Collard, Levaï et Blum

Propos échangés sur le plateau de l'inénarrable Jean-Marc Morandini, à propos du Front National, de Marine Le Pen, du programme de cette dernière, et notamment de la question de la préférence nationale pour l'emploi...

Gilbert Collard : Et quand Léon Blum fait voter la préférence nationale, ça ne vous dérange pas ?
Ivan Levaï : Non, parce que Léon Blum, c'est Léon Blum.

Je me suis alors pincé le bras, incrédule.

Il a raison : on dira ce qu'on veut, Tristan Bior sera toujours Tristan Bior.

J'ai vu la scène sur internet. Le journaliste qui écrivit le livre pratique ce qu'il dénonce : il pratique l'attaque ad hominem et ad personem sans argumenter sur le fond. Il ne paraît pas gêné par la diffamation. Quant à Levaï, il est égal à lui-même : les années Mitterrand furent merveilleuses et l'état actuel de la gauche française ne le conduit à aucun examen du désastre continué de ces années d'incompétence, d'inaction, de mensonge et de gabegie socialistes, le tout nimbé d'une pureté morale affichée, laquelle n'abuse plus grand monde, en dehors des journalistes aux ordres.
La contradiction n'affecte que les discours fondés sur la logique : le socialisme actuel, le gauchisme actuel ne relèvent plus de la raison et de la logique. Ils relèvent de la foi aveugle, du viatique moral et intellectuel face à un monde qui change et dont on n'arrive pas vraiment à savoir pourquoi il est haïssable.

Comme dirait Godard : "Une femme est une femme" !

A rose is a rose is a rose.

Un sou est un sou, disait ma grand mère.

Touche pas à mon Blum, en quelque sorte... Oui, Virgil, vous avez raison de relever l'importance du sacré. Ivan Levaï fait une revue de presse sur France Inter qui vaut un petit détour (mais surtout pas un Petit-Détour, attention...). Y est surtout cultivé l'entre-soi ; l'auditeur est assuré de se retrouver, quoi qu'il arrive, et quels que soit les faits commentés, du bon côté, du côté des gens simples, moraux et raisonnables, ouverts et fraternels.

"du côté des gens simples"... voilà bien longtemps que M. Levaï n'a pas vu de "gens simples", sinon à la télévision.

Certes. Mais l'idée est là : le travail de Levaï consiste à nous montrer qu'à l'aide de quelques grosses certitudes et à condition d'être "généreux", le monde n'est pas si difficile à comprendre que ça.

C'est peu ou prou le crible herméneutique de Walt-Disney. Les méchants sont vilains et les bons sont gentils. Il suffit d'être gentil avec tout le monde et à la fin les bons gagnent - avec l'intervention, certes, d'un Deus ex Machina !

"Le socialisme actuel, le gauchisme actuel ne relèvent plus de la raison et de la logique. Ils relèvent de la foi aveugle, du viatique moral et intellectuel face à un monde qui change et dont on n'arrive pas vraiment à savoir pourquoi il est haïssable."

Ils relèvent surtout de la distinction : se placer au-dessus de ce peuple haï et ignare, et dans le sens de l'Histoire. Ils le paieront très cher.

C'est peu ou prou le crible herméneutique de Walt-Disney

Ah non, M. Ivan Levaï ne pratique pas le crible herméneutique de Walt Disney, mais alors pas du tout. Pour l'anecdote, ma pomme et un dessinateur (que je ne citerai pas) faisons, il y a très, très longtemps, une petite BD qui paraît dans un quotidien économique (que je ne citerai pas non plus). Le sieur Levaï en prend la direction. Et que croyez-vous qu'il fît, pour montrer qu'il était là, et un peu là, et — comment dit-on en français branché ? — imprimer sa marque ? Voui, vous avez trouvé. Il commence par virer les deux petits merdeux qui font la petite BD. Ça c'est courageux. Bravo, M. Levaï.

Sans doute Levaï n'y a-t-il pas mis les formes, et je ne doute pas que votre travail ne fût de qualité. Mais pour tout vous dire, la première chose que je ferais si par malheur j'échouais à la tête du Monde, ce serait de mettre gentiment Plantu (avec lequel je ne vous compare nullement, il va sans dire) à la porte...

Je parlais de Walt-Disney non pas en référence à la BD ou au dessin-animé, mais au simplisme idéologique : les bons et les méchants. A la fin les bons gagnent parce qu'ils sont les bons. La pensée binaire est une caractéristique des dessins animés de la firme fondée par l'ancien sympathisant nazi (Walt Disney l'homme).

Ah, oui, Plantu... Oh, cher Stéphane Bily, je vous en prie, échouez, échouez !

J'y pense... étant donné ma situation actuelle (florissante), diriger Le Monde serait presque dégradant, kèkpar...

Ah oui, Plantu. C'est un cas. Le même dessin depuis 30 ans, avec le même procédé exactement (j'évoque une deuxième actu au travers de la première).

Dire qu'il s'étale sur cinquante mètres de façade, boulevard Auguste Blanqui !

Ce fou de Blanqui n'a que ce qu'il mérite !