.
11 septembre 2011, 11:41   Re : Sexe et genre
Ceux qui ne croient pas aux gender studies sont ceux qui ne croyaient pas aux chemins de fer.
11 septembre 2011, 19:26   Re : Sexe et genre
Le philosophe Fernandel avait déjà abordé le thème :



12 septembre 2011, 09:47   Re : Sexe et genre
Facile, facile.

Pour ceux que cela intéresse, l'article de Gilbert Hamonic sur les cérémonies des prêtres Bissus chez les Bugis des Célèbes et les curieuses classifications des genres qui semblent s'y être développées se trouve dans le numéro 72 de la revue "Archipel" (octobre 2006).
12 septembre 2011, 10:17   Re : Sexe et genre
les femmes en général mangent moins de protéines ou de laitages, font moins d'exercice physique, mènent une existence plus confinée et sédentaire, sont moins exposées à la lumière du soleil, etc. ? Il me paraît impensable que tout cela n'ait aucune influence sur la structure et la solidité des os - et sur l'ensemble du corps féminin ! Donc, oui : la théorie du genre a définitivement sa place dans les manuels de biologie.

On se demande si l'auteur de telles bourdes est sorti un jour du sixième arrondissement parisien, ou s'il a lu autre chose que la Comtesse de Ségur: dans l'immense majorité des pays où se répartissent 80 pour cent des populations humaines, les femmes que l'on voit, hélas, l'âge avançant, atteintes par l'ostéosporose travaillent aux champs (rizières en Asie, cueillettes maraîchères et collecte du bois de feu, corvées d'eau, transport à pied des denrées aux marchés, etc. en Afrique et en Amérique latine) baignées dans l'écrasante lumière tropicale, et vouées à l'exercice physique permanent ! (car après la journée aux champs ou au marché, attend la cuisine). En Occident, depuis très longtemps déjà, il faut en informer l'auteur, les femmes fournissent un travail physique en atelier, en usine.

Faut-il faire savoir à Thierry Hoquet qu'en Asie, des centaines de millions de personnes, hommes ou femmes, traditionnellement, ne consomment aucun laitage passé l'enfance et que par conséquent hommes et femmes y sont soumis au même régime ? Faites-le vous, moi, je n'en ai pas le courage.
12 septembre 2011, 10:28   Re : Sexe et genre
Ce qui est particulièrement caustique c'est qu'en dehors de l'occident la terrre entière se contrefout complétement des "gender studies".

Allez en parler aux chinois ou aux arabes ou aux indios de la forêt amazonienne.

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12 septembre 2011, 11:28   Re : Sexe et genre
C'est bien ce qui fait le privilège de l'Occidental.

Par ailleurs, les interrogations sur le "genre", la dissociation sexe/genre ont été au coeur de la réflexion d'autres grandes cultures. J'ai déjà dit qu'en Inde, vers le début de notre ère, dans le Kama Sutra en particulier, l'existence d'une "Troisième nature" (hommes aimant des hommes, femmes aimant des femmes, eunuques etc.) est évoquée explicitement. Et de nombreuses divinités indiennes sont à la fois dieux et déesses. Shiva a sa forme féminine d'Ardhanarishvara, Vishnou devient Mohini quand ça lui chante, bref c'est un panthéon très trans...
12 septembre 2011, 12:43   Re : Sexe et genre
Citation
Kiran Wilson
Peut-être. Corydon d'ailleurs est un peu indigeste.
Mais la posture anti gender studies actuelle n'est pas sans rappeler celle du début du siècle quand on (Henri Massis etc.) pensait que les livres de Gide et de quelques autres allaient être la ruine de toute la civilisation occidentale !

Toujours cet argument sophistique, usé jusqu'à la trame, et qui sert de clouage de bec ultime dans toutes les discussions de ce genre, quand on est à court de munitions. C'est la méthode dite de l'analogie avec les vilains contempteurs bourgeois de l' impressionnisme au dix-neuvième siècle...
12 septembre 2011, 18:46   Re : Sexe et genre
Enfin, c'est quand même l'enfant lui-même qui se construit cette représentation.

Comment aurais-je pu empêcher ma fille, quand elle me suivait aux toilettes, de voir qu'on ne faisait pas pipi pareil ?

Fatalement, elle s'est identifiée à "maman"... N'aurait-ce pas été une forme de manipulation de ma part que de lui cacher ?

Débattre de cette "théorie du genre" ne me semble pas prioritaire quand l'économie s'effondre.
En fait, son irruption soudaine sur la place publique m'étonne.

Le parallèle avec Byzance au bord de l'effondrement qui débat sur le sexe des anges continue de me fasciner.
12 septembre 2011, 18:48   Re : Sexe et genre
Surtout les bourses...
12 septembre 2011, 20:59   Re : Sexe et genre
Ce qui a existé en Inde, et chez d'autres peuples indo-européens a bien entendu lieu d'être et droit de cité en France ou en Occident en général. Ce qui est drôle, grotesque et d'un trait lourd, appuyé, forcé et indigeste est cette insistance universitaire à vouloir faire de cet état de fait qui touche au plus près certaines personnes, un sujet constitué, un objet d'étude, un thème de défi, une masse, un point dur argumentaire et politique.

L'offensive idéologique, spectaculaire, qui prend pour prétexte un fait humain, manifesté ou recensé ici ou là (Inde, Sud-Est asiatique, etc.) suscite chez certains la dérision, le quant-à-soi, le sourire dubitatif. Mais ce n'est que cette offensive, qui se présente comme offense salutaire, cette l'entreprise politique, qui se veut argument idéologique de "remise-en-cause-de-l'existant", qui est grotesque. Le trans n'est pas grotesque: il peut susciter l'émoi, la répulsion, l'effroi, le désir, chez tout un chacun, et il peut aussi susciter tout cela en même temps, mais il n'est comique que lorsqu'il le veut, ce qui fait de lui un humain ordinaire. En revanche, la grande offensive, menée tambour battant, qui s'en sert comme outil de démonstration universitaire ou académique, comme instrument d'édification idéologique des masses non encore "éclairées" au relativisme absolu, soit celui du sexe ou de l'affirmation sociale de son appartenance sexuelle, est comique, est sinistre, ubuesque, comme toute construction politique qui puise à la complexité humaine pour forger son argument, sa démonstration, son mot d'ordre et proclamer à tous et à chacun une conduite nouvelle, une nouveauté, comme il y avait jadis des "magasins de nouveautés".
12 septembre 2011, 22:14   Re : Sexe et genre
C'est tout à fait mon avis, cher Francis.
13 septembre 2011, 07:51   Re : Sexe et genre
- Il n'en est pas moins vrai qu'une partie de ceux que les gender studies effraient ou révulsent aujourd'hui se seraient comportés de la même façon, il y a un siècle, face aux livres de Proust, de Gide ou plus tard de Genet ; ce n'est pas un argument "terroriste" mais un simple constat ; cela ne signifie évidemment pas que les universitaires des gender studies aient le quart du génie de Proust ou de Genet ; hélas non !
- je ne voudrais surtout pas passer pour un inconditionnel de ces études ; elles m'intéressent, c'est tout ; comme dans toute recherche universitaire, on y trouve le pire comme le meilleur, on passe du plus subtil au plus lourdingue et théorique ;
- pour ceux qui seraient intéressés, je peux donner des références précises (presque toutes anglophones).
13 septembre 2011, 09:24   Re : Sexe et genre
Vous parlez de constat comme si vous veniez de parler de faits alors qu'il s'agit d'une simple supposition (selon laquelle ceux que rendent aujourd'hui dubitatifs les gender studies sont peu ou prou les mêmes que les opposants à Proust, à Genet, à Gide), une supposition à vrai dire réconfortante et rassurante ; or il est impossible d'étayer cet argument qui n'est qu'un procédé d'intimidation morale, bien que vous vous en défendiez sincèrement. Aujourd'hui les genders studies sont allées si loin contre le sens commun (bien plus qu'au regard des idées courantes à leur époque respective ne l'avaient été les oeuvres des auteurs que vous citez) qu'elles suscitent le soupçon et l'incrédulité chez les personnes les plus ouvertes d'esprit, les plus progressistes qui soient. Ce que ces déconstructeurs dogmatiques tolèrent le moins, finalement, c'est l'ironie, même douce.
13 septembre 2011, 10:24   Re : Sexe et genre
Kiran, vous devriez nous les donner, les références savantes, et même nous faire un petit exposé. Les « gender studies » ont quelques cadavres dans leurs placards, à commencer par l'inusable Margaret Mead, dont on sait que les charmants petits contes philosophiques sur les papous du Haut-Sépik (la tribu où tout le monde est "homme", celle où tout le monde est "femme", celle où "les hommes sont femmes" et vice versa) ont été bidonnés de A à Z, cette anthropologie culturaliste n'ayant été inventée du reste, à l'instigation de Franz Boas, que pour faire oublier la sinistre réputation des anthropologues mesureurs de crânes.

Il est facile pour des universitaires « engagés » de faire valoir le manque de sophistication des députés anti-« gender », qui sont de braves gens mais qui n'ont pas de lettres et pas plus de science, et qui croient que dire « ce n'est qu'une théorie » est un argument scientifique. Mais un peu de « déconstruction » des théories « progressistes » ne ferait de mal à personne.
13 septembre 2011, 10:59   Re : Sexe et genre
Un peu d'ouverture d'esprit ne fait pas de mal non plus, parfois. Prendre la peine de s'intéresser à une pensée nouvelle et (dit-on) dérangeante, en prendre connaissance pour conclure qu'elle n'est finalement ni nouvelle ni dérangeante est une attitude intellectuelle parfaitement estimable. Affirmer a priori qu'elle n'a aucun intérêt me paraît plus contestable. Il me semble un peu simpliste de dénigrer ces études sans avoir fait l'effort de lire avec un minimum d'attention quelques-uns de ses principaux représentants (Judith Butler, David Halperin, Leo Bersani, George Chauncey, Eve Kosofsky Sedwick etc.). Et ce n'est pas parce qu'il a écrit des idioties sur Renaud Camus que Didier Eribon est un auteur négligeable. J'ai trouvé plusieurs de ses livres passionnants (Papiers d'identité en particulier).
13 septembre 2011, 12:06   Re : Sexe et genre
Je crains, Kiran, qu'on ne soit dans une situation, assez courante à la vérité en sciences humaines, où la « révolution » conceptuelle tant vantée se ramène à une banalité. Les « caractéristiques » gendrées sont essentiellement des constructions culturelles, et « être femme » n'a pas du tout le même sens chez les inuit, les arabes des marais et les villageois papous. Quelle découverte !

Seulement, derrière ces belles évidences, et s'étayant sur elles, on trouvera un programme fort, de nature politique, qui s'appuie sur une science frelatée. Ceci dit, je n'ai pas lu Mme Butler, je me suis arrêté à Mme Mead et aux dames sémiologues du gender, qui ne m'ont pas convaincu non plus.
13 septembre 2011, 12:35   Re : Sexe et genre
A mon avis, les travaux de M. Mead ont fort peu à voir avec les gender studies.
Utilisateur anonyme
13 septembre 2011, 13:18   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 septembre 2011, 14:22   Re : Sexe et genre
"On vient de vous dire...". Bigre, je ne me croyais pas encore à l'école primaire, avec des maîtres qui savent (tout) et de naïfs élèves qu'il faut éduquer, à qui il faut dire ce qu'ils doivent penser ! J'ai la faiblesse d'essayer d'aller voir par moi-même, et assez peu de respect pour les autorités auto-proclamées. Je vous accorde qu'en ce lieu une polémique sur les gender studies est peut-être inappropriée. Mais ce n'est pas moi qui ai lancé ce fil et ma contribution (singulière par rapport au courant général) y fut assez modeste.
Utilisateur anonyme
13 septembre 2011, 14:26   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
14 septembre 2011, 06:34   Re : Sexe et genre
J'admire comment des gens qui n'ont manifestement pas lu une ligne d'un livre consacré à ces "études" peuvent décréter qu'elles ne sont que "foutaises idéologiques" !

Pour ma part, je n'y reviendrai plus (je parle de ce fil).
Utilisateur anonyme
14 septembre 2011, 07:50   Re : Sexe et genre
(Message supprimé à la demande de son auteur)
14 septembre 2011, 08:39   Re : Sexe et genre
Welcome, Sir.

P.S.:
- puisque des références m'ont été demandées, je ne me défile pas et renvoie les in-nocents intéressés au site de la librairie Mollat de Bordeaux : www.mollat.com. La bibliographie proposée sur ces studies est excellente (dossiers / j'veux du queer / bibliographie). J'y ajouterai Les secrets du Caravage de Leo Bersani et Ulysse Dutoit que je viens de finir.

Bonne lecture, cher Didier (et autres).
14 septembre 2011, 16:13   Re : Sexe et genre
Kiran, c'est ça votre bibliographie scientifique ? Des ouvrages en vrac, sur le site d'un libraire, cités en méconnaissance de toute règle, et émanant le cas échéant d'éditeurs militants (Éditions gaies et lesbiennes) ?

Mais vous vous foutez de nous, ma parole.

Soit dit en toute amitié, naturellement.
15 septembre 2011, 04:31   Re : Sexe et genre
Mon cher Chatterton, je vous assure que je ne me "fous pas de vous" (ni de personne), comme vous l'écrivez si élégamment. La très sérieuse librairie Mollat est l'une des meilleures de France et cette bibliographie, faite sur les conseils d'un universitaire, me paraît remarquable. Quittez vos préjugés, lisez quelques-uns de ces ouvrages et faites-vous une opinion éclairée. Trouble in Gender de Butler, Homos de Leo Bersani, Epistemology of the Closet de Kosofsky Sedgwick et Gay New York de Chauncey constitueraient une bonne entrée en matière. Quant à l'assertion selon laquelle des livres publiés par un éditeur "gay" seraient en soi suspects, elle me paraît enfantine. Ou faudrait-il en conclure qu'un essai sur les Pères du désert publié aux éditions du Cerf est lui aussi suspect parce qu'il s'agit d'un éditeur "catholique" ? Lier les gender studies au "Désastre" me semble aussi contestable. La plupart de ces chercheurs sont américains et vous reconnaîtrez que les concepts de "Grand Remplacement" ou de "Contre-colonisation", à New York, Chicago ou San Francisco, ont peu de pertinence.
Cette fois, promis, je n'y reviendrai plus.
15 septembre 2011, 15:29   Re : Sexe et genre
Ce faux débat est un nouvel exemple, à mon sens, de la profonde malhonnêteté intellectuelle des gens qui l'animent et le nourrissent. Car il faudrait savoir ... De quoi parle-t-on ? De quoi veut-on parler ? Si cette question du "genre" ou "gender studies" réfléchit au fait que l'homme est à la fois construction symbolique et historique, un cours de lycée en traitant aurait sa place en philo.

Si on en traite en SVT, cela veut dire qu'en contradiction avec le propos des "gender studies", on replacerait cette question dans l'ordre de "l'évidence" biologique, tout en niant la différence des sexes dans sa dimension strictement biologique.

C'est absurde.
15 septembre 2011, 18:08   Re : Sexe et genre
Quant à l'assertion selon laquelle des livres publiés par un éditeur "gay" seraient en soi suspects, elle me paraît enfantine. Ou faudrait-il en conclure qu'un essai sur les Pères du désert publié aux éditions du Cerf est lui aussi suspect parce qu'il s'agit d'un éditeur "catholique" ?

Mais, cher ami, le christianisme fait très soigneusement la distinction entre ce qui relève de l'apologétique, ce qui relève de la pastorale, ce qui relève de l'exégèse, de l'herméneutique, etc. Il ne faut pas tout mélanger et, pour commencer, il ne faut pas mélanger la science et le militantisme.
15 septembre 2011, 20:20   Re : Sexe et genre
Kiran,

Fréquentant les "Mots à la bouche" et les librairies religieuses, je ne puis vous donner tort.

Il me semble en effet que les ouvrages spécialisés ont plutôt des éditeurs spécialisés.
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