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Fabrication d'une idole

Envoyé par Henri Rebeyrol 
23 avril 2014, 20:40   Fabrication d'une idole
Un grand moment (historique ?) de télévision hier soir sur France 2 : la chaîne de "service public" non seulement a fabriqué ("construit", comme il faut dire aujourd'hui - et annoncé par les trompettes de la Renommée) une idole (ce qui n'est guère conforme à une "mission" de service public), mais encore n'a rien caché des processus de fabrication (ce qui, en revanche, justifie que France 2 fasse partie du "service public"). Désormais chaque téléspectateur un peu lucide ou pas trop abruti (il doit y en avoir quelques-uns) sait 1° que l'on fabrique des idoles dans une République "laïque", 2° comment on fabrique ces idoles... Tout sentait l'artifice, le calcul, la forge, le (mauvais) savoir-faire, les vieilles recettes, la propagande et tout cela pour chanter la gloire d'une journaliste.

La raison d'être du journalisme (et que le journalisme a oubliée) est de poser les questions qui fâchent, de s'interroger sur les zones d'ombre, de montrer les contradictions. Rien de cela n'a été fait.

Les parents de Mme Sinclair ont été admirables pendant la guerre : la mère a soutenu sans compter la France Libre; le père a combattu dans les troupes de la France Libre pour que la France recouvre ses libertés. Que fait la fille devenue journaliste ? En 1981, elle sert de faire-valoir à Mitterrand; elle s'intègre à son équipe de campagne; elle "cadre" sa communication balbutiante. A aucun moment, les auteurs du film qui lui a été consacré n'ont relevé la contradiction entre l'héritage de la France libre et l'engagement en faveur d'un vestige de Vichy, de la collaboration, de l'antisémitisme. A aucun moment, Mme Sinclair (Ecole Hattemer, Sciences Po Paris, très bonne élève), qui, en tant que journaliste, avait accès à toutes les sources d'information possibles, n'a émis le moindre doute sur la personnalité de Mitterrand et sur son passé trouble.

Tout le monde connaît les moeurs du milieu politique : c'est donnant donnant. Mme Sinclair a servi Mitterrand, Mitterrand l'a remerciée en lui offrant une émission sur TF1 (alors chaîne de service public), qui a été maintenue pendant près de deux ans, en dépit d'une audience calamiteuse. Elle prenait la place de Danielle Gilbert, pauvre journaliste ou pauvre animatrice, qui a payé, par une disparition totale de la télévision, ses engagements discrets pour Giscard. Mme Gilbert est haïe pour cela et bien qu'elle ait payé cher sa fidélité. Rien de cela n'est reproché à Mme Sinclair. Au contraire. Mme Gilbert connaissait le succès, elle a été licenciée; Mme Sinclair connaissait l'échec - il lui a été offert une et même deux autres chances de réussir.

Mme Sinclair a fait des choix dans sa vie privée. Cela ne regarde qu'elle. C'est sa liberté. En revanche, ses familiers et les journalistes ont rendu publics ses choix et ses engagements (résumons-les : la préférence communautaire) sur le mode du péan ou du dithyrambe, alors qu'une préférence communautaire ouvertement assumée est sans cesse montrée, en particulier sur les chaînes de service public, comme contraire au génie de la France et à l'ouverture à l'Autre qui serait, pour nous Français de France (les "natifs au carré" de Mme Tribalat), un horizon indépassable et inéluctable.

Hier soir, France 2 nous a montré ce que la religion cathodique a de pire. On ne sait si ce fut pour que nous nous en détachions ou pour que nous y abandonnions toute lucidité.
23 avril 2014, 22:46   Re : Fabrication d'une idole
Merci beaucoup.

Ce qu'il y a de bien avec des compte-rendus pareils, c'est qu'on n'a plus besoin de se torturer en regardant ce genre d'émissions.
Mme Sinclair a fait des choix dans sa vie privée. Cela ne regarde qu'elle. C'est sa liberté. En revanche, ses familiers et les journalistes ont rendu publics ses choix et ses engagements (résumons-les : la préférence communautaire) sur le mode du péan ou du dithyrambe, alors qu'une préférence communautaire ouvertement assumée est sans cesse montrée, en particulier sur les chaînes de service public, comme contraire au génie de la France et à l'ouverture à l'Autre qui serait, pour nous Français de France (les "natifs au carré" de Mme Tribalat), un horizon indépassable et inéluctable.

CQFD. Et je me permets de faire miens les remerciements de M. Meyer. J'ai vu l'émission, et je suis resté coi lorsqu'une amie de Mme Sinclair a confirmé que cette dernière ne pourrait jamais se marier ou s'unir de manière libre avec un "non-Juif". Et ce sont les mêmes, baignant dans l'entre-soi, qui vous ordonne de vous métisser ou de tout accepter de la religion du vivre-ensemble...
24 avril 2014, 14:35   Re : Fabrication d'une idole
Ah, oui ! Grand merci !
Utilisateur anonyme
24 avril 2014, 14:39   Re : Fabrication d'une idole
Ah, cher Marcel Meyer, vous avez loupé une bien belle opération médiatique (et moi, perdu trois heures de ma vie).

Delahousse, en paillasson de service, soucieux seulement de ses postures (idéologiques et physiques - le voir prendre une pose pour chaque question posée...), et Anne Sinclair venue dire, dans une émission de trois heures avec force photos, films et détails de sa vie familiale, amoureuse et professionnelle, à quel point elle n'aimait pas l'impudeur ! Quelle farce, mais quelle rigolade !

On aurait aimé, quand elle a supputé l'existence d'un complot visant DSK, qu'elle eut en face d'elle une journaliste avec la conscience professionnelle de la Anne Sinclair interrogeant Mitterrand, en 1989, sur ces liens avec Roger-Patrice Pelat, ne lâchant pas le morceau devant les réponses évasives de son interlocuteur.

Non, au lieu de cela, une diarrhée pour nous expliquer à quel point les journalistes ont été méchants et impudiques avec elle, et pour nous parler de morale, de la gauche morale. Sait-elle ce qu'est la morale, elle qui a trompé son fiancé pendant des semaines avec Ivan Levaï avant de lui annoncer la rupture de ces fiançailles ? Peut-elle parler de morale, elle qui a trompé Ivan Levaï, père de ses deux enfants, avec DSK, en jouant au jeu des codes secrets pour se donner des rendez-vous, et ce pendant plusieurs semaines, avant de finalement demander le divorce ?

On ne si ficherait pas un peu du monde ?
J'ai regardé cette émission. Le vedettariat (la pipolisation, qu'il faudrait peut-être écrire pipeaulisation) de certains personnages apparus sur la scène à une époque que je n'ai pas connue (ayant vécu coupé de la France pendant les quatorze années du règne Mitterrand) reste une chose fascinante à contempler. On ne comprend ni comment ni pourquoi cet engouement et ce culte pour un personnage féminin qui "incarne" dieu sait quoi aux yeux des Français. Ce culte est auto-organisé et auto-célébré par une caste, celle des journalistes politiques français, pour un être qui paraît en incarner l'idéal. Jadis, ce fut, par exemple, Françoise Giroud, aujourd'hui c'est Anne Sinclair, "femme libre", "femme courageuse", et méritant concerts de louange et béatification médiatique de son vivant; il me semble que Christine Ockren aurait pu prétendre à ce rôle si elle s'était montré moins férocement ambitieuse, intellectuellement malhonnête (signant des ouvrages plagiaires, etc.) et insuffisamment épouse-et-mère modèle. Il s'agit de forger et d'entretenir un mythe éternel : le parcours exemplaire et idéal d'un modèle existentiel féminin à brandir à la nation et aux nations (les Américains et singulièrement certaines féministes américaines tiennent la Française pour modèle de réussite existentielle -- séduisante, mince, bien attiffée, réussissant vie professionnelle et vie familiale, etc.)

Je n'ai rien entendu d'original, d'intéressant, d'édifiant, de riche d'enseignement, rien de dramatique, de poignant non plus dans le tissu de platitudes sortant de la bouche de Mme Sinclair sur les vicissitudes qu'elle a traversées et tout le reste de son parcours professionnel et personnel. On ne sait pas pourquoi existe ce type d'émissions, à quel public on les destine, à quelle fin mais il faut que cela soit, comme la messe pour les catholiques pratiquants : ce n'est ni divertissant, ni prenant, ni édifiant, ni émouvant, mais il faut ce rappel régulier et solennel d'adhésion-approbation à la constance de la foi : ici la foi laïque en un modèle de "femme courageuse", "authentique", "libre", mesurée dans ses opinions politiques, tolérante à tout mais critique, héritière mais travailleuse, etc.

Autrefois, le bon peuple était invité avec quelque solennité à assister aux cérémonie de l'octroi de "l'ordre du mérite agricole", de "la médaille de la famille", aujourd'hui, on lui fait une "soirée spéciale" dédiée à "l'ordre du mérite journalistique et féminin" décerné en grandes pompes à une égérie et vestale des puissants qui dirigent la France depuis 40 ans, dont on produit l'apologie et qui reçoit cette distinction pour, tout un demi-siècle ou presque, avoir oeuvré de toutes ses forces à l'accomplissement réussi de sa carrière médiatique, à la promotion sociale et politique des siens et au maintien de sa vie conjugale et familiale, rien de plus; que cela "passe auprès du public", fasse recette médiatique, aille de soi, soit pris tel quel, constitue une curiosité ethnologique de la France telle qu'elle est et se réprésente en 2014.



Utilisateur anonyme
24 avril 2014, 16:29   Re : Fabrication d'une idole
Ce mardi 22 avril 2025, Laurent Delahousse, pour son prochain numéro d'Un jour un Destin, reçoit Najat Valaud-Belkacem, membre du Conseil Constitutionnel, qui nous racontera ses combats, ses luttes, ses victoires, mais aussi ses échecs, ses peurs dans ce monde qui tremble, où le vivre-ensemble doit être défendu.

Cette émission vous est présentée en partenariat avec H&M.
Cher Henri Rebeyrol,


Je tiens tout d'abord à vous remercier pour votre très intéressant article.

Un point de désaccord, cependant. Il concerne M. Mitterrand, personnage que je détestais au demeurant.

Il s'agit du passage suivant :

A aucun moment, les auteurs du film qui lui a été consacré n'ont relevé la contradiction entre l'héritage de la France libre et l'engagement en faveur d'un vestige de Vichy, de la collaboration, de l'antisémitisme. A aucun moment, Mme Sinclair (Ecole Hattemer, Sciences Po Paris, très bonne élève), qui, en tant que journaliste, avait accès à toutes les sources d'information possibles, n'a émis le moindre doute sur la personnalité de Mitterrand et sur son passé trouble.

Je crois en effet le passé de M. Mitterrand trouble, notamment dans l'affaire de l'Observatoire, mais je pense exagéré de parler de lui en termes de collabo, et de dire, par contre coup, que Mme Sinclair aurait dû soulever cela.

M. Mitterrand servit Vichy et reçut la francisque, c'est très connu, tout cela était public. On le lui reprocha pas cela dans les années 50 et 60 : après tout, le plus populaire des ministres de droite, Antoine Pinay, avait reçu la même décoration, l'inamovible ministre des affaires étrangères du Général, Couve, aussi. De même, cela ne choquait pas M. Giscard d'Estaing qui n'en parla pas lors de la campagne de 1974. Il est vrai que son père Edmond, grand serviteur de l'Etat, n'avait jamais collaboré et avait pourtant reçu cette francisque.

Lorsque ces questions commencèrent à poindre, au début des années 80, Mitterrand trouva un défenseur de tout premier plan : Jean Pierre-Bloch, qui avait une telle autorité en la matière qu'il fit taire tout le monde. Quand un trio de députés mal inspirés ressortit cela à l'Assemblée, ce fut Bénouville qui se leva et les rappela à l'ordre, et Bénouville n'était pas de gauche, et ne devait rien à Mitterrand. Bénouville fut un camelot du Roi, il fut un des plus grands résistants, comprenne qui pourra.
Il y eut en mai 1981 ce témoignage télévisuel du colonel Passy, qui à mes yeux oblige à nuancer tout portrait à charge de Mitterrand sur cette période, du moins jusqu'à mieux informé. Ceux qui connaissent les dessous de cette opération de com, qui fut magistrale, nous éclaireront davantage, mais il paraît incontestable qu'elle permit alors au chef socialiste d'éteindre bien des critiques sur son rôle dans les années d'Occupation et d'emporter bien des convictions sur la sincérité de son engagement dans ou "aux côtés" de la Résistance :

video: [www.youtube.com]
Effectivement, Francis, je me rappelle maintenant cette émission...

Imaginer le colonel Passy faisant preuve de complaisance, imaginer cet homme, qui fut le chef des services secrets de Londres puis des services français à la libération, ne pas savoir, c'est impossible.
Il est impossible d'accorder le moindre crédit à cette opération de propagande, maquillée en "preuve historique", orchestrée par Mitterrand et les siens, avec une "journaliste" à sa botte (une militante, prête à tout : récompensée par quoi ensuite ?), à quatre jours du second tour de l'élection présidentielle de 1981.

Dewavrin a parlé une dizaine de secondes, pour ne rien dire, sinon faire référence à un micro-événement : un vague "comité" (encore un comité Théodule) animé par Mayer et Defferre en 1940 (dans quel but ?)... Il ne s'est pas souvenu du rapport qu'il avait signé à la fin de 1943 et adressé à De Gaulle (à la suite d'un rapide entretien que lui, Passy, avait eu à Londres avec Mitterrand), dont le contenu est connu : personnage trouble, peut-être agent double, capable de nous trahir...

On a surtout entendu Mitterrand lire un article de la Constitution, rappeler quelques banalités sur le gouvernement de la République et ses compétences en matière de règlements et parler pendant la quasi totalité de cette courte émission (de 10 minutes) de son programme économique (les résultats obtenus deux ou trois années plus tard invalident toutes les âneries qu'il a débitées alors), de sa lutte contre les méchants et la finance (on croirait entendre Hollande en 2012) et surtout s'attribuer, lui l'antisémite, le maréchaliste, l'auteur en décembre 1942 de la fameuse formule sur "la force tranquille du national-socialisme", dans la revue mensuelle pétainiste La France, etc.), les mérites de la Résistance et dire (mais quel culot avait ce type) - je le cite en substance : "en 1940, nous (les socialistes) avons commencé (avec les gaullistes) l'entreprise de redressement national", s'incluant dans le "nous". Cet individu est un imposteur (imposteur est d'ailleurs le second mot du titre Le Tartufe).

Les quelques phrases de Dewavrin n'indiquent rien d'autre que la haine qu'il vouait à Giscard d'Estaing et son engagement s'inscrit dans la stratégie adoptée par Chirac et le RPR entre les deux tours : faire gagner Mitterrand grâce aux électeurs gaullistes, pour éliminer Giscard, avec l'assurance que le programme de Mitterrand aboutirait au désastre (ce qui a été le cas) et laisserait le champ libre à une victoire de Chirac et du RPR (ce qui ne s'est réalisé que pendant deux ans en 1986 et pendant deux ans en 1995). Un désastre pour la France.
Vous ai bien lu, cher Henri. Parti à la pêche au goujon, j'ai ramené du gros et je m'en félicite, et vous en remercie.
Les quelques phrases de Dewavrin n'indiquent rien d'autre que la haine qu'il vouait à Giscard d'Estaing et son engagement s'inscrit dans la stratégie adoptée par Chirac et le RPR entre les deux tours : faire gagner Mitterrand grâce aux électeurs gaullistes, pour éliminer Giscard, avec l'assurance que le programme de Mitterrand aboutirait au désastre (ce qui a été le cas) et laisserait le champ libre à une victoire de Chirac et du RPR (ce qui ne s'est réalisé que pendant deux ans en 1986 et pendant deux ans en 1995).

Je ne crois pas que ce soit cela, dans la cas du colonel Passy.

Il faisait en effet partie de ces gaullistes historiques étrangers à la logique politicienne et qui avaient une haute norme morale. Ces gaullistes historiques vouaient un véritable culte au Général et Giscard était, pour eux, celui qui avait poignardé dans le dos le Général en appelant à voter "Non" au referendum de 1969, alors qu'il était ministre du Général, sachant très bien que la victoire du Non signifiait la fin de la carrière politique de de Gaulle.

Passy considérait qu'il fallait faire oeuvre de salubrité publique en votant contre Giscard.

26 avril 2014, 01:27   Re : Fabrication d'une idole
J'avoue que je ne savais pas que Mitterrand fût si évidemment "antisémite" ; un véritable antisémite ne se serait-il pas épanoui sous Vichy, qui était tout de même le cadre idéal pour donner la pleine mesure de telles tendances, et fait preuve de collaborationnisme franc, actif et durable, ce qui n'a à ma connaissance jamais été le cas ? Ne peut-on au contraire dire qu'en fait, même en cherchant la petite bête, Mitterrand fut de façon patente bien plus résistant que collaborateur, et cautionné par de grande figures de la résistance, toutes tendances politiques confondues, dont la parole semble peu révocable en doute ?
Alors "antisémite", "imposteur" et "collaborateur", cela me paraît un peu rapide, quoi qu'on pense du personnage en tant qu'homme politique...
26 avril 2014, 09:57   Re : Fabrication d'une idole
Il est vrai que Mitterrand a été proche de l'extrême droite cagoularde dans sa jeunesse et qu'il a un peu tardé à choisir la Résistance, mais il l'a choisie, et bien avant beaucoup et bien plus activement, même si ça ne l'a pas empêché de garder de solides amitiés dans ces milieux.

Quant à l'antisémitisme, je ne vois pas de déclarations expressément antisémites de lui même à son époque cagoularde, si ce n'est de très banales (à l'époque) généralités peu amènes à l'égard des "métèques". En revanche on peut noter que, s'étant inscrit pour le service militaire dans l'infanterie coloniale, il y rencontre Georges Dayan, juif et socialiste ; après l'avoir sauvé d'agressions d'antisémites de l'Action française il devient son meilleur ami.
Au sujet du colonel Passy (en réalité Dewavrin), chef du BCRA de Londres, et de Brossolette (alias Brumaire), à propos duquel l'ineffable Mme Ozouf affirmait que l'inhumer au Panthéon, c'était faire entrer la Résistance dans ce temple de la République, alors que la Résistance y était déjà, depuis 1964, avec Jean Moulin, puis René Cassin, voici le témoignage de Daniel Cordier, sous-lieutenant de la France Libre et secrétaire de Jean Moulin (in Alias Caracalla). Pendant trois ou quatre mois, de janvier à avril 1943, Brossolette, parachuté en France, a tout fait, aidé par Frenay, puis par Passy (pendant les quelques semaines où il était en mission à Paris) pour saborder ce que De Gaulle avait ordonné à Moulin de faire : constituer une armée secrète sous le commandement du général Delestraint et établir un Conseil de la Résistance (que Moulin a présidé), Moulin et Delestraint ayant été arrêtés à quinze jours d'intervalle en juin 1943 :


"Mercredi 31 mars 1943

*Rex (Moulin) a rencontré *Passy (Dewavrin) et *Brumaire (Brossolette) : « Ensemble, ils sont pires que je ne l’imaginais. *Brumaire mène le jeu : c’est un serpent. *Passy s’efforce de jouer un rôle occulte. En réalité, c’est un naïf qui s’enveloppe de mystère pour se protéger. Ils ont saboté les instructions du Général. *Passy est le vrai coupable puisque *Brumaire est son subordonné ».
S’adressant à *Morlaix : « Ils se croient ultra-gaullistes alors qu’ils sont rebelles au Général… »

Jeudi 1 avril 1943

*Morlaix (Pierre Meunier) poursuit en nous régalant de détails. *Rex (Moulin) a dit à *Passy (Dewavrin) en le regardant dans les yeux : « Vous étiez avec moi lorsque le Général a signé ses instructions : ce sont des ordres. C’est vous le chef de mission ! Vous aviez le devoir de les appliquer et de les faire appliquer par *Brumaire (Brossolette), qui est votre subordonné ».
*Brumaire a essayé de convaincre *Rex que le Conseil de la Résistance est une erreur qui ruinera les chances de redressement politique de la France après la Libération. « C’est du journalisme de pacotille ! », a rétorqué *Rex, piqué au vif. *Brumaire s’est rebiffé, clamant que sa conception était prophétique et non « la routine du fonctionnaire ».
« Taisez-vous, lui a ordonné *Rex. Vous êtes pour exécuter les ordres du Général et non pour discutailler et organiser des embuscades contre son représentant. En tout cas, je ne vous laisserai pas pourrir la situation. J’ai demandé votre rappel à Londres. En attendant, croyez que je veillerai à ce que vous exécutiez mes ordres ».

« Pour eux, la politesse est un aveu de faiblesse. Ils ne respectent que la force : il faut cogner pour les faire obéir. Ne l’oubliez jamais ; c’est une loi de la politique. Vous êtes un tendre, vous croyez aux sentiments. La vie vous sera cruelle ».
Qu'entendez-vous démontrer ? que le colonel Passy n'était pas un résistant ?
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