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Plus français que moi...

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
11 novembre 2011, 08:53   Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je note que le père de Mme Bougrab est aussi titulaire de la Médaille militaire, troisième ordre français (après la Légion d'honneur et l'Ordre de la Libération).
11 novembre 2011, 10:31   Re : Plus français que moi...
J'aurais mis la Médaille Militaire en deuxième.
11 novembre 2011, 10:39   Re : Plus français que moi...
Par ailleurs, "apprendre la civilisation arabe, la civilisation chinoise et les autres grandes civilisations, c'est un atout à l'heure de la mondialisation", a souligné Jeanette Bougrab.

... et apprendre à lire et à écrire le français, n'est-ce pas un atout pour vivre en France ?
Prêche du 11

Rarement le ton d'un prêche aura été aussi bien imité par ce M. Ihl livrant une chronique "Et la France dans tout ça" en début d'émission (à 1m 58). Quelle messe !
Utilisateur anonyme
11 novembre 2011, 11:31   Re : Plus français que moi...
Citation
Pyrrhon
Par ailleurs, "apprendre la civilisation arabe, la civilisation chinoise et les autres grandes civilisations, c'est un atout à l'heure de la mondialisation", a souligné Jeanette Bougrab.

... et apprendre à lire et à écrire le français, n'est-ce pas un atout pour vivre en France ?

D'après ces gens-là, tout est « un atout à l'heure de la mondialisation », hormis la connaissance et l'amour de la culture et de la langue françaises. Celles-ci sont, curieusement, plutôt perçues comme un frein, qu'il faut de préférence méconnaître et détester.
On retrouve bien là la définition classique du multiculturalisme : toutes les cultures (et plus encore toutes les incultures (et plus encore l'islam...)) sont aimables, sauf la culture du pays hôte, qui mérite, elle, d'être éradiquée pour que se réalise le Grand N'Importe Quoi vivre-ensembliste. Cracher sur la France ne coûte rien et rapporte beaucoup : voyez les carrières que font ces gens.
11 novembre 2011, 12:09   Re : Plus français que moi...
Citation
Bougrab
il est sans doute plus français que vous ne l'êtes

C'est absurde cette façon de graduer la qualité de Français !
En être ou ne pas en être devrait être la seule question possible... La blessure à laquelle est soumise cette honorable dame ne devrait pas présider à sa réflexion, et le véritable ennemi de toute réflexion sur le sujet est bien là : l'émotion ! Certains vont piocher dans leur histoire familiale de quoi justifier leur jugement et viennent au Bord des larmes se frapper la poitrine...

C'est pourquoi, je le pense, la filiation et les morts sont des impasses !
11 novembre 2011, 12:47   Re : Plus français que moi...
La réponse de Malika Sorel :

Citation
Malika Sorel
Jeannette Bougrab, membre du gouvernement, a aussi dit ceci : « Les gens comme mon père ne pouvaient pas aller à l’école. Dans l’Algérie coloniale, mon père n’est même pas allé en cours préparatoire car il n’y avait pas d’école ». Il n’y avait pas d’école ? Peut-être son père ne pouvait-il pas y aller pour un certain nombre de raisons, dont la distance ou la pauvreté, mais laisser penser qu’il n’y avait pas d’école, cela me semble faux d’un point de vue historique. Qu’en pensez-vous ? Ne trouvez-vous pas par ailleurs que pour une fille de Harki, dire « l’Algérie coloniale », cela sonne étrangement ?

Juste pour votre information : ingénieur, diplômée également d’un troisième cycle effectué à Supélec, major de promotion d’un troisième cycle de Sciences Po Paris, auteur de plusieurs livres et de nombreux articles, je me consacre entièrement, depuis plusieurs années, au service de la nation France sans avoir jamais été rémunérée (le HCI, c’est bénévole pour moi), car il n’y a plus guère de place dans la République des inégaux pour ceux et celles qui, comme moi et bien d’autres, aiment par dessus tout la France et s’efforcent de la défendre de leur mieux. Mais comme Marc Bloch en son temps, je sais qu’« un jour viendra, tôt ou tard, j’en ai la ferme espérance, où la France verra de nouveau s’épanouir, sur son vieux sol béni déjà de tant de moissons, la liberté de pensée et de jugement. »

[www.malikasorel.fr]
Utilisateur anonyme
11 novembre 2011, 14:26   Re : Plus français que moi...
Citation
Youssef Kalhoun

le véritable ennemi de toute réflexion sur le sujet est bien là : l'émotion !

Je comprends très bien votre position cher Youssef Kalhoun, mais permettez-moi de la nuancer. Qu'il faille se garder de juger sur le seul fondement de l'émotion, que la passion puisse nous entraîner dans des généralisations abusives et parfois violentes, c'est indéniable et sur le sujet de la nationalité plus encore que sur d'autres. L'émotion de Mme Boughrab est sans doute sincère et je ne mets pas en causes ses sentiments mais il me semble que le sous-entendu de son propos (et c'est à ce point qu'il y a un risque catastrophique de généralisation) est le suivant : puisque son père pourtant analphabète est un héros patriote, pourquoi n'en irait-il pas a priori de même de tous les individus analphabètes (ou assimilés) vivant sur le territoire français ? Moyennant quoi, on peut continuer à fermer les yeux sur l'état de la France (selon ce critère toujours davantage héroïque et patriote) et sur les dispositions des derniers arrivés sur le sol français, à l'égard de leur patrie.

C'est à ce point que je me distancierais un peu de votre propos. Non, l'émotion n'est pas à proscrire, pas absolument en tout cas : émotion devant l'histoire, devant l'esprit d'un peuple singulier et extraordinaire, devant sa littérature et bien évidemment, émotion devant son accueil de l'étranger. Il ne s'agit nullement d'un catéchisme, de telles émotions, contrairement à ce qui se dit partout ne nuisent ni au jugement, ni à la lucidité devant l'histoire, je dirais même que c'est le contraire. Le Français juif que je suis ne veut rien oublier, ni de l'extraordinaire hospitalité dont la France fit preuve à l'égard de ses ancêtres, ni de ce que l'école républicaine leur apporta, ni du havre de paix que constituait la France pour les juifs victimes de persécutions en Europe centrale au début du XXe siècle, ni bien sûr de la tragédie qui s'ensuivit. Né 30 ans après la fin de la guerre, je n'ai d'ailleurs jamais été élevé dans le ressentiment contre la France, mais tous mes ascendants, y compris ma grand-mère paternelle, farouche communiste, m'ont toujours encouragé à l'admirer et à faire miennes autant que possible son histoire et sa langue. Ce n'est que plus tard, au collège et dans les Jeunesses communistes que je fréquentai brièvement (juste avant l'écroulement de l'URSS) que je fus incité à maudire la France, ce à quoi, je n'ai jamais pu me résoudre.

Aujourd'hui, il me semble que l'absence d'émotion (positive du moins) vis à vis de la France est précisément ce qui est attendu de tout un chacun, ce qui est le but de la "pédagogie" médiatique et politique à l'égard du concept de nation. La France serait le nom générique d'une pure contingence de l'histoire, adaptable, modifiable ou abrogeable comme un arrêté administratif. Il s'agit pour le Français d'après de "cligner de l’œil" comme écrivait Nietzsche, de montrer comme il est malin et ne se laissera rien conter du "roman national" qu'il tournera au mieux en dérision. Position en réalité hypocrite, puisque on ne se prive pas dans le même temps d'encourager les affects négatifs, la haine, la criminalisation de la France etc. Mais sur quoi, fonderons-nous alors le fameux vivrensemble ?

Bref, je n'arrive pas à penser pour finir que l'on puisse être français sans aucune empathie pour le sujet France, sans aucun élan du cœur. C'est d'ailleurs cela qui distinguait, selon Renan, la conception nationale française de l'allemande fondée exclusivement sur la race : il n'y a pas d'universel possible sans émotion. Que peut-il rester de français à "ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims" et à "ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération." ?
Je note que Mme Bougrab a accompli de bonnes choses lorsqu'elle était à la tête de la Halde, notamment en aidant à tordre le cou au Machin.

Il me semble qu'elle et sa famille ont fait preuve de toute l'empathie nécessaire.

Voici ce qu'un site algérien bien informé dit de M. Bougrab.

Lakhdar BOUGRAB, le père de Jeannette, un zélé, qui comme tant d’autres aurait été leurré par l’armée bien équipée et bien entrainée de Si Chérif, voyait venir la victoire et l’Algérie ne serait que française. Agissant au sein d’une SAS, Section Administrative Spécialisée, il fit passer de mort à trépas pas moins de 20 Chahids dans la région de Berrouaghia et 45 autres à l’automne 1956 à Ouled Aziz, un douar situé à 10 km au sud de cette même SAS. Le zèle du papa de Jeannette le fit accéder au poste de chauffeur du chef de la SAS, un poste de confiance. Du moment que Lakhdar BOUGRAB fait encore parler de lui aujourd’hui, c’est qu’il a dû trouver tendue une main salvatrice de ses maîtres avant qu’il ne tombe dans les mailles des filets de l’ALN en 1962 ou bien avant. « Je suis fier de mon père, écrit Jeannette BOUGRAB, sur son blog, dans une interview. » Comme on dit chez nous, un serpent ne peut qu’enfanter un serpent. Les Français seraient-ils fiers de Pétain ?

Notez le passage "de mort à trépas".

Heureusement pour l'armée française que M. Bougrab était plus à l'aise avec un fusil qu'avec un porte-plume.
Utilisateur anonyme
11 novembre 2011, 14:48   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Considérez Didier qu'à cela je suis sensible.

Notez que j'ai n'ai critiqué ni Mme Sorel, ni M. Lucca.

Je pense les Bougrab, Sorel, Lucca très français (avec cette faculté que nous avons à nous empoigner). Pourquoi Mme Bougrab réagit-elle ainsi ? parce qu'elle est très française, et qu'elle est blessée par certains propos (essentiellement le fait d'écrire en français). Elle se serait foutu de la France, elle n'aurait rien dit.
Utilisateur anonyme
11 novembre 2011, 16:25   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
11 novembre 2011, 16:34   Re : Plus français que moi...
Pour ma part, je trouve également cette déclaration très inquiétante, d'autant plus que Mme Bougrab nous avait permis, naguère, d'entretenir quelque espoir. Cette déclaration est à rapporcher du fameux « La France, c'est nous » du métro parisien il y a quelques mois.
Cette nouvelle affaire, aussi marginale que révélatrice, mérite peut-être elle aussi un communiqué...
Sauf que la famille Bougrab a donné suffisamment de gages à la France. Que vous faut-il de plus ?

Un simple imbécile naissant en France d'une lignée y étant elle-même née serait plus français qu'un ancien combattant décoré ?
Utilisateur anonyme
11 novembre 2011, 22:04   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 novembre 2011, 22:35   Re : Plus français que moi...
Imaginons la France peuplée de plus en plus de personnes ne sachant ni lire, ni écrire le français...

Devrions-nous nous réjouir d'une telle avancée ?
Utilisateur anonyme
11 novembre 2011, 22:38   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 novembre 2011, 22:45   Re : Plus français que moi...
Ce n'est donc pas notre imagination qui nous joue un tour de cochon !



Nos affaires prennent un mauvais tour, n'en déplaise à MM. les courtauds...
D'ailleurs, n'est-ce pas pour cela que la vérité leurs semble irrecevable ?


(Texte inspiré par un auteur in-connu)
Pyrrhon,

Il se trouve que je me suis intéressé il y a quelques semaines à l'affaire d'Hautefaye, non au crime lui-même, mais à la façon dont l'arrivée de la IIIème République fut perçue dans les campagnes bonapartistes, et comment les villes (Périgueux, Nontron...) furent épouvantées par le risque de jacquerie.

Le procès des émeutiers nous montre que la grande majorité parlait très mal français, et qu'ils étaient illettrés. Or, s'ils tuèrent Monéys, ce fut autant par nationalisme que par haine de classe.

La France de 1870 est très unie contre le Prussien (avec peu de succès, hélas), elle n'est absolument pas unie linguistiquement.

Dès lors, je me dis que la France de Louis XIV, la France de Napoléon tirèrent leur force non de la langue française mais bien de la volonté des Français, quelle que soit leur province d'origine, de défendre leur souverain et "l'entité" (je ne sais comment dire) France. Dans cette hypothèse, M. Bougrab est très français.

Je note que Mme Bougrab ne nous parle à nul moment de l'étranger, car pour elle il n'y a aucun possibilité d'aller ailleurs.
Utilisateur anonyme
12 novembre 2011, 10:34   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
"Quoique"

Que voulez-vous dire ?

Je comprends qu'on dise à des gens qui brandissent des drapeaux algériens : nous ne vous retenons pas, allez-y !

Mais à Mme Bougrab...

Il faudrait dans ce cas être précis : si le fait d'être d'origine nord-africaine rend impossible pour des gens d'être français quoi qu'ils fassent, de votre point de vue, il faut le dire.
12 novembre 2011, 11:51   Re : Plus français que moi...
Je ne remets pas en cause la destinée des Harkis - dont on pourrait reparler...

(Épi-message)
Utilisateur anonyme
12 novembre 2011, 11:58   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
12 novembre 2011, 14:58   Re : Plus français que moi...
"possiblement du sien" , pardon , mais là encore, pourriez-vous expliquer: du point de vue de Madame Boughrab , il serait impossible à une personne d'origine nord africaine d'être français? Cela demande quand même quelques éclaircissements
Utilisateur anonyme
12 novembre 2011, 15:07   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
12 novembre 2011, 17:13   Re : Plus français que moi...
Cher Didier, je trouve absurde la comparaison établie par Madame Bougrab entre la situation de ses parents ayant vécu en Algérie française avec celle des immigrés arrivant aujourd'hui en France. Je trouve au moins regrettable , pour employer un euphémisme, qu'elle parle de l'Algérie coloniale. Je trouve ridicule le concours de francité auquel elle prétend se livrer. Mais c'est précisément pour cette raison que je n'apprécie guère le concours "à l'envers" auquel vous semblez vouloir vous livrer vous même. Je ne vois rien dans les propos de Madame Bougrab (y compris dans ceux que j'ai dénoncés) qui laissent supposer la pensée (ni même l'arrière pensée ) de pouvoir un jour aller vivre ailleurs, comme vous dites. J'ai déja vu évoquer sur ce forum ce soupçon à l'égard d'autres personnes. Ce n'était pas vous et il ne s'agissait pas d'arabes . C'est un argument d'autant plus blessant et vain qu'il ne permet aucune réponse. Tout au plus peut on faire observer que cette tentation (aller vivre ailleurs) saisit tous les jours des personnes dont l'ascendance française est bien plus ancienne que celle de Madam Bougrab ou de nombreux contributeurs de ce forum, et que beaucoup d'entre eux n'en restent pas au stade de la tentation. Quant à l'Islam, je ne l'ai pas vu mentionné dans les propos de Madame Bougrab dont le prénom (Jeannette) me semble moins musulman que celui de la fille de Madame Rachida Dati( mais je sais que vous ne prendrez pas la défense d'une ex-ministre de Nicolas Sarkozy).
Madame Bougrab dont le prénom (Jeannette) me semble moins musulman que celui de la fille de Madame Rachida Dati

En fait de Jeannette, il me semble que son prénom d'origine est Djenet, ou Djanet.
Utilisateur anonyme
12 novembre 2011, 18:33   Re : Plus français que moi...
j'ai toujours entendu appeler madame Bougrab jeannette, y compris lors d'interventions officielles; mais je dois reconnaitre que je ne me suis livré à aucune recherche d'état-civil. Quant au prénom que vous mentionnez, il est peut-être kabyle (?), mais il ne parait pas trés musulman, pas trés hallal, si vous voyez ce que je veux dire
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 08:17   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 novembre 2011, 11:04   Re : Plus français que moi...
Globalement d'accord avec vous, cher Didier, mais avec quelques nuances.

Un détail, à propos d'Augustin : il n'a pas connu la conquête arabe et l'islam, il s'en faut de plusieurs siècles ; et puis s'il est romain, évidemment, il n'est pas européen, une notion qui n'a du reste pas encore de sens à son époque, et d'ailleurs, les conquérants qu'il voit arriver et dont l'action destructrice à l'égard de l'empire le laisse semble-t-il plutôt froid, ce sont les Vandales, dont on pourrait dire qu'en tant que Germains, ils eussent été d'authentiques futurs européens s'ils ne s'étaient établis en Afrique du Nord pour se fondre très vite et complètement dans la population locale. Je ne fais cette mise au point que parce qu'elle est intéressante pour le sujet, bien sûr.

Concernant Mme Bougrab, j'ai connu la même désillusion que vous mais je serais tout de même plus enclin à ne pas voir dans les résurgences d'allégeances ataviques une remise en cause de sa francité car je suis familier de l'existence assez courante de ce qu'on nomme la "double allégeance". Là où je vous rejoins complètement, c'est dans le refus absolu du discours sur l'être "plus français que vous".
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 11:53   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Que voulez-vous dire, Didier ? Augustin était, sans doute, Berbère...
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 12:21   Re : Plus français que moi...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 novembre 2011, 14:45   Re : Plus français que moi...
Vous avez raison sur le fait que la situation actuelle et les dangers dont elle est grosse porte en elle des exigences particulières. Il y a des moments où il faut choisir.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 17:37   Re : Plus français que moi...
cher Didier , je suis heureux de me trouver globalement en plein accord avec vous. Mais la longueur même de votre développement montre que ce sujet méritait bien quelque approfondissement . Vous trouvez qu'il y avait quelque incohérence entre les deux parties de ma remarque, ce n'est pas mon sentiment:j'entérinais tous les reproches que l'on
pouvait faire aux propos de madame Bougrab, mais je me refusais à partir de là et seulement à partir de la à lui imputer quelquechose d'aussi grave à mes yeux qu'un "désir" ou une "possibilité" implicite "d'ailleurs". La loyauté d'une personne d'origine étrangère à l'égard de la France doit être entière et sans partage; il doit y avoir selon votre heureuse expression "dérivation des racines", renoncement total et "sans esprit de retour " à ce qui fut l'appartenance ancienne, la civilisation d'origine , mais le corollaire de tout cela doit être la confiance des "français de toujours". L'accusation de maintenir en soi la possibilté d'un ailleurs est suffisamment grave pour ne pas être présumée, mais établie, ou au moins comme l'on dit s'appuyer sur un "faisceau de présomptions" . Apparemment vous connaissez beaucoup mieux que moi la biographie de Madame Bougrab et ses différentes prises de position, j'avoue n'avoir que peu de lumières la-dessus. Il est vrai, comme l'écrit Marcel Meyer que nous vivons des moments particuliers qui demandent des choix tranchés, mais je pense que le choix tranché quant à l'appartenance nationale vaut pour toutes les situations et qu'à coup sûr, le statut de bi-national ne contribue pas à la clarté de ce choix. C'est d'abord à la question de la bi-nationalité, véritable "chimère" juridique qu'il convient de s'attaquer.
13 novembre 2011, 18:51   Re : Plus français que moi...
Je trouve les propos de mme Bougrab indélicats, car égoistes et égotistes. Comment peut-on raisonnablement prétendre être aussi français qu'une personne dont les ancêtres sont là depuis x générations alors qu'on est soi même français de première ou deuxième génération. Cela ne vous enlève pas votre qualité de français mais un peu de savoir vivre parbleu!
Mme Bougrab est française depuis bien longtemps, son père est né français (de statut musulman), et je suppose que ses grands-parents étaient eux aussi nés français.

Les Harkis ne sont pas devenus français, ils le sont resté.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 19:21   Égologie
Il est tout de même piquant, Nemesia, de vous entendre tancer l'égotisme de Mme Bougrab en soulignant que celui-ci malmène... l'égotisme national.

« Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c'est qu'elle blesse la nôtre. » La Rochefoucauld
13 novembre 2011, 19:38   Re : Égologie
Citation
Henri Lesquis
Il est tout de même piquant, Nemesia, de vous entendre tancer l'égotisme de Mme Bougrab en souligant que celui-ci malmène... l'égotisme national.

« Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c'est qu'elle blesse la nôtre. » La Rochefoucauld

Non car je suis moi-même dans un cas proche de Mme Bougrab, c'est une simple question de préséance. Je ne vois pas ce qu'il y a de gênant à respecter celle-ci. A mes yeux si on aime un pays on respecte pareillement la "représentation" de ses habitants historiques, et on ne peut que se mettre gentillement à la queue-leu-leu de la légitimité. Trouvez-vous cela humiliant ? Pas moi.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 19:41   Re : Égologie
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 20:23   Re : Égologie
Vous préféreriez donc, Nemesia, que Mme Bougrab feigne de respecter une telle préséance alors que rien, sinon des usages d'un autre temps, l'y invite ? Il n'en resterait que flatterie...

Qu'à cela ne tienne, me diriez-vous, l'hypocrisie possède un charme dont l'honnêteté se passe... et ce même duc ne disait-il pas qu'elle est un hommage que le vice rend à la vertu ?... Certes, certes, vous répondrais-je, la résurgence de certains voiles serait bien appréciable.
13 novembre 2011, 20:30   Re : Plus français que moi...
Merci Monsieur Bourjon. La remarque de Monsieur Lesquis est révélatrice du mal français, je la mettrais sur le même plan que le succès de macdonald en France, même si cela relève du raccourci.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 21:00   Re : Plus français que moi...
Je ne pense pas que les Français d'antan, s'ils avaient eu accès au Macdonald, l'eussent beaucoup boudé. La rudesse du goût des masses traverse le temps avec l'aveugle obstination d'un Spartiate. Je ne crois pas plus que les Français d'aujourd'hui se sentent moins français qu'autrefois ; ils se sentent français pour d'autres raisons : naguère, et pour faire vite, c'était Hugo, maintenant, c'est la Sécu. L'orgueil national est aussi vivace qu'autrefois — mais ce qu'il défend dépend des temps et des modes, que voulez-vous...
Mais quelle préséance ?

En quoi un Français français par sa famille depuis 1750 devrait avoir une quelconque préséance sur un Français qui l'est par sa famille depuis 1830, et en quoi celui-ci devrait-il avoir une quelconque préséance sur une famille française depuis 1950 ?

A mes yeux si on aime un pays on respecte pareillement la "représentation" de ses habitants historiques, et on ne peut que se mettre gentillement à la queue-leu-leu de la légitimité.


La queue-leu-leu de la légitimité...

Didier, partageait-vous cette idée de préséance ? si vous la partagez, comment placez-vous, dans cette échelle, une famille à la Bougrab, donc française depuis 1830 ? jugez-vous que le fait d'être musulman introduise quelque chose là dedans ?
13 novembre 2011, 21:39   Re : Plus français que moi...
Pourquoi ne pas dire, sans blesser personne, qu'il y a des sensations, des sentiments, des héritages impalpables qui font que français depuis plusieurs siècles nous trouvons agaçant qu'on vienne nous faire la leçon sur la base d'un vague cours d'histoire.
Etes-vous sûr que cette dame nous donne des leçons, ou que ce ne sont pas les autres qui donnent des leçons à son père ?


Florentin, si je poursuis votre idée, ceux qui ont des grands-parents italiens ou espagnols ne partagent pas les mêmes choses impalpables avec vous et moi ?
13 novembre 2011, 21:54   Re : Plus français que moi...
A chaque génération sa synthèse des savoirs afin de ne pas refaire les expériences déjà éprouvées. Je voulais dire que la raison s'y perd et que le sentiment d'être français se traduit en terme de geste ou d'attitude. Je sais bien les points communs que nous partageons avec d'autres. La littérature provençale, par exemple, montre l'aire de nos affinités et de leur expression mais avant la transmission de nos contes et de nos chansons il y a le mimétisme de nos démarches, de notre diététique, de nos regards.
13 novembre 2011, 23:44   Re : Plus français que moi...
Monsieur Jean-Marc, je n'arrive pas à comprendre pourquoi vous êtes incapable de faire la différence entre un français de première génération et un français de 5ème génération.Le même phénomène se retrouve en Grande Bretagne, je considère automatiquement que Brian Ewans est plus britannique que Oumarou Inoussa, considérant que ce dernier peut tout à fait posséder un passeport britannique et être un sujet de sa majesté très respectable. La nationalité va beaucoup plus loin que l'aspect administratif et culturel, l'appartenance pleine à une nation est un patrimoine qui s'acquiert au fil du temps et des générations. Je partage pleinement les vues de Florentin, tout en étant de l'autre côté, de celui qui est en devenir.
Hé bien, Nemesia, je vous dirai qu'en tant que Français de la xième génération, et que Toulousain (au sens large, comme Languedocien dirai-je), ceci.

Marcel Langer appartient pleinement à notre Nation, à notre patrimoine, à Toulouse, bien que né en Pologne, et en tout cas bien plus que celui qui l'envoya à la guillotine, le fameux Lespinasse (ça, c'est effectivement bien toulousain, comme nom), auquel les Français firent fort justement la peau.

Vous nous dites être Française en devenir, alors je vous dirai en tant que Français ancien que des Marie Curie ou des Gambetta nous conviennent mieux que des Bazaine ou des Maurras.
Question subsidiaire : à combien de générations estimez-vous qu'on n'ait pas à gentiment faire file ?
Utilisateur anonyme
14 novembre 2011, 15:07   Re : Plus français que moi...
Il faudrait à la fin des fins, sur ce forum être attentif au fait que ces questions de préséance, d'ancienneté dans la nationalité, au sens comment dire ? civilisationnel et non purement administratif du terme, qui peuvent avoir une certaine pertinence dans la mesure où c'est la question de la transmission, de l'héritage, qui est en jeu, ces questions donc à force d'être posées et reposées, a force d'exacerber les positions, finissent par confiner à une puérilité de cour d'école:"c'est moi qui suis plus ceci", "ah! mais non, c'est moi qui suis plus ceci" "Oui, mais moi je le suis depuis plus longtemps!" Il me semble que la situation de la France aujourd'hui justifie un questionnement plus sérieux , mais je peux me tromper...Enfin pour déplacer la question du plan temporel au plan spatial et pour détendre un climat qui me parait dangereusement s'alourdir ici, je vous dirai ceci: ma femme est originaire de la Mayenne et dans ma belle famille les français du sud de la Loire, les languedociens comme Jean-Marc, et plus encore ces Provençaux mangeurs de tomates et cuisinant à l'huile !!! étaient considérés comme des français bien sûr...bien sûr, mais comme des français de fantaisie, des français "rattachés"
14 novembre 2011, 15:13   Re : Plus français que moi...
Qui a parlé de préséance ?
14 novembre 2011, 15:53   Re : Plus français que moi...
Français quand l'on a le plus de plaisir, de contentement, et jusqu'à de la fierté personnelle, à dire ce que l'on pense, ce que l'on fait, ce que l'on a fait, souhaite faire, dans la langue de cette civilisation à la préférence de tout autre. Aimer présenter ses actes et ses aspirations, ses regrets et ne vouloir les mettre en relief que dans cette langue-ci et se présenter et se représenter tout entier soi en elle mieux et en meilleure adéquation qu'en aucune autre, devrait rapprocher de cette qualité, et ensuite préférer se trouver dans l'espace de ses lois, coutumes, de ses paysages et de sa culture et aimer baigner ou vouloir baigner, ne serait-ce qu'occasionnellement, dans des sentiments que l'on suppose que des hommes et des femmes de son histoire que nous admirons ont connus avant nous dans ces lieux, dans cet espace-là plutôt que dans celui de la Belgique, de la Suisse ou du Canada francophone et de l'Afrique francophone, devrait rapprocher encore de cette qualité et autoriser d'en exciper. La filiation généalogique, et le fait du grand-père, et à plus forte raison la carte d'identité, ne devraient venir qu'en surajout de cela, comme un ornement particulièrement discret et de bon goût.
14 novembre 2011, 16:08   Re : Plus français que moi...
Cela illustre la diversité française, qui est un fait constitutif de cette nation, diversité authentique qu'est venue supplanter une diversité fausse, exogène, ethnique et intéressée.

Une amie née en 1950 me disait qu'à l'école communale qu'elle fréquentait dans un village près de Neauphle en Yvelines, étaient regroupés au fond de la classe, en position de semi-bannissement, les enfants de parents divorcés et les protestants !

C'était pour empêcher que ces "diversités", ces clivages infra-français, ne dégénèrent qu'il existait alors ce que l'on appelait la "République française", une et indivisible, pacte national délicatement équilibré mais intransigeant d'une nation forte qui en son sein ne tolérait de "respect" que pour elle-même.
Ici, Florentin :

Non car je suis moi-même dans un cas proche de Mme Bougrab, c'est une simple question de préséance. Je ne vois pas ce qu'il y a de gênant à respecter celle-ci. A mes yeux si on aime un pays on respecte pareillement la "représentation" de ses habitants historiques, et on ne peut que se mettre gentillement à la queue-leu-leu de la légitimité. Trouvez-vous cela humiliant ? Pas moi.
14 novembre 2011, 17:24   Re : Plus français que moi...
Vous savez, cher Jean Marc, qu'on refait la rue d'Alsace avec des pierres importées de Chine. Je n'ai rien contre la Chine mais la Montagne Noire pouvait nous en fournir. D'autre part on va nous redessiner Toulouse, les Catalans sont très forts pour ça paraît-il. Il faut s'attendre à quelques gags environnementaux.
Utilisateur anonyme
14 novembre 2011, 18:32   Re : Plus français que moi...
Francis, la définition , la description plutôt , que vous donnez de l'"être français" est aussi juste qu'elle est belle , aussi belle qu'elle est juste . Merci. Hors de cette langue que j'habite et qui m'habite , par laquelle je peux au plus près tenter de me saisir et le monde , hors de ces paysages dans lesquels, aussi divers soient-ils, je peux me retrouver dans une familiarité heureuse, hors de ces traditions , de ces coutumes, qu'on tissées siècle après siècle , tous ceux qui ont vécu sur cette terre, et qui me constituent, et qui précisément me permettent de saisir, et d'apprécier éventuellement, ce qui est "l'ailleurs" comme un "ailleurs", hors de l'attachement que j'éprouve pour toutes ces femmes et ces hommes, qui pour toutes ces raisons sont mes ancêtres, sans référence biologique ou généalogique, hors tout cela "je" ne serais pas ce que "je" suis. Hélas, on pressent bien à vous lire, combien sont éloignés de cela, tant de ceux qui sont arrivés dans notre pays depuis des décennies, et qui y vivent , comme je l'écrivais il y a quelque temps (passez moi le ridicule de me citer) "hors sol"
Citation
Rodilon
ma femme est originaire de la Mayenne et dans ma belle famille les français du sud de la Loire, les languedociens comme Jean-Marc, et plus encore ces Provençaux mangeurs de tomates et cuisinant à l'huile !!! étaient considérés comme des français bien sûr...bien sûr, mais comme des français de fantaisie, des français "rattachés"

Cher Rodilon, si vous accordez aux Languedociens et aux Provençaux la grâce d'une majuscule, daignez en faire autant pour ces pauvres Français, qui ne vous ont rien fait.
Utilisateur anonyme
14 novembre 2011, 20:10   Re : Plus français que moi...
Cher Francmoineau, vous avez majusculement raison. Est-ce maladresse face au clavier ou manque de patriotisme? J'en parlerai à mon cheval.
14 novembre 2011, 23:14   Re : Plus français que moi...
En résumé, messieurs Marche et Rodilon, et très certainement de nombreux in-nocents, semblent avoir une conception très élitiste de ce qu'est un français. Un intellectuel érudit, brillant et francophone, venant de Tambouctou est plus légitimement français à leurs yeux que le pauvre paysan de la Creuse, dont la famille élève quelques vaches depuis 20 générations. Certainement de même pour les sourd-muets, les simples d'esprit, les illétrés, le quidam dont la famille est présente sur le sol de métropole depuis 200 ans ou plus, mais qui n'ont pas le côté flamboyant qui fait de vous un "vrai français". Je trouve cette manière d'évaluer vos compatriotes très étonnante.
Florentin,

Difficile question : les carrières du Sidobre massacrent le paysage du Tarn...
Rodilon,

Lisez le "Horsain".

Comme le nom l'indique, ce curé originaire du Havre était un étranger en pays de Caux. Un jour, circa 1950, il amena ses paroissiens en pèlerinage à Lisieux.

Ceux-ci virent que des bidons de lait n'étaient pas encore rentrés dans la campagne du Calvados, et furent confirmés dans leur idée que ces méridionaux étaient des sauvages.
La filiation généalogique, et le fait du grand-père, et à plus forte raison la carte d'identité, ne devraient venir qu'en surajout de cela, comme un ornement particulièrement discret et de bon goût.

C'est fort bien dit.


Nemesia,

Voulez-vous que je vous cite quelques personnes d'ascendance étrangère qui furent la gloire et l'exemple de leur pays ?
14 novembre 2011, 23:34   Re : Plus français que moi...
J'ai dû mal m'exprimer, Nemesia: un illettré peut dire ce qu'il fait, ce qu'il a fait et représenter ses actes, les narrer, leur donner un sens dans l'espace national qu'il estime sien de la manière que j'ai dite. Quant aux "simples d'esprit", ils appartiennent à la nation universelle et supérieure des simples d'esprits et échappent à notre propos.
14 novembre 2011, 23:36   Re : Plus français que moi...
Il y a un quiproquo, cher Jean Marc, nous ne parlons pas du mérite ni de la culture mais de cet héritage impalpable qui fait du paysan de la Creuse, comme le dit Nemesia, un Français typique. Le paysage modèle ses habitants en quelque sorte.
Très bon Le Horsain, je l'ai justement prêté hier soir à une amie de ma femme.
15 novembre 2011, 09:23   Re : Plus français que moi...
Je suis entièrement d'accord avec Nemesia et Florentin , mais aussi avec Francis. Quand j'étais enfant, mes parents avaient une femme de ménage, une grosse paysanne illettrée du Limousin. Elle s'exprimait dans un français un peu "patoisant ", riche, savoureux, coloré, dans lequel elle contait avec drôlerie toutes sortes d'anecdortes, parfois coquines, de son enfance et de sa vie limousines, qui faisait le régal de mes parents. Je ne peux imaginer plus française que cette paysanne.
15 novembre 2011, 09:31   Re : Plus français que moi...
Il y a aussi Céleste Albaret, dont la langue, qui n'est pas une langue soutenue ni "bourgeoise" (encore que sur le plan de la correction et de la prononciation elle en remontrerait sans doute beaucoup aux nouveaux riches d'aujourd'hui), m'a toujours aussi paru incarner, depuis que je connais cet émouvant extrait, une forme de pureté bien à elle :




Certes, certes, mais comment faites-vous, Florentin, quand vous considérez Toulouse, avec les diverses strates espagnoles, italiennes, portugaises et actuellement nordistes ?


Qu'il y ait eu, circa 1930 (pas avant 1914, à mon avis, à cause de la variété du pays et de ses langues), une sorte de "francitude" impalpable, je veux bien l'admettre. Cela me semble disparu depuis les années soixante, au profit, assez largement, d'une ambiance "ouest-européenne".
15 novembre 2011, 09:50   Re : Plus français que moi...
Je n'ai aucun problème puisque mes petits enfants ont aussi du sang espagnol. Ma belle fille a des ancêtres aragonais.
Je n'ai pas dit que c'était un problème (cela ne l'est pas du tout, de mon point de vue).

Il me semble que vos petits-enfants sont tout aussi français que les descendants des paysans creusois (si tant est que les paysans creusois se marient entre eux, ce qui reste à démontrer).
15 novembre 2011, 12:35   Re : Plus français que moi...
Encore une fois, je ne discute pas le droit, je cherchais à exprimer ce qui, à notre insu, nous forme au cours des générations.
En novembre 2011, le paysan creusois a une fille mariée en Australie, un fils en stage dans la finance à Hong Kong et son fils cadet, le plus prometteur, qui étudie à la Julliard School of Music. Il a pour voisins un couple de Britanniques à la retraite dont la dame édite des livres pour enfants et pour autres voisins une famille de Kurdes demandeurs d'asile et un campement de Roms ou de "gens du voyage" installés à demeure dans un coin de son champ le plus beau (et le plus désespéré) avec leurs caravanes immaculées à cent mille euros surmontées d'antennes paraboliques reliées par des cordes où le linge est mis à sécher. Il fréquente un éducateur spécialisé et son épouse qui, dans le village, après avoir "retapé" une ferme abandonnée il y a dix ans, ont créé un "lieu de vie" pour "jeunes en difficulté" qu'on leur envoie des banlieues de Toulouse, et qui tournent avec des subventions du Conseil général. Lui-même est grassement subventionné par l'UE et envisage, dès l'an prochain, de "faire du solaire", en sus du gîte rural qu'il a ouvert avec sa femme il y a deux ans et qui lui assure déjà soixante pour cent de ses revenus. Il est en procès avec un stockiste de vieux pneus et de carcasses de camions rouillées qui déverse ses trésors depuis le petit bois d'à côté sur une partie de sa pièce de luzerne. Il est abonné à Canal Plus.
15 novembre 2011, 13:11   Addendum
Sur Flickr, où il poste des photographies abstraites (la moue fatiguée de sa femme, quand il les lui montre !), son pseudonyme est Pilou-Pilou15 (15 comme la Creuse). Il adore poster des messages ironiques sous les photographies de goretransdf555 et pjget97, ses voisins néerlandais.
15 novembre 2011, 13:25   Re : Addendum
...et le stockiste de vieux pneus, homme alcoolique et peu amène, aux chiens follement hargneux, aux fusils de chasse toujours chargés, porte le nom surprenant de Jean de la Durandière.
Je crains que la Creuse ne soit le 2 cube.
Pour le Creusois resté à la terre, existe un régime de subvention "à la vache".

L'embryon de vache donne droit à une prime d'encouragement.

Le veau conduit à une prime de naissance.

Sa maman vaut une prime à la vache allaitante.

La vache stérile a droit à une prime de non-stigmatisation.

La vieille vache ouvre à une prime d'équarrissage.
Existe aussi le néo-creusois, qui habite près d'un "Watering hole" nommé "Services sociaux du département".
15 novembre 2011, 14:03   Re : Addendum
Jean de la Durandière était un garçon un peu naïf qui avait vendu le « château » familial en ruine pour une bouchée de pain à la mort de sa mère, veuve de guerre, il y a une trentaine d’années déjà ; l’acquéreur était un milliardaire belge qui aiment à se faire désigner dans le pays comme « le baron », propriétaire absentéiste qui lui avait promis « qu’il pourrait rester dans les lieux » ; on l’avait fait boire ; on l’avait convaincu ; on l’avait expulsé dès le lendemain de la signature de l’acte. Le notaire était de mèche.
15 novembre 2011, 14:28   Re : Addendum
Pour des raisons fiscales, "le Baron", qui a le bras long, a fait créer une "assoce culturelle" au château de la Durandière (que les mauvaises langues surnomment "la devanturière"), subventionnée par le Conseil Général à hauteur de 70 000 euros par an, où le fils cadet de notre paysan creusois, que pour les besoins du récit nous nommerons Josef Jarulevsky et qui a aidé à créer l'assoce, doit donner ses premiers concerts au festival "Pianos en liberté" en juillet prochain. Brian Jarulevsky, alors diplômé de "la Julliard", se produira ainsi devant "les siens" lors de la première édition du festival (pour l'occasion, sa soeur a promis de faire le voyage d'Australie) et c'est depuis cette annonce que les vols et les dégradations de matériel se sont multipliés sur la ferme de Jarulevsky sans que Josef ne puisse incriminer avec certitude "le Jean" davantage que "les Roms": lui penche pour "le Jean", sa femme pour "les Roms". Il leur faudra attendre la visite de leur fils, financier à Hong-Kong, pour leur faire entendre que ceux-ci travaillent pour celui-là.

Stella, une Norvégienne naturalisée que Josef a épousé en troisièmes noces, alors qu'elle était de dix ans son aînée, ce qui a fait beaucoup jaser dans le pays mais Josef est un homme libre, largement autant que tous ses voisins, a d'autres préoccupations qu'elle garde secrètes: elle entend bien faire d'une pierre deux coups et présenter Brian, jeune homme fringant qui porte le neud pap' comme un dieu, à la nièce du Baron, qui est un peu cageot mais qui fera un bon parti.
15 novembre 2011, 15:54   Re : Addendum
Titre : Le mari creusois. Marche enfonce Millet !
15 novembre 2011, 16:21   Re : Addendum
... le concert du 14 juillet 2012 à la Durandière fut un triomphe pour Brian. L'événement fut suivi d'un souper donné par le Baron où avaient été conviés les Jarulevsky et où Brian fit la connaissance de Gilberte, la nièce du Baron, celui-ci homme sans femme et de toutes les femmes, était venu ce soir-là accompagné d'une demi-mondaine mi-escort-girl, mi-épouse trophée, femme aux exclamations renversantes et aux ongles démesurées qui fut d'emblée complice de Stella, ayant perçu, par intuition féminine, le calcul entremetteur de cette dernière. L'affaire fut rondement menée et Brian fut invité avec Gilberte, propriétaire-gérante d'une galerie d'art à Bordeaux de laquelle le Baron était le principal actionnaire, à passer une semaine dans la villa croate du Baron, d'où Brian pourrait diffuser ses talents en Croatie, "nouveau Saint-Tropez de l'Europe", tout en assurant son avenir domestique.

C'est le lendemain dimanche que le drame survint.
15 novembre 2011, 16:30   Re : Addendum
Et Stella qui a adopté un couple de jumeaux du Burkina Faso, se tape à l'occasion quelques demandeurs d'asile kurdes qu'elle embauche parfois comme jardiniers au noir.
15 novembre 2011, 16:43   La saison des marottes
Le dimanche, devait avoir lieu, comme un fait exprès, la finale Bryan/Bryan - Bopanna/Qureshi à Umag, non loin de la petite baie bleue où reposait comme dans un "écrin" (c'était le mot de l'agent immobilier, cette longue chiffe molle qui jouait toujours avec un élastique) la villa moderne du baron, et Gilberte, qui adorait les matches de tennis et qui avait vu dans la concomittance de sa rencontre avec Brian et le nom des deux joueurs américains une sorte d'heureux présage (elle tenait cette infantile superstition de sa mère), avait décidé qu'on s'y rendrait, au grand dam de Brian qui venait de lire Décivilisation (sur les conseils d'un de ses anciens camarades, sorte d'écrivain raté qui passait sa vie à attendre de commencer à écrire) et qui regimbait à l'idée de devoir subir pendant deux heures, voire davantage, les éructations de la foule à chaque point gagné, au lieu de faire ses gammes.
15 novembre 2011, 17:16   Re : Addendum
Geneviève était arrivée d’Australie trois jours avant le concert, seule, son mari, directeur d’un bureau d’études à Sydney, trop pris par ses activités, n’avait pu l’accompagner.

Elle fit ce dimanche matin-là, très tôt, ce qu’elle avait pris coutume de faire à tous ses retours chez ses parents depuis l’époque du pensionnat : partir seule en promenade matinale cueillir des fleurs pour un faire un beau bouquet champêtre. Ne la voyant pas rentrer à l’heure du déjeuner, Josef partit à sa recherche par-delà la grande pièce de luzerne, à l’orée du petit bois. Il trouva son corps dénudé à l’ombre d’un châtaigner, sans vie, un collier de fil de fer rouillé noué serré à son cou encore juvénile. Geneviève connaissait bien « le Jean », dont elle avait eu plusieurs fois à repousser les avances, dès l’école communale. Josef repartit à grande enjambée chercher « le douze » à la ferme et l’arme à la main gagna le « petit bois de Jean ». Les chiens attachés court se déchaînèrent à son approche, il appela très fort devant le mobile home immobile : Jean ! Sors ! et rien d'autre.
L’homme parut, sur le seuil surélevé de l’habitation en matière plastique, clignant des yeux, aveuglé par la clarté du jour : il reçut aussitôt, sans un mot, deux décharges, la première au front, l’autre à la poitrine. Ainsi s’en alla le dernier représentant de la noblesse de ce quartier de la Creuse. Les gendarmes vinrent chercher Josef l’après-midi même. Il fut condamné à quatre ans de prison ferme et fut libéré au bout de deux ans pour bonne conduite. Il avait été autorisé d’enterrer sa fille avant d’être écroué.

L’invitation de Brian en Croatie fut annulée. Cette même semaine, son frère Jean-Michel perdit son emploi à Hong-Kong à cause d’une réévaluation subite du yuan. Il ne put se refaire et dut renoncer à sa carrière dans ce secteur. L’on dut vendre la ferme et mettre Stella, qui devenait un peu folle, en maison de retraite spécialisée. Jean-Michel est à présent chef-adjoint d’une agence de village du crédit agricole en Meurthe-et-Moselle. Brian alla en Croatie quelques mois après le drame, on refusa de le recevoir chez le Baron mais il put tout de même se faire embaucher comme pianiste de croisière. Il fit ainsi le tour du monde jusqu’à cette escale au Guatemala où, ivre mort, il ne put regagner son bord à temps un certain soir et croupit depuis lors comme pianiste de cocktail dans un hôtel bordel de Guatemala City d’où il ne peut « se refaire» pour aller à Miami, son rêve. Il est marié à une locale qu’il bât à peu près tous les soirs, quand ce n’est pas elle qui le bât, dans les cris des mioches qui ne savent que le patois local.

Depuis sa sortie de prison, Josef est SDF à Toulouse, ce qui ne l’empêche pas de faire du bénévolat dans des assoces et au Restau du Cœur. La ferme a été rachetée par le Baron, qui en a fait un centre équestre, qu’il s’est plû à baptiser « La Durandière II »
15 novembre 2011, 19:14   Re : Addendum
Trop génial !
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