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À Cassandre, en urgence (ou à d'autres qui sauraient)

Envoyé par Renaud Camus 
Quelle était la population globale de l'Algérie en 1962 ? Quel était alors le nombre des Pieds-Noirs ?

Ah, et, question annexe : parlait-on de “Pieds-Noirs” en 1945 ? De quand date le terme ?
Il y a sur le site "Persée" (www.persee.fr) un article très intéressant et téléchargeable intitulé "La population de l'Algérie". Beaucoup d'indications chiffrées.
J'ai oublié de mentionner l'auteur : Dominique Maison.
A peu près (ordre de grandeur) 10 millions d'habitants (à peine ou moins), dont 900000 à un million d'Européens. Chiffres exacts (ils existent) à vérifier.
Le site GéoPopulation donne le chiffre de 11.2 millions d'habitants pour l'Algérie en 1962 (selon la base de données des Nations Unies) : GéoPopulation

J'ai également trouvé le chiffre d'un million de Pieds-Noirs : ici
Il semblerait que le terme de Pieds-Noirs soit apparu dans les années 1950 : Pieds-noirs, Origine du mot Pied-Noir (Mais j'aimerais avoir la confirmation de Cassandre, tout de même)
Utilisateur anonyme
29 septembre 2011, 14:37   Re : À Cassandre, en urgence (ou à d'autres qui sauraient)
- Les services du Secrétariat d'Etat aux Rapatriés estimaient qu'il y avait en Janvier 1962, 850 000 Européens présents sur le sol algérien (contre 1 025 000 en 1959). Source : La phase finale de la guerre d'Algérie de Jean Monneret

- D'après Jean-Paul Labourdette et Dominique Auzias (dans leur livre Algérie), l'expression Pied-Noir ne serait apparue qu'après le début de la guerre d'Algérie.
Cher président, selon mon mari l'expression "Pieds-noirs" n'est apparue qu'au moment de la guerre d'Algérie. Avant on disait les Français d'Algérie et eux se désignaient comme "Algériens".
Quand la guerre a commencé la population globale s'élevait à environ dix millions, soit un million pour les Pieds-noirs et neuf millions pour les musulmans.
Sur l'origine du mot , le TLFI (source ESNAULT) nous donne :

1901 «matelot chauffeur sur un bateau à charbon» (ds ESN.); 1917 «surnom donné jadis aux Algériens» (ibid.); 1955 «Français né en Algérie» (ibid.). Comp. de pied* et noir*, le surnom viendrait du fait que les chauffeurs des bateaux, souvent algériens, marchaient pieds nus dans la soute à charbon.

Le terme pied-noir est donc "officialisé" dans son sens actuel en 1955, ce qui ne veut pas dire que l'usage n'en soit pas antérieur. On notera le glissement dans le temps.

Pour les chiffres de population, veut-on connaître la population à l'instant de l'indépendance, sachant qu'un nombre non négligeable de pied-noirs sont déjà partis, ou veut-on comparer des maximums de population ?

Il y avait d'autre part, en 1950 par exemple, une population importante d'européens "non pied-noirs", dits Françaouis.
Le dernier recensement fiable en Algérie est celui d'octobre 1954.

Population totale hors militaires cantonnés en Algérie (gendarmes et divers) : 9 529 726

Musulmans : 8 487 317

Européens : 1 042 409 (y compris les métropolitains résidant en Algérie).


[www.persee.fr]

Concernant les rapatriés de 1962, on trouve les résultats suivants :

solde mensuel solde cumulé
Janvier 1 329 1 329
Février 9 727 11 856
Mars 27 500 37 556
Avril 29 750 68 306
Mai 83 360 150 666
Juin 328 434 479 100
Juillet 60 890 539 990
Août 40 258 580 248
Septembre 18 787 599 035
Octobre 10 187 609 222
Novembre 9 735 619 957
Décembre 32 308 651 265


C'est étonnant, les chiffres sont bien alignés quand je construis le message.

Donc, il y a eu 651 265 pied noirs rapatriés en 1962, la très grande majorité avant le 30 juin.
(Je réponds un peu tard !)

Au sujet du terme de "Pieds-noirs", d'autres disent qu'il était utilisé bien avant pour désigner les soldats Espagnols, qui portaient de longues bottes noires. Effectivement, il ne fut repris qu'au moment de la Guerre d'Algérie pour désigner les Français (en retour, les "Pieds-noirs" utilisaient le terme de "Patos" - canard - pour désigner les Magrébins). Certains "Pieds-noirs" (tous n'aimaient pas être appelés ainsi, même de nos jours) croyaient être plus nombreux que les chiffres de Jean-Marc (ils parlent de 1.200.000 Français d'Algérie !).
"(en retour, les "Pieds-noirs" utilisaient le terme de "Patos" - canard - pour désigner les Maghrébins)"

Curieux. J'ai toujours entendu ce terme "Patos", utilisé par les Pieds-Noirs, pour désigner les Français de la métropole.
Certains l'ont peut-être utilisé dans ce sens... Ce n'était à priori pas le cas devers Oran.
"Patos" , à ma connaissance, a toujours désigné les Français de métropole.
Une question n'est jamais posée quant à ces problèmes de population au temps de la guerre d'Algérie : c'est celle de la répartition des populations adultes.

En effet, les structures des populations européennes et musulmanes étaient très différentes, et le poids des Européens parmi les adultes bien plus fort que les 11 % que nous donne le recensement.

Par ailleurs, la population européenne n'était pas uniformément répartie dans toute l'Algérie.

Je vais essayer de faire un calcul à partir des inscrits des deux collèges pour les élections. Cela prendra un peu de temps, mais je pense que c'est une approche intéressante.
Je viens de faire la compilation des résultats des élections de juin 1951, qui ont eu lieu suivant le régime du double collège.

Les électeurs du premier collège (Français de souche européenne, Français de souche israélite (décret Crémieux) et Français de souche musulmane ayant renoncé au statut personnel coranique) sont au nombre de 533 341. Cela est à comparer au "million de pied-noirs", sachant que les estimations du nombre d'électeurs musulmans du premier collège est de l'ordre de 100 000 (on ne peut le connaître, par définition, puisqu'ils n'ont plus de statut personnel), ce qui laisse donc à peu près 430 000 électeurs non musulmans.

A quoi tient cette différence ?

D'abord au fait que la population de l'Algérie Européenne est jeune (sans doute plus jeune que celle de la France en général de la même année, où les moins de 21 ans représentent 33.6%, 21 ans étant l'âge auquel on peut voter).

Ensuite, au fait que parmi les Européens d'Algérie présents en juin 1951, il y a bon nombre d'étrangers (surtout parmi les gens âgés, donc électeurs potentiels), essentiellement Espagnols, Italiens et Maltais.

Si on considère maintenant les "grands départements", on voit qu'il y a :

- département d'Alger (dans ses limites de 1951, donc comprenant Médéa, Orléansville et Tizi-Ouzou), électeurs du premier collège, 228 219, du second collège 451 157, soit 33% d'électeurs du premier collège ;

- département d'Oran (dans ses limites de 1951, donc comprenant Mostaganem, Tiaret et Tlemcen), électeurs du premier collège 190703, du second collège 301 412, soit 39% d'électeurs du premier collège.

Dans le reste de l'Algérie, comprenant à peu près 45% de la population, il n'y a que 114 419 électeurs du premier collège.

Si on considère maintenant que pour Oran et Alger sont comptés des arrondissements quasi-totalement musulmans, comme Tlemcen et Tizi-Ouzou, on comprend dès lors que les pieds-noirs de l'Algérois et de l'Oranie n'ont pas le sentiment d'être aussi minoritaires que cela. C'est surtout vrai dans cette population adulte, car la population musulmane est beaucoup plus jeune.

En fait, il y a une Algérie côtière, d'Alger à Oran, où les européens et les musulmans du premier collège sont en nombre à peu près égal à celui des musulmans de droit coranique, et une autre Algérie, des terres et de l'est, qui est d'une majorité musulmane écrasante.

Un autre facteur est à prendre en compte : l'importance de la population Kabyle (les musulmans d'Alger sont lagrement Kabyles, pas Arabes).
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