A mon tour de vous dire combien je suis surpris de trouver pareille fatrasie sous votre plume cher Dangle.
D'abord, votre première proposition s'appuie sur des prémisses trompeuses : vous posez en effet comme notion pleine et entière ce qui n'est que l'effacement d'une notion bien réelle et à elle antérieure
Le mariage homosexuel (ou "unisexe", ce qui est bien la même chose n'est-ce pas, en langue internationale "same sex mariage") est une notion pleine et entière, qui comporte des ramifications sociétales considérables, ainsi que vous-même le soulignez et je ne vois pas en quoi elle opérerait l'effacement "d'une notion bien réelle et à elle antérieure ? Le mariage hétérosexuel demeure, muni de toutes ses prérogatives et emportant un ensemble de droits parentaux que le mariage unisexe n'entamera point. L'apparition de la voiture automobile (exemple affreux, j'en conviens mais il me faut bien danser un peu le tango avec vous me qui comparez à un personnage de dessin animé,
speedy Gonzales, crois-je avoir compris) a-t-elle
effacé la notion de voiture hippomobile ? Si vous êtes un vrai conservateur, vous devriez admettre
qu'une évolution n'efface rien, et cela devrait même constituer un article de foi du conservatisme.
n'est rien qui soit fondé en essence ; la supercherie réside, comme en toutes les propositions faites par l'avant-garde de l'avancisme sociétal, sur une méthode qui consiste à remplacer la question "pourquoi ?" (question éminemment instituante — pourquoi ? figure la nécessité, pourquoi pas ? la contingence) par "pourquoi pas" — ou plus exactement à répondre, à cette question "pourquoi ?" : "parce que pourquoi pas ?".
Je ne vois personne dans ce débat qui ait avancé l'argument du "pourquoi pas", argument forgé de toute pièce par vos soins. Si ce projet de mariage homosexuel a été mis sur le tapis chez les représentants du peuple, c'est parce que certains, minoritaires, certes, et qui en sont les premiers intéressés, le souhaitaient. Il s'agit donc d'une volonté positive d'une minorité, et non d'un caprice de je ne sais quelle
avant-garde de l'avancisme sociétal (quel poète vous faites, tout de même!); or, si vous le savez pas encore, permettez-moi de vous l'apprendre cher ami, l'Occident, qui n'est pas l'Egypte, qui n'est pas la Chine ou la Mauritanie, se distingue par cette particularité qui est celle de faire droit aux désirs des minorités, à leur volonté, qui est celle de ne pas écraser les minorités. Et c'est encore en ce sens que je vous dit que ce projet de loi est occidental dans le sens le plus pur.
Ensuite, même si l'on admettait cette première proposition, savoir que nous nous trouvons en face d'une authentique création de l'Occident, ce ne me semble pas du tout une raison suffisante pour pouvoir lui apporter notre satisfecit : il ne suffit pas, en effet, que nous produisions quelque chose pour que ce quelque chose nous agrée.
Voilà un argument recevable. En effet, un débat s'impose, honnête et franc. Vous avez bien raison de faire connaître votre désaccord avec ce projet, que je respecte bien évidemment. Mais le petit souci, voyez-vous, c'est le militantisme actif, celui qui descend dans la rue en s'adjoignant des forces hostiles à l'Occident, hostiles aux droits des minorités et oeuvrant au quotidien à imposer dans nos villes et déjà nos compagnes un système de loi et une idéologie visant à remplacer les nôtres. C'est principalement cette alliance que je critique, et que vous ne critiquez point. C'est elle qui fait le sujet de cette discussion aujourd'hui, après que les
Indigènes de la République aient fait connaître leur position dans ce dossier.
il convient de garder tout son sens critique à l'égard de quelque nouveauté que ce soit, fût-elle une éclatante actualisation de notre idiotès...
Eh bien justement, je vous invite à nul autre effort que celui d'exercer votre sens critique, et non votre fureur, de débattre d'un sujet politique (celui de la dynamique des alliances et du combat) et non de lancer des charges incohérentes contre celui qui, à cet égard, se contente de vous faire observer que la vérité sort de la bouche de votre/notre adversaire politique (Mlle Bouteldja), à défaut de la bouche des nôtres.
De même, je suis surpris de retrouver sous votre plume des arguments aussi rebattus et fallacieux que le célèbre "cela ne nuit à personne" ; ou, dit différemment, cela ne prive personne de quoi que ce soit, n'est-ce pas... Je vois là une justification du même tonneau que celles qu'on avance pour nous vendre le Bac pour tous, par exemple ; marions tout le monde, et nous ne marierons personne.
Je ne nie pas que l'obtention du baccalauréat comporte une dimension de "rite de passage", comme est un rite le mariage. Mais enfin, ce diplôme est un passeport pour l'université et qui dit "Bac pour tous" dit "université pour tous", n'est-ce pas, il atteste aussi un certain niveau de connaissances acquises, si bien que "le Bac pour tous" constitue une tricherie qui lèse les étudiants les plus méritants (en dévalorisant ce diplôme sur le marché du travail, etc.). Rien de tout cela dans le "mariage pour tous" qui, s'il peut comporter une valeur rituelle susceptible, très subjectivement, de faire de l'ombre à la valeur rituelle du mariage hétérosexuel, ne lèse aucunement les droits, prérogatives, du mariage jusqu'ici réservés aux couples homme-femme, lesquels pourront continuer d'élever leurs enfants en leur inculquant des systèmes de valeur de leur choix et de bénéficier de cartes de réduction SNCF sans être nullement gênés par le fait que le couple homosexuel voisin en profitera lui aussi, à moins que les premiers ne souhaitent pas se trouver dans la même voiture du train que le second... ce qui serait plutôt regrettable, et révélerait une tout autre problématique, mais passons. Ce parallèle entre le "mariage pour tous" et le "bac pour tous" révèle donc chez vous un aveuglement dommageable sur les mots, et vous montre l'esprit soumis à leur emprise et aux slogans qu'ils composent. Et quand je pense que c'est à moi que vous reprochez paralogismes et sophismes !
Enfin, le fait d'ériger cette "liberté" nouvelle en machine de combat contre nos adversaires ne fait que contribuer à l'instrumentalisation du mariage, et à le dévaloriser un peu plus (ce qui nous renvoie au point précédent). En effet, c'est bien ça, dans vos mains : c'est une machine de combat, mais votre machine tire indifféremment sur tous ceux qui s'y opposent.
A propos de "machine de combat", sachez que je ne suis pas descendu dans la rue pour soutenir ce mariage ni pour en réprouver le projet, mais que d'autres l'ont fait, donc M. Leroy ici présent. Pour moi, une "machine de combat" c'est 800 000 à un million de personnes dans la rue, clamant des slogans, qui, elles,
ont bel et bien instrumenté la famille traditionnelle et le mariage hétérosexuel contre ce projet de loi devant accorder des droits à une minorité. Qui sont donc les "instrumenteurs" et les manipulateurs dans cette affaire ? Vous n'êtes donc pas gêné d'avoir vu votre "mariage sacré" ainsi mis au service d'une cause politicienne, d'une mobilisation anti-gouvernementale ? Vous m'adressez ce qui paraît être un reproche de sacrilège quand c'est votre camp qui s'en est rendu massivement coupable le 13 janvier à Paris ! Et c'est
vous qui parlez de supercherie intellectuelle ?
c'est une machine de combat, mais votre machine tire indifféremment sur tous ceux qui s'y opposent
C'est très explicitement le contraire, je me suis efforcé de vous montrer qu'il était essentiel de distinguer qui est qui dans votre cortège, et d'user de votre discernement pour déterminer quelle attitude politique il convient d'adopter face aux adversaires. C'est vous, qui tirez à hue et à dia tout ce qui vous vient sous la main (à présent les Indigènes de la République après l'UOIF) sans distinction aucune
et qui usez de cette cause comme machine de combat aveugle aux rapports de force politiques et aux risques de récupération!
(ça va Leroy, vous êtes toujours là ? N'oubliez pas de compter les points hein!)