Le site du parti de l'In-nocence

Et la conophobie ?

Envoyé par Gérard Rogemi 
14 décembre 2011, 07:23   Et la conophobie ?
"On vous le dit Eva Joly n'a pas d'accent ou les cons de l’année prochaine sont déjà là."



Article paru dans le journal L'Opinion Indépendante

La polémique autour d’Arnaud Montebourg n’est pourtant rien au regard de celle déclenchée à l’encontre de l’écrivain Patrick Besson à l’occasion de sa chronique du Point, publiée le 1er décembre, dans laquelle il imaginait le premier discours d’Eva Joly élue à l’Elysée en contrefaisant phonétiquement son accent. Morceaux choisis : «Zalut la Vranze ! Auchourt'hui est un krand chour : fous m'afez élue brézidente te la République vranzaise (…) Che n'héziderai bas à vous mèdre en examen et égrouer doute intifitu qui s'élèfera gontre la falitité du scrudin hisdorique te mai 2012.» On sentait bien Eva Joly peu portée sur la rigolade. Elle a en effet dénoncé «une attaque raciste». D’autres cris d’orfraie ont suivi : «propos xénophobes» (Cécile Duflot), «consternation et colère» (Claude Bartoloné, PS), «racisme ordinaire» (Noël Mamère), «xénophobie insupportable» (François Delapierre, Front de Gauche). Ce dernier, directeur de campagne de Mélenchon, a encore déploré que l’écrivain «souffle sur les braises de l’affrontement entre les peuples alimenté par la crise comme par la dérive autoritaire de l’Union Européenne. Ce n’est pas simplement grotesque, c’est criminel.» Montebourg / Besson : même combat ?

Sans surprise, le pompon du comique involontaire revient à SOS Racisme : «Ce pamphlet ne relève pas de la simple maladresse ou d’un humour (des plus douteux) mais bien d’une vision à connotation xénophobe, dans la lignée de celui de l’extrême droite française qui, à la fin du XIXe siècle, attaquait Léon Gambetta sur son accent toulousain.» L’accent toulousain de Gambetta, mort en 1882 (à la fin donc du XIXème siècle) et au passage farouche germanophobe, partisan de la guerre à outrance contre la Prusse ? L’Histoire a plutôt retenu son extraordinaire talent d’orateur, mais les Toulousains seraient fiers de savoir qu’il ponctuait ses discours de «cong» car ici, comme le disait le poète, «on se traite de cong à peine qu’on se traite».

On résume. Eva Joly n’a pas d’accent. Elle est une oratrice exceptionnelle qui séduit les Français par la douceur de son phrasé en parlant un français aussi exemplaire que la syntaxe de Cécile Duflot. Il suffit de faire passer l’information à tous ceux (écrivains, journalistes, humoristes, simples citoyens) qui auraient encore l’idée saugrenue de faire référence, sous une forme ou une autre, aux accents et tics de langage des personnalités politiques. Il conviendra ensuite de corriger les erreurs passées : Gaston Defferre ne bégayait pas, Georges Marchais parlait pointu, Charles Pasqua n’évoque pas les personnages de Pagnol. Il faudra ensuite vérifier que d’autres écrivains n’aient pas emprunté la dérive nauséabonde de Besson. Tel un certain Honoré de Balzac ridiculisant dans Le Cousin Pons le malheureux alsacien Schmucke : «Che le sais... mais sonchez que che zuis zeul sur la derre, sans ein ami... » Le plus drôle est que ces accusations délirantes soient tombées sur un grand écrivain français de sang mêlé (père russe, mère croate) ayant grandi à Montreuil, inlassable voyageur qui parle notamment le serbo-croate et le thaï (avec une pointe d’accent français). On espère juste qu’après les délits de germanophobie et de norvégeophobie, nos gardiens de la pensée correcte n’instituent pas le délit de «conophobie». Les tribunaux seraient engorgés. La preuve, on a l’impression que les cons de l’année prochaine sont déjà là.
Utilisateur anonyme
14 décembre 2011, 12:11   Re : Et la conophobie ?
Ce qui était bien au 19ème siècle, c'est que l'on pouvait se moquer d'un accent sans être traité de xénophobe. En ce temps-là la liberté d'expression n'était pas un vain mot.

L'accent de Mme Joly m'insupporte. Pour ce seul motif, elle n'aurait pas dû se présenter. Moi, je ne me présenterai pas à Seelisberg. car je ne parle pas suisse-allemand !
14 décembre 2011, 12:21   Re : Et la conophobie ?
"On vous le dit Eva Joly n'a pas d'accent ou les cons de l’année prochaine sont déjà là."

Ben voyons. Après les hallucinations visuelles voici que nous souffrons d'hallucinations auditives.





Kolossale finesse

(Pardon, pardon, j'aime l'Allemagne et les Allemands, croyez-le bien !)
14 décembre 2011, 12:44   Re : Et la conophobie ?
14 décembre 2011, 13:50   Re : Et la conophobie ?
Citation
(Pardon, pardon, j'aime l'Allemagne et les Allemands, croyez-le bien !)

Ben voyons !

Le malaise que les francais en général ressentent quand on parle en leur présence la langue allemande ressemble presque à une affection pathologique.

Mais bon il n'en reste pas moins que Francis Blanche était un grand artiste dont l'humour rustique et loufoque fit la joie de mon adolescence. A propos Pierre Dac était d'origine alsacienne.







14 décembre 2011, 13:57   Re : Et la conophobie ?
(Ach ! Lieber Rogemi, nul malaise chez moi lorsque j'entends parler allemand ! J'ai longtemps étudié et chanté cette langue, elle m'est tout à fait chère...Et puis il y a des Alsaciens dans ma famille, alors vous voyez...)
Utilisateur anonyme
14 décembre 2011, 14:21   Re : Et la conophobie ?
Ich auch liebe Deutsch !
Utilisateur anonyme
14 décembre 2011, 14:24   Re : Et la conophobie ?
Je crois que Schmucke, personnage du Cousin Pons, évoqué plus haut, n'est pas alsacien, mais allemand. Ach! germanophobie![/i]
14 décembre 2011, 14:35   Re : Et la conophobie ?
"Le vieil allemand aperçut alors madame Cibot qui écoutait, selon son droit de femme de ménage légitime.
Saisi par une de ces inspirations qui ne brillent que dans le coeur d'un ami véritable, il alla droit à la portière, et l'emmena sur la palier.
- Montame Zipod, ce pon Bons aime les ponnes chosses, hâlez au Gatran Pleu, temandez ein bedid tinner vin : tes angeois, di magaroni! Anvin ein rebas de Liquillis!
- Qu'est-ce que c'est ? demanda madame Cibot.
- Eh pien! reprit Schmucke, c'esde ti feau à la pourchoise, eine pon boisson, ein poudeille te fin te Porteaux, dout ce qu'il y aura te meilleur en vriantise : gomme tes groguettes te risse ed ti lard vîmé! Bayez! ne tittes rien, che fus rentrai tutte l'archand temain madin. "
Balzac, Le Cousin Pons, chap. 14.
14 décembre 2011, 14:43   Re : Et la conophobie ?
N'est-ce pas le baron Frédéric de Nucingen qui est aussi croqué par Balzac en raison de son origine alsacienne ?

En tout cas, merci à Marc Briand pour cette conversation alsacienne d'Offenbach...
Utilisateur anonyme
14 décembre 2011, 14:45   Re : Et la conophobie ?
Pon Tieu, c'est bire gue Batrick Pesson à l'écard d'Efa Choly. A Pas ce Palzac!
14 décembre 2011, 14:57   Re : Et la conophobie ?
Citation
(Ach ! Lieber Rogemi, nul malaise chez moi lorsque j'entends parler allemand ! J'ai longtemps étudié et chanté cette langue, elle m'est tout à fait chère...Et puis il y a des Alsaciens dans ma famille, alors vous voyez...)

Chére Phénarète,

Je plaisantais ce n'était qu'une gentille provocation.

Il n'en reste pas moins que ma famille, mes amis, mes connaissances francaises ne comprennent pas vraiment comment j'ai pu moi le cannois, le méridional m'exiler dans le froid et la neige bavaroise.

A chaque rencontre avec d'anciens camarades de promo les mêmes questions gênées me sont posées par des gens qui vous expliquent en toute amitié que la langue allemande n'est pas vraiment leur tasse de thé et que leur dernier séjour en Alsace leur a laissé un souvenir mitigé car on peut dire ce que l'on veut mais on n'est pas vraiment en France dans cette province.

Il n'est pas étonnant que la langue allemande déplaise aux francais ou fasse malaise quand on se remémore le nombre de films et de téléfilms sur la deuxième guerre mondiale, sur la résistance, sur la chasse aux juifs et tutti quanti ...

Le soldat allemand, le sbire de la Gestapo et autres monstres nazis sont 66 ans après la fin de la guerre encore quasi omniprésents dans les chaumières francaises.
14 décembre 2011, 15:03   Re : Et la conophobie ?
Citation
L'accent de Mme Joly m'insupporte. Pour ce seul motif, elle n'aurait pas dû se présenter. Moi, je ne me présenterai pas à Seelisberg. car je ne parle pas suisse-allemand !

Je réalise lentement car je suis devenu lent comme un suisse allemand que le dénommé Michel de Seelisberg est une vieillle connaissance.

Dur dur de se passer de ce forum cher Corto ou est-ce que je me trompe ?
Utilisateur anonyme
14 décembre 2011, 16:18   Re : Et la conophobie ?
Mais oui, cher Rogemi et vous ne découvrez rien puisque, lors de mon message de retour, jouant la plus grande transparence, j'ai décliné tous mes anciens pseudos et même mon identité véritable que vous connaissez comme je connais la vôtre, puisque nous avons échangé il y a bien quelques années, à une reprise depuis mon adresse professionnelle. Et les Suisses allemands ne sont absolument pas lents. Peut-être confondez-vous avec les Bavarois ?
14 décembre 2011, 16:43   Re : Et la conophobie ?
Citation
Et les Suisses allemands ne sont absolument pas lents. Peut-être confondez-vous avec les Bavarois ?

Je regrette cher Michel mais je ne lis pas chaque fil à la loupe et même si cela vous surprend je n'avais pas pris connaissance de votre billet de retour.

C'est la lecture de votre post sur le suisse-allemand qui m'a mis la puce à l'oreille.

Quoiqu'il en soit "lange nicht gesehen, willkommen zurück" !
14 décembre 2011, 16:57   Re : Et la conophobie ?
" Il n'en reste pas moins que ma famille, mes amis, mes connaissances francaises ne comprennent pas vraiment comment j'ai pu moi le cannois, le méridional m'exiler dans le froid et la neige bavaroise "

Bienvenue chez les Chleus.
Utilisateur anonyme
14 décembre 2011, 17:11   Re : Et la conophobie ?
Merci, cher Rogemi. Depuis mon installation en Suisse allemande, je suis étonné de l'amabilité de mes concitoyens, de leur courtoisie au volant, du respect de la parole donnée (tous les artisans que j'ai fait intervenir dans ma nouvelle demeure sont toujours venus à l'heure convenue; ce qui m'a naturellement fait penser aux nombreuses pages du Journal de Renaud Camus sur les déboires du narrateur avec les artisans de sa région...) et, en quelque sorte, d'une qualité de vie remarquable dans des paysages préservés. Avez-vous fait la même expérience en Bavière ?
14 décembre 2011, 17:38   Re : Et la conophobie ?
Citation
Avez-vous fait la même expérience en Bavière ?

Oh oui et quand on s'est habitué à de telles moeurs cad au respect des régles du code de la route, au respect de la parole donnée et aux heures de rendez-vous convenues et à une courtoisie campagnarde le retour dans la jungle des villes francaises est un "horror-trip".

Ce qui frappe le plus un expatrié quand il revient en France c'est l'incroyable paranoia des francais, leur méfiance maladive, leur tension constante. On a l'impression qu'ils sont tous au bord d'une crise de nerfs.

Il y a ici en Allemagne un acteur de théatre très connu "Dominique Horowitz" qui est un francais d'origine juive berlinoise mais qui a grandi en banlieue parisienne jusqu'à l'âge de 16 ans et qui dans une interview a répondu à la question si la France lui manquait par non en aucun cas car étant lui-même un chaotique il avait besoin de vivre dans un monde ordonné où tout était prévisible contrairement à ce qui se passe en France ou en Italie.

Je soucris entièrement à son point de vue.
Utilisateur anonyme
14 décembre 2011, 22:51   Re : Et la conophobie ?
Oui, une courtoisie campagnarde. C'est exactement cela. Et vivre dans un tel monde est une grande chance.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter