Le site du parti de l'In-nocence

"Demain, le Grand Remplacement ?", entretien avec Renaud Camus

Envoyé par Louis Piron 
Renaud Camus, écrivain et président du parti de l’In-nocence est l’auteur d’une centaine d’ouvrages, de romans et d’essais. Il publiera deux livres début novembre : Le Grand Remplacement (D. Reinharc), et Décivilisation (Fayard). Ils forment tous deux l’analyse politique à l’origine de son engagement dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2012.

Il a accepté de nous présenter ses ouvrages et de nous parler de son engagement politique.


(NOVOpress, le 12/10/2011)

[fr.novopress.info]


L'entretien est de très bonne qualité.
La "Ligue du midi" n'est-elle pas une émanation du "Bloc identitaire" ? Le Parti de l'In-nocence et le Bloc identitaire sont-ils si proches que cela ?
Utilisateur anonyme
13 octobre 2011, 09:18   Re : Demain, le grand remplacement ? entretien avec Renaud Camus
(Message supprimé à la demande de son auteur)
“Ligue du Midi” ? Qu'est-ce que c'est que la “Ligue du Midi” ? C'est joli, on se dirait sous Henri III. Mais que vient-elle faire là ? Je ne me souviens pas avoir eu affaire à la “Ligue du Midi” (ça m'aurait frappé) ?
C'est une réplique dans la région Languedoc Roussillon de la Ligue du Sud créée en PACA en 2009 ou 2010 avant les élections régionales par les amis de Jacques Bompard (maire d'Orange, anciens du FN et du MPF) sur le modèle de la Ligue du Nord, d'Ugo Bossi, en Italie.
Cher Renaud Camus (n'étant pas membre du PI, je n'ose vous nommer "Président"), sur le site auquel nous renvoie Pyrrhon, il est précisé que Richard Roudier, de la Ligue du Midi, était présent à une réunion organisée à Lunel où vous participâtes (si je fais erreur, veuillez m'en excuser). Or la Ligue du Midi est liée au Bloc identitaire. Or le Bloc identitaire et le PI, s'ils ont des ennemis communs, des points de convergence, me semblent sous d'autres angles fort éloignés. D'où ma question.

Le hasard m'a fait rencontrer un jeune homme membre du Bloc identitaire lors de mon dernier séjour en France, à Valence (Drôme). Il ne m'a paru en aucun cas "diabolique" ni même "fasciste". En revanche (pour être poli), assez bas de plafond.
Citation
Renaud Camus
“Ligue du Midi” ? Qu'est-ce que c'est que la “Ligue du Midi” ? C'est joli, on se dirait sous Henri III. Mais que vient-elle faire là ? Je ne me souviens pas avoir eu affaire à la “Ligue du Midi” (ça m'aurait frappé) ?

Et puis, au fond et sur la forme de ce que vous dites lors de cet entretien, "on s'en fout", ici seul vos fréquentations, même hasardeuses, nous incombent et nous encombrent !

(C'est de l'humour à la Pyrrhon. A vrai dire, peu importe qui croisent votre chemin, cela n'enlève rien au sens de votre discours.)
« Or le Bloc identitaire et le PI, s'ils ont des ennemis communs, des points de convergence, me semblent sous d'autres angles fort éloignés. »

On ne saurait mieux dire.
Citation
Kiran Wilson
Le hasard m'a fait rencontrer un jeune homme membre du Bloc identitaire ... assez bas de plafond.

Renaud Camus en leveur de plafond, c'est une belle image.
Je dois dire que les deux ou trois jeunes gens du Bloc identitaire avec lesquels j'ai eu l'occasion de m'entretenir, et par exemple leur ancien candidat à la présidence de la République, ne m'ont pas semblé le moins du monde “bas de plafond”.
Je ne parlais que d'un jeune homme en particulier. Loin de moi de généraliser à partir de ce cas. C'est du reste le seul "identitariste" que j'aie jamais rencontré.
Il faudrait préciser tout de même que le site NovoPress dépend du Bloc Identitaire.

N'oublions pas non plus que le Bloc Identitaire n'a pas du tout la même origine que l'in-nocence (même si les deux partis peuvent avoir des points communs du point de vue des idées) puisqu'il émane de la dissolution d'Unité Radicale, groupuscule d'extrême droite. Les thèses identitaires, à l'origine, ont été créées afin de donner un air plus présentable à certaines idées d'extrême droite dure. Alors certes, le discours de façade est peut-être pertinent par certains aspects (et encore...) mais on ne peut pas vraiment savoir s'il ne s'agit pas là d'un vernis cachant d'autres idées moins avouables. Un peu comme la nouvelle image du FN que veut donner Marine Le Pen : républicain, laïque, démocratique, non raciste, etc., alors que son parti n'a, historiquement, rien à voir avec ces notions. Peut-être est-elle sincère, mais qu'en est-il réellement ? C'est le même problème qui se pose avec le Bloc Identitaire dont le président Fabrice Robert est passé, entre autres, par le Front national et le nationalisme révolutionnaire...
Quand on fait des recherches rapides sur Internet (Wikipédia, entre autres), on se rend compte que les mouvements d'extrême droite recouvrent des thématiques assez diverses (catholiques traditionalistes, nationalistes révolutionnaires, souverainistes, nationalistes, identitaires, antisionistes, paganistes, antimondialistes, etc.) qui contiennent parfois certaines positions contradictoires, mais qui n'empêchent pas certains de leurs membres de passer allègrement d'un mouvement à un autre, voire de faire des alliances a priori contre nature (par exemple : Riposte Laïque s'associant au Bloc Identitaire, c'est un peu le mariage de la carpe et du lapin). Tout cela pour dire qu'on ne sait pas si ces gens défendent un point de vue parce qu'ils y croient vraiment ou s'ils se contentent de n'importe quelle thématique, pourvue qu'elle soit d'extrême droite. Il suffit de voir les évolutions du FN, qui passe de l'ultra-libéralisme dans les années 80 à au protectionnisme farouche dans les années 2010...
En conclusion, je ne sais pas s'il est très judicieux de s'associer à ces gens-là.
On ne peut faire de la politique une pince à linge sur le nez. Outre que les parcours politiques individuels de certaines figures de ces mouvements ou formations ne nous regardent pas directement -- l'action politique et la biographie sont deux branches distinctes de l'activité humaine -- certains d'entre eux sont animés par des personnes d'un âge si vert (moins de trente ans) que pareilles considérations généalogiques sont sans objet sur leur engagement actuel.
» l'action politique et la biographie sont deux branches distinctes de l'activité humaine

J'aurais pourtant cru que la seconde contenait la première...
Cher Alain,

Y a-t-il un terme en langue française -- comme historiographie pour histoire -- qui désigne l'étude des biographies ? S'il existe je vous prie de me le donner car il ne me vient pas facilement sous les doigts ce matin. C'est ce processus là, celui de l'élaboration biographique qui compose une branche distincte de l'action politique, dans mon esprit.

Si un personnage comme le dirigeant du Bloc Identitaire, nommément désigné dans les messages supra, a tué, torturé, violé, qu'on nous le dise, et je ne doute pas que le P.I. révisera ses positions à son égard. S'il n'a rien fait de tout cela, non plus que l'ex-candidat de ce mouvement à la présidence, si aucun des membres éminents de ce mouvement ou d'autres mouvements comparables n'ont davantage détourné des fonds publics, accepté de mallettes de billets de dictateurs africains, ni livré des armes à l'Angola en guerre civile, ni posé des explosifs, ni commis aucun crime patent et sanctionnable par la loi, alors ce que ces personnes peuvent éprouver, éprouvent peut-être ou peut-être pas comme sentiments hétérodoxes ou impurs au sujet de telle ou telle période ou tels faits d'histoire devrait être considéré comme appartenant à la sphère privée et en tout état de cause ne nous regarde pas.
Mon cher Félix, mes doutes et mes interrogations sont les vôtres. La "sincérité" de l'engagement de certaines personnes de la droite extrême en faveur de la laïcité républicaine me semble à moi aussi sujette à caution. Je la crois "stratégique". Je crois que plusieurs d'entre elles sont assez peu républicaines. Je ne suis pas sûr que ces gens-là soient tout à fait "fréquentables". Il est possible bien sûr que je me trompe. Il est possible qu'en certaines circonstances il ne faille pas être très regardant. Le jeune homme que j'évoquais n'était ni fasciste ni catholique intégriste mais, en revanche, très antisioniste, et d'un antiaméricanisme caricatural. Par ailleurs, il confondait Jacques Bainville et Théodore de Banville, ce qui n'est pas très rassurant sur la solidité de ses références. Il connaissait vaguement le nom de Renaud Camus mais n'en avait pas lu une ligne. Etc.
14 octobre 2011, 04:40   The whole man moves together
» alors ce que ces personnes peuvent éprouver, éprouvent peut-être ou peut-être pas comme sentiments hétérodoxes ou impurs au sujet de telle ou telle période ou tels faits d'histoire devrait être considéré comme appartenant à la sphère privée et en tout état de cause ne nous regarde pas.

À pur titre d'exemple, et en réponse à cela, et seulement à cela : le révisionnisme n'est pas à proprement parler un "sentiment" relevant de la sphère privée, mais procède d'une vision du monde très articulée et aussi politique que possible ; je ne vois pas comment on pourrait, s'agissant d’engagement politique justement, ignorer un tel substrat idéologique portant et nourrissant l'action ponctuelle, et le ranger commodément parmi les touchantes bizarreries d'une sentimentalité un peu exacerbée.
I hate to say this, mais si nous devons construire un front anti-islamisation uniquement avec des gens dont on peut être à priori absolument sûr qu'ils ne confondent pas Jacques Bainville et Théodore de Banville, nous serons tous devenus des sujets des mollahs et raserons les murs en dhimmis avant d'avoir pu organiser notre première manifestation et notre premier communiqué commun. Et j'ajoute à l'intention d'Alain que si De Gaulle avait exclu les gens idéologiquement douteux (cagoule, etc.) ayant répondu à son premier appel, on peut craindre que la France fût devenue un dominium américain, russe ou pire, au sortir de la Guerre... Il fit aussi alliance avec les Communistes, soit des individus qui préparaient ouvertement la guerre civile et rêvaient d'étirer l'Union soviétique jusqu'à la façade atlantique.
Mon cher Francis, ce n'était qu'une remarque anecdotique. Ce jeune homme, par son hostilité à Israël et son antiaméricanisme simpliste, m'a semblé très éloigné des positions du PI. Notre discussion politique ne s'est pas prolongée très longtemps (c'était l'ami d'un ami et nous partagions un repas dans un charmant restaurant de la place de l'Université, à Valence - ou place des Clercs ? Je les confonds toujours) mais je l'ai trouvé assez peu républicain. Je ne suis pas certain que j'aimerais vivre dans la France dont il rêve. Mais encore une fois je n'ai jamais rencontré d'autres personnes liées au Bloc identitaire, et peut-être n'en est-il pas représentatif.
Citation
Kiran Wilson
Je ne suis pas certain que j'aimerais vivre dans la France dont il rêve.

... certes, mais je suis aussi certain que je ne veux plus vivre dans la France telle qu'elle est (ou telle qu'elle est en train de disparaître.)

Alors ? Alors il faut parfois se boucher le nez et les oreilles, tout en essayant de garder une limite. Francis Marche a parlé de crimes, Alain Eytan ajoute le révisionnisme, personnellement j'aimerais pouvoir ajouter la "question homosexuelle", qui est aussi porteuse "d'une vision du monde très articulée"... Mais plus la liste grossit, plus on a de chances de se retrouver seul et d'assister, impuissant, à la transformation totale de la France en France d'après. Oui, d'une certaine manière on sera resté "propre", mais...

La question que vous posez, Cher Kiran Wilson, je me la pose à chaque fois qu'il m'arrive de lire le forum de François de souche : comment s'allier, ou seulement parler avec des gens qui, pour certains, sont de vrais racistes, des antisémites, des négationnistes, qui, même, parfois, veulent ma mort (cf. certains qui affirment préférer le taliban à l'homosexuel)... ? Un petit tour dans le Xème arrondissement, une vidéo de Houria Bouteldja, et hop, la phrase s'inverse d'elle-même : comment ne pas s'allier avec... ?
Entièrement d'accord avec Francis.
Et contre Hitler ne s'est-on pas allié à Staline ? La politique n'est-elle pas, presque toujours, selon la conjoncture, le choix du moindre mal ? Le tout est de ne pas se tromper sur ce "moindre mal" comme les féministes, par exemple, à la Clémentine Autain ou à la Caroline Fourest, qui ont préféré pactiser avec l'islam, moindre mal à leurs yeux que le christianisme qu'elles souhaitent éliminer.
Je me permets de fournir quelques éléments ayant co-fondé le Bloc en 2001.
Le Bloc Identitaire est bien issu d'Unité radicale.

Le Bloc a existé quand le noyau fondateur a évincé Bouchet qui fut et demeure un anti-sioniste (euphémisme) notoire recyclé ensuite au FN.
Fabrice Robert et d'autres qui dirigent le Bloc actuellement souhaitaient rompre avec une pratique groupusculaire surannée en utilisant Internet ; ce, en vue d' une nouvelle stratégie axée sur le lobbying à l'image des progressistes.
Ces nouvelles techniques de propagande et d'agitation sont allées de pair avec un réel aggiornamento de la doctrine.
Européisme affiché et nettes avancées dans l'abandon de l'anti-sémitisme traditionnel, abandon aussi du folklore skin (je ne porte pas de jugement ici sur l'éthique skin).
Mais ces avancées ne sont pas linéaires: on note aujourd'hui dans la presse et les communiqués du BI par exemple que les atteintes à des Juifs comme à des maghrébins n'entraînent pas les mêmes réactions que pour les agressions anti-blancs (ce qui n'est pas faux dans l'absolu mais inopportun).
Les rencontres avec "Carlyle" pseudo d'un ex-dirigeant de la Ligue de Défense Juive ou les liens sincères et actifs avec certains jeunes patriotes juifs français (je pense au fils de l'historien G.Bensoussan) ont constitué des avancées de la part du BI sur la question de l'anti-sémitisme. Avancées qui demeurent fragiles notamment à cause des positions violemment anti-occidentalistes du noyau historique du Bloc I. Manif anti-Otan, dénonciation des guerres en Irak , Afghanistan, Libye,campagne pour le retrait de nos troupes des aventures de l'Empire", mise sur le même pied de l'acculturation islamique et américaine subie par l'Europe. Cet héritage doctrinal provient des thèses de la Nouvelle Droite.
Outre ces errances doctrinales, le mode de fonctionnement opaque du Bloc est source d'un monolithisme qui grève sa capacité d'évolution . Celle-ci dépend de la (trop) lente évolution du groupe dirigeant ou d'intérêts conjoncturels.
Tout cela reste fragile, mais une certaine plasticité doctrinale et pratique a été cependant démontrée dans les faits.
Le BI a commencé à être connu lorsque Dantec a pris langue avec lui. C'était l'époque de la fondation du BI et j'ai eu l'honneur de mener le dialogue avec l'auteur du Théâtre des opérations. Mais par manque de souplesse et le faible intérêt du Bloc pour les questions théoriques et plus largement le champ intellectuel, cette démarche ne s'est pas poursuivie ni étendue. Depuis, la résonance des thèses de Zemmour, Finkielkraut, R.Camus, P.Manent, Millet etc., a montré que la piste était bonne.Il y a place pour l'émergence d'une critique fine de la modernité de large audience.
Pragmatisme du Bloc prouvé aussi par les Assises contre l'Islamisation et les alliances réalisées avec Riposte laïque et le PI.
Ceci dit, Mr Eytan a raison de relever que ce ne pourraient être que des regroupements opportunistes momentanés sans principes, sur des thèmes correspondant aux intérêts du moment du cénacle dirigeant (en attendant l'appareil).
Ce dont je suis sûr -cela reste bien sûr une opinion, nous sommes dans le champ du politique- c'est des convictions anti-islam et anti-immigration qui ne devraient pas faire l'objet de fluctuations du Bloc. Ce qui est moins sûr du FN. L'anti-occidentalisme et l'anti-sémitisme non démentis n'amènent d'ailleurs pas forcément à des thèses soraliennes (opportunisme pro-maghrébin), la ligne éditoriale de Rivarol en témoigne.
Il demeure donc la question des alliances et des compromis toujours nécessaires avec le Bloc ou RL; là on tombe dans la pratique politique voire politicienne.
Le PI ne se positionne pas en tant qu'organisation classique, ses thèmes et son énergie militante relèvent du domaine -central- des idées. Le BI ou RL sont plus traditionnels. Le PI a donc l'avantage de l'ouverture focale, le recul disons intellectuel qui lui permet d'affiner ses analyses. Le BI et RL sont dans l'activisme (non péjoratif) et donc dans les compromis (internes et externes). Il nous faut donc (je m'inclus dans le projet du PI car j'en partage la démarche) trouver une forme organisationnelle adaptée à une exigence éthique et intellectuelle comme à une pratique forcément salissante et réductrice. Vaste débat...
Grand merci, Mon Cher Santamaria, pour ces éclaircissements. Il faudra que vous m'envoyiez votre adresse (renaud.camus@wanadoo.fr) pour que je vous fasse parvenir Le Grand Remplacement. Après tout, avec votre confrère (dont j'oublie le nom pour l'instant), vous êtes à l'origine de ce “discours” — même si cette grenouille s'est prise depuis pour un bœuf et a considérablement enflé (ce n'était pas difficile, étant donné mes capacités de tribun elle était un peu maigrichonne...).
Citation
Cet héritage doctrinal provient des thèses de la Nouvelle Droite.

Vrai, mille fois vrai !

Cher Santamaria,

Quel tour d'horizon d'une magistrale pertinence. On voit que vous maitrisez à fond votre sujet. Oui c'est pour le moins de l'euphémisme de transformer l'anti-sémitisme rabique de Bouchet en anti-sionisme.
Utilisateur anonyme
14 octobre 2011, 16:25   Re : "Demain, le Grand Remplacement ?", entretien avec Renaud Camus
Cher Santamaria, voulez vous parler de "jeunes patriotes juifs français", ou de "jeunes patriotes français juifs", la précision
n'est pas mineure pour comprendre "de quelle patrie on est patriote", étant entendu que toute patrie et tout patriotisme sont également estimable, mais qu'il faut bien les différencier. Par ailleurs, s'il s'agit bien de patriotes français juifs, la prise
en compte de leur confession, ou de leur origine, me parait secondaire, sinon négligeable.
Cher Félix, j'apprécie toujours vos analyses, mais là je ne peux pas vous suivre.
Avez-vous lu les explications de Fabrice Robert sur son parcours ? Avez-vous rencontré ces gens ? Pour compléter les réponses à Kiran Wilson, j'ai rencontré un membre dirigeant du B.I. qui est polytechnicien (promo de DSK, qu'il a bien connu), et je connais un responsable local du B.I. qui est un "simple" artisan, d'une grande qualité personnelle, intelligent, et très bien formé dans le cadre de ce parti. La formation y est en effet très importante, et le "cadrage" intellectuel très strict (cadrage qui semblera sans doute sévère pour des esprits censément fins et délicats comme ceux qui s'expriment ici, mais il faut de tout pour faire un monde). J'ai compris qu'ils n'hésitent pas à virer sans délais tout individu dont les motivations sont troubles, qu'il y a chez eux une forte exigence, ceci à rapporter au "public" qu'ils encadrent (regardez le type d'action qu'ils mènent, et l'absence remarquable de "dérapages" malgré les conditions d'hostilité dans lesquelles ils les mènent— bien entendu vous n'entendrez jamais rien des dérapages, nombreux et bien réels, de leurs violents adversaires). Il y a comme une dimension éducative dans leur action : encore une fois ils partent le plus souvent d'une base très "premier degré", mais je n'accepte pas qu'on la méprise à bon compte. On ne fait pas de la politique qu'entre gens du beau monde ou alors on est faux et vain, on ferait bien ici de s'en rappeler à l'occasion.

Il subsiste sans doute chez eux, malgré une volonté de les brider, des zones d'ombre : sans doute un fond de racisme, un certain "machisme", et surtout l'aspect un peu "paramilitaire" de leur fonctionnement. Ce n'est bien sûr pas rien, à certains égards c'est détestable, cela limite fortement les possibilités de rapprochement, mais cela n'est pas rédhibitoire pour des coopérations bien ciblées. Ce n'est d'ailleurs pas si définitif que cela : il y a une réelle "plasticité" idéologique chez eux, comme le dit Santamaria. Et une tendance à aller dans le "bon sens" : les raisons même de la fondation de leur mouvement, assez original, les conduit à s'éloigner toujours plus d'une certaine vulgate d'extrême-droite, et d'un fatras intellectuel suranné.

Il est enfin assez inéquitable de faire la fine bouche concernant ce bord-là, de redoubler avec lui de précautions, d'exigences, d'intransigeance, alors qu'on persiste à n'être pas si regardant, si accusateur, ou si pointilleux pour le camp d'en face dont la fausseté et les objectifs me semblent autrement problématiques, et les responsabilités historiques bon an mal an tout aussi lourdes.
A tout le moins, ces gens méritent d'être considérés pour ce qu'ils sont et rien d'autre. A tout le moins nous avons avec eux des convergences sur des questions vitales pour notre avenir. Ce n'est pas rien non plus, c'est même plutôt rare…
» Ceci dit, Mr Eytan a raison de relever que ce ne pourraient être que des regroupements opportunistes momentanés sans principes, sur des thèmes correspondant aux intérêts du moment du cénacle dirigeant

Merci de vos explications, cher Santamaria, mais rendons à Kiran ce qui est à Mr Wilson, car c'était bien lui qui avait pointé la possibilité d'un tel opportunisme... je m'étais pour ma part contenté de bien vagues formulations quelque peu synesthésiques...

Puis d'une façon générale, je suis bien entendu d'accord qu'il faille des jambes pour marcher, mais la tête doit tout de même savoir où elle pose les pieds, cela la regarde, même s'il faut y aller.
Intéressant à lire : un article de Stéphane François dans lequel il retrace les origines de la doctrine des Identitaires. L'article est peut-être biaisé (les sociologues et politologues spécialistes de l'extrême droite sont souvent des gauchistes qui veulent se donner bonne conscience) mais il met en lumière toute l'idéologie douteuse qui donné naissance à ce mouvement. Je veux bien croire que les dirigeants du BI actuel ont changé ou ne croient plus à ces théories mais comme ils ont souvent baigné dans ces milieux d'extrême droite, il est difficile de savoir si leur mutation est sincère où si elle relève juste de l'opportunisme en vue de dédiaboliser le mouvement.

[tempspresents.wordpress.com]
[tempspresents.wordpress.com]


L'intérêt du Parti de l'in-nocence est qu'on peut en remonter l'origine en suivant l'évolution de la pensée de Renaud Camus : c'est-à-dire celle d'un écrivain et pas d'un idéologue, qui n'a rien à voir avec l'extrême droite et qui a pris conscience de certaines réalités au fil du temps (immigration, l'islamisation…) au point de vouloir faire changer les choses en proposant une réflexion personnelle. Les identitaires ont fait le chemin inverse : ce sont au départ des gens naviguant au sein de l'extrême droite dure, qui se sont raccrochés à diverses idéologies de bric et de broc puis ont tenté d'en faire quelque chose d'un peu plus présentable.

C'est un peu le même problème que pour le FN, dont on a parfois dit qu'il posait les bonnes questions mais donnait les mauvaises réponses. Je dirais plutôt qu'il a parfois fait de bonnes analyses mais pour de mauvaises raisons : par exemple, l'extrême droite a toujours dénoncé "l'invasion migratoire" même quand il n'y avait pas d'invasion ni problème migratoire. Alors évidemment, quand on a affaire au Grand Remplacement comme on le voit à l'œuvre actuellement, on se dit qu'ils ont certes eu raison, mais par la force des choses, un peu comme les pendules arrêtées qui donnent toujours l'heure exacte deux fois par jour…
Même chose pour l'islam : on peut être contre l'islam par racisme anti-arabe, tout comme on peut être contre l'islam sans être anti-musulman, parce qu'on a compris la vraie nature de cette religion, la façon dont elle fonctionne d'un point de vue théologique et sociologique, et qu'on constate qu'à grande échelle, elle met en péril les Droits de l'Homme et les valeurs démocratiques. Ces deux rejets de l'islam peuvent se rejoindre en apparence mais ils sont motivés par deux mentalités totalement opposées.

Tant qu'on ne creuse pas les raisons profondes qui poussent quelqu'un à émettre une idée, il est très difficile de savoir s'il est de bonne fois ou non. Le problème est que beaucoup de gens semblent vouloir passer outre cette précaution et sont prêts à former des alliances contre nature ; le tandem Riposte Laïque / Bloc Identitaire est par exemple une hérésie : les premiers sont censés être pour la République indivisible, l'universalisme et le jacobinisme, tandis que les seconds sont censés être des régionalistes anti-universalistes qui rejettent l'assimilation, le mondialisme et l'idée de nation, au nom des identités locales enracinées. A part le rejet de l'islam, ils n'ont rien en commun ! Un peu comme si Mélenchon s'alliait à Marine Le Pen sous prétexte qu'ils rejettent l'un et autre la mondialisation…


De toute façon, il me semble clair que le Parti de l'in-nocence, malgré ses qualités évidentes et le fait qu'il soit le seul à avoir les prises de positions qui sont les siennes, ne peut pas devenir un mouvement de masse. Il me paraît logique que la grande modestie de sa présence dans l'espace politique lui permette une certaine indépendance. Par conséquent, je ne vois pas tellement l'utilité de tenter de faire des alliances, surtout avec des gens comme ceux du Bloc Identitaire, dont la présence médiatique se réduit à de l'agitprop pas très fine (les "soupes aux cochon" et autres "apéros saucisson-pinard"). Je pense qu'il vaudrait mieux rester sur le terrain des idées que de se rapprocher de mouvements politiques douteux…
Santamaria,

Ne pensez-vous pas que ces mouvements (Bloc Identitaire, et autrefois Occident, par exemple) cultivent un certain romantisme, un certain désir d'être à la marge, d'être les Geaechteten de von Salomon ?
Tant qu'on ne creuse pas les raisons profondes qui poussent quelqu'un à émettre une idée, il est très difficile de savoir s'il est de bonne fois ou non.

Il y a probablement deux voies, de directions radicalement opposées, qui s'offrent à qui veut savoir si quelqu'un est de bonne foi ou non: la psychanalyse, et donc l'hypnose, d'une part; et de l'autre part, dans la direction à cent quatre-vingt degrés opposée à celle-là, l'action.

L'action creuse les raisons profondes, comme vous dites: l'oeuvre qui par elle s'accomplit les fait remonter à la surface comme le ferait tout aussi bien l'hypnose.

Mais on est en droit de s'interroger: les pensées d'autrui nous regardent-elles, lorsqu'elle ne sont ni émises dans l'espace public par voie articulée (orale et écrite) ni tangiblement ou concrètement transcrites dans ses actes ? En ce qui devrait nous concerner, ces pensées, ces ondes troubles et inchoatives de l'esprit, ne nous regardent pas.

La question de la mauvaise foi est fondamentale, et il nous appartient de la soulever dans le cas de cette jeune femme noire de la vidéo (Mlle Rokhaya Diallo [www.in-nocence.org] ), qui manifeste dans l'espace public toute la mauvaise foi de son camp politique lorsqu'elle révèle comme elle le fait la fausseté et l'hypocrisie, en même temps que le défaut d'idéal propre, qui caractérisent l'usage d'un idéal emprunté (celui du multiculturalisme) comme masque d'une entreprise de promotion ethno-raciale exclusiviste et suprémaciste et quand cet emprunt se fait au débit de l'ennemi -- le multiculturalisme est un concept forgé par les Blancs privés par l'Histoire de leur droit au suprémacisme. La mauvaise foi dans l'oeuvre publique et politique devrait seule nous intéresser, seule mériter le qualificatif de "douteux". Si l'on s'écarte de cette voie étroitement balisée, l'on risque fort de tomber dans les travers connus et mille fois décrits et analysés de la police de l'esprit dont nous connaissons tous les ravages dans la vie des nations.

[texte modifié]
Utilisateur anonyme
15 octobre 2011, 09:20   Re : "Demain, le Grand Remplacement ?", entretien avec Renaud Camus
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
15 octobre 2011, 16:09   Re : "Demain, le Grand Remplacement ?", entretien avec Renaud Camus
(Message supprimé à la demande de son auteur)
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